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Les cahiers de Jeanne

Le jeudi 16 mai 2019, par Yves Gervot

Au printemps 1914, lorsque Jeanne Dubois effectue ses devoirs d’écolière, elle ne s’imagine certes pas qu’un siècle plus tard la lecture de ses cahiers permettra de découvrir l’histoire atypique d’une véritable saga familiale.
Mais qui était donc cette Jeanne Dubois ? Comment retrouver sa filiation avec un patronyme aussi courant ?

Parmi les devoirs apparemment anodins de Jeanne, deux rédactions sous forme de lettres deviennent les indices déclencheurs d’une recherche.

L’une est adressée à une amie, Jeanne y mentionne son prochain certificat d’études et son regret de ne pouvoir aider sa maman à l’ouvrage.
La seconde concerne un report d’échéance demandé par une fermière à son propriétaire.
Les deux lettres mentionnent Pornic comme lieu de résidence.
Jeanne évoque son prochain certificat d’études, elle est donc âgée d’environ quatorze ans en 1914 et habite probablement Pornic.

La consultation du recensement de Pornic en 1901 notifie la présence d’une seule famille Dubois dans la commune au n°1 rue des Gâts.
Jeanne alors âgée de deux mois, est bien enregistrée dans cette famille.
Le chef en est Jean Marie Dubois, Marie Manan est son épouse, Anna et Camille sont ses deux sœurs aînées. Rosalie Manan, la belle-mère vit sous le même toit.

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A.D. Loire Atlantique - Recensement de Pornic - 1901 - Vue 25/38 - Rue des Gâts

L’acte de naissance de Jeanne en date du 23 janvier 1901 confirme bien les informations du recensement à cette adresse.

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A.D. Loire Atlantique - Pornic - Naissances - 1901 - vue 2/8
Une mention en marge précise son décès à Nantes, le 30 mai 1987.

Imaginons que ce soit Jeanne, la petite écolière de Pornic, qui nous narre au soir de sa vie, comme un nouveau devoir, l’histoire de sa famille et les parcours parfois cabossés de certains de ses ancêtres. Elle nous confie au fil des générations ses impressions et états d’âme...

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Pornic - Les halles un jour de marché (1913)

Virginie Marie : An II de la République

Le 19 février 1821, mon aïeule Virginie Marie Dubois met un enfant au monde à l’Hôtel Dieu de Nantes. Le lendemain, Augustin Coffre Bellefond, chef de service du secrétariat des hospices de Nantes, déclare au service de l’état civil que Virginie Marie Dubois âgée de 24 ans, célibataire, native et domiciliée à Rennes, est accouchée la veille d’un enfant du sexe masculin qu’elle a aussitôt abandonné.
Bellefond donne lui-même le prénom de Paul à l’enfant.

En 1821, l’hôtel Dieu de Nantes est situé prairie de la Madeleine, c’est un hôpital vétuste devenu au fil du temps un véritable cloaque que Guillaume Laennec, recteur de l’école de médecine, n’hésite pas à qualifier « d’espèce de catacombe décoré du nom d’hôpital » !

J’imagine Virginie Marie accouchant dans cet hôpital insalubre, pour ensuite abandonner son enfant et disparaître à tout jamais sans laisser la moindre trace [1].
L’incertitude sur l’état civil de mon aïeule, sa disparition après la naissance de Paul, m’interpellent. Est-ce sa véritable identité ?
Qui sont ses parents ? Cette lacune sur mon ascendance m’a longtemps intriguée, je voulais savoir d’où je venais. Je me souviens avoir longuement cherché du côté de Rennes sans le moindre résultat.
Cette recherche infructueuse, loin de me décourager, me pousse à persévérer et à m’orienter vers une autre possibilité tout à fait plausible à mon sens : les informations transmises par Bellefond à l’état civil sont fausses ou tout au moins partiellement inexactes.

Désormais convaincue de ce fait, je recentre mes recherches sur Nantes.
En tenant compte de l’âge présumé de vingt-quatre ans de mon aïeule en 1821, je commence alors un laborieux travail de recensement des Virginie Dubois sur la région nantaise.
Ma persévérance est enfin récompensée par la découverte d’un acte de naissance en date du 13 messidor an II de la République (1er juillet 1794) mentionnant que Victorine Dubois, ravaudeuse âgée de dix-sept ans, native de Saint Similien de Nantes, fille de Paul Dubois, portefaix, et d’Eulalie Montouin, est accouchée dans la maison de la sage-femme Marie Aubineau, rue de la Boucherie à Nantes, d’une fille qu’elle a prénommée Virginie.

Cette découverte confirme mon intuition et justifie le prénom de Paul, donné par Bellefond en 1821, qui n’a pas été choisi au hasard mais sûrement en référence au grand-père nourricier Paul Dubois précédemment cité.

En France, le phénomène d’abandon d’enfant est récurrent jusqu’au début du XXe siècle.
Si la pauvreté est l’une des causes premières de l’abandon, l’illégitimité en est une autre.
La crainte du « qu’en dira-t-on » et le traitement infligé à celles qui ont fauté, poussent les filles-mères à passer à l’acte.
Les lois de 1793, 1795 et 1796 protègent enfin mère et enfant, sans pour autant que les mentalités évoluent.
Le Décret de 1811 donne une forme définitive à la protection de l’enfant abandonné qui devient pupille de l’état.
Ce décret officialise également l’utilisation de tours, sortes de caisses en bois pivotantes, installées dans l’épaisseur des murs des hospices.

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Tour d’abandon XIXe siècle

Ces tours d’abandon reçoivent les nouveau-nés et assurent l’anonymat des parents.
Tous les enfants déposés dans le tour, sont enregistrés comme enfant exposé par l’état civil. Ce système, censé éviter un grand nombre d’infanticides, perdure en France jusqu’en 1863. Il est remplacé par les bureaux d’abandon et aboli définitivement par la loi du 27 juin 1904.

Le hasard de mes recherches me fait découvrir deux actes d’état civil de 1817et 1841 qui m’ont beaucoup émue. J’y apprends que des enfants de tous âges sont déposés dans le tour, telle cette petite fille de huit ans découverte par le portier du tour de l’Hôtel Dieu en 1817, Georges Gabriel Sily.

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Archives municipales de Nantes - 1817. Canton 3 et 4 - vue 159/229

L’enfant exposée porte sur elle un billet avec cette incroyable et froide précision :
« Virginie Dubois en ca de réclamation ». (Sic)

Cette Virginie Dubois n’est pas mon ancêtre et a survécu.
Elève des Hospices des Nantes, elle s’est mariée le 9 août 1848 avec Jean Marie Redureau, un menuisier de la Chaussée de Barbin, et est décédée à Nantes le 18 juillet 1880.

Le 19 octobre 1841, vingt ans après la naissance de mon arrière-grand-père Paul, le gardien du tour de l’Hôtel Dieu de Nantes Jean Pinau déclare à l’officier d’état civil la découverte d’une enfant exposée dans le tour du dit hospice, le huit de ce mois. Un billet accroché aux vêtements de l’enfant porte le nom de Virginie Dubois. Nouvelle coïncidence homonymique ? Ou alors l’histoire se répète …

PAUL (HIPPOLYTE) 1821-1886

Mon arrière-grand-père Paul, a été baptisé le 20 février 1821 à la chapelle de l’Hôtel Dieu.

Il est placé dès le 21 février en nourrice chez Louise Guilbaud, femme de Pierre, laboureur au village du Douet en Saint Sébastien sur Loire.

Louise Chevalier, du village du Douet en Saint Sébastien sur Loire, a épousé le 28 avril 1813, Pierre Guilbaud, laboureur au village de la Gendronnière en cette même commune [2].
De cette union naît Pierre, le cinq novembre 1816 [3].
Louise a donc un enfant de quatre ans lorsqu’elle prend en nourrice Paul en 1821.

Selon le décret du 19 janvier 1811, les mois de nourrice et les pensions sont payés d’après les certificats établis par les maires qui attestent avoir « vu les enfants ».
Les enfants abandonnés sont placés jusqu’à l’âge de douze ans chez des nourrices rémunérées pour les élever puis mis en apprentissage, les garçons chez les laboureurs et artisans, les filles chez des ménagères, couturières, ou ouvrières dans les fabriques et manufactures. Les contrats d’apprentissage ne stipulent aucune somme en faveur du maître ni de l’apprenti, mais ils garantissent au maître les services gratuits de l’apprenti jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans et à l’apprenti la nourriture, l’entretien, et le logement.

Mon arrière-grand-père Paul passe son enfance chez les Guilbaud, à la Gendronnière, quartier du Douet, proche des bords de Loire.
Il est le témoin privilégié de tous les événements familiaux de sa famille d’accueil :

  • naissance de Julien Guillaume en 1828 [4].
  • départ au service militaire pour six ans de Pierre vers 1836, comme indiqué dans l’acte de mariage de Pierre en 1844.

En cette année 1841, Pierre l’aîné des fils Guilbaud termine son interminable service militaire. Paul Dubois a vingt ans, il est mentionné au recensement de cette même année, comme laboureur au village du Douet en Saint Sébastien sur Loire.
A-t-il été plus heureux que Pierre au tirage au sort des conscrits ?
Probablement... puisqu’il se marie en 1844.

Au XIXe siècle, la conscription est une obligation pour tous les garçons de servir sous les drapeaux qui n’a jamais été vraiment appliquée. La loi Jourdan instituée en 1798 (an VII) stipule que tous les hommes peuvent être mobilisés en temps de guerre, tandis qu’en temps de paix l’armée fait principalement appel à des engagés volontaires. Sous la Restauration, les engagements volontaires étant insuffisants, le ministre de la guerre Gouvion Saint-Cyr fait voter en 1818 une loi qui institue un service long de six ans auquel doivent se plier les jeunes gens qui ont tiré au sort un mauvais numéro, ou leurs remplaçants, moyennant finance.

Pierre Guilbaud et Paul Dubois se marient tous les deux en 1844.
Le 22 janvier pour Pierre avec Françoise Leroux, 18 ans, du village du Douet …
… et le 25 octobre pour Paul avec Françoise Jeanneau, 27 ans, du village du Planty en Vertou.

Sur cet acte est mentionné que : Paul Dubois élève des Hospices de Nantes, est fils mineur de père inconnu et de Virginie Marie Dubois dont l’existence et le domicile sont inconnus.

Pierre Guilbaud, père est l’un des témoins du mariage de Paul.

Ce geste du marié, ancien enfant des hospices, envers son « père formateur » est significatif.

Il est évident que mon arrière-grand-père a conservé des liens très forts avec sa famille d’accueil de Saint Sébastien, l’enfant abandonné des hospices de Nantes Paul Dubois semble bien avoir conquis le cœur des Guilbaud.

Mes arrières grands-parents Paul et Françoise s’installent au village du Planty en Vertou.
Francoise Corgnet, mère de la mariée, partage leur domicile.

Quatre enfants naissent au Planty [5] :

  • Jeanne Marie en 1845.
  • Paul Charles en 1847.
  • Marie Magdeleine en 1849.
  • André en 1855.

Françoise Corgnet décède le 23 août 1860 [6] :

JEANNE MARIE 1845 - …

Ma grand-mère Jeanne Marie naît le 16 août 1845 à Vertou. La déclaration de sa naissance est faite par Hippolyte Dubois, époux de Françoise Jeanneau.

Le prénom d’Hippolyte n’apparaît pas dans l’état civil de Paul. Les familles donnent parfois un autre prénom plus familier à l’enfant, un prénom de baptême qui devient usuel au fil des ans et finit souvent par être enregistré dans les actes d’état civil.
Tous les recensements et déclarations d’état civil à partir de 1845 mentionnent le prénom d’Hippolyte, sauf l’acte de décès de 1886 où l’on retrouve le prénom de Paul.
Paul Charles Dubois (fils) porte également le prénom d’Hippolyte au recensement de Vertou en 1856.

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A.D - Vertou - Recensement : 1856 - vue : 14/104

Aînée de la famille, Jeanne Marie passe toute son enfance au Planty avec ses frères et sœur dont le dernier-né André est handicapé [7].
La famille déménage après 1861 au village du Pas Baril en Vertou.
En décembre 1863 [8], ma grand-mère Jeanne Marie met au monde une petite fille prénommée Marie qui décède quelques jours plus tard.

Vers 1865, la famille Dubois quitte Vertou où elle vit depuis vingt ans et s’installe dans la toute nouvelle commune des Sorinières au village de la Fernière.
Le motif de ce déménagement m’échappe, mais n’est peut-être pas anodin car Jeanne Marie est à nouveau enceinte, elle a 20 ans en cette fin d’année 1865.
Mon arrière-grand-père Hippolyte (Paul) a-t-il voulu protéger sa fille en déménageant et la soustraire ainsi à la vindicte publique ? C’est possible…

ANDRE : Le "Crétin" des Sorinières 1855 - 1899

Mon grand-oncle André, considéré comme « idiot de naissance », a été condamné à trois reprises pour vol et attentat à la pudeur sur les communes de Vertou et des Sorinières.
Reconnu responsable de ses actes, il a cependant été séquestré à plusieurs reprises comme aliéné à l’asile Saint Jacques de Nantes entre 1896 et 1899, ceci malgré la protestation de la municipalité des Sorinières.

André décède en novembre 1899 à Saint Jacques.
Le département réclame alors à la commune des Sorinières le paiement de deux cent cinquante et un francs quarante-neuf centimes pour la pension d’André pendant ses différents séjours à l’hôpital Saint Jacques.
Cette mise en demeure fait l’objet d’une vive protestation du conseil municipal des Sorinières en date du dix mars 1901.

L’affaire André Dubois déclenche un contentieux entre les deux administrations.
Comme un pied de nez venu d’ailleurs, le crétin du village a réussi l’exploit de faire parler de lui, même après sa mort…

JEAN MARIE 1866-1916

Mon papa naît le 30 juillet 1866 au village de la Fernière aux Sorinières.
C’est Hippolyte Dubois (Paul) qui procède à la déclaration de naissance en mairie.

En 1869, ma famille réside à la Sanglerie aux Sorinières.
C’est dans ce village que Jeanne Marie met au monde le 25 avril son troisième enfant, une petite fille prénommée Jeanne Marie comme elle.
Naissance de Jeanne Marie Dubois, sœur de Jean Marie le 25 avril 1869

Les deux enfants de ma grand-mère Jeanne Marie sont donc officiellement nés de pères inconnus à vingt mois d’écart.

Comment connaître les noms de ces pères inconnus ?

L’omerta familiale de l’époque sur les paternités a fait son œuvre, les langues ne se sont jamais déliées, ce secret de famille est resté à jamais impénétrable.
C’est mon arrière-grand-mère Françoise Jeanneau qui se charge d’effectuer la déclaration en mairie, mais où est donc Hippolyte ce jour-là ?
J’imagine son désarroi, sa crainte des quolibets au bourg, mais aussi son inquiétude pour l’avenir de sa famille, enfants et petits-enfants dont il doit désormais assurer le pain quotidien avec ses maigres revenus de laboureur.
En ce début de printemps, à la bêtise humaine, il a sans doute préféré entendre le soc de sa charrue fendre la terre des quelques arpents qu’il cultive…
Comme je le comprends !

Au recensement de 1872, les enfants d’Hippolyte, Paul Charles et Marie Magdeleine, ont quitté le domicile parental. Mon père et ma tante Jeanne Marie sont élevés à la Sanglerie chez leurs grands-parents.

La délibération du conseil municipal des Sorinières du 31mars 1873 10 enregistre l’irrécouvrabilité de Jeanne Marie concernant les frais de scolarité de son fils Jean Marie comme fondée, elle est donc considérée comme indigente (sans ressource).

Ma grand-mère met deux autres enfants au monde en 1872 et 1874 qui ne survivent pas. Elle aura donc eu cinq enfants, tous nés de père inconnus.

La décision du conseil municipal a été prise conformément à la loi du onze floréal an dix des écoles primaires. Cette loi stipule au titre 2, article 4, que les conseils municipaux peuvent exempter de la rétribution ceux des parents qui sont hors d’état de la payer. Cette exception ne peut néanmoins excéder le cinquième des enfants reçus dans l’école primaire.

Le 20 Juillet 1875, mon arrière-grand-mère Françoise Jeanneau, épouse d’Hippolyte Dubois, âgée de cinquante-neuf ans, décède à la Sanglerie.

Contrairement aux recensements précédents, celui de 1876 comporte des observations inhabituelles et surprenantes sur les personnes recensées : « crétin » pour André, « garçon naturel » pour Jean Marie et « fille naturelle » pour Jeanne Marie.

En 1881, mon père Jean Marie a quinze ans, ma tante Jeanne Marie douze ans.
Ils ne sont plus mentionnés au domicile d’Hippolyte.
Dès l’âge de treize ans, les enfants d’ouvriers agricoles sont voués à circuler sur le marché local des domestiques, souvent rythmé par des foires et des louées [9] annuelles à la Saint Jean et à la Saint Martin ; ceci explique certainement l’absence des enfants à la Sanglerie.

Engagé volontaire : Le Tirailleur de Sousse

Mon père a certainement mal vécu l’inféodation de son placement en ferme et s’est probablement rebellé.
La seule façon d’échapper à ce système en étant mineur est l’engagement volontaire dans l’armée.
C’est ainsi que Jean Marie Dubois signe à la Mairie de Poitiers, le 14 août 1885, un engagement pour cinq ans au 4e Régiment de Tirailleurs Algériens et y est incorporé le 31 août à Sousse en Tunisie.

Le 4e régiment de Tirailleurs Algériens créé en 1884 pour pacifier le nouveau protectorat manque d’effectifs, les volontaires sont donc accueillis à bras ouverts par les recruteurs qui n’hésitent pas à leur créer une adresse de résidence si nécessaire.

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Uniformes de Tirailleurs Algériens à la fin du XIXe siècle

La fiche matricule de mon père notifie qu’il réside à Sousse, le domicile parental aux Sorinières n’est pas mentionné, la famille n’est donc probablement pas au courant de sa démarche d’engagement.

En ce mardi 23 février 1886, le tirailleur Dubois ne peut entendre la cloche du glas qui tinte à des milliers de kilomètres de Sousse et résonne jusqu’au plus profond des villages des Sorinières : mon arrière-grand-père Paul Dubois alias Hippolyte Dubois, est décédé au village du Pli.

La vie militaire à Sousse semble convenir à mon père puisque le deuxième classe Dubois devient caporal le vingt-deux juin 1886, puis caporal fourrier le onze octobre de cette même année.
La progression hiérarchique de mon père au sein du 4e Tirailleur est remarquable, il est nommé sergent le vingt-trois mars 1887, puis sergent fourrier le vingt-cinq juin suivant.
La prometteuse carrière militaire du tirailleur de Sousse s’effondre le six juin 1889, Jean Marie Dubois est cassé de son grade et mis en congés le cinq septembre 1889. Il passe dans la réserve de l’armée active le quatorze août 1890. Mon père a certainement fait une grosse bêtise dont j’ignore les faits, pour être sanctionné de cette façon par son régiment.

Les lapins du sieur Le Doux

Après sa mise en congés sans solde de l’armée en septembre 1889, mon père revient aux Sorinières. Il commet le 24 avril 1890 un larcin de deux lapins frauduleusement soustraits chez le sieur Le Doux, meunier au village de Viais en Pont Saint Martin. Le tribunal correctionnel de Nantes condamne Jean Marie Dubois le 11 juin à huit jours de prison pour vol, tout en lui accordant les « circonstances atténuantes ». Il doit en outre s’acquitter des frais de justice d’un montant de vingt-neuf francs vingt-sept centimes.

Ce qui est surprenant dans cette décision de justice ce sont les circonstances atténuantes accordées à mon père, travaillait-il chez le meunier Le Doux ? Le fait de dire que les lapins ont été frauduleusement soustraits va dans ce sens. Un différend salarial avec le meunier est-il à l’origine de ce méfait ?

Mon intuition féminine me pousse à évoquer une autre hypothèse tout aussi plausible. En 1890, Augustine Le Doux a dix-neuf ans12, elle est fille unique, donc un très bon parti pour les prétendants. Mon père était-il l’un d’entre eux ? Aurait-il essuyé une fin de non-recevoir du maître meunier ? Se serait-il vengé en « soustrayant » les lapins ? C’est mon avis.

Le tribunal a peut-être retenu que mon père était sans revenu depuis son exclusion de l’armée d’où sa relative mansuétude en lui accordant les circonstances atténuantes. Dans toute cette histoire, personne n’évoque ce que sont devenus les lapins…

En février 1892, l’ancien tirailleur Dubois déclare résider à Méan, quartier de la commune de Saint Nazaire [10] proche des Ateliers et Chantiers de la Loire où il est employé comme pointeur (pointage du personnel au travail).

Mariage : Marie Louise Manan (1869-1917)

Ma mère Marie Louise Manan est née, elle aussi de père inconnu, au village des Rivières aux Guérins, commune de Bourgneuf en Retz, le 31 octobre 1869.

Marie Louise vit depuis peu avec sa maman Rosalie au lieu-dit Joli Séjour,
commune du Clion sur Mer, quand mon père la demande en mariage et l’épouse le 17 septembre 1892 [11].

Depuis le premier germinal de l’an XII, la majorité matrimoniale fixée à vingt-cinq ans pour les garçons et vingt et un ans pour les filles autorise le mariage sans consentement. Les époux n’étant pas concernés par cette mesure, il est surprenant qu’un acte authentique de Maître Félix Dejoie, notaire à Vertou, spécifie le consentement de Jeanne Marie Dubois, mère du marié.

Nouveau métier : Le Puisatier de Pornic

La lune de miel des nouveaux mariés est de courte durée.
Le 14 décembre 1892, une nouvelle condamnation est prononcée contre mon père par le tribunal correctionnel de Saint Nazaire qui lui inflige huit mois de prison et cinquante francs d’amende pour délit d’abus de confiance.

La descente aux enfers continue pour Jean Marie puisque quelques semaines avant la fin de sa peine civile il est transféré le 17 juillet 1893, suite à sa condamnation, au 1er Bataillon d’infanterie légère d’Afrique, réputé pour sa discipline rigoureuse.
Ces bataillons disciplinaires sont surnommés les « Bat d’Af » ou encore « les Joyeux » …

Enfin libéré de sa double peine, mon père rejoint son foyer au Clion sur Mer le neuf octobre 1893.
L’armée ne l’oublie pas pour autant et lui impose plusieurs périodes d’exercice au 137e d’infanterie en 1895, à la 11e section d’infirmiers en 1904.
Il est définitivement libéré du service militaire le premier novembre 1910 à quarante-quatre ans !
Ma sœur Anna nait à Courtigon, village du Clion sur Mer le 16 janvier 1894, donc très probablement conçue pendant l’incarcération de mon père.

Vers 1896, la famille Dubois quitte Le Clion sur Mer pour s’installer rue des Gâts à Pornic [12].
En 1896 Anna a deux ans, mon père est journalier comme sa belle-mère Rosalie Manan qui a suivi la famille à Pornic. Leurs revenus occasionnels font vivre bon gré mal gré la petite famille qui doit s’agrandir au printemps prochain.

La vie continue rue des Gâts au rythme des grossesses de maman.
Mon frère Alexis nait le 7 mai 1897 [13], il décède hélas le lendemain.
Ma sœur Camille voit le jour le 28 avril 1898 [14], moi je nais le 30 mai 1901 [15],
puis vient Edouard le 7 août 1903 [16].
Maman est courageuse, elle travaille entre les différentes naissances et revend les produits du jardin [17].
Nous déménageons en 1906 pour nous installer rue du Bourg aux Moines à Pornic.
Mon frère Auguste nait le onze juillet 1907 [18] dans notre nouvelle maison du Bourg aux Moines.
Le garde-champêtre Jean Baptiste Besnard est l’un des témoins de cette déclaration en mairie.
Papa a appris un nouveau métier, il est devenu puisatier et a changé de statut.
Dans le recensement de 1911 [19], il est mentionné comme patron.
Anna a dix-sept ans et ne vit plus avec nous, elle termine ses études pour devenir institutrice.

En juin 1914, j’obtiens mon certificat d’études, je suis heureuse, je vais maintenant pouvoir aider maman à l’ouvrage et m’occuper de mon petit frère Auguste.

Le premier août 1914, en fin d’après-midi la cloche de l’église de Pornic sonne le tocsin pour annoncer la mobilisation générale.
Je me souviens entendre le tambour résonner dans les ruelles et être accourue avec Auguste pour écouter la lecture de l’ordre énoncée d’une voix grave et solennelle par le garde-champêtre Jean Baptiste Besnard, notre voisin de la rue Tartifume.
La mobilisation massive des hommes provoque une pénurie de main d’œuvre en milieu rural.
Dégagé de ses obligations militaires depuis 1910, mon père offre ses services aux artisans et fermes des environs.
Les années de guerre apportent leurs lots de désolation dans de nombreuses familles de mobilisés.
L’absence des hommes rend l’atmosphère pesante, les larmes des veuves et le retour des grands blessés stigmatisent la ville.
Je ne reconnais plus le Pornic de mon enfance avec son marché animé où désormais le chuchotement est de rigueur.

Je conserve en moi une grande tristesse de cette période marquée chez nous par les décès rapprochés de notre grand-mère Rosalie Manan, le 18 juin 1916 [20] à l’hospice de Pornic, de mon père trois semaines plus tard le 11 juillet [21], et enfin celui de maman à quarante-huit ans, le 5 février 1917 [22].
Jean Besnard, notre voisin, est cité dans les actes de décès de mes parents.

Anna et sa fratrie 1894-1958

Suite au décès de nos parents Anna devient notre tutrice car nous sommes tous mineurs en 1917 : Camille a dix-huit ans, j’ai eu mes seize ans en janvier, Edouard a quatorze ans, Auguste neuf ans.
En 1921 nous vivons tous chez Anna au soixante-douze Quai de la Fosse à Nantes, logement que nous partageons avec des amis de Pornic Constance et Georges Rousseau. Anna est institutrice privée, célibataire elle enseigne à domicile dans les maisons bourgeoises, à cette époque chez les Bondu.
Je suis devenue employée de commerce comme Camille, Edouard est ajusteur chez Saupin Constructions Métalliques.
Notre amie Constance est couturière chez Danet tandis que son frère Georges est employé des Chemins de Fer de l’Etat.
Nous sommes tous au travail sauf Auguste qui doit passer son certificat d’étude cette année.

La vie sur les quais de Nantes est trépidante, au soixante-douze Quai de la Fosse nous sommes aux premières loges pour assister aux manœuvres des grands navires qui nous font rêver d’horizons lointains.

Le dimanche nous flânons souvent avec nos amis sur les bords de Loire, c’est au cours de l’une de ces balades que je remarque l’idylle naissante entre ma sœur Camille et Georges Rousseau.
Ils se marient le 2 mai 1922 [23] et résident Place de Bretagne à Nantes [24] où naît en 1933 leur seul enfant Henri.
Georges travaille désormais comme charpentier aux Chantiers de Bretagne, Camille est devenue caissière chez Beauvoit et Coupeau [25].
Je me souviens particulièrement des noces de Camille et Georges, et pour cause, c’est à leur mariage que je rencontre un jeune bourrelier de Saint Père en Retz, Roger Baconnais.
J’ai épousé Roger le 24 août 1925 [26] à Nantes.

Roger Baconnais : Le bourrelier de Saint Père en Retz

Mon mari Roger est bourrelier matelassier chez sa mère à Saint Père en Retz 30.
Nous nous sommes donc installés chez ma belle-mère Marie Baconnais
au n°4 de la Grande Rue, maison proche de son atelier.

Après notre mariage, Anna vit avec ses frères Edouard et Auguste au soixante-douze Quai de la Fosse. Edouard est serrurier au Chantiers de la Loire, Auguste enseigne comme instituteur libre.

Le 30 juillet 1926 , mon frère Edouard épouse Juliette Charriau une employée de commerce de la Tenue Camus à Nantes. Anna est le témoin d’Edouard. Le couple s’installe Quai de la Fosse chez Anna.

L’année 1928 voit notre famille s’agrandir, notre fille Jeanine nait à Saint Père en Retz le 16 septembre 1928 [27].
A Nantes chez Edouard et Juliette, c’est un petit Robert qui vient au monde [28].
Nous sommes tous très heureux.
Mon jeune frère Auguste épouse Fernande Forest le 18 août 1930 [29] à Chalonnes sur Loire dans le Maine et Loire, et s’installe définitivement à Morannes (49) en 1937 [30]. Edouard quitte Nantes pour Lorient la même année.
La vie à Saint Père en Retz est paisible et me change de l’hyperactivité nantaise, nous habitons maintenant rue de Pornic.
Roger travaille dans son atelier de bourrellerie, il est renommé pour ses blagues, on le surnomme « le roi des menteurs », quant à moi je répare et fabrique les matelas en riant des blagues de mon mari.
En 1930 nous participons avec nos amis à la mi-carême de Pornic, quel bon souvenir !

Mi-carême vers 1930, de gauche à droite : Jeanne Baconnais, Anna Charrier, Roger Baconnais, Alphonse Moisan, Anna Couronné.

Notre commerce marche bien, en 1936 nous avons un ouvrier bourrelier et une domestique. Ma sœur Camille m’a confié son fils de trois ans, Henri qui vit avec nous et s’amuse beaucoup avec notre petite Jeanine.

Le 2 septembre 1939 le gouvernement Daladier décrète la mobilisation générale des classes 20 à 39. Partout en France les tambours résonnent pour annoncer l’évènement. Cette annonce ne provoque ni enthousiasme, ni abattement, l’incrédulité est sans doute le sentiment le plus partagé chez les hommes concernés qui grommellent sans encore bien réaliser.
A Saint Père en Retz, c’est Pierre Coquenlorge [31], le garde-champêtre qui annonce la couleur, Roger est de la classe 22, donc mobilisable.

Le 3 septembre 1939 la France déclare la guerre à l’Allemagne, commence alors la « drôle de guerre », période d’observation de huit mois entre les belligérants.
Maintenu dans son foyer en tant que soutien de famille et artisan exerçant une activité liée à l’agriculture, mon mari a été mobilisé le sept janvier 1940 suite à une dénonciation [32].
Roger rejoint le deuxième escadron du dépôt de cavalerie 11, cantonné à Pontivy dans le Morbihan.
La percée des Allemands à Sedan du douze mai entraîne la débâcle des alliés.
Roger est fait prisonnier le dix-huit juin 1940, ce même jour un certain De Gaulle lance de Londres un appel à la résistance.
Entassés dans des wagons à bestiaux pestilentiels, commence alors pour mon pauvre mari et ses compagnons un long transfert vers la Prusse Orientale jusqu’au stalag I A, situé trente kilomètres au sud de la ville de Königsberg, proche de la mer Baltique.

A Saint Père en Retz, nous vivons des années difficiles, la fabrication des matelas est devenue rare, je travaille parfois au Grand Hôtel voisin.
Jeanine, maintenant adolescente, m’accompagne souvent dans mon nouveau travail.
Nous guettons le facteur qui nous remet de temps en temps une lettre de Roger censurée par les autorités de son lointain stalag.
Nous y répondons en utilisant les formulaires imposés pour les correspondances aux prisonniers de guerre, il en est de même pour les colis que nous lui préparons une fois par mois.
Ce petit morceau de papier blanc administratif devient un lien vital entre nous, il faut cependant faire très attention aux informations que nous transmettons sous peine de censure.
Nos échanges épistolaires surveillés vont ainsi s’échelonner jusqu’en septembre 1944, date de la formation de la Poche de Saint Nazaire, véritable forteresse de l’armée allemande avec ses 30000 soldats.
Le courrier de la poche vers les stalags est interrompu, seuls quelques rares messages urgents sont autorisés à circuler via la Croix Rouge.
Comme toutes les familles de prisonniers, nous sommes sans nouvelles et très inquiets, il doit faire si froid là-bas, que devient-il ? Quand cela se terminera-t-il enfin ?

La commune de Saint Père en Retz est à l’intérieur de cette poche d’où il devient, à partir de fin septembre 1944, difficile voire impossible d’entrer et sortir.
Je me souviens de la mésaventure survenue juste avant Noël à notre amie Colette Charrier, partie à bicyclette vers Sainte Pazanne.
Colette est loin de s’imaginer que ce jeudi 21 décembre 1944, les Allemands lancent une offensive qui repousse la ligne du front de la poche sud au-delà de la Sicaudais. Sur le chemin du retour, Colette rencontre une fugitive qui se présente comme étant Yvonne Pollono, femme du résistant Maurice Pollono [33]. Cette femme demande à être conduite en urgence au moulin Henriet de Sainte Pazanne afin d’obtenir de l’aide pour son mari en grande difficulté. Colette propose son vélo à la fugitive qui avoue ne pas savoir l’utiliser, c’est donc sur le porte-bagage qu’est transportée Yvonne à bon port. En récompense, le meunier remet une miche de pain blanc dur à notre amie cycliste ! Partie avec trois francs cinquante en poche, Colette devra attendre la libération du onze mai 1945 pour rentrer à Saint Père en Retz, cachée sous la bâche d’un camion militaire… La nouvelle du retour de Colette, première civile à revenir dans la poche encore sous contrôle, surprend ses parents et se répand vite dans le bourg. Nous voulions tous la voir et l’entendre raconter ses péripéties de réfugiée à Sainte Pazanne.

Beaucoup plus au nord, l’évacuation des stalags de Prusse Orientale, en mars 1945 est une grande tragédie de la guerre. Les hommes du camp principal de Stablack et des Kommandos sont rapidement livrés à eux-mêmes par un froid polaire sous des feux croisés, les troupes soviétiques coupant la retraite vers l’ouest.
Quelques colonnes de prisonniers passent, les autres doivent tenter la traversée du Frisches Haff, lac gelé mais fragile sous le feu de l’aviation russe. Ceux qui sortent vivants du Frisches Haff retombent souvent sur l’armée soviétique et se retrouvent dans des camps en Union Soviétique avec un rapatriement difficile au cours de l’année 1945.

Roger a certainement eu beaucoup de chance, rapatrié le 22 juillet 1945, plus de deux mois après la capitulation allemande, il a été hospitalisé puis mis en convalescence jusqu’au 15 décembre, et enfin démobilisé à Angers le 10 janvier 1946. Nous avons passé les fêtes ensemble, depuis cinq ans que nous espérions cela, c’était inoubliable.

Anna est maintenant en retraite, elle nous a rejoints à Saint Père en Retz.
Hyperactive, elle fait de la politique, donne des cours de rattrapage et exige que ses élèves l’appellent « Miss » 38. Cette exigence a sans doute inspiré quelques élèves facétieux qui n’hésitent pas à gribouiller dans les toilettes de l’école ce subtil jeu de mots : « Miss ici pisse » ! [34].

Roger a progressivement repris ses activités de bourrelier dans son atelier de la rue Saint Julien, je confectionne à nouveau des matelas.
Jeanine est une grande jeune fille de dix-huit ans dont nous sommes très fiers.
En 1946, elle m’accompagne le 30 juin à l’inauguration du monument commémoratif
de la poche de Saint-Nazaire à la Sicaudais.

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Cérémonie commémorative de la Sicaudais le 30 juin 1946

Nous avons acheté un tandem. Le dimanche nous partons faire de grandes balades vers Saint-Brévin et Pornic.

Roger adore !

La vie est belle… Maintenant !

Remerciements à :

  • toute l’équipe de la section de généalogie de l’A.L.H.C.C.
  • Anne Marie Pitard, Association Saint Père Histoire.
  • Colette Charrier pour ses précieux témoignages.
  • Marie-Annick Hautcœur pour ses photos.
  • Michel Gautier, écrivain, pour ses cartes.
  • toutes les personnes des Archives départementales de Nantes pour leur aide.

[1Mentionné dans l’acte de mariage de Paul en 1845.

[2A.D - St Sébastien sur Loire - Mariages : 1813 - vue : 7 et 8/14

[3A.D - St Sébastien sur Loire - Naissances : 1816 - vue : 8/11

[4A.D - St Sébastien sur Loire - Naissances : 1828 - vue 4/10

[5AD - Vertou - Recensement : 1856 - vue : 14/104

[6A.D - Vertou - Décès:1860 - vue : 20/26

[7A.D. - Les Sorinières - recensement : 1876 - vue : 8/25 - Mentionné comme « crétin »

[8A.D. - Vertou - Naissances : 1863 - vue : 21/25

[9Ces louées ou « foires aux domestiques » entretenaient un lien de dépendance tel qu’elles verrouillaient tout système revendicatif. Les rémunérations étaient fixées au bon gré des employeurs, souvent limitées au logement et à la nourriture pour les enfants.

[10A.D. Fiche matricule

[11Mariage de Jean Marie Dubois et Marie Louise Manan le 17 septembre 1892

[12A.D. - Pornic - Recensement : 1896 - Rue des Gâts - vue : 12/38

[13A.D. - Pornic - Naissance : 1897 - vue : 4/7

[14A.D. - Pornic - Naissance : 1898 - vue : 11/17

[15A.D. - Pornic - Naissance : 1901 - vue : 2/8

[16A.D. - Pornic - Naissance : 1903 - vue : 5/6

[17Mentionné sur l’acte de naissance de Camille en 1898

[18A.D. Naissance Auguste Dubois1907 Pornic vue 5/9

[19A.D. - Pornic - Recensement : 1911 - rue du Bourg aux Moines - vue : 18/41

[20A.D Table des successions et absences Pornic 1916 vue 127/190

[21Décès de Jean marie Dubois 10 septembre 1916, rue du Calvaire

[22Décès Marie Louise Manan le 5 février 1917, rue du Calvaire

[23Archives municipales de Nantes - 5e canton - Mariages : 1922 - vue : 32/117

[24Archives municipales de Nantes - 5e canton - Recensement : 1926 - vue : 243/318

[25Archives municipales de Nantes - 5e canton - Recensement : 1931 - vue : 200/307

[26Mariage Roger Baconnais Jeanne Dubois 24 août 1925

[27A.D. - Saint Père en Retz - Recensement : 1931 - vue : 2/47.

[28Archives municipales Nantes - 5e canton - Recensement : 1931 - vue : 66/307.

[29A.D. Pornic - Naissances : 1907 - vue : 5/9 - Annotation en marge de l’acte de naissance.

[30A.D. Nantes 5e canton - Liste électorale : 1929 - Observations

[31Résistant, déporté, décédé à Dora le 5 avril 1944.

[32Témoignage de C. Charrier

[33Maurice Pollono a été tué ce même jour dans une embuscade à la Sicaudais.

[34Témoignage C. Charrier

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18 Messages

  • Les cahiers de Jeanne 19 mai 2019 18:47, par Marie-Thérèse Gavat

    Bonjour,
    J’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’histoire de vos ancêtres.
    Quel travail !
    Cela ressemble un peu à l’histoire de mon ancêtre maternelle qui originaire de Lannion à eu quatre enfants de père inconnu ;
    J’ai retrouvé la naissances des quatre enfants dont le premier a été abandonné également devant un couvent, avec tous les détails par la religieuse et 15 jours plus tard, la mère reconnait son enfant.
    Pas de lieu de naissance de la mère ; pas de décès non plus. Une fois lingère ou domestique ou encore mendiante...
    Il faudrait que je reprenne cette recherche car je suis bloquée pour la suite.
    Félicitation pour ce travail
    Cordialement
    Marie Thérèse

    Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 18 mai 2019 18:07, par martine hautot

    Très intéressante,Yves, cette histoire d’une famille au départ inconnue sur plus d’un siècle, avec l’utilisation de plusieurs sources d’ archives :non seulement l’état civil mais le recensement ,les archives judiciaires ,les archives communales et militaires.Félicitations !
    Martine

    Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 18 mai 2019 15:34, par catherine marquet

    Très intéressant et émouvant. A chaque génération, il y a eu des mamans célibataires, et, malheureusement, des enfants abandonnés. Triste période, pas de contraception, et les "géniteurs" qui abandonnaient les jeunes femmes enceintes.

    Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 17 mai 2019 20:57, par Jacqueline ISNEL-GUERIN

    J’ai beaucoup aimé votre texte. J’aime découvrir ces vies déroulées à partir d’une photo, d’un texte, d’un document d’archives. C’est une belle satisfaction -et quel plaisir !- d’arriver à retrouver autant de moments, de "bribes"de vie de ceux qui nous ont précédés ! Cordialement.

    Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 17 mai 2019 20:22, par Bussery

    En 1914 l’age du certificat d’étude était il 14 ans ou 12 ans ?

    Répondre à ce message

    • Les cahiers de Jeanne 18 mai 2019 08:31, par yves gervot

      Bonjour et merci pour l’intérêt que vous portez à notre article. Le certificat d’études primaires a été institué par la loi du 29/03/1882 proposée par le gouvernement Jules Ferry. Selon cette loi, les élèves peuvent se présenter au CEP dès l’âge de onze ans sur proposition du maître qui ne présente que ceux jugés susceptibles de réussir. La durée de l’enseignement se divise ainsi :

      • maternelle ou classe enfantine vers 5 ou 6 ans
      • cours moyen deux années de 7 à 11 ans
      • cours supérieur deux années de 11 à 13 ans

      Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 17 mai 2019 13:04, par Daniel

    Sacré travail d’assemblage de tranches de vies, bien doté historiquement. Bravo ! Un véritable exemple pour moi, merci.

    Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 17 mai 2019 08:40, par annette ispa

    Bonjour,
    Quelle belle histoire ! Et surtout un magnifique travail de reconstruction !
    j aime beaucoup la fin , il est arrivé la même chose à ma Maman.
    merci d’avoir partagé cela avec nous.
    cordialement
    A.Ispa

    Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 16 mai 2019 22:00, par Franck Boulinguez

    Bonsoir Yves,

    Quel bel article !
    Et quel travail... Je suis tombé dedans.
    Jeanne a bien travaillé à l’école et surtout pour nous raconter l’histoire de sa famille !
    Merci à vous d’avoir relayé son travail et ce récit.

    Cordialement
    Franck

    Répondre à ce message

  • Les cahiers de Jeanne 16 mai 2019 14:44, par JBE

    Bonjour Yves
    Félicitations pour cet immense travail.
    Vous ne dites pas comment vous avez trouvé ces cahiers. Sont-ils nombreux ?
    La photo des lettres que vous nous montrez, que vous appelez « devoirs », me rappelle les cahiers qu’a tenu ma mère au jour le jour une bonne partie de sa vie, mais surtout ces lettres me rappellent les brouillons de ses courriers avant de les recopier au propre . Ne serait -ce pas le cas ici ?
    cordialement
    JBE

    Répondre à ce message

    • Les cahiers de Jeanne 16 mai 2019 17:10, par yves gervot

      Bonjour et merci pour votre sympathique commentaire. Il s’agit bien de deux cahiers d’écolière de 1914, trouvés par hasard dans un centre Emmaüs voici quelques années. La lettre présentée dans l’article est un devoir demandé par l’instituteur à ses élèves, en fait une sorte de dissertation. Bien cordialement.

      Yves

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      • Les cahiers de Jeanne 17 mai 2019 11:11, par Colette Boulard

        Récit très émouvante, bien belle reconstitution d’une saga familiale, à la fois unique et fréquente tant beaucoup d’entre nous pourraient y reconnaître, ici ou là, la vie de leurs aïeux. Quel travail derrière ce récit !

        Et aussi : de l’importance des papiers "l’air de rien" comme ce banal cahier d’écolière.

        Répondre à ce message

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