Cette photo doit dater des années 1930-1935 mais je ne connais pas la date exacte.
La région est celle du Haut-Maconnais, cantons de Matour et Tramayes.
Les deux personnages de gauche étaient paysans, comme presque tout le monde dans les villages à cette époque.
Il s’agit de Marie-Claudine Lapalus (la Maria-Yaudine) âgée d’environ soixante dix ans sur le cliché.
- Marie-Claudine
L’homme est Antoine Lapalus dit le p’tit Toine (le ch’tit Touâne) qui a alors entre 70 et 75 ans.
- Antoine
Marie-Claudine et Antoine étaient mari et femme. On disait autrefois qu’ils étaient mariés en chanvre, qu’i étin maryi en tsande. Allusion humoristique et ironique au chanvre où la plante femelle était plus grande que la plante mâle. Il est vrai qu’il y a plus d’un siècle, le chanvre était cultivé un peu partout.
La personne de droite était la veuve du sabotier du hameau qui comptait alors 100 habitants en 1900 dont six artisans (mais seulement 5 habitants à l’heure actuelle). Je me souviens encore fort bien de cette femme. Elle s’appelait Benoîte Ducrost (la B’nate) âgée d’environ 60 ans à l’époque de la photo.
- Benoîte
Les trois personnages sont assis l’un à côté de l’autre sur des chaises. Ils posent devant un mur de grange ou de ferme. L’homme est au centre de l’image, entre les deux femmes, à l’abri de leur protectrice assurance. Cette photo évoque le poids des années de travail sur les épaules affaissées d’Antoine, une certaine résignation aussi. Son regard bas et oblique fuit l’objectif de l’appareil photographique. Songe-t-il au temps passé et au bilan de sa vie ?
À gauche de l’image, Marie-Claudine, la femme d’Antoine, dans son élégance austère, se tient rigide et déterminée sur sa chaise. Dépliée, elle serait droite comme un i majuscule. Elle porte une coiffe à coque, en laine, attachée par deux longs rubans sur sa poitrine. Ses mains rudes, déformées par les rhumatismes, prennent appuie fermement sur ses genoux. Ses doigts sont écartés comme pour prendre racine et s’inscrire dans le temps présent ou l’éternité.
- Les mains du labeur
Les deux femmes fixent l’objectif de l’appareil photographique. Benoîte, la voisine, à les mains jointes et reposées sur son ventre. Elle est sans doute la plus proche voisine et amie du couple. Tous les trois ont profité de la venue occasionnelle du photographe ambulant pour sceller sur un cliché l’instant présent et leur relation de proximité.