Il travaille à l’Energie Industrielle (ancêtre de l’EDF) à Nemours et amène l’électricité dans les villages alentours.
Il écrit beaucoup, environ une lettre tous les 2 ou 3 jours à sa mère. Sa grande préoccupation dans tous ses courriers est de les savoir en bonne santé. J’ai enlevé tous les courriers personnels.
La classe 40 n’a pas fait la guerre. Je ne sais pas où il a été mobilisé. Grâce à ma grand-mère qui a conservé tous les courriers qu’il lui a envoyés j’ai pu reconstituer son parcours entre le 9 juin 1940 et le 3 novembre 1940. Est-ce qu’ils ont eu des consignes ? il ne met jamais le nom des petits villages où il passe (un pays) et pas de nom de famille.
- Pas de date.
René à Gauche.
9 juin 1940 - Nous sommes arrivés dans un bled quelque part en France, aux alentours de mon centre d’appel. Nous sommes arrivés à Châteauroux à 17 h sur notre cantonnement à 18 h. Nous avons touché un repas froid pour ce soir. Nous sommes cantonnés dans un vieux château, une chambre de 5 rien que des gars du bâtiment (un de Melun, deux de Sens et un de Bourges). Nous couchons sur des lits en planche avec un matelas en paille et une couverture. Dans la cour du château coule un ruisseau c’est là que nous devons nous laver. Voici mon adresse : CHAMPIN René - 103e Bataillon de l’Air, 6e compagnie B - Base Aérienne de Châteauroux (36).
12 juin 1940 - Ce matin au rapport le Capitaine nous a dit qu’on en avait pour au moins 8 mois dans ce pays pour faire nos classes et qu’en suite on nous dirigerait par détachement vers d’autres places. Hier nous avons été habillés. Nous avons reçu un treillis, des bleus, des godillots, 2 chemises, un sac à viande, une ceinture de flanelle, une brosse, deux caleçons, des gamelles, des fourchettes et des cuillères. On se lève à 6 h, débarbouillage au ruisseau, le café et casse-croûte puis quartier libre jusqu’à 7 h 30, appel, rassemblement et instruction jusqu’à 10 h 30, une heure de quartier libre et la soupe à 11 h 30. (il ne dit rien sur l’après-midi) Extinction des feux à 21 h. A ce rythme là on va devenir fainéant. Nouvelle adresse : CHAMPIN René 7e Compagnie - Base Aérienne de CHATEAUROUX (Indre).
16 juin 1940 - Dimanche à 15 h - Nous voilà débarqués dans un petit bled à 2 km de Tarbes - Nous avons quitté notre pays jeudi matin, nous avons fait 20 km à pied pour aller jusqu’à Châteauroux. Nous sommes partis de nuit, sommes arrivés ce matin au pied des Pyrénées et nous sommes remontés de 15 km à pied avec tout le barda. Nous avons voyagé à 40 dans des wagons marchandises. Je ne connais pas ma nouvelle adresse.
17 juin 1940 - Quelque part en France (8 pages) - On voit la pointe de la flèche de la Basilique de Lourdes dont nous ne sommes qu’à 18 km. Cet après-midi je vais faire la lessive. Ici c’est pratique nous avons de la flotte de chaque côté des rues et des lavoirs tous les 20 m fait avec des blocs d’ardoises Là nous sommes cantonnés chez une petite vieille bien gentille ma foi. Les avions ronronnent tout le temps, le camp n’est pas loin du pays où nous sommes.
L’autre jour j’ai trouvé un filon je suis passé comptable d’un aspirant pour le recensement de notre section et la distribution des groupes ensuite j’ai fait la tenue 1 et 2e et treillis tout est tombé au poil, je suis tout le temps avec lui au bureau pour gratter du papier ça m’occupe. J’ai demandé à suivre les cours d’Élèves Officiers de Réserve et de mécano-électricien dans le tout j’arriverai bien à faire quelque chose.
17 juin - Lundi à 13 h 30 (sur une CP église de Laloubère) En allant mettre ma lettre à la boite j’ai appris que notre adresse était changée. Je me mets à récrire cette carte pour vous donner la nouvelle adresse qui est : 7e Cie Bataillon 103 - Base aérienne de Tarbes - LALOUBERE (H P) Surtout écrivez en Franchise Militaire Inutile de mettre un timbre.
- Il a emporté son cahier de dessin et celui-ci sera en en-tête sur les prochaines lettres.
27 juin 1940 - Nous sommes à côté de Tarbes et bien nourris ainsi que cantonnés. Les gens sont aimables. J’ai déjà fait quelques réparations sur des fers à repasser. Maintenant nous ne savons pas ce que nous allons faire, nous allons sans doute remonter sur Châteauroux et peut-être être démobilisés mais ça c’est autre chose. Enfin qu’on remonte déjà à Châteauroux ce ne sera pas si mal que ça. Nous nous n’avons rien à faire, on mange et on se couche, on prend même le temps de faire des entêtes sur nos papiers à lettre, la preuve. Si ça continue comme ça on va engraisser. BA 103 7e Compagnie - 3e section Base Aérienne de Tarbes à LALOUBERE (H P).
28 juin 1940 - Maintenant nous allons surement être démobilisés d’ici peu. Tous les cultivateurs de la Compagnie sont réquisitionnés pour travailler dans le pays. Nous, nous sommes affectés nulle part. Ce matin nous avons fait une marche de 10 km, nous avons été du côté de Bagnères-de-Bigorre.
4 juillet 1940 - Hier nous avons été habillés à neuf, il ne nous manque plus que la cravate et la casquette et hier soir nous avons eu une permission de 5 à 9 heures pour aller à Tarbes. Aujourd’hui nous allons passer la visite d’incorporation et être vaccinés. Ce matin on a rempli nos livrets médicaux. Ça fait 2 dimanches que nous avons une messe spéciale pour les aviateurs dans l’église de Laloubère. J’y vais à chaque fois et l’église est bondée.
11 juillet 1940 - Ayant appris que la correspondance avec les régions occupées est rétablie, je vous fais un mot.
Nous pour l’instant tout va bien. Nous ne foutons rien de la journée. Nous sommes habillés à neuf. Il y a un copain qui a eu un appareil photo on va en faire. Je vous en enverrai aussitôt que tout sera rétabli normalement.
Hier nous avons eu un rassemblement du Capitaine. Il a demandé tous ceux qui avait leur permis pour remplacer ceux qui vont être démobilisés au parc automobile. Peut-être j’aurai la chance d’y rentrer avec mon copain de Sens qui a aussi son permis. Ayant notre permis civil ils nous donnent notre permis militaire sans passer d’examen. J’ai eu le nez creux de passer le mien avant de partir. On ne peut pas aller à Lourdes, le Commandant Major a interdit toute permission.
Nous avons un Capitaine vraiment chic, il a acheté des ballons pour ceux qui veulent jour au football. L’autre jour le ravitaillement en pinard n’était pas arrivé, il a payé de sa poche pour que toute la Compagnie en ait.
L’autre jour nous avons passé la visite d’incorporation ils nous ont vaccinés, les miens n’ont pas pris. CHAMPIN René - BA 103 - 7e Cie - 3e section - 3e groupe- 1re Escouade - Base Aérienne de Tarbes - LALOUBERE (HP).
17 juillet 1940 - Hier, nous avons eu un chamboulement du diable, nous avons changé de cantonnement et de section. Je suis maintenant de la 2e section. Nous avons déménagé tout notre barda dans une voiture à âne. Tu parles d’un sport. Il faut être militaire pour voir des trucs comme ça. Maintenant presque sûrement que samedi on déménage de Laloubère en direction d’un autre pays à environ 10 km de là, le pays où nous sommes arrivés l’autre fois par le train. Il y en a environ la moitié de nous qui sont piqués pour la 1re fois. Nous ça sera sans doute pour demain à moins que nous partions. Il y en a que ça rend malade comme des chiens et d’autres que ça ne leur fait rien. Ils font les piqûres en 3 fois : la 1re 1 cm3, la 2e et 3e 2 cm3 à intervalle de 15 jours. Je vous joins ma nouvelle adresse : CHAMPIN René BA 103 7e Cie 2e section 4e groupement - LALOUBERE (HP).
20 juillet 1940 (8 pages) - Ce matin au rapport il y en a environ 150 de la 3e section dont je faisais partie avant qui sont nommés pour partir lundi, où ils n’en savent rien. Et nous nous allons être piqués lundi (il y a de la joie) Je crois que nous n’allons pas nous éterniser à Laloubère, car il va falloir qu’on laisse la place pour des vieux qui arrivent ça nous fera l’occasion de voir d’autres pays. Pour les chauffeurs ils n’en ont pris que 80 rien que des poids lourds, maintenant ils sont en train de faire leur classe avec le fusil sur l’épaule, une chance je suis encore passé au travers.
Demain j’ai 2 prises de courant à faire chez des particuliers ça m’occupera un petit moment. C’est pour installer des petits réchauds car il n’y a plus moyen de trouver ni alcool ni rien pour faire du feu.
Hier la bonne femme où nous cantonnons nous a fait des œufs sur le plat, une salade de chicon, on a arrosé ça avec un vieux bidon de pinard. On s’est bien régalé. Tous les soirs on fait la chasse aux rats à coup de trique. Tu parles d’un sport. L’autre nuit ils nous ont bouffé presque une livre de pain.
Il y a des élèves pilotes qui sont arrivés de quelques jours. A ce qu’il paraît qu’ils vont commencer à voler. Je voudrais bien être à leur place on s’emmerderait un peu moins.
Aujourd’hui c’est un temps de Toussaint et maintenant on se croirait en Algérie. En parlant d’Algérie l’autre jour il était moins une qu’on y défile. On devait partir pour embarquer à Port-Vendres à 4 h du matin mais l’armistice a été signée à 1 h.
Je viens d’allumer une cigarette, des troupes, elles sont aussi bonnes que les Gauloises et coûtent moins chères. La dernière fois que nous en avons touchées, j’ai eu 4 F 85 avec. J’ai fait la connaissance d’un autre électricien qui travaillait dans un secteur de la Marne. Il y a des fois qu’on discute ensemble. J’ai trouvé aussi le 1er opérateur cinématographique du Moulin Rouge à Paris, un photographe professionnel et un typographe-photograveur. Alors pas besoin de vous dire qu’il y a des notes de marquées sur mon calepin. J’ai aussi un mécanicien en horlogerie qui me donne des conseils sur les carillons et tout le toutime. En attendant tous ces types là sont très intéressant, me font passer de bonnes heures à discuter, aidé d’un instituteur qui fait les problèmes de théorique. Il y a eu pas mal de changement dans le secteur. Nous avons eu rassemblement à 11 h 1/4 qui change toutes les prescriptions tranquilles de notre vie militaire jusqu’ici. A partir de lundi les classes commencent et serrées, nous n’aurons qu’une heure et demie de libre dans la journée. Tous les jours rapport et ainsi de suite.
22 juillet 1940 (13 pages) - 9 h 1/2 je viens de casser la croûte car à midi nous allons faire rideau parce que nous sommes piqués à 2 h et ce soir bouillon de légumes.
Hier je me suis débrouillé avec 2 copains pour avoir une perme pour aller jusqu’à Tarbes où nous avons passé l’après midi. Ils vont nommer les gars qui doivent partir demain.
Aujourd’hui il en part environ 170 : des mécanos brevetés, des cuistots, des tailleurs et des cordonniers. N’importe comment nous n’allons pas tarder à partir car dans 15 jours la 7e compagnie n’existera plus. Où on va aller je n’en sais rien mais on va sans doute rester dans les environs.
En partant de Châteauroux ça canardait drôlement du dessus. Il y avait des hirondelles qui avaient des crottes rudement lourdes et d’une drôle de constitution. 20 km à pied dans les conditions ci-dessus, toujours planqués sous les arbres ou à plat ventre dans les fossés, je ne tiens pas à la refaire, surtout avec le barda et dans le train à 40 dans un wagon à bestiaux on n’était bien pour passer 2 nuits là dedans. Heureusement on avait réussi à ouvrir une porte pour avoir de l’air.
24 juillet 1940 - dernier papier avec l’en-tête du petit avion : Aujourd’hui moi ça va un peu mieux mais je vous prie de croire que ces putains de piqûres vous mange le train. Hier j’en ai été quitte pour rester au lit toute la journée avec une fièvre de cheval. J’ai encore un peu de fièvre et je suis ankylosé tout le côté gauche mais c’est supportable, le pire c’est qu’il faut recommencer 2 fois le truc avec double dose.
Tu me parles du baptême de l’air, mais tu sais pour l’instant il n’en est pas question, l’école de pilotage ne marche même pas et en plus nous ne sommes pas sur le terrain. Mon adresse a encore changé : CHAMPIN René - 7e Compagnie - 2e Section - 4e Groupement de la base 103 à TARBES (HP).
26 juillet 1940 - Ce matin je me suis mis à la lessive. Ensuite l’après midi j’avais une prise de courant à faire chez une bonne femme et des réparations chez d’autres. Ça m’a passé presque l’après midi.
Ce matin nous avons touché notre prêt 8 F 50 et 3 paquets de gros culs. Ce n’est pas mal surtout que nous restons à rien faire. Aujourd’hui il y en a encore environ une quarantaine qui se barrent pour monter des baraquements. C’est tous des menuisiers, charpentiers et couvreurs.
27 juillet 1940 - Maintenant ils recommencent les piqûres pour la 2e fois cet après midi, alors nous on va y avoir droit sans doute lundi ou mardi. Leurs quinze jours sont rudement rétrécis à l’armée. Enfin plus vite ce sera fini plus vite on sera débarrassé. Ce soir on va tâcher d’aller à Tarbes. Il y en a un qui a posé une perme pour la Haute-Vienne. Elle s’est transformée en 4 jours de consigne par le Commandant, motif : (le soldat untel ayant posé une permission pour la Haute-Vienne doit savoir que cette dernière n’est pas valable. Il sera puni pour avoir oublié que toute permission était suspendue jusqu’à nouvel ordre) Le pauvre vieux n’a eu qu’à dire merci et prendre le balai pour faire la corvée de chiottes. Voilà comment on opère dans le métier militaire.
28 juillet 1940 - Dernière lettre de Laloubère - Ce matin au rassemblement le lieutenant a demandé s’il y avait des volontaires pour partir à Madagascar, l’AOF ou l’AEF. Il y avait une dizaine de volontaires. Ils en signent pour 30 mois de service actif. J’aime mieux que ce soit eux que moi. Dans les conditions que ça se présente là moi j’attends ma permission libérale c’est la meilleure solution. Ce matin à 8 heures j’ai été à la messe avec mes copains de Sens. Nous avons un prêtre qui prêche très bien. Il nous a causé du mariage. Il n’a pas froid aux yeux. Il n’a pas eu peur de nous dire qu’étant militaire il fallait se préparer à fonder un foyer et non aller au bordel rendre visite aux putains. Avec ça il y en a qui en ont pris pour leur grade. Celui qui officiait était un soldat élève pilote.
Maintenant au rapport le Pitaine nous a raconté une bonne histoire, nous avons droit tous les dimanches à une perme de la journée pour se rendre dans n’importe quelle ville aux environs de 20 km de rayons, sauf Lourdes qui est consigné à la troupe.
1er septembre 1940 - Pierrefitte - Nous avons déménagé de Laloubère pour venir ici à Pierrefitte, c’est à 18 km de Lourdes en allant vers la frontière, et à 12 km de Luz. J’avais mis quelques sous de côté mais ils ont été au pharmacien car j’ai passé le 15 août au lit avec une crise de dysenterie et on est tellement bien soigné à l’infirmerie que j’ai eu recours au pharmacien. Çà m’a duré 5 jours avec des coliques du diable et avec ça couché sur du carreau avec 5 cm de paille sous les reins j’étais rudement bien. Enfin c’est passé.
Maintenant nous ne sommes plus militaires, nous faisons partie des Camps de Jeunesse.
Nous avons toujours nos uniformes mais plus de casquettes, d’épaulettes, de boutons cuivre et au bras gauche un brassard avec GP marqué dessus. On ne fait plus que de la gymnastique et des marches, aucunes manœuvres, rien du tout. Les officiers sont en civil depuis ce matin. Nous sommes là pour environ 6 mois à partir du 1er août. Ils nous resteraient donc 5 mois aujourd’hui à faire, maintenant tout ça est bien aléatoire. Nous devons déménager pour aller en haute montagne dans les Alpes du côté de Grenoble passer l’hiver sous des tentes. Là où nous sommes cantonnés c’est une salle de théâtre. Nous y couchons à 60 pour l’instant. Nous n’avons pas froid malgré que les nuits ne soient déjà pas chaudes. J’ai pris la garde déjà 2 fois. On prend 4 h de jour et 4 h de nuit. On est très bien la nuit, ça me plait comme métier d’être tout seul comme ça je peux réfléchir.
21 septembre 1940 - Nous ne faisons que des marches et des excursions comme avant-hier, nous sommes allés de l’autre côté de Cauterets au pont d’Espagne. Nous avons suivi le Gave tout du long pour voir les cascades, c’est très joli. ça fait une marche de 40 km aller et retour. Je suis le peloton d’élève-Chef ce qui correspond au grade de Caporal. Ça sera toujours mieux que de rester simple bibi. Et puis à mon temps perdu j’ai trouvé des professeurs de toutes professions et je prends des cours. J’ai étudié la question photo à fond et maintenant je dois être un krach sur cette question-là. A présent j’étudie la TSF avec un type qui habite Ponthierry et je pourrai faire le dépanneur en rentrant. Pour l’instant il est question que nous serons libérés le 1er de février. Nous serions donc à peu près à la moitié de notre temps et si ça continue comme ça, ça passera vite. Maintenant en qualité de GP il faut qu’on paye tarif entier.
Maintenant je t’explique le moyen de correspondre : Tu mets ma lettre sous enveloppe en F.M. à mon adresse : René CHAMPIN Groupement de Jeunesse 38 - 1er groupe - 1re troupe - 1re équipe - PIERREFITTE-NESTALAS (65). Tu mets ça sous une autre enveloppe affranchie à 1 F et tu mets l’adresse suivante : M. DARRÉ rue Jules Guède - ROMORANTIN (Loir et Cher). Surtout ne mets ton adresse sur aucune enveloppe et attends une autre lettre de moi dans une huitaine pour y faire réponse de façon à ne pas abuser de la bonté des gens.
Le soir pendant les quartiers libres je sors et me file dans toutes les usines pour visiter. Hier j’ai été dans une fabrique de carbure de calcium pour l’acétylène. J’ai vu les fours électriques, je vais tâcher de voir aussi la Centrale Electrique de Chemins de fer du midi, elle fournit des 65 000 volts ça doit feuler.
28 septembre 1940 - Nous avons passé le peloton pour les chefs d’équipe, mais je ne sais pas les résultats. Je vais sans doute passer chef d’après mes pronostics. Maintenant on va sans doute aller à Cauterets abattre du bois pour faire du charbon de bois. Alors là on gagnerait 8 F par jour. Ils nous donneraient 4 F et garderaient le reste pour la cuisine.
16 octobre 1940.
- Carte Postale de Guerre (beige).
23 octobre 1940 - Cauterets - Ils nous ont supprimé la F.M. A ce sujet là si vous me faites passer des lettres il faut les affranchir sans quoi je ne les aurai pas. Et si on veut aller en perme il faut payer le train. J’avais envie de demander à permuter pour un Camp de Jeunesse dans le Centre pour me rapprocher de Thiers mais après avoir bien réfléchi je n’y gagnerais rien car en allant là-bas il fallait que je change d’arme, être versé dans la Biff ou dans l’Arti et comme si on change et que l’Armée revienne je veux faire partie du personnel navigant comme mitrailleur ou pilote. Que je passe caporal automatiquement étant déjà chef de patrouille ici, je n’aurai qu’à suivre le peloton de sous-off. On attend la fuite aux alentours du 11 janvier 1941. Et puis je m’occupe d’abord je suis chef de chantier, je commande vingt gars au boulot et puis chef de patrouille où j’en ai 20 autres et en heures de quartier libre je discute TSF ou je dessine, enfin je passe le temps. Groupement de Jeunesse 38 - 1re équipe à PIERREFITTE N. PS Je me suis mis bien avec le Maire du pays. Je vais lui faire une installation chauffage pendant mes heures de quartier libre. Ça me fera quelques sous.
Suivent 3 cartes postales de guerre (rose) de Cauterets avec des mots imposés.
Le 27 octobre 1940 : il est à Cauterets, tout va bien.
Le 30 octobre 1940 : Il est fatigué travaille toujours à Cauterets, ils vont certainement aller à Saint-Savin.
La dernière, le 3 novembre 1940 Il est fatigué car ils ont été repiqués, souhaite la fête à son frère et a passé une bonne Toussaint.
Quand est-il rentré ? il a dû nous le dire. Il nous parlait souvent de Cauterets et nous y a emmenées plusieurs fois en vacances. Son plus grand regret était de n’avoir pas pu voler.