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Où est née sœur Claudine Sabot, décédée à 108 ans ?

Le vendredi 9 mai 2025, par Michel Guironnet, Thierry Sabot

À mes yeux, et de par ma pratique et mon expérience, l’un des plus grands plaisirs de la recherche généalogique ce sont les découvertes fortuites : le hasard et la nécessité qui vous font rencontrer, au détours de la lecture d’un ouvrage ancien ou d’un document d’archives, un personnage dont vous ne soupçonniez même pas l’existence avant le voir surgir et s’imposer à vous au point de ressentir l’irrésistible désir de faire plus amplement connaissance avec ce fantôme du passé. Ainsi en est-il de sœur Claudine Sabot, décédée à 108 ans en 1761.

Alors que je travaillais à la préparation du Contexte Provinces (la suite de Contexte France ), j’ai rencontré pour la première fois la sœur Sabot dans une courte mention de l’ouvrage de l’historien Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières (1715-1789). Sœur Sabot est mentionnée, en fin de volume, dans la chronologie pour l’année 1761. On y apprend laconiquement que sœur Sabot, membre de la Congrégation de Saint-Joseph, est décédée le 6 avril 1761 à l’âge de 108 ans et 2 mois !

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Extrait de l’ouvrage de Jean de Viguerie, page 1506.

Aucune information géographique n’est précisée dans cette courte mention, mais je sais, par mes recherches, que l’origine géographique du patronyme Sabot se situe dans l’est du Velay, l’actuel département de la Haute-Loire, autrefois situé dans la province de Languedoc (Auvergne aujourd’hui). Plus précisément, l’Yssingelais, cette zone qui, au contact des « pays » protestants voisins, a été un domaine de la contre réforme de l’Église catholique aux XVIe et XVIIe siècles, sous la houlette de la Compagnie de Jésus et notamment du missionnaire jésuite Jean-François Régis (1597-1640).

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Carte de l’Yssingelais.

Dans cet espace géographique, plusieurs foyers de familles Sabot sont attestés depuis au moins le XVe siècle, notamment à Yssingeaux, Montregard (d’où est originaire ma famille paternelle depuis au moins la fin du XVIe siècle), Montfaucon, Tence et aussi Saint-Didier.

À Yssingeaux, une famille de notaires royaux est présente depuis le XVIIe siècle :

Jean Baptiste SABOT (1659-1765) 3 E 409 (AD de la Haute-Loire).
André SABOT (1705-1768) 3 E 409 (AD de la Haute-Loire).
Joseph Marie SABOT (1785-An10) 3 E 409 (AD de la Haute-Loire).

Je ne sais pas si sœur Sabot se rattache à cette branche de notaire.

Comment l’historien Jean de Viguerie a eu connaissance de cette information sur sœur Sabot ?

Probablement par la lecture de la Gazette de France qui se terminait parfois par l’annonce des décès des personnalités de l’époque, les Grands de ce monde ou de la Cour, ou par les décès de gens modestes devenus centenaires, comme le rappelle déjà cet article : L’un de vos ancêtres a-t-il eu les honneurs de la Gazette de France ? ...

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La Gazette de France du 25 avril 1761.

Dès leur publication dans la Gazette de France, les annonces sont aussitôt reprises dans L’Almanach de la vieillesse, ou notice de tous ceux qui ont vécu cent ans et plus qui incite les centenaires, les journalistes et les curés, dépositaires des registres mortuaires des paroisses de Paris et des provinces, à signaler tous les cas connus de centenaires comme on peux le lire dans l’Avis ci-dessous :

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Avis de L’Almanach de la vieillesse.
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L’Almanach de la vieillesse du premier supplément pour l’année 1762.

Puis l’annonce du décès de sœur Sabot est ensuite diffusée dans les provinces par la plupart des autres Gazettes périodiques de l’époque :

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Affiches de Paris du 4 mai 1761.
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Journal historique sur les matières du temps de juin 1761.
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Gazette de Vienne du mercredi 6 mai 1761.
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Mercure de France du 1er mai 1761.

Mais qui était sœur Sabot ?

Grâce à Michel Guironnet qui a retrouvé son acte de décès sur Filae dans les registres de la paroisse de Sainte-Sigolène en Haute-Loire (Velay) nous savons que sœur Sabot se prénommait Claudine et qu’elle est décédée le 5 avril 1761, enterrée le lendemain, le 6, en présence de Louis Court, boulanger, et de André Quitaud, journalier, tous les deux illettrés du bourg de Sainte-Sigolène.

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Sœur Claudine Sabot appartenait donc à la Congrégation de Saint-Joseph :

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Donation de 1736 conservée aux Archives de la Haute-Loire (cote B 48).

dont l’une des missions était le développement de l’enseignement populaire, grâce en particulier à l’action des religieuses de l’Instruction, les béates, ou à celle des Frères des écoles chrétiennes. J’ai d’ailleurs déjà rencontré, au cours de mes recherches, une dénommée Sabot, béate dans l’Yssingelais, et une autre sœur dans ma branche Ganivet, à Tiranges, en Haute-Loire.

Mais revenons à l’acte de sépulture de sœur Claudine Sabot. Contrairement aux annonces publiées dans les Gazettes, l’acte mortuaire indique que sœur Claudine Sabot serait décédée à l’âge d’environ 112 ans et non 108 comme précisé dans les périodiques de l’époque.

Selon Michel Guironnet, « Si la personne qui a signalé ce décès à L’Almanach de la Vieillesse a bien respecté les consignes données dans l’avis ci-dessus, elle a dû trouver sa naissance en 1653 pour mourir à 108 ans. Le curé Chilhac a été, à mon avis, un peu trop optimiste... sauf s’il la connaissait bien et que ce soit elle qui lui ait donné son année de naissance ! »

Dès lors deux questions s’imposent :

  • À quel âge est décédée sœur Claudine Sabot : 108 ou 112 ans ?

Pour le savoir, une seule solution : trouver son acte de baptême.

D’où la seconde question :

  • Dans quelle paroisse de l’Yssingelais est née Claudine Sabot ?

Merci à tous pour votre aide...

Corinne Decabane et Marie Meley ont probablement retrouvé l’acte de baptême de Claudine Sabot, le 2 février 1653 à Fay, paroisse de Sainte-Sigolène. Cela fait bien 108 ans et 2 mois !

Voici la transcription de l’acte : Le 2e de fevrier 1653 a esté baptisée claudine sabot fille naturelle et légitime a jacques sabot et de……..
du lieu de fay a esté son parrain Jacques bergeron (?) du dit lieu et sa marraine clauda sabot du lieu
de …..? par moy soussigné

Il reste à déchiffrer le lieu d’habitation de la marraine, la signature du curé et le patronyme du parrain. Par ailleurs, il y a une hésitation sur le prénom du père : Joseph ou Jacques ?

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19 Messages

  • Le nom de la mère n’étant pas indiqué par l’acte ;ceci nous renvoit à la recherche d’autres naissance de ce couple ou il apparaitrait et à la confrontation des autres actes concernant les protagonistes pouvant préciser les choses .
    Geneal 43 a t-il des précisions pour ce faire ?

    Une bien belle question de recherche .
    Bravo Thierry

    Répondre à ce message

  • en complément ,je ne connais pas mais il y a à Sainte Sigolène un musée consacré aux béates qui instruisaient les enfants , soutenaient les malades ...

    https://www.museelafabrique.fr/societe-d-histoire/maison-de-la-beate-.html

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    • Re bonjour Martine,

      Je crois que je connais ce musée... Mais je ne pense pas que Claudine était une béate, d’ailleurs, il ne me semble que les soeurs de Saint-Joseph soient des béates. J’ai quelques béates dans ma famille et elles sont toujours, me semble-t-il, qualifiées de "béates", mais jamais de "soeurs".

      Répondre à ce message

  • bonjour ,
    le curé pourrait bien être (jean) Brueyre d’aprés ce texte : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97583843/f87.item
    à propos d’une demande de construction d’ une chapelle miraculeuse à sainte Sigolène en 1661

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  • Recherche intéressante. Aujourd’hui encore, les religieuses meurent souvent assez âgées...

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  • Bonjour à tous,

    Je vous propose le baptême d’une Claudine SABOT à Sainte-Sigolène le 2 février 1653. Cela fait bien 108 ans et 2 mois !

    Qu’en pensez-vous ?

    Pour les parents, je lis : fille naturelle et légitime de Joseph SABOT et de ..."

    Bonne soirée,
    Corinne

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    • Bonsoir,

      Merci pour cette information, effectivement cette Claudine semble correspondre pour l’âge. Claudine serait donc bien son prénom... et je ne suis pas surpris par la paroisse car je sais que de nombreux Sabot en sont originaires. Bizarrement, l’identité de la mère n’est pas noté sur l’acte de baptême !
      Dès demain matin j’ajouterai la photo de cet acte de baptême.

      Encore merci pour cette découverte...

      Bien cordialement,
      Thierry Sabot

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  • Outre les archives de la congrégation , il pourrait y avoir une mention plus précise aux archives diocésaines et départementales du Puy en Velay .
    Je sais que les archives départementales du Puy de Dome ont des répertoires du cursus de prètres versés par le diocèse .
    Ensuite les archives Notariales contiennent également les contrats par lesquels l’impétrant entre dans la congrégation avec son " trousseau " chargé de subvenir au bien de la communauté .
    Cette dernière éventualité est plus difficile à trouver puisque il faut savoir ou fut passé et chez quel notaire fut rédigé l’acte .

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  • Bonjour,
    Concernant c’est peut être Claudine car sur l’acte ,il est inscrit Demoiselle Claudine Sabot. Elle est peut être décédée dans la ville ou elle est née. On trouve 1164 femme Sabot entre 1650 et 1761 sur Geneanet.

    En ce qui concerne la congrégation,il s’agit de la congrégation (ou Institut) des soeurs de Saint Joseph.

    Il y a une page Wikipédia et un site de la congrégation.
    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Institut_des_doeurs_de_Saint_Joseph

    https://soeursstjosephinstitut.fr/notre-histoire/
    Le prêtre Jean Pierre Médaille reçoit " l’approbation et l’appui d’Henri Cauchon de Maupas, alors évêque du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Le 15 octobre 1650, ce dernier donne à la petite congrégation le nom de Saint Joseph, les règles de vie qu’il avait écrites lui donnant ainsi son existence officielle."

    Cordialement,
    Philippe Cailloux

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  • bonjour ,sur un arbre geneanet ,une claudine Sabot ,née le 17 juin 1656 à Freyssinet Riotord (haute-Loire) fille de jean Sabot et antoinette mathon , sans autre renseignement .Si c’est celle recherchée ,elle serait décédée à 105 ans ,pas si mal ! la vie régulière (et l’absence de maternités !) souvent conserve

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  • Bonjour,
    Je collabore actuellement de façon régulière avec l’archiviste de la Congrégation des Sœurs de Nevers, et donc, je commence à avoir une certaine "habitude" des recherches concernant les religieuses.
    Pour vous donner du courage, il faut savoir que les nom de religieuses des Sœurs ne correspond jamais à leur état civil. Il faudrait donc savoir si Claude est son nom de religieuse, ou son nom de baptême. Vu l’époque à laquelle elle est décédée, je pense que le curé a juste indiqué son nom de religieuse. Ce qui fait que vous pourrez toujours rechercher une "Claudine", vous aurez peu de chance de la trouver.
    Vous pourriez peut-être contacter la maison mère de la Congrégation de Saint-Joseph pour savoir si elles ont une archiviste ou si vous pourriez avoir accès à leurs archives, dont l’expérience ma fait dire qu’elle ne sont pas tout à fait précises. Mais vous pourriez trouver l’année de naissance et le nom de la commune.

    Bon courage !

    Claude Barrère

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    • Bonjour,

      Je vous remercie pour cette judicieuse remarque. Effectivement, s’il s’agit de son prénom de religieuse, la recherche risque d’être vaine... et trouver un acte de baptême d’une Claudine Sabot qui pourrait correspondre ne nous assure pas pour autant qu’il s’agit bien de soeur Claudine Sabot. Il va falloir retracer sa "carrière" pour avoir plus de certitude...

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      • A nom avis, un petit indice peut peut-être être utile : dans la mention de l’Almanach de la vieillesse, qui cite des sources (Gazette de France de 1761, p207 et Affiches de Paris de 1761, p284), donc on peut supposer un minimum de sérieux dans la vérification de ces sources, elle est nommée sœur N. Sabot (et non pas sœur C. Sabot). Le curé la nomme demoiselle Claudine Sabot (et non pas sœur Claudine) dans l’acte d’inhumation ; idem dans l’acte de donation, qui est un acte civil par essence. Aucune autre mention de prénom n’est associée à la mention "sœur Sabot" dans les autres citations. A la lecture de ces différents textes, on peut donc raisonnablement penser que Claudine est bien son prénom de baptême, et entrée en religion en soeur "N..." Sabot.

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        • Bonjour,

          Merci pour cette précision... Je n’avais pas fait attention à ce "N" ce qui pourrait bien indiquer que son nom de soeur commence par "N"... et que l’auteur n’a pas voulu noter le nom en entier. Mais alors, pourquoi ne pas donner le nom complet ?

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          • Quelques réflexions :
            Actuellement (et probablement aussi autrefois) on voit écrit N... quand on ignore le nom ou le prénom de quelqu’un. Donc ce N ne signifie pas que son prénom commençait par cette lettre mais simplement qu’on l’ignore.
            Par ailleurs, quand le nom d’une religieuse est différent de son nom civil on écrit par exemple "Soeur Claudine Sabot en religion soeur Unetelle".
            La "béate" (femme célibataire qui se vouait à l’instruction des petites filles) était très répandue dans les villages auvergnats autrefois, elle était appelée "soeur" mais gardait son nom civil. Elle vivait souvent dans son village d’origine ou venait d’un village voisin, jamais de très loin. C’est peut-être le cas de votre Claudine Sabot.

            Christiane Convert

            Répondre à ce message

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