Avant guerre
13 octobre 1896 : naissance de Marcel Le Bigot [1]dans l’Ouest de Paris au sein d’une famille d’enseignants, assez modestes mais très travailleurs et particulièrement austères. Son père, Jean, Marie, Aimé, Alexandre Le Bigot, doit être répétiteur à Camille Sée ou à Buffon. La famille vit alors dans un pavillon (aujourd’hui détruit), 3 rue Quinault Paris, 15e. Marcel a un frère, prénommé Maurice et une sœur appelée Marguerite. |
29 juillet 1905 : Marcel est en classe préparatoire au Lycée Buffon. Il obtient le premier prix en Histoire & Géo.
1907-1913 : Marcel poursuit ses études secondaires à Paris au Lycée Buffon. C’est un élève exceptionnellement doué, dans toutes les matières et dans toutes les classes. Au début, ses professeurs jugent cependant qu’il manque peut-être un peu de maturité pour son âge.
1914 : Marcel est Bachelier es lettres.
3 août : c’est la guerre ! Marcel, très patriote en est bouleversé.
Marcel à la guerre
1915
1er avril : Marcel est reçu au bac philo, il ambitionnait Normale Sup.
Le 7 avril, il est incorporé comme 2e classe au 167e Régiment d’infanterie. Il poursuit des études littéraires tout en étant militaire !
Admis comme élève aspirant, Marcel est en subsistance [2] au centre d’instruction de Joinville à compter du 11 avril 1915.
- 11 mai 1915
- Eléve Aspirant au 167e Régiment d’Infanterie
« Rejoint le dépôt (du 167° régiment d’infanterie) le 30 août 1915 »
Nommé aspirant au 160e régiment d’infanterie le 1er septembre 1915, il passe le 4 octobre au 156e régiment d’infanterie.
Du 1er au 22 septembre : stage de mitrailleur à Chaumont.
1916
14 janvier : fait un stage de chef de section à Charmes jusqu’au 13 février 1916.
« Le 9 mars dès 7 heures du matin, un bombardement intense avec obus de tout calibre et gaz suffocant se déclenche sur les premières lignes, le ravin de Louvemont, le bois d’Haudromont et la côte du Poivre. Le feu atteint son maximum d’intensité vers 11 heures. A 12 heures, tirs de barrages à gaz lacrymogène en arrière des premières lignes. A 12h15, l’ennemi attaque violemment sur la côte du Poivre, le ravin de Louvemont et Ie bois d’Haudromont. L’attaque est partout enrayée, les vagues sont décimées, avant d’avoir pu aborder les lignes. » Extrait de « Le Quinze Six pendant la Grande Guerre » [3]. Dans le JMO du 156e régiment, dans l’interminable liste des "Pertes du 25 février au 11 mars 1916 Bataille de Verdun, Froide Terre, Bras, Cote du Poivre, etc" [4] il est noté à la date du 9 mars 1916 : "Lebigot Marcel, 9e Compagnie, Aspirant, blessé" Citation à l’ordre du régiment N° 32 en date du 10 mars : « Aspirant énergique et très actif, d’un zèle et d’un dévouement à toute épreuve ; au cours des opérations au Nord de Verdun a su témoigner de son sang-froid et de son courage dans une reconnaissance poussée très loin et fort bien menée » [5]. Marcel souffre de « contusions multiples par éclatement d’obus » [6]. Evacué, il est soigné à Chaumont sur Aire, à l’hôpital numéro 4 de Poitiers, à l’hôpital du Grand Palais, à celui des Arts et Métiers. Ensuite, il part au dépôt de convalescence au Lycée Michelet. |
- Décoré de la Croix de Guerre
22 août : Rentré au dépôt.
11 novembre 1916 : Détaché pour faire un stage de perfectionnement des Élèves Officiers à Valreas.
1917
10 février : Marcel passe au 1° Bataillon de Chasseurs à Pied (B.C.P). Il vient d’être nommé sous-lieutenant à Titre Temporaire dans l’armée active.
Il se distingue immédiatement : "intrépide au-delà de toute expression, exigeant pour ses subordonnés, plus exigeant encore pour lui-même,..." [7].
12 février : Rentré au dépôt.
Le 22 février, il déclare "J’ai l’intention de poursuivre ma carrière militaire".
13 mars : Parti en renfort au 1er BCP. Dépôt divisionnaire.
18 mars : 1er Bataillon de Chasseurs à pied aux armées.
Blessé au Chemin des Dames
Marcel est Sous Lieutenant au 1er Bataillon de Chasseurs à pied, 2e Compagnie (Compagnie Delevaque) Son bataillon marchant à l’attaque,il est gravement blessé.
Le 23 octobre 1917, à Chavignon (Aisne) ; entre Laon et Soissons, vers la Ferme de la Malmaison, « la compagnie Delevaque, qui est engagée pour combler les vides entre le bataillon et le 158e RI, a glissé vers la gauche et est arrêtée à hauteur du Bois des Hoinets, vers 43-64, comme le 158e. Dès le débouché en ligne de la Cie, le Lieutenant Delevaque et le Lieutenant Lebigot sont mis hors de combat en abordant les batteries de 77. Le Lieutenant Becker tombe à son tour. » [8]. Marcel a le bras arraché par un obus : "Plaie avant bras droit. Désarticulation du coude droit, 2e plaie bras droit." "A donné un magnifique exemple d’énergie et d’abnégation en accompagnant ses chasseurs dont il exaltait le moral par son calme et son mépris de la douleur." [9]. |
- Lieutenant de Chasseurs
- ...avec un seul bras ! La photo peut être datée de novembre 1917
A l’hôpital, il rencontre Gaby Mézergue, jeune infirmière qui venait précisément de rêver d’une manche de chasseur avec des galons de lieutenant qui se dirigeait vers elle. Nés la même année, ils sympathisent et se sentent très vite faits l’un pour l’autre.
22 novembre : Certificat de visite : Les médecins Charles Penet et Charles Jourdan certifient « avoir examiné le sous-lieutenant Le Bigot et avoir reconnu qu’il remplit les conditions d’aptitude physique requises pour le service de l’arme de l’infanterie. »
23 octobre : Marcel reçoit la Croix de guerre.
29 octobre : Marcel est fait Chevalier de la Légion d’honneur [10].
7 novembre : Il est nommé sous-lieutenant.
Marcel repart au front comme combattant volontaire.
- "Le Miroir" du 9 décembre 1917
- Marcel porte le drapeau, dont vous noterez l’état !
1918
1er février : Marcel est promu lieutenant à Titre Définitif dans l’armée active pour prendre rang du 1er février 1918.
22 février 1918 : il rejoint le 1er B.C.P.
10 juin : Citation du Général Degoutte, commandant la VI° Armée :
"Officier plein d’intelligence et de courage. A tenu à reprendre, bien qu’amputé du bras droit, sa place à la tête de ses chasseurs. A été un auxiliaire inlassable du commandement, au cours des journées du 28 mai au 3 juin 1918, en assurant la liaison jusqu’au premières lignes, nuit et jour, soit à pied, soit à cheval".
15 juillet, lors de la bataille de Champagne fait partie de "la phalange des jeunes héros chargés d’occuper les fameux points d’appui de la première ligne lors de la massive et dernière attaque des Allemands".
27 juillet 1918, Marcel est commandant de la 4° compagnie du 1er B.C.P.
Il est promu lieutenant le 28 septembre.
- L’attaque du 4 octobre 1918 au 1er B.C.P
- Extraits du JMO 26 N 815/6
- 4 octobre : 11 heures.
Marcel est de nouveau blessé à Orfeuil, dans les Ardennes : "plaie en séton du deltoïde droit par balle".
- 4 octobre : 15 heures
Un mois plus tard, il est de retour au front. À chaque fois, citations plus élogieuses que les précédentes.
11 novembre : l’armistice le trouve au combat. Son temps de présence au front aura été de 3 ans, 2 mois et 22 jours [11].
14 novembre : citation du Général Naulin commandant le 21° corps d’armée :
"Officier de haute valeur, digne d’être proposé à tous comme un exemple d’énergie et de courage. Malgré une amputation antérieure, commandant une compagnie qu’il a brillamment entrainée, le 26 septembre 1918, à l’assaut d’une puissante organisation ennemie, et qu’il a ensuite employée avec un grand sens tactique dans les combats des jours suivants, en particulier le 28 septembre. A été blessé à nouveau, le 3 octobre au moment où il donnait des ordres pour la réduction de mitrailleuses qui entravaient sa progression".
Marcel termine la guerre avec trois blessures graves et quatre citations dont deux à l’ordre de l’Armée et une à l’ordre du Corps d’Armée !
- "Le Petit Chasseur"
- Marcel arbore la Médaille militaire et la Croix de Guerre
avec une palme. Il porte la fourragère remise au 1er B.C.P
Remarquez les trois chevrons sur sa manche gauche
(2 ans de présence au front)
La fourragère aux Couleurs du ruban de la Médaille Militaire est décernée au 1er B.C.P après une quatrième citation par Ordre Général du 4 Novembre 1918 et sera remise à Limerlé (Belgique) le 24 Décembre 1918 par le Général Maistre. |
1919
27 août 1919 : Cours Préparatoire à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint Cyr.
Marcel est diplômé de Saint Cyr : Promotion Croix de Guerre.
Le 19 novembre 1919, en mairie du 13e arrondissement de Paris, « Marcel Louis Robert Lebigot, Lieutenant au 1er Bataillon de Chasseurs à Pied, Chevalier de la Légion d’Honneur, décoré de la Croix de Guerre…autorisé (à se marier) par décision du Général Commandant le 21e Corps d’Armée » épouse « Marie Gabrielle Mézergue, décorée de la Croix de Guerre » Le mariage religieux a lieu en l’église parisienne de Saint Marcel.
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Le parcours de Marcel Le Bigot offre une bonne illustration de l’impact qu’à eu la guerre sur l’orientation d’un certain nombre de jeunes gens promis à des carrières non-militaires (ici Normale-Sup) et dont l’héroïsme les a poussé à demeurer dans l’armée, processus facilité par un accès simplifié aux grandes écoles militaires (ici Saint Cyr).