- Du temps de la boucherie, juste avant sa 2e incorporation
Il était mon grand-père. Alsacien, né en 1882, il avait alors 33 ans, était père de 2 jeunes enfants de 2 et 3 ans, était boucher-charcutier à Munster. L’Alsace étant annexée à l’Allemagne depuis la défaite de la France en 1871, il était donc allemand et avait dû combattre sous cet uniforme, alors qu’il se sentait français au plus profond de lui-même. Moins de 6 mois après sa mobilisation en tant que réserviste, il fut envoyé sur le front de l‘Est, comme le furent ensuite en 1916, tous les Alsaciens pour ne pas qu’ils désertent.
Un jour, ma grand-mère reçut cette notification péremptoire : « Mort à la bataille de Girowicze, le 22 septembre 1915 ». Puis le silence ! Le silence des autorités ! Un deuil porté toute une vie. Impossible de savoir où se trouvait Girowicze.
Le temps passa. Un filet de mémoire se perpétua, refusa de disparaître...
Presque un siècle plus tard, ne pouvant me résoudre à ne pas savoir, ne pouvant me résigner à ce que le fantôme de mon grand-père erre dans les limbes de l’oubli et de l’abandon, convaincue que les morts ont droit à la dignité d’une tombe et les familles à la dignité du recueillement et du souvenir, j’entreprends alors des recherches. Cette quête durera près de 2 années parcourues d’espoirs, d’attente, d’échecs, de combats contre l’inertie, l’indifférence, les vents contraires mais aussi les intempéries, la neige, la chasse…. Mais toujours le refus de se résigner et d’abandonner.
Un message envoyé sur internet comme une bouteille à la mer trouve un écho au fin fond de la Biélorussie, auprès d’Andrej dont on ne peut qu’admirer le dévouement exceptionnel et l’abnégation totale qui apportent à cette démarche une note d’espérance sur la solidarité et la générosité humaines. Ainsi, nous savions que grand-père était mort à plus de 2000 kms de sa ville natale.
- Le site tel qu’il fut découvert
- Après 1 siècle, les restes d’ossements et d’habits des soldats
- Le site à présent
- Le site fini avec la croix et les plaques
Mon livre raconte la lutte pour sortir ces hommes de l’oubli, les rebondissements mais aussi les soutiens inattendus tout au long des étapes de cette recherche pour retrouver enfin le lieu où était mort ce grand-père et ses compagnons de détresse, leur offrir une sépulture digne de leur condition d’homme. Il me fallait œuvrer pour sauvegarder leur souvenir et la mémoire de leur destin tragique, ma manière à moi de rendre justice à la mémoire des victimes de ces folies de l’histoire.
Ce livre préfacé par Pierrette Fleutiaux, prix Fémina 1990, est écrit sans haine, sans agressivité et sans attaque personnelle. Quant au suspens, il y est maintenu jusqu’à la dernière ligne, par les quelques mots d’amour et de gratitude qui en font la conclusion. Mais surtout ne soyez pas pressé d’en découvrir la raison !
A noter : à la fin de l’ouvrage sont répertoriés toutes les adresses des sites allemands et français contactés afin d’aider d’autres personnes dans leurs recherches.
Bon de commande à adresser à l’éditeur : Jérome Do-Bentzinger, 8 rue Roesselmann, 68000 Colmar.
Prix du livre : 15€ +3€ de frais de port.