Seurre, une commune sur les bords de la Saône en Côte d’Or. Nous sommes le 5 mai 1907. Un des nombreux enfants de Marie Delphine Joulié, née Favier, et Alfred Joulié, vient au monde. Il s’appelle Marcel et veut être marin déjà tout petit. Il ne saura jamais que ses ancêtres venus durant la révolution française du Languedoc furent mariniers.
- Marcel Joulié (1907-1993)
Lorsque j’entreprends de mettre par écrit la vie de cet homme qu’est mon grand-père, je vais de révélation en révélation sur un parcours aussi riche que tortueux. De son témoignage oral, il me reste quelques bribes du passé d’avant 1928. Marcel, n’a pas été à l’école très longtemps. Un de ses premiers emplois a été cocher à Gray en Haute Saône. Il transportait les passagers sortis de la gare vers des destinations spécifiques. Puis une photographie noir et blanc sortie d’un carton poussiéreux me posa interrogation. Marcel aurait été fondeur. Aucune confirmation ne vient étayer cette affirmation.
Ce qui est certain est que dans mon héritage généalogique se trouve un fusil à aiguisé avec un manche en corne de cerf.
Celui-ci lui a été donné comme certificat de fin d’apprentissage du métier de boucher vers 1925.
Comme boucher il a fait plusieurs entreprises dont une qui a disparu, Guyon à Dijon puis il a été du jour au lendemain employé à la coopérative du PLM. Il est à noter une chose curieuse. Selon ses papiers, que je garde précieusement, il est indiqué que PLM signifie Paris-Lyon-Marseille et sur d’autres documents j’ai lu Paris-Lyon-Méditerranée. Cette coopérative se situait Place Suquet à Dijon. Plusieurs photographies le prouvent. Par ailleurs, mes documents personnels le montrent dans une foire aux bestiaux en Bresse en Saône et Loire vers 1928.
1928. C’est l’année de son service militaire. C’est au 4è Régiment d’Infanterie d’Auxerre qu’il le fit. Photographié en tenue avec la fameuse moutache à la mode de l’époque pour son mariage, il a fière allure Marcel. cette année là, après avoir rencontré Louise Mauchand, une bressanne de Labergement les Frontenard, il se marie en date du 28 février. Je n’ai aucune photo de groupe ou de cérémonie. Et pour cause, les inondations dévastèrent la région du Val de Saône.
Que d’activités a eu Marcel ! Il fut l’un des premiers à utiliser la fameuse moto Terrot, à être membre du Touring Cluc de France puis utilisateur du side. Syndicaliste à la SFIO, il a aussi prôné à haute voix l’arrivée des congés payés.
En 1921, un évènement fabuleux arrive sur Dijon. Le maire d’alors, Gaston Gérard, avocat, décide de faire la promotion des produits régionaux. Dans la cour de l’hotel de ville de Dijon, des stands sont installés. Tout est gratuit et on déguste. Mon grand-père Marcel tiendra un stand de charcuterie et ma grand-mère Louise fera goûter aux visiteurs le bénéfique du Viandox.
Mais Marcel est discret sur sa vie. Il faut vraiment insister pour savoir ce qu’il a fait. Aussi, cinq ou six ans avant son départ de cette terre, quand il a vu l’arbre généalogique offert pour ses noces de diamant, il ne put s’empêcher de faire remonter ses souvenirs. Je suis à vrai dire le seul héritier de ces nombreux souvenirs de famille et dépositaire d’un grand carton de papiers, cartes postales anciennes et photographies.
Il y aurait tant à dire sur Marcel, mais nous nous rapprocherions de notre monde contemporain. Et ceci s’éloigne un peu de la généalogie.
Sources : Documentation et collection personnelle.