Autrefois, c’est-à-dire bien avant que l’eau n’arrive au robinet de chaque foyer, les fontaines publiques étaient avec les puits et les cours d’eau les seuls lieux d’alimentation en eau potable.
Souvent situées au centre d’une place, elles constituaient alors un lieu majeur de la sociabilité villageoise, un lieu d’échanges, de discussions et parfois de conflits, vers lequel convergeaient principalement les ménagères et les enfants, au moins deux fois par jour, le matin et le soir.
- Fontaine d’Ecouvres (Meurthe et Moselle)
- La fontaine est ici associée à un lavoir. Les usages sont bien différenciés. Parfois, un abreuvoir complète le mobilier.
Toutes les couches sociales se retrouvaient à la fontaine pour chercher de l’eau, laver le ligne ou la vaisselle. Sur la carte postale d’Ecouvres, ci-dessus, voyez le contraste entre les personnages en sabots du premier plan, et les endimanchés à chapeaux de l’autre côté du lavoir. Avez-vous aussi remarqué la présence toujours nombreuse des enfants près de ces édifices (cf. la carte postale de Thiais, ci-dessous) ?
- Fontaine de Thiais (Val-de-Marne)
- Place de la Fontaine et avenue de la République à Thiais. La fontaine est circulaire à borne centrale décorée et ornée d’une vasque.
La fontaine publique, autrefois symbole d’urbanisme et de civilisation, parfois de grandeur de la cité, voire d’hygiène, exigeait un investissement, en travail, en argent, payé par tous pour en assurer la pérennité (voyez les dépenses des municipalités pour l’entretien des fontaines dans les délibérations des conseils municipaux).
Il faudra attendre l’arrivée de l’eau courante dans les maisons et les étables pour voir la fin de la corvée d’eau journalière et l’allégement d’un fardeau multiséculaire.
Aujourd’hui, si les fontaines ont perdu leur usage domestique, elles n’en restent pas moins des éléments appréciés du patrimoine communal.
Bibliographie :
- André Châtelain, Patrimoine rural, reflet des terroirs, Paris, Rempart, Desclée de Brouwer, collection Patrimoine vivant, 1998.
- Paul Delsalle, Le cadre de vie en France aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, Paris, Ophrys, Synthèse & histoire, 1995.
- Daniel Roche, Histoire des choses banales, naissance de la consommation, XVIIe-XIXe siècle, Paris, Fayard, 1997.