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Nicolas Corvec et la naissance de la commune de Gâvres

Le lundi 1er janvier 2007, par Jean-Yves Le Lan, Josiane Le Lan

En 1838, Nicolas Corvec a alors 37 ans ; il est marié depuis le 7 janvier 1823 avec Marie-Jeanne Madec [1]. Le couple habite à Gâvres (paroisse et commune dépendant de Riantec), sur la presqu’île du même nom, dans le département du Morbihan. A cette date, il est le patron de la Ste Euphrosine ; navire de 3 tonneaux construit en 1830 à Locmalo [2] avec lequel il pratique la pêche.

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Le port de Gâvres en mars 2004

Le 30 mars 1838, Nicolas co-signe avec plusieurs autres habitants de Gâvres et Bangâvres une lettre adressée au préfet du Morbihan. Par ce courrier, reproduit ci-après, l’ensemble des signataires demande que leur commune soit détachée de Riantec pour un rattachement à Port-Louis [3].

« Monsieur Le Préfet,

Depuis longtemps les soussignés propriétaires et habitants de Gavres et de Bangavres, dépendant de la commune de Riantec reconnaissant le désavantage de leur position dans tous les rapports avec le chef lieu.

Situés à une grande distance de ce point où aboutissent tous les liens religieux, civils et politiques, ils subissent tous les désagréments de cette distance depuis le moment de leur naissance jusqu’à celui de leur mort.

En effet, pour porter l’enfant nouveau né à la commune et à l’église il faut lui faire un trajet long pénible et souvent dangereux pour sa santé.

L’accomplissement des devoirs religieux, toujours rigoureusement observés dans ce pays, oblige les vieillards à se rendre à la Paroisse, et c’est pour eux un chagrin vivement senti que d’être forcés, à cause de l’éloignement de manquer à ce pieux devoir.

Les secours spirituels ne sont souvent pas aussi prompts que les malades le désirent, malgré le zèle qui distingue le clergé de Riantec.

Enfin le trajet pour aller inhumer les morts, que l’on débarque sous les murs de Port-Louis change en corvée pénible un acte de dévouement et de piété.

Sous un autre point de vue très important encore les soussignés déplorent leur isolement. Les enfants ne peuvent jouir des bénéfices de l’instruction si répandue partout ailleurs. Les indigents, atteints par les maladies, manquent de secours que ceux des villes reçoivent à domicile ou trouvent dans les hôpitaux.

L’homme auquel son travail n’a pu assurer une subsistance pour sa vieillesse, n’a pas même la perspective de finir ses jours dans un de ces asiles ouverts aux personnels infirmes et malheureuses.

Dans beaucoup de circonstances où la présence immédiate de l’autorité devient utile, les soussignés manquent, à cause de l’éloignement de la protection si nécessaire.

Enfin, Monsieur Le Préfet, tant de motifs se réunissent pour faire désirer de voir cette situation s’améliorer que les soussignés ont reconnu la nécessité de demander leur séparation de la commune de Riantec et leur réunion à celle de Port-Louis.

Leurs relations d’affaires sont aussi fréquentes avec cette ville qu’elles sont rares avec Riantec. Un simple petit bras de mer les sépare de Port-Louis et ils trouveront dans cette réunion tous les avantages qu’ils souhaitaient tandis que de son côté la ville dont ils dépendront ne peut manquer de voir avec plaisir une adjonction qui doit augmenter son importance politique. Notre demande paraît, du reste, d’autant plus fondée que déjà Gavres a appartenu à Port-Louis... ”

Dans l’espoir que vous prendrez leur requête en considération.

Vos très humbles et très obéissants serviteurs. »

Quelques mois plus tard, le Préfet accède à leur demande et déclenche une enquête publique pour se faire une opinion sur le sujet. Les conclusions de cette enquête sont consignées par le juge de Paix et son greffier en les termes suivants :

« Nous déclarons donc au nom du Peuple des villages de Gavres et Bangavre dont nous sommes les représentants qu’il ne consentira jamais à sa jonction au Port-louis. La volonté générale des habitants est de rester dépendants de la commune de Riantec. »
Compte tenu de ces éléments la procédure est donc arrêtée et Gâvres reste sous la dépendance de Riantec.

Vingt-sept ans plus tard, les villageois réitèrent leur demande. Celle-ci a tout de même évolué car ils souhaitent en premier leur autonomie et si elle ne peut être accordée, ils demandent d’être au minimum considérés comme une succursale de la cure de Port-Louis.

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Des vieilles coques à Gâvres en mars 2004

Après deux ans d’attente, le 1 février 1867, le Secrétaire d’Etat au Département de l’Intérieur La Valette décrète la création de la commune de Gâvres. Le décret suivant est donc publié :

« Napoléon, par la grâce de dieu
et la volonté Nationale, Empereur des Français
A tous présents et à venir, Salut.

...

avons décrété et décrétons ce qui suit :

ARTICLE 1 - La Presqu’île de Gâvre et de l’île de K Salm formant la section de Gâvre indiquée par une teinte jaune sur le plan ci-annexé, est distraite de la commune de Riantec, canton de Port-Louis, arrondissement de Lorient, département du Morbihan, et est érigée en Commune distingue, dont le chef lieu est fixé à Gâvre.

ARTICLE 2 - La limite entre la Commune de Gâvre et la Commune de Plouhinec est fixée conformément au tracé de la ligne A-B du dit plan.

ARTICLE 3 - Les dispositions qui précèdent auront lieu sans préjudice des droits d’usage ou autres qui peuvent être respectivement acquis.

ARTICLE 4 - Les habitants de la Commune de Riantec, les habitants de la Commune de Gâvre participeront concurremment à la récolte du goémon attenant au rivage de chacune de ces communes.

ARTICLE 5 - Notre Ministre, Secrétaire d’Etat au département de l’intérieur, est chargé de l’exécution du présent décret.

Fait au Palais des Tuileries, le premier février Mil huit cent soixante sept.

Signé : Napoléon par l’Empereur

Le Ministre, secrétaire d’Etat au département de l’intérieur, signé : La Valette.

Pour ampliation : le chef de la division secrétariat. »

Cette décision entraîne la formation du conseil municipal de la nouvelle commune de Gâvres. Pour ce faire, le 28 avril 1867, une élection est organisée et 190 électeurs du sexe masculin choisissent parmi 15 postulants, les 12 premiers conseillers municipaux de la commune. Cent sept électeurs se présentent aux urnes et le résultat du dépouillement est consigné sur la feuille ci-après :

N° ordre Nom et prénom Profession Date de naissance ou Age Nombre de suffrages obtenus (en lettres)
1 Corvec Nicolas Marin 66 ans Cent six
2 Cailloche Jean-Marie Tonnellier 52 Cent six
3 Mollo François Marin 34 Cent six
4 Madec Pierre Marin 47 Cent six
5 Lescouët Jacques Marin 47 Cent six
6 Lescoët Jean Marin 40 Cent six
7 Corvec Jacques Marin 51 Cent six
8 Tuanden François Marin 37 Cent six
9 Le Guen Marc Marin 53 Cent six
10 Cadoret Pierre Marchand 51 Cent quatre
11 Esvelin Pierre Boulanger 30 Soixante dix sept
12 Thomas Lionel Tonnellier 51 Cinquante neuf

Sur cette feuille de dépouillement, Nicolas Corvec y est noté en premier avec 106 voies obtenues à l’élection. A la suite de cette élection, le Sous-préfet de Lorient nomme le 29 mai 1867, monsieur Pierre Cadoret « intelligent et instruit », maire de Gâvres et Nicolas Corvec, « très considéré, très influent », comme adjoint.


[1Registres d’état civil de la mairie de Riantec.

[2Service Historique de la Défense - département Marine à Lorient - Registre 2P 105 - folio 58.

[3Bulletin de Gâvres arts et traditions - Année 2000 - « Gâvres Naissance d’une commune...1867 ».

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