Dès le début du XVIIe siècle, on voit apparaître d’étranges signes qui accompagnent les paraphes des actes d’état civil ou des actes notariés. Ils se présentent sous la forme de deux traits parallèles, avec ou sans point, ou un trait encadré de points.
Puis, à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, on trouve plus régulièrement des signatures ponctuées de trois points alignés entre deux traits, qui se développent de façon presque abusive à la période révolutionnaire et sous l’Empire.
Enfin, dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux individus, souvent des notables locaux, s’attribuent une telle signature, sans doute par un effet de mode ou de mimétisme.
Beaucoup de personnes y voient une appartenance à la franc-maçonnerie, mais pour l’historien Maurice Agulhon (Pénitents et Francs-Maçons, Fayard, 1968), « c’est peu probable ; la mode des trois points était trop répandue et banalisée à la fin de l’Ancien Régime », bien avant le développement des loges. La triponctuation des signatures n’est donc pas spécifiquement maçonnique, d’autant que le premier document maçonnique triponctué date de 1764.
Pour les auteurs du Dictionnaire de la franc-maçonnerie (PUF 2004), l’origine de ce signe ne peut se trouver « ni dans la Compagnie du Saint Sacrement, ni chez les Rose-Croix, ni dans les sociétés de bâtisseurs. L’attention doit être attirée vers les congrégations, le plus souvent créées et animées par les Jésuites, au moment de la Contre-Réforme, et particulièrement des congrégations mariales ». Dans ces communautés religieuses, les deux traits symbolisent les deux colonnes, c’est-à-dire l’Ancien et le Nouveau Testament, et les trois points représentent la Sainte Trinité, alors que pour les francs-maçons ils signifient le passé, le présent et l’avenir.
En conclusion, pour s’assurer qu’une signature triponctuée appartient bien à un franc-maçon, la seule solution consiste à rechercher la preuve du rattachement de l’individu à une loge située près de son domicile ou dans les villes avoisinantes.
Source : d’après le Théma 3, Les signatures de nos ancêtres ou l’apprentissage d’un geste, éditions Thisa, 2012.