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« Nueve de Marzo » : un Grenadier meurt en Galice

Le mercredi 21 mars 2012, par Michel Guironnet

"Dos de Mayo" (en français : Deux mai) est une scène de révolte contre Joseph Bonaparte, frère de Napoléon, le 2 mai 1808 à Madrid.

"Tres de Mayo" (en français : Trois mai) est « la suite » de « Dos de Mayo ». Dans la nuit du 2 au 3 mai 1808 les soldats français - l’armée française en Espagne est alors commandée par Joachim Murat - en représailles à la révolte de la veille, exécutent les combattants espagnols faits prisonniers.

« Nueve de Marzo » (en français : Neuf mars) est donc un titre "clin d’œil" à ces deux célèbres tableaux de Francisco Goya. Les faits se passent aussi en Espagne mais quelques mois plus tard.

Conscrit de 1806

François Meze est baptisé aux Roches (aujourd’hui Les Roches de Condrieu, en Isère) le 5 mars 1786 par le vicaire Roulet. François est « né d’aujourd’hui, fils légitime de Pierre Meze, vigneron, et de Magdeleine Bochu, habitans aux Roches… » [1].

Tant dans les registres paroissiaux que dans les actes d’état civil, on rencontre indifféremment « Meze » ou "Maize" voire « Meza » pour son nom de famille.

François a trois ans lorsque la Bastille est prise, treize au début du Directoire, dix huit l’année du sacre de Napoléon.

Sur son village des Roches à l’aube de la Révolution française, le lecteur curieux peut se rapporter à mon ouvrage « L’Ancien Régime en Viennois (1650-1789) »
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acte de baptême de François Meze

En marge de l’acte de baptême de François, ces deux mots : « a concourru » sous entendu au tirage au sort pour la conscription

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Le Sénatus-consulte du 2 vendémiaire an XIV (24 septembre 1805) et le décret du 3 août 1806 fixent la levée des conscrits de 1806.

Alain Pigeard nous explique dans "La conscription sous le Premier Empire" :

« .../...Les sénatus-consultes des 23 septembre 1805, 15 décembre 1806 et 7 avril 1807, mirent chacun à la disposition de l’Empereur 80 000 conscrits des classes 1806, 1807, 1808. La conscription fournit encore un contingent normal aux armées. Des levées régulières furent demandées aux classes se succédant normalement.

L’année 1808 ouvrit l’ère des énormes levées : d’importantes consommations d’hommes dans les campagnes, et l’ouverture du second front en Espagne, creusant des trous qu’il faut sans cesse combler.
Les meilleures divisions de la Grande Armée sont jetées en Espagne, qui ne les rendra pas.

En moins d’un an, Napoléon demande trois conscriptions, et, à mesure qu’il les appelle, les résistances qui s’atténuaient se ravivent » [2].

Grenadier au 1er bataillon du 59e Régiment d’Infanterie de Ligne

Nous retrouvons François Meze "Grenadier au 59e régiment d’Infanterie de Ligne". Ce régiment fait partie du VIe Corps de l’Armée de Napoléon sous le commandement du Maréchal Ney.

À la bataille de Iéna (14 octobre 1806) le VIe corps compte 17 bataillons, 8 escadrons, 19 267 hommes, dont 944 cavaliers, 1 323 artilleurs, 24 canons.

La 2e division d’infanterie sous les ordres de Vandamme comprend la 2e brigade de Delabassée avec les régiments suivants :

  • 27e de ligne (1er, 2e bataillons) Colonel Bardet.
  • 50e de ligne (1er, 2e bataillons), Colonel Lamartinière.
  • 59e de ligne (1er, 2e bataillons), Colonel Dalton.

Une brigade de cavalerie commandée par Auguste de Colbert :

  • 3e hussards (1er, 2e, 3e, 4e escadrons), Colonel Lebrun.
  • 10e chasseurs (1er, 2e, 3e, 4e escadrons) Colonel Subervie.

À la bataille de Eylau (8 février 1807) le VIe corps de Ney arrive sur le champ de bataille en fin d’après-midi :

Division Gardanne :

  • Brigade Marcognet : 25e régiment d’infanterie légère (colonel Morel) et 27e régiment d’infanterie de ligne (colonel Bardet).
  • Brigade Delabassee : 50e régiment d’infanterie de ligne (colonel Lamartinière) et le 59e régiment d’infanterie de ligne (colonel Dalton).

Ce colonel Alexandre Dalton, ou plutôt d’Alton, est né le 20 avril 1770 à Brive (Corrèze). Il entre au service en qualité de sous-lieutenant le 15 septembre 1791 dans le 88e régiment d’infanterie au service de France …/…

Il sert en l’an XIV au grand quartier-général, combat à Austerlitz, et obtient le 30 Frimaire (21 décembre 1805) le commandement du 59e régiment d’infanterie de ligne.

Attaché au 6e corps de la grande armée pendant les années 1806 et 1807, il se trouve à Iéna, à Eylau et à Friedland, et tient garnison à Dantzig en 1808.

Napoléon Ier lui confère le titre de baron de l’Empire le 15 mars 1809.

Promu général de brigade le 21 mars 1809, il rejoint aussitôt l’armée d’Allemagne et prend part à toutes les grandes opérations de cette campagne
 [3].

François Meza est déjà au nombre des soldats de ce régiment.

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Dans les registres maintenant en ligne sur Mémoire des Hommes [4] est indiqué "Francois Meza, 59e régiment de Ligne, No 2867, fils de Pierre et de Magdelaine Bauchu, né le 5 mars 1785 à Les Roches, taille d’un mètre 640 centimètres, visage ovale, yeux bleu, nez court, menton long…, conscrit de l’an 1806, No 1281…, fusilier, a fait les campagnes des années 1807, 1808 à la Grande Armée en Allemagne, Prusse et Pologne...Mort le 9 Mars 1809"

Fin 1808, Napoléon fait revenir, à marches forcées, ses meilleures troupes d’Allemagne et de Pologne... Direction l’Espagne !

« Le 25e Dragons (5e division de dragons, général Lorge) reçut l’ordre, dès le mois de septembre 1808, de se rendre en Espagne. Il quitta donc la Silésie, traversa l’Allemagne, et à son passage à Strasbourg, siège de son dépôt, il compléta son effectif au moyen de tous les hommes montés disponibles. Il y séjourna à peine et reprit sa marche vers les Pyrénées, où il arriva au commencement de décembre.

Le 25e Dragons supporta vaillamment cette marche véritablement extraordinaire de trois grands mois à travers l’Europe. À son arrivée dans la Péninsule, animé du meilleur esprit, et d’une tenue irréprochable, il était prêt à combattre et présentait l’aspect d’un superbe régiment de cavalerie »
 [5].

Les "affaires" d’Espagne

Jean Claude Lorblanchès nous explique le contexte historique dans le « Prélude » de son livre Les soldats de Napoléon en Espagne (1807 – 1814) [6] :

« De 1807 à 1814, les Français ont mené dans la péninsule Ibérique un combat sans merci contre les Espagnols et les Portugais que soutenaient les Anglais.
Le désastre subi par sa marine à Trafalgar lui ôtant tout espoir d’envahir l’Angleterre, Napoléon décida de la frapper en ruinant ce qui concourrait le plus à sa puissance : son commerce international. L’imposition d’un blocus continental à l’ensemble de l’Europe finirait, pensait-il, par mettre à genoux son irréductible adversaire en l’asphyxiant.

La mise en œuvre de cet embargo impliquait une occupation du Portugal qui était inféodé à Londres. Lisbonne ne pouvant plus être atteinte par voie maritime, il faudrait traverser l’Espagne, et donc s’assurer de lignes logistiques et de communications sûres au travers de ce pays.

Profitant de la décrépitude et de la décadence de la monarchie espagnole, l’Empereur crut pouvoir confisquer aisément 1a couronne des Bourbons de Madrid pour la remettre à son frère Joseph.

En exacerbant les sentiments nationalistes et xénophobes d’une population solidement encadrée par le clergé, ce coup de force déclencha un mouvement de résistance qui se manifesta d’emblée avec une vigueur inattendue.
Venu laver la honte de la capitulation d’une de ses armées en rase campagne, dispersant les Espagnols et chassant les Anglais venus en renforts, Napoléon réussit, en trois mois, à redresser la situation militaire.

Menacé par des intrigues ourdies à Paris et préoccupé par l’évolution de la situation en Europe centrale, il dut toutefois quitter prématurément l’Espagne en janvier 1809, convaincu à tort d’avoir réglé l’essentiel des problèmes ».

Les armées en Espagne au début de 1809

« Les états de situation du 1er février nous apprennent que la totalité des troupes impériales laissées par Napoléon s’élevait à 193 446 hommes. C’était un chiffre imposant …/…

L’empereur qui enflait volontiers dans ses paroles les contingents qu’il confiait aux autres, demeurait ici en droit de se reposer sur le nombre de ses soldats, d’autant mieux que les chefs de ces troupes excellentes étaient dignes de les commander : Victor, Soult, Junot, Jourdan, Mortier, Ney, Gouvion Saint-Cyr, à la tête de sept corps d’armée.

Les réserves de cavalerie avec 10 997 sabres donnent les plus beaux noms des cavaliers de l’époque : Lasalle, Latour-Maubourg, Kellermann, Milhaud, La Houssaye, Lorge, Bordesoulle, Marisy, Caulaincourt, Fournier-Sarlovèze.

Et parmi les divisionnaires d’infanterie, on distingue : Ruffin, Vilatte, Merle, Bonnet, Morlot, Dedon, Sébastiani, Girard, Gazan, Maurice Mathieu, Dessolles, Souham, Duhesme, Reille, Chabot, Lecchi.

Derrière eux un parc d’artillerie de 2500 pièces ».


Geoffroy de Grandmaison L’Espagne et Napoléon » volume II (1809-1811) (Plon 1925).
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Les Corps d’Armées d’après Grandmaison

Chaque corps d’armée reçoit une appellation "géographique" fonction de son affectation dans la péninsule ibérique :

  • 1er corps : Armée de Madrid.
  • 2e corps : Armée de Galice.
  • 3e corps : Armée d’Aragon.
  • 4e corps : Armée de Madrid.
  • 5e corps : Armée du Nord.
  • 6e corps : Armée du Portugal.
  • 7e corps : Armée de Catalogne.
« Muni des instructions très précises de l’Empereur qui lui recommandait d’agir avec des « colonnes mobiles », de faire des exemples et, d’ailleurs, l’avertissait très franchement de ne compter « sur aucun renfort », Ney, avec 10 800 hommes, bientôt réduits à 12 000, devait garder les places du Ferrol et de la Corogne, surveiller cent lieues de côtes, contenir la Galice et les Asturies.

La Junte de Séville, de son côté, organisait la résistance. En des proclamations furibondes, elle appelait toute la population sous les armes, aussi, aux ordres de La Romana et de ses lieutenants Mahy et Ballesteros, se trouvèrent bientôt réunis plus de 30 000 Galiciens dans les sentiers montagneux dont ils connaissaient chaque détour, comme les Chouans de la Vendée les chemins creux du Bocage.

C’était tailler de la besogne au maréchal Ney, lui faire perdre de vue toute coopération à l’expédition du Portugal, entraver ses communications avec le reste de l’Espagne, le bloquer en une contrée soulevée, bien que réputée conquise.

Mars, avril et mai (1809) se passèrent dans des luttes constantes où nos succès partiels étaient annihilés par la multiplicité renaissante de nos adversaires .../...

Concentré dans les villes de Tuy, puis de Vigo et d’Oreitse, Ney se dispersait aussitôt en colonnes volantes, soutenu tantôt par le général Bonnet, tantôt par le général Kellermann ».

Geoffroy de Grandmaison L’Espagne et Napoléon » volume II (1809-1811) (Plon 1925).

Par ordre du maréchal Ney, daté du 26 janvier 1809, la division Marchand doit occuper Orense, Tuy, Pontevedra et Santiago ; la division Maurice Mathieu, Lugo, Mondonedo, la Corogne et le Ferrol.

Le Commandant de la IIe Division d’Infanterie du VIe corps du Maréchal Michel Ney est le Général David-Maurice-Joseph [7]. Sous ses ordres, entre autres, est placé le 59e de Ligne.

Mondonedo en Galice

« …Dans ce conflit, comme dans d’autres au cours de la longue histoire espagnole, la Galice devait jouer un rôle particulier qu’il importe de rappeler.

À part dans la géographie physique de l’Espagne la Galice est à la fois une province protégée, par la mer et par la montagne, et l’un des lieux de passage vers le Portugal.

La Galice est donc à la fois sanctuaire, où les troupes espagnoles, françaises ou britanniques se réfugieront et base de départ, soit vers le Portugal, soit menaçant, sur le flanc ouest, les troupes venues de France vers Madrid et la Castille » [8].

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carte de la Galice

"Mondonedo, à l’orient et à douze lieues un quart du Férol, est la ville la plus salubre de cette province" [9].

« Cette province (de Galice) est bornée au nord et à l’ouest par l’Océan ; au sud, par le Portugal, dont le Minho la sépare ; et à l’est, par les ci-devant royaumes de Léon et Asturie : l’air y est tempéré le long des cotes ; ailleurs il est froid et humide. On y recueille du vin, du lin et des citrons ; il y a de bons pâturages, des mines d’argent, de cuivre et de plomb ; des forets dont on tire du bois pour la construction des vaisseaux. Cette province a en superficie 1 333 lieues, et sa population est d’environ 545 000 habitants.

Compostelle en est la Capitale ; elle est célèbre par les reliques de St. Jacques que l’on dit reposer dans cette ville, ce qui y attire quantité dé pèlerins.
Mondonedo est située dans une campagne fertile, dans un air fort sain, sur une petite rivière..." [10]

À lire ces descriptions de 1809 et 1810, le cadre devrait être charmant ! Ce n’est pas vraiment le cas pour les soldats de l’Empereur !

Guérilla

Adolphe Thiers, dans son Histoire du Consulat et de l’Empire, raconte :

« Le maréchal Ney, plein comme toujours d’activité et d’énergie, avait conçu le désir et l’espérance de soumettre la Galice, n’imaginant pas que ses deux belles divisions, qui avaient vaincu les armées russes, pussent échouer contre des montagnards fanatiques, qui ne savaient que fuir, tant qu’ils ne trouvaient pas quelque défilé ou quelque maison où il leur fût possible de combattre à couvert. Il fut bientôt détrompé.

Ayant plus de cent lieues de côtes à garder, depuis le cap Ortegal jusqu’à l’embouchure du Minho, ayant à défendre des points comme le Ferrol et la Corogne, à interdire les communications des Anglais avec les habitants, à contenir des centres de population tels que Saint-Jacques de Compostelle, Vigo, Tuy, Orense, il avait été obligé de descendre avec son corps tout entier sur le littoral, d’abandonner par conséquent ses communications avec la Vieille-Castille, et même de demander du secours, loin de pouvoir, comme on l’avait espéré d’abord, dominer à lui seul tout le nord de l’Espagne.

On n’aurait certes pas cru cela d’un corps aussi aguerri, et aussi bien commandé que le sien ; et ce n’était pas qu’il eût manque d’habileté ou d’énergie, mais les difficultés s’étaient multipliées à l’infini autour de lui.

Le maréchal Soult ayant heurté en passant le corps de La Romana sans s’inquiéter de ce qu’il deviendrait, ce corps, comme nous l’avons dit, avait traversé le pays entre la Galice et Léon, surpris un bataillon français laissé à Villa-Franca, soulevé sur son passage le pays étonné de sa présence et enthousiasmé par la nouvelle de la guerre d’Autriche.

Le marquis de La Romana s’était enfin jeté dans les Asturies, que le général Bonnet ne pouvait contenir avec deux régiments. C’était pour faire face à ces difficultés que le maréchal Ney avait été obligé de courir partout, de combattre partout, ne trouvant nulle part des révoltés, si fanatiques qu’ils fussent, qui résistassent à sa terrible impétuosité, mais les voyant reparaître sur ses derrières dès qu’il était parvenu à les battre sur son front.

Ainsi, tandis qu’il avait porté le général Maurice Mathieu vers Mondonedo pour tenir tête aux Asturiens, il avait été contraint d’envoyer le général Marchand sur Saint-Jacques de Compostelle pour y détruire 1 500 insurgés qui venaient de s’y établir.

Il avait fallu ensuite courir sur les ports de Villa-Garcia et de Carcil, et les brûler pour en écarter les Anglais. Puis, apprenant que les insurgés portugais assiégeaient le dépôt d’artillerie laissé par le maréchal Soult à Tuy, il y était accouru, et avait été obligé de livrer des combats acharnés pour le débloquer…/…

Dans ces diverses rencontres, le maréchal Ney avait tué plus de six mille Espagnols, enlevé vingt-deux pièces de canon, une immense quantité de matériel provenant des Anglais, sans produire un apaisement sensible dans la population.

Ce qui paraîtra plus extraordinaire encore, c’est que le maréchal Ney, placé sur la route du maréchal Soult, n’avait eu de ses nouvelles que par la colonne qu’il avait envoyée à Tuy, laquelle s’y était rencontrée avec celle du général Heudelet …/…

Quant au maréchal Ney lui même, on ne savait rien à Madrid des combats qu’il livrait, sinon qu’il luttait énergiquement contre les insurgés, et qu’il ne pouvait pas, tout en les battant partout, assurer ses communications avec la Vieille-Castille.

Aussi malgré les victoires de Medellin et de Ciudad-Real, on fut bientôt attristé à Madrid par l’apparition d’une multitude de bandes dans le nord de l’Espagne, par l’enlèvement des courriers sur toutes les routes, par l’impossibilité absolue d’avoir des nouvelles des maréchaux Soult et Ney, par la certitude enfin que toutes les communications avec eux étaient interrompues »

Quelle galère et quel désastre !

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Situation de Mondonedo en Galice
(Fin 1808) le Régiment (de Dragons) est compris dans la 2e brigade, général Fournier (15e et 25e Dragons), de la 5e division de dragons, général Lorge, réserve de cavalerie, maréchal Bessières.

À la fin de décembre, la division Lorge est attachée au 2e corps (maréchal Soult, duc de Dalmatie) et concourt avec lui à la glorieuse expédition de la Corogne contre les Anglais .../...

Dès le 20 janvier (1809), le maréchal Soult avait décidé de tenter une expédition en Portugal. Au moment où il commence son mouvement, le 6e corps (maréchal Ney) vient relever ses troupes en Galice et garder les positions de la Corogne et du Ferrol.

Les 25e et 15e Dragons (brigade Fournier) sont distraits, le 28, du corps du maréchal Soult et de la 5e division de dragons, et vont se mettre, près de la Corogne, à la disposition du maréchal Ney.

Le 25e Dragons reste cantonné à Mondonedo et Castel-Mayor pendant les mois de février et mars 1809. Il perd quelques hommes dans des escarmouches, les 1er, 2 et 7 février, près de Ribaldo.../...

Le 8 mars, ordre est donné aux régiments de dragons d’Espagne de diriger sur leurs dépôts en France les cadres du 3e escadron.

Le 25e Dragons se conforme aussitôt à cette prescription. Les hommes montés du 3e escadron sont versés dans les deux premiers, conservés à l’armée d’Espagne ; les cadres du 3e, ainsi que les hommes démontés des deux premiers, se dirigent sur Bayonne et de là sur Strasbourg, où se trouve le dépôt du Régiment. »
 [11]

9 mars : mort du Grenadier

« N° 13 : Décès de François Mezard, Grenadier au premier bataillon du Cinquante Neuvième Régiment d’Infanterie de Ligne. Extrait du N° du registre 349 ; Armée française en Espagne, 6e Corps 2e Division ; état civil et militaires ».

« Mairie de la commune des Roches, arrondissement communal de Vienne
L’an dix huit cent dix, et ce jourd’hui trente un mars, moy Ramay Maire officier public de l’état civil de la commune des Roches, département de l’Isère, vien de recevoir pour anexer au présent registre l’extrait d’acte de mort Régiment d’Infanterie de Ligne, des mains du soussignés a l’extrait de mort, Sieur André Joseph Rousseau, membre de la Légion d’honneur, Capitaine officier payeur remplissant les fonctions d’officier de l’état civil ;

Certifions qu’il résulte du registre destiné à l’inscription des actes de l’état civil fait hors du territoire français pour le susdit régiment (d’Infanterie de Ligne : mots rayés)

que le nomé François Mezard, Grenadier au premier Bataillon du Cinquante neuvième Régiment d’Infanterie de Ligne ; fils de Pierre Mezard ets Magdelaine Bouchû, natif des Roches, arrondissement de Vienne, département de l’Isère ;
matricule sous le N° 9935, ets décédée à Mandonedo en Galice le neuf mars mil huit cent neufs, à cinq heures du soir par suitte d’un coup de feu ;

par la déclaration à nous faitte le premier juillet même année par les trois témoins mâles ets majeurs voulus par la loy ; lequel onts signé au registre avec nous à Léon, le premier juillet mil huit cent neufs.

Vu par nous, sous inspecteur aux revues D’Ininvert. Pour extrait conforme Bruneau.

Constaté suivant la loy par moy, Etienne Ramay, Maire officier public de l’état civil de la commune des Roches, département de l’Isère, j’aprouve la rature de la douzième ets treizième ligne, pour extrait conforme à l’original ets soussigné Ramay, maire ».

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Détail de l’acte de décès du Grenadier François Mezard
Le nom de famille est déformé en Mezard par l’officier qui rédige l’acte ; sans doute à cause de la prononciation « Meza » de ce patronyme.

On lit nettement Mandonedo sur l’acte mais c’est une erreur de transcription (de l’officier Rousseau ou du maire des Roches ?). En fait il faut bien lire « Mondonedo en Galice »

À remarquer, pour conclure notre récit, le délai de quatre mois entre la mort de François Meze et la rédaction de l’acte de décès par l’administration militaire établie à Léon.

Cet acte arrive aux Roches de Condrieu un an après la mort, à vingt trois ans, "par suite d’un coup de feu" du Grenadier François Meze.

Ses parents sont probablement restés sans nouvelles depuis son départ trois ans plus tôt !


[1Pierre Meze "résidant à Saint Clair" (aujourd’hui St Clair du Rhône) épouse le 10 août 1773 à Saint Clair Magdelaine Bouchu, originaire "des Roches" ; François a une sœur, Antoinette, née le 23 mars 1788, (son nom est ici orthographié Maize) et un frère, Louis, né le 11 avril 1790 (nom orthographié également Maize, le nom de sa mère est cette fois écrit Bouchu)

Une autre Françoise Maize, rocheloise épouse du vigneron Antoine Roux, donne le jour à André Roux le 26 juillet 1786 ; celui-ci sera également soldat de Napoléon. Nous le retrouverons.

[3D’après une notice dans les « Fastes de la Légion d’Honneur. Il repose au Père Lachaise. Voir http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=1993

[421 YC 495 vue 482/550, merci à Barbara Salomon de m’avoir indiqué ce document

[5« Historique du 25e Régiment de Dragons » par le Capitaine De Bourqueney (Mame 1890)

[6L’Harmattan 2007

[7Comte Mathieu de Saint-Maurice.
né à Saint-Affrique (Aveyron) le 20 février 1768, mort à Paris le 1er mars 1833

[8Les guerres napoléoniennes en Galice article de Jacques Perot

[9"Itinéraire de l’Espagne" (1809).

[10Extrait de « Description abrégée des ci-devant royaumes et provinces composant actuellement le royaume d’Espagne et celui du Portugal » (1810).

[11Historique du 25e Régiment de Dragons par le Capitaine De Bourqueney (Mame 1890).

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4 Messages

  • « Nueve de Marzo » : un Grenadier meurt en Galice 21 juin 2014 12:14, par Barbara Salomon

    On peut trouver Francois Meza à Vincennes, 59e régiment de Ligne, No 2867, fils de Pierre et de Magdelaine Bauchu, né en 1789, taille d’un mètre 640 centimètres, visage ovale, yeux bleu, nez court, menton long…, conscrit de l’an 1806, No 1281…, fusilier, a fait les campagnes 1807, 1808 en Allemagne, Prusse et Pologne, mort le 9 Mars 1809
    Barbara Salomon

    Répondre à ce message

  • « Nueve de Marzo » : un Grenadier meurt en Galice 25 mars 2012 10:18, par gruzalière

    Excellente recherches, mais ma qestion porte en annexe.
    Comment se passait la démobilisation autrefois ?
    à l’époque impériale ( et avant et après ).
    On me dit que les soldats étaient souvent démobilisés sur place,
    c’est à dire dès que l’on avait plus besoin d’eux,
    et alors, à charge pour eux de revenir chez eux par leur propres moyens,
    quand est il en réalité ?

    Répondre à ce message

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