Du côté de mon père, Guy TAMINAU, j’avais déjà la réponse puisque son père, Joseph, militaire de carrière, avait été nommé comme officier d’administration ou intendant d’hôpital militaire successivement à :
- Aïn Sefra en 1911
puis à : - Taniet El Haad, en 1913, où sa toute nouvelle épouse, ma grand-mère Marie Jobbé Duval, bretonne originaire de Rennes, est venue le rejoindre, dès 1914.
Et finalement à : - Tlemcen, de 1919 à 1925.
- Mes grands-parents paternels : Joseph TAMINAU et Marie JOBBE DUVAL
Ces adresses successives je les ai retrouvées grâce à des cartes postales dont Marie était grande collectionneuse et que mes parents avaient précieusement conservées car elles représentaient soit des paysages bretons, soit des paysages algériens. Et moi, je les ai parcourues et classées par ordre chronologique pour reconstituer les relations familiales ou amicales et les adresses successives de cette branche que je n’avais connue que par les dires de mon père car ma grand-mère est décédée en 1927 et mon grand-père en 1943, soit bien avant ma naissance.
Pour Tlemcen, mon père en parlait beaucoup, car c’est là qu’il a failli naître, y ayant été conçu, mais la guerre de 14 déclarée, son père a été envoyé aux Dardanelles et sa mère est retournée dans sa famille, à Saint-Servan, près de Saint-Malo, pour y accoucher le 30 mars 1915 (le papa n’apprendra la nouvelle qu’un mois plus tard…).
C’est à Tlemcen que ses parents se sont retrouvés la guerre terminée et ils y concevront une fille, Anne (ma chère Tante Nita) qui naîtra elle aussi en France… Et c’est à Tlemcen aussi que repose ma grand-mère, décédée en 1927, même si je n’ai pas retrouvé sa tombe au cimetière chrétien, lors de mon récent voyage en Algérie. J’en possède cependant une photo.
A Tlemcen, mon grand-père Joseph termine sa carrière militaire en 1925. Il y prend alors, avec un associé avec lequel il a de lointains liens de parenté, une quincaillerie TAMINAU - PETEL. Après le décès de Marie, il se remarie rapidement et a une autre fille, Monique, née elle à Tlemcen en 1929. Il y restera quelques années encore. Puis en 1935, il cède à son associé ses parts dans la quincaillerie et prend une retraite définitive au Maroc cette fois. Grand amateur de pêche, il investit dans une villa en bord de mer. Quand il meurt, c’est la Seconde guerre mondiale, mon père qui est prisonnier en Autriche l’apprendra par courrier…
Du côté de ma mère, Renée BERNARD, née au 44 rue Denfert-Rochereau à Alger, en 1919, c’est sa mère Eugénie MELIOR qui est arrivée en Algérie, avec son père, François Joseph, officier de marine et sa jeune sœur, dans les années 1900. Il avait perdu sa femme, la mère de ses deux filles le 6 décembre 1901, mais s’était remarié assez vite, en 1902, à Toulon, avec une cousine germaine qui portait le même nom que lui, MELIOR.
- François-Joseph MELIOR 1864-1931 et Jeanne-Marie LE TERTRE 1861-1901, mariés le 22 Septembre 1887
Ma grand-mère avait mal vécu ce remariage. Elle l’a très bien raconté sous forme un peu romancée, ainsi que sa rencontre avec un jeune étudiant en médecine, Eugène BERNARD, né lui en Algérie, à Oran, le 22 janvier 1886. Ils se marient le 23 mai 1911 et ont successivement deux filles, Yvonne et Jeanne. La guerre éclate, il doit lui aussi rejoindre les Dardanelles.
- Mes grands-parents maternels : Eugène BERNARD et Eugénie MELIOR
Il tient un journal pendant ces années de séparation, ce qui a permis à ses descendants de connaître ce qu’il a vécu. Il poursuivra ce journal de façon moins régulière jusqu’à la fin de ses jours. La guerre terminée, il retrouve sa femme et ses deux filles et après quelques nominations, notamment à Constantine, et la naissance de ma mère, Renée, le 14 juin 1919, ils s’installeront à Pont de l’Isser (l’actuel Bensékrane) où il exercera le métier de médecin "de colonisation" et où naîtront les sept autres enfants qu’ils auront ensemble.
Le père d’Eugène, Elzéar Joseph BERNARD n’a pas assisté à leur mariage car il est mort le 14 septembre 1903 à Oran où il avait vécu avec sa femme et où il avait été pharmacien. Ils habitaient 16 rue d’Orléans.
- Elzéar Joseph BERNARD
Il était né en France, le 3 septembre 1847, à Mane, dans les Alpes de Haute-Provence (04). Dans cette région avaient vécu tous ses ancêtres. On ne sait pas ce qui l’avait amené en Algérie, mais quand il nait, le maire qui signe son acte de naissance, est le docteur Louis Marius ROUIT, qui fut déporté… en Algérie, en 1851, sur ordre du futur Napoléon III, car il fut suspecté d’avoir appartenu à une société secrète interdite car hostile aux prétentions de Louis Napoléon Bonaparte. Louis Rouit, était-il du côté des royalistes qui regrettaient la monarchie qu’ils estimaient garante des droits de citoyens et redoutaient que le neveu de Napoléon n’ait l’ambition de recréer un Empire ? Ou soutenait-il les révoltes ouvrières en cette période de crise et de chômage qui secouèrent Paris, Lyon et de nombreuses régions de France ? Il réintègrera la France aux environs de 1858 (tous ces renseignements sur le bon docteur Rouit, nous les avons trouvés sur le site de la ville de Mane).
Son exemple a-t-il inspiré Elzéar dont les parents n’étaient que de modestes cordonnier pour l’un et modiste pour l’autre ? Qu’est-ce qui l’a poussé à faire des études de pharmacien et surtout à partir en Algérie, sans ses parents restés en France (renseignement trouvé dans son acte de mariage) ? A quel moment exact est-il arrivé en Algérie, je ne le sais pas encore, mais je pense que je devrais pouvoir trouver la réponse dans d’autres archives… En tout cas, il y est arrivé avant 1878, année de son mariage avec Madeleine Marie Thérèse HUBERT, qu’Elzéar BERNARD épouse le 23 octobre 1878 à Oran. Madeleine est née place Saint-Louis à Aïn El Turck, le 6 avril 1859. Devenue veuve, elle a vécu avec le jeune couple Eugène et Eugénie, jusqu’à sa mort à Pont de l’Isser. Sa sépulture est à Oran où reposait déjà son mari.
Elle était fille de Louis François HUBERT dit le Nantais (mention trouvée dans l’arbre généalogique établi par mon père). Il est né le 25 août 1819 à Chateaubriand (Loire), d’un père boucher. On sait qu’il est arrivé en Algérie avant 1858 puisqu’il s’y marie cette année-là à Oran avec Marguerite Thérèse Caroline LABOLLE. Il est signalé comme ayant été propriétaire dans l’acte de naissance de sa fille, en 1859, mais il décède peu après la naissance de sa fille, le 15 juillet 1860 à Saint Denis du Sig et dans son acte de décès, son métier est forgeron. Coïncidence, son père resté en France, meurt aussi en 1860, à quelques semaines près, à Alençon, chez son gendre. Louis François n’a que 41 ans, mais on sait que beaucoup d’immigrés seront frappés de maladies peu après leur installation en Algérie.
L’épouse de Louis François HUBERT, Marguerite Thérèse Caroline LABOLLE, elle, est arrivée avec son père Pierre Nicolas LABOLLE, entre le 9 mai 1842, date du décès de sa mère à Saint-Dizier (Haute-Marne) et le décès de la seconde épouse de son père le 14 août 1849 à Alger. Originaires de Saint-Dizier, ils s’étaient installés à Saint-Cloud, village tout nouvellement créé par l’administration française.
Ce Pierre Nicolas résistera aux différentes maladies et épidémies auxquels de nombreux "nouveaux arrivants", mais aussi certainement la population colonisée, ne survivront pas. C’est ainsi qu’il survivra à sa 3° (!) épouse Joséphine LABRUT, décédée le 9 février 1850 (et à leur petite fille décédée à l’âge de 3 ans environ). Il est alors déclaré comme colon cultivateur toujours à Saint-Cloud.
Pierre Nicolas assiste à la déclaration de naissance de sa petite-fille Madeleine, en 1859. Il y est inscrit comme vigneron domicilié comme sa fille à Aïn El Turck. Il atteindra 82 ans, son décès ayant lieu le 20 décembre 1879, à l’hôpital civil d’Oran où il résidait rue de la Préfecture.
Sources : Les actes d’état-civil dans lesquels j’ai puisé pour établir cette "histoire" sont soit des documents familiaux transmis par ma grand-mère, soit issus des demandes faites par mon père ou ma cousine Judith Gaillac, auprès des autorités françaises, algériennes ou religieuses, soit encore issus de mes propres recherches dans les archives numérisées des Archives Nationales d’Outre-Mer ou des départements français, ce qui évite beaucoup de déplacements et de frais.