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Les salaires de nos ancêtres

Le jeudi 27 septembre 2012, par Thierry Sabot

L’estimation des salaires est un sujet d’une grande complexité. En effet, les données restent trop souvent éparses et les informations disponibles concernent surtout le XVIIIe siècle. De plus, les modalités de paiement sont diverses et le taux des rémunérations est soumis à d’importantes variations géographiques ou saisonnières. Ces contraintes rendent difficiles les comparaisons rigoureuses entre les professions, les lieux et les époques.

La grande diversité des salaires et des gages

Pour mémoire :

  • 1 livre tournois = 20 sous (ou sols).
  • 1 sou = 12 deniers.
  • donc 1 livre tournois = 20 sous = 240 deniers.

Le prix du pain (1 livre = de 300 à plus de 600 g) :

  • 1 pain de 4 livres : 8 sols en moyenne, mais 5 sols dans les années d’abondance céréalière et au moins 12 sols dans les années de mauvaises récoltes.
  • 1 kg de pain blanc : de 0,40 F à 0,43 F de 1855 à 1913

La consommation de pain :

Selon Vauban, pour une famille de manouvrier de quatre personnes dont deux enfants, la consommation annuelle de blé - moitié seigle, moitié froment - est de 10 setiers, soit environ 800 grammes par jour et par tête.

Pour comprendre et estimer le montant des salaires de l’Ancien Régime, il faut tenir compte de plusieurs critères :

  • le salaire des femmes et des adolescents est généralement inférieur de moitié à celui des hommes, et le salaire des enfants est inférieur de moitié à celui des femmes.
  • à l’intérieur d’un même métier, les différences de salaires sont liées au degré de qualification.
  • les rémunérations des travaux agricoles de la pleine saison (de mars à septembre/octobre) sont supérieures de près du double à celles de la saison morte (de septembre/octobre à janvier).
  • les salaires sont plus élevés dans les villes et à proximité des centres urbains que dans les zones les plus reculées sans voies de communication.
  • selon les situations, le salaire était réglé à la pièce (tant pour un produit fini), à la tâche (tant pour la main-d’œuvre), à la journée de travail (de 10 à 13 h), à la semaine, au mois ou à l’année.
  • les salaires à la pièce, à la tâche et à la journée étaient rarement versés en argent liquide. Le plus souvent, le règlement était mixte : une partie en argent et le reste en denrées, en échange de biens ou en services.
  • enfin, dans certains cas, le salarié était logé, nourri et blanchi et il avait parfois droit à des avantages en nature (une paire de sabots offerte, par exemple).

Exemples de salaires à la tâche ou à la journée

  • Semailles et frais de labours pour un champ de montagne : 46 livres et 8 sols en 1774 (d’après M. Dorigny).
  • Labourage et frais de moisson pour un champ de montagne : 18 livres en 1775 (d’après M. Dorigny).
  • Dépense de fumier dans les vignes : 58 livres 16 sols en 1776 (d’après M. Dorigny).
  • «  Raccomodage  » des vitres d’une maison puis faire à neuf celle du cabinet : 4 £ en 1741 (d’après M. Vernus).
  • 6 journées à «  aider à faucher au foin  » : 2 livres 10 sous en 1741 (d’après M. Vernus).
  • 4 journées à «  aider à battre  » (battage des céréales) : 2 livres en 1741 (d’après M. Vernus, ouv. cité).
  • 7 journées à «  aider à refaire le mur du champ en 1741  : 7 livres 3 sous (d’après M. Vernus).
  • 5 journées de charron pour un chariot neuf : 7 livres en 1742 (d’après M. Vernus).
  • 1 journée de menuiserie pour confectionner un buffet : 10 sous en 1743 (d’après M. Vernus).
  • 1 journée pour coudre du cuir : 10 sous en 1745 (d’après M. Vernus).
  • 1 journée de 10 heures de travail à entrer la luzerne : 20 sous en 1800 (d’après le Journal de D. Boutrouë).
  • 4 journées à scier et percer deux grandes échelles : 2 livres 8 sols en 1718 (d’après Duchemin du Tertre).
  • 5 journées à rompre du bois en 1723  : 3 livres (d’après Les Comptes de Duchemin du Tertre).
  • 2 journées de travail pour abattre une loge en ruine : 34 sols en 1724 (d’après Duchemin du Tertre).
  • 1 journée de maçonnerie pour enduire de chaux une cour : 15 sols en 1730 (d’après Duchemin du Tertre).
  • Pour le charroi d’une charretée de foin : 15 livres en 1748 (d’après Les Comptes de Duchemin du Tertre).
  • 1 journée de couvreur à réparer une toiture : 15 sols en 1749 (d’après Les Comptes de Duchemin du Tertre).

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Lire le sommaire détaillé

Nos ancêtres utilisaient-ils de la monnaie sonnante et trébuchante dans leurs règlements quotidiens ou vivaient-ils, en marge du système monétaire, dans un espace économique régulé par l’autoconsommation ou, au mieux, par le troc ? Sujet majeur, car il nous interroge sur la place de la monnaie dans la vie de nos ancêtres mais aussi sur leur rapport à l’argent.

Il s’agit du deuxième numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.

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13 Messages

  • Les salaires de nos ancêtres militaire 30 décembre 2023 23:13, par Noah

    Bonjour, je voudrais connaitre trés approximativement le salaire des militaire a la fin XIXe début XX.

    En fonctions des grade ( Soldats, Sergents, lieutenant, Commandant Colonel )

    Merci.

    Répondre à ce message

  • Les salaires de nos ancêtres 18 juin 2021 17:17, par Christophe Miler

    Bonjour , je souhaiterai savoir combien gagnait un homme aux forges et un tonnelier
    Cordialement

    Répondre à ce message

  • Les salaires de nos ancêtres 1er octobre 2012 09:20, par GIAUFFRET

    A combien d’euros correspondent les sols ? Il est difficile de faire une équivalence des salaires.Merci.
    MF Giauffretl

    Répondre à ce message

    • Les salaires de nos ancêtres 5 juin 2018 17:33, par Fournès

      erreur de ma part, ce n’est pas 1 sol pour 0,17 euros (j’ai divisé 1,35 par 8)
      mais 1 sol correspond à 0,34 euros

      démonstration : 1 pain de 4 livres = 8 sols en moyenne
      2018 : 1 pain de 2 (le pain normal) = 1,35 euros

      — > 1 pain de 2 = 4 sols de 1650 = 1,35 euros de 2018
      donc 1 sol = 1,35/4 euros = env. 0,34€

      Répondre à ce message

      • Les salaires de nos ancêtres 28 septembre 2022 06:04, par monnier

        Bonjour. Je trouve cette règle de calcul un peu courte. Baser la conversion euro/sol sur le seul prix du pain est insuffisant. Il faudrait calculer un indice global du coût de la vie à partir du prix de différentes denrées ou salaires, ce serait plus sérieux. Je lis que sous Louis XIII par exemple, le salaire journalier d’un ouvrier est environ de 7 Sols. Cela signifierait (en prenant le taux de conversion à 35 centimes d’euro le sol donné par cet internaute) que la salaire de cet ouvrier serait de 2 euros par jour ? Cela ne me semble pas vraissemblable.

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    • Les salaires de nos ancêtres 5 juin 2018 17:21, par Fournès

      Donc pour finir mon message précédent et répondre à votre question :
      au 17e siècle : 1 pain de 4 livres : 8 sols en moyenne

      au 21e siècle : 1 pain de 2 livres (400g) : 1€35 en moyenne (de 250g est autour de 0,85€) (et à ce prix là la qualité n’est pas comparable car il est industriel de nos jours)

      1 sol correspond donc aujourd’hui à environ 17 centimes d’euro.

      Répondre à ce message

    • Les salaires de nos ancêtres 6 octobre 2012 13:53, par jean pierre

      pour faire simple,
      si je me souviens bien mon grand pere, quand il me donnait 1 cts de franc pour acheter des bonbons me disait " tiens j’te donne 20 sous pour un carambar" soit 1 cts franc ancien monnaie avant 1958 et le nouveau franc.
      donc il me donnait 0.01 cts de NF
      ainsi 1 sous valeurs 1 euros/6.55957/100/100/20
      1 euros / par le taux de conversion en francs nouveau / 100 pour avoir le cts de NF /100 pour avoir le cts AF / 20 pour avoir le sous.
      sois 1 sous ou sol = 0.0000007 Euros
      je pense ne pas mettre tromper dans mes calculs loll

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      • Les salaires de nos ancêtres 5 juin 2018 17:03, par Fournès

        Bonjour,

        L’erreur que tout le monde commet, y compris de nos jours avec les monnaies des pays étrangers, c’est de vouloir absolument se référer au taux de change et pas au niveau de vie.

        le taux de change n’est valable que pour acheter des devises, pas pour comparer des valeurs.

        La valeur à comparer est le prix du pain. vous avez la valeur du prix du pain de 4 livres. Vous divisez par 2 et vous avez votre valeur actuelle en euro car l’appellation officielle d’un pain (400g aujourd’hui) est "pain de 2" (livres à l’époque)

        ou sinon, par exemple, si le salaire moyen était de 15 livres par mois, il équivaud aujourd’hui à 1400€, ce qui est très loin du taux de change.

        (c’est comme quand un journaliste vous dit "oh le pauvre, il vit avec 300€ par mois dans son pays" ce qu’il ne vous dit pas c’est qu’avec un tel salaire il est le roi du pétrole dans son pays car le niveau de vie est tel qu’il correspondrait à 10000€ en France. Vous comprenez la comparaison ?)

        Répondre à ce message

      • Les salaires de nos ancêtres 29 novembre 2017 17:25, par sollet

        Pour réorienter vos calculs de conversion sol / euros, je me permets de vous envoyer ces informations, en 1958 le carambar valait 20 centimes de franc. On pouvait en avoir soit 4 soit 5 suivant la gentillesse de la boulangère pour 100 anciens francs ou 1 nouveau franc. (C’est du vécu !) Bon calculs.
        Cordialement. William

        Répondre à ce message

  • Les salaires de nos ancêtres 29 septembre 2012 10:37, par colin de callac

    Les bases que vous donnez offrent des données intéressantes qui voudraient tenter une généralisation.
    Or, il faut garder en mémoire que dans l ’ancien régime, il existait des différences de salaires de droits, de congés statués par "les coutumes".Ainsi le salaire d’un tisserand de Loudéac équivalait celui des verriers de Beauvais ( 25 sols ten 1782 , mais que le même salaire de tisserand de Loudéac était 3 fois supérieur a celui des tisserands du Morbihan.
    Car déjà soumis au marché.
    Par ailleurs les jours de congés dits jours fériés étaient très nombreux , on en compte parfois 140 à l ’année,( chômés non payés ), Parfois offerts par des associations catholiques. Pour la corvée et les impôts , la aussi les règles dépendent des duchés , comtés et abbayes. Le pouvoir royal n ’ayant pas un rôle réel de catalyseur , Les règles ne s’appliquaient pas d’une région à une autres. Il existait également des règles de compagnons qui sont les seules véritables a avoir permis une tentative de rationalisation des salaires . Pour la paysannerie ne pas perdre de vue que lorsque on parle de " champs" il s’agit en fait d’un "journal " soit plus ou moins ce qu ’un paysan pouvait ouvrer , soit environ 5000M2 par jour pour une tache .
    je conseille pour plus de précisions de consulter les" coutumes " région par région , souvent écrites en français compréhensible.
    jean cdc

    Répondre à ce message

    • Les salaires de nos ancêtres 7 octobre 2012 15:05, par François Roche

      l’un de mes ancêtres était d’après les registres paroissiaux
      "journalier" dans un hameau La Fromental près Sauvat dans le Cantal. Je comprends donc d’après votre courriel qu’il devait labourer ou ensemencer 5000m2 pour sa journée !
      Merci de cette information

      Répondre à ce message

    • Les salaires de nos ancêtres 6 octobre 2012 08:33, par gwezheneg

      Je suis tt à fait ok avec vous Collin ,la régions et le tps (le sciècle) entrent en jeu ,chez moi en Léon qlquns de ma famille furent des "juloded" et firent fortune des le 17 em alors que dans d’autres régions ces m^mes marchands vivotaient...

      à ce propos Louis Elegoët à écrit un livre sur les julods

      Grandeur et décadence d’une castre en basse Bretagne..
      "Attestés dès le XVe siècle, les « Juloded » étaient des paysans-tanneurs et, surtout, des paysans-marchands de toile qui formèrent, dans le Léon, un groupe social original jusqu’aux approches de la Seconde Guerre mondiale. Ils étaient généralement alphabétisés, riches au point de se dispenser de travailler de leurs mains, sûrs d’eux-mêmes et constamment aux postes de commande de leur paroisse ou commune. Leur originalité était telle qu’ils constituaient une caste. Si leur apogée se situe vers 1680, ils étaient encore un demi-millier au début du XIXe siècle. C’est la Révolution industrielle qui eut raison de leurs activités artisanales et marchandes. Réfractaire à la ville, cette aristocratie paysanne ne suscita guère d’entreprises industrielles et commerciales d’envergure pour remplacer ses activités ancestrales, frappées de mort lente."

      http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Editions+du+CRBC/Hors_collection/Les_Juloded._Grandeur_et_decadence_d_une_caste_paysanne_en_Basse-Bretagne
      GdK

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  • Les salaires de nos ancêtres - Salaires et corvées 28 septembre 2012 11:55, par DOMINIQUE MARSAC

    Au XVIIIe et au XIXe siècle existaient en Dordogne, des routes servant à transporter les canons fondus dans les forges vers des ports sur les voies navigables.
    Une d’elles partait de la forge d’Ans, dont on voit encore les hauts-fourneaux, vers le port du Moustier sur la vézère.
    Elle nécéssitait règulièrement des travaux de réfection et vers 1760, on trouve un grand échange de lettres entre les différentes autorités de Guyenne à ce sujet.
    On apprend, par exemple, par le rapport Jarrin qui était le conducteur des travaux de l’époque qu’un certain nombre de chantiers sont entrepris avec des ouvriers (presque tous des paysans) réquisitionnés et soumis à la corvée. Toutefois des slaires leurs sont versés, en voici une idée :

    • Salaire d’une journée d’homme ou de garçon : 7 soles
    • Salaire d’une journée de femme ou de fille : 5 soles
    • Salaire d’une journée d’enfant de 12 ans : 3 soles
    • Salaire d’une journée d’un bouvier : 20 soles
    • Salaire d’une journée de piqueur : 20 à 25 soles
      (les bouviers venaient avec leurs boeufs et charettes. Les piqueurs étaient chargés de surveiller les chantiers)
      Sur un autre chantier de la région de Sarlat, les corvées étaient aussi payeés en rations de pain !

    Dominique MARSAC

    Voir en ligne : http://www.lesavatarsperigourdins.fr

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