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Baies, linteaux et voussures… (11e épisode)

Comment construisaient nos ancêtres ?

Le jeudi 18 mars 2010, par Jacques Auguste Colin †

Les maisons à potences de Tournus

Une énigme historique locale

Le texte illustré qui suit a été écrit en chapitres trimestriels dans une lettre d’artiste "les Cahiers de la Pêcherie " en 1997, déposée à la Bibliothèque Municipale de Tournus.

L’auteur ne connaissais pas alors l’existence d’une intéressante communication du Docteur Laroche sur le même sujet, parue dans le bulletin n° LVI (1956) de la Société des Amis des Arts et Sciences de Tournus.

C’est parce que la présente étude apporte des éléments de réflexion supplémentaires et nouveaux (notamment l’inventaire des emplacements et des formes ) que j’en propose la lecture aux fidèles de ce magazine.

D’autres auteurs, également publiés par la S.A.A.S.T. ont mentionné l’existence de ces potences remarquables, mais sans leur accorder trop d’attention sur les plans technique et physique. Ce n’était d’ailleurs pas le but de leurs ouvrages.

Le lecteur intéressé pourra toutefois relire avec profit ce qu’en disent E. Meulien, A. Bernard, G.Jeanton, C Dard...,les uns reprenant d’ailleurs parfois ce qu’en ont dit les autres !

J’ai conservé la forme primitive de mon étude, tout en l’enrichissant d’observations et découvertes ultérieures, généralement signalées dans le texte ou en notes de bas de page.

Les hypothèses personnelles exposées en fin d’ouvrage ont été étayées par des indices qui ne figuraient pas dans la première version. J’y crois fortement car elles sont difficilement récusables.

Mais comme la preuve n’en est pas faite, je laisse au lecteur le soin de se faire une opinion, et surtout je fais appel à tous spécialistes de la construction médiévale qui pourraient résoudre cette énigme.

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Le vieux Tournus s’alanguit devant la Saône
Crue d’octobre 2001 - Photo Colin

...Du haut de ces potences quatre siècles vous contemplent...

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Le touriste ou le visiteur occasionnel des petites rues de la Pêcherie, est vite intrigué par les deux proéminences percées d’un énorme trou, qui ornent les façades des maisons anciennes (les plus vieilles de la ville, selon un plan de l’O.T.S.I) de la rue de la Poissonnerie, rue des Saules.

Ces "potences " comme nous les appelons par analogie et faute d’une autre dénomination, [1] sont d’autant plus intéressantes pour nous, qu’elles n’existent, à notre connaissance, qu’à Tournus, disséminées dans toute la vieille ville.

Je n’en ai jamais vu dans les villes riveraines de la Saône et du Doubs, au Nord, et on n’en signale pas jusqu’à la hauteur de Villefranche au sud. [2]

Les avis sont très partagés quant à l’utilité exacte de ces potences, et nous n’en avons pas encore reçu d’explication totalement convaincante.

Leur présence est si visible qu’on pourrait les croire très nombreuses. En fait, sauf erreur ou oubli de notre part, nous avons pu dénombrer vingt-quatre maisons ornées dans toute la ville, sept d’entre elles dans le Quartier de la Pêcherie.

Il est probable que d’autres maisons ont été dégarnies de ces potences pour des raisons inconnues, mais les enduits contemporains en ont masqué les traces. Il est cependant possible de les repérer : il y a presque toujours, une seconde ouverture plus petite, à côté de l’habituelle baie carrée centrale ouvrant sur le grenier.

En l’absence de documents écrits (de l’époque) concernant l’utilité de ces potences en pierre, de nombreuses hypothèses ont été formulées par nos contemporains, aucune n’emportant l’adhésion générale.

C’est par l’étude des formes et dimensions des pierres et leur disposition variable sur les façades, qu’il est possible de formuler des hypothèses quant aux services qu’elles pouvaient rendre.

Notre dessin, s’il est imaginaire, n’en respecte pas moins les particularités des maisons de la rue des Saules, dont le " Logis du Poète ". Il permettra à ceux de nos lecteurs que la question intéresse de réfléchir à toutes les possibilités d’usage, et elles sont nombreuses... [3]

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Au XVI°s. les maisons côté impair de la rue des Saules constituaient le « front de Saône »

Inventaire et description

Presque toutes ces maisons peuvent être datées de la première moitié du XVII° siècle et ont des façades possédant les mêmes caractères de la fin du " gothique " : baies à croisillons, angles rabattus et chanfrein, corniche et écussons, datés pour certaines. Ce qui est une bonne indication de la relative aisance sinon richesse des constructeurs.

En première analyse, les photos et dessins ci-dessous montrent bien que les potences ont été incorporées aux façades en même temps que la construction et non ultérieurement.

Ce ne sont pas des pierres simplement équarries, et le style des ornements, (angle partiellement rabattu), est identique à celui des baies à meneau et croisillon typiques de la fin du "gothique" alors qu’en réalité nous sommes en pleine renaissance française.

Elles sont profondément engagées dans l’appareil et la partie saillante à une longueur comprise entre 25 et 50cm, la face latérale ayant généralement la forme trapèze rectangle pour augmenter la résistance.

La pierre est blanche, demi dure, compacte et sans faille (carrière de Farges ?). Le trou circulaire, d’un diamètre relativement grand, entre 10 et 15 cm, et comme les potences vont toujours par paire, est manifestement là pour y engager une perche horizontale, probablement un "boulin", tronc de jeune sapin, peuplier ou châtaignier écorcé et poli...

Les potences sont presque toujours insérées avec un écartement égal à la largeur de la maison moins l’épaisseur des murs latéraux.

Situées généralement au niveau du grenier, la perche qu’elles soutenaient pouvait être atteinte, à bout de bras, par l’ouverture centrale, presque toujours carrée et aveugle, ouvrant sur ce dernier. Souvent une deuxième ouverture carrée plus petite flanque la première, à droite ou à gauche.

Deux maisons seulement ont leurs potences au niveau de la grande baie du premier étage, et dans un cas au moins, rue des Saules, (voir dessin n°1), le niveau se situe entre l’étage et le grenier, et donc inaccessible depuis l’intérieur !

Les "corbeaux échancrés" par contre, (cinq bâtiments repérés par nous à Tournus), bien que situés à la partie supérieure des édifices, ne sont jamais accessibles par une ouverture, ce qui rend leur présence plus intrigante.

L’énorme tour carrée faisant partie de la propriété Humbert, traiteur, ancien Hôtel Bureteau, est équipée sur trois faces à plus de douze mètres du sol, et donc sans possibilité d’accès, d’une paire de ces "corbeaux".

Il faut bien distinguer ces corbeaux à l’échancrure semi-circulaire dont l’utilité n’est pas connue, des corbeaux habituellement insérés à posteriori pour supporter une poutre ou un appui de jambe de force, comme c’est le cas sur la face nord de l’église St Valérien.

Localisation sur plan (approximatif)

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a, b, c, d... : monuments identifiables
1, 2, 3, = maisons à potences percées -
22-23... = corbeaux échancrés

Avant d’examiner les différentes hypothèses avancées quant à la destination première des potences percées de Tournus, il peut être intéressant de connaître leur implantation, de déterminer leur âge probable à partir du style des maisons qu’elles ornent, de leur forme particulière... etc.

Nous croyons avoir situé sur le plan et dans la légende ci-dessus la totalité des maisons à potence observables dans la ville. Certaines façades sur cour intérieure, possèdent peut-être également ce type de potence.

Mais elles sont probablement peu nombreuses et nous développerons notre raisonnement sans en tenir compte, tout en demandant aux Amis de Tournus de bien vouloir nous les signaler.

Dans l’état ci-dessous, les mentions de date et de style sont des impressions d’auteur, sans valeur documentaire. Il semble bien que la plupart des maisons dites "gothiques" ou "à caractères gothiques" ont été reconstruites sur des bases anciennes à la fin du XVI° à partir de l’Edit de Nantes (1598) qui mit fin aux ravages, très importants à Tournus, des guerres de religion.

Peut-être en gardant ou en réincorporant des éléments d’époques antérieures : baies à meneau et croisillon, échoppes voûtées en anse de panier, ornements gothiques, etc...

Quoi qu’il en soit, c’est en même temps que l’élévation des murs, et non après, que furent insérées les potences qui nous occupent.

Quant elles sont dites "ornée", elles ont les arêtes partiellement rabattues, comme les meneaux ou pieds-droits des baies.

A quoi pouvaient-elles servir ?

A la lumière des chapitres précédents, nous pouvons chercher ensemble la fonction d’origine des potences tournusiennes tout en sachant que faute de documents écrits ou de plans retrouvés, seul le raisonnement nous permettra (peut-être !) de la trouver.

Rappelons quand même ce fait qui doit avoir une certaine importance : au moins 15 des maisons ornées sont du même style de façade, donc de la même époque, et pourquoi pas, du même constructeur ?

Il paraît évident que, leur présence étant acquise, de multiples usages ont pu leur être assignés et de nombreuses propositions ont été formulées.

Mais il doit y avoir un but premier justifiant leur ancrage dans la façade au moment de la construction ! ...

Avant de formuler quelque hypothèse, il est également bon de rappeler que jusqu’au XIX°siècle, la couverture des maisons se prolongeait par un avant-toit qui atteignait presque le milieu de la rue.

La gouttière n’existait pas plus que le réseau d’égout, et les eaux de pluie s’écoulaient plus ou moins bien par un ruisseau central profond, où pataugeaient, en pleine ville, poules et cochons ! ... et où le bourgeois "s’enfonçait dans la boue jusqu’aux genoux".

C’est un arrêté municipal de 1852 [4] qui imposa aux propriétaires de raccourcir ces avant-toits à la dimension actuelle inférieure à un mètre.

Donc, à l’époque, tout ce qui pouvait être suspendu aux perches équipant les potences était à l’abri des intempéries, comme dans la ferme bressane typique. Ce fait sera à prendre en compte dans notre recherche.

En partant de la quasi-certitude que lesdites potences servaient de support d’une perche de bois poli, (sapin ou peuplier) d’un diamètre de 8 à 12 centimètres et de longueur moyenne entre 5 et 6 mètres, on peut examiner les hypothèses suivantes, intuitives ou parfois émises rapidement et sans réelle conviction par les historiens locaux (Meulien, Jeanton, Dard, Laroche, dans bulletins annuels de la S.A.A.S.Tournus) [5] :

1re hypothèse (Dr Laroche...)

"les perches entre potences servaient à hisser des objets lourds ou volumineux..."

C’est la première idée qui vient à l’esprit quand on découvre les potences.

Idée fausse et à éliminer pour plusieurs raisons : cela supposerait que la perche serve de poulie et les trous de coussinets, ce qui est techniquement impossible. La force exercée entre appuis écartés de 5 mètres (moment fléchissant) par une simple armoire en chêne de nos grands-mères serait suffisante pour casser la perche.

La résistance de frottement opposée par l’axe en bois dans des coussinets de pierre abrasive serait supérieure au couple développé par un ou même deux individus.

De plus, la plupart des maisons à potences étaient à baies à meneau et croisillon par lesquelles il était impossible de faire passer des objets volumineux.

On ne peut cependant pas éliminer l’utilisation occasionnelle pour faire passer au moyen d’une corde glissant sur le boulin, de petits objets du rez-de-chaussée aux étages.

2e hypothèse (Meulien, Bernard...)

"les perches entre potences servaient aux tanneurs pour faire sécher les peaux..."

Il suffit de regarder l’implantation des maisons ( plan ci-dessus) pour se rendre compte que cette hypothèse est également à rejeter.

Dans la ville médiévale, le quartier des tanneurs était nettement circonscrit, presque toujours limité à une rue longeant un cours d’eau (à Tournus probablement le bief Potet).

L’odeur y était insupportable, et on voit mal ces artisans respectables suspendre leur production pondéreuse et odorante aux frontons des maisons gothiques des rues bourgeoises de la ville.

Ceux qui ont eu le privilège de visiter le quartier des tanneurs dans les médinas de FEZ ou MARRAKECH ne me démentiront pas !

3e hypothèse

"Les perches entre potences servaient à faire sécher divers objets dont le linge, les tissus, le maïs, la laine, le poisson ! ...et pourquoi pas les jambons ?"

A partir du fait qu’elles existaient, il est à peu près certain que l’on y a suspendu occasionnellement toutes sortes de choses à aérer, sécher, offrir ou soustraire à la convoitise des chalands...

Cela participait peut-être même au charme et à l’ambiance des rues tournusiennes, avec petit air d’Italie...

Mais on imagine mal, un architecte ou un maître d’œuvre inventant ce dispositif esthétique dans le seul but d’y voir suspendu cet inventaire à la Prévert !...

Il faut sans doute chercher ailleurs la raison première de cette invention.

4e hypothèse

"les perches entre potences servaient aux pêcheurs pour sécher les filets de pêche"

C’est la raison le plus fréquemment avancée, à cause probablement de la présence des maisons sur l’ancien "front de Saône"(ou à proximité).

Plusieurs raisons s’opposent à cette utilisation : En dehors des pièges à poissons ancestraux, nasses de diverses tailles, la pêche en Saône se faisait surtout à l’aide de tramails de grande longueur, en fil de lin ou de chanvre, très lourds à manier lorsque chargés d’eau. Leur séchage se faisait sur la berge même, tendus verticalement sur des piquets, comme le montre le dessin ci-dessous

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La Tour - Porte Malaquin
Séchage des filets sur la berge
(dessin enluminé d’après une gravure d’époque)

Le hissage de tels filets, mouillés, eût demandé un effort intense hors de proportion avec le résultat attendu.

Par contre, l’utilisation de la perche polie comme "lisse" ou "lice" supérieure d’un "métier" à tricoter ou à réparer les longs filets, est tout à fait vraisemblable. C’est ce qui a inspiré le dessin reproduit au début, à partir d’un reportage télé sur des pêcheurs du Mexique (THALASSA).

5e hypothèse

"les perches entre potences servaient à la décoration de la ville en fête, et à l’identification des quartiers ou corporations, par les bannières qui y étaient suspendues... (dessin imaginaire ci-dessous)

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Des bannières multicolores illuminant les jours de fête

Cette explication est très séduisante et s’accorde bien avec ce que l’on sait du goût de l’époque pour la fête populaire à grand déploiement de bannières et oriflammes armoriées et brillamment colorées.

Ainsi serait justifiée la présence des potences au fronton de maisons manifestement cossues, et aussi celle des "corbeaux échancrés" en des endroits ordinairement inaccessibles (Hôtel des "Tournus", Pl. de l’Hôtel de Ville, et Tour médiévale à l’origine sur un passage en prolongement de la rue du Grenier à sel. (Hôtel Bureteau).

Des corbeaux semblables ayant cet usage (selon un guide local) ont été repérés à Pérouges .

On peut cependant se demander pourquoi cet ornement de construction ne ss serait pas généralisé en Bourgogne, dans des villes aux fêtes bien plus célèbres. ?

Peut-être que son inventeur était un unique et brave tournusien, maçon et tailleur de pierres, qui ne souhaitait rien d’autre que de laisser une trace visible de sa participation...

J’avoue qu’il me plairait assez que cette hypothèse soit la bonne. De mes souvenirs de jeunesse, la pratique du pavoisement est un des plus vivaces et il n’est que de regarder les toiles de Dufy, Monnet... et les autres... pour s’en convaincre. J’imagine volontiers un accord général des propriétaires actuels pour équiper à nouveau leurs potences de "lices" aux bannières multicolores illuminant nos jours de fête...

6e hypothèse

"les potences sont les seuls restes de métiers à tisser rustiques" :

Alors que je travaillais à la mise en page de cet article, relisant attentivement les hypothèses formulées ici et là et la critique qui les accompagnait, il me vint soudain l’idée de me poser la question suivante :

  • Avec ton esprit pratique d’ingénieux bricoleur, à quoi utiliserais-tu les potences si les facéties de la métempsychose te replongeaient à Tournus au XV° ou au XVI° siècle ? Quand la seule énergie directement disponible était encore celle des bras ! ...

Après quelques efforts d’imagination et quelques projets plus ou moins farfelus, j’eus soudain la révélation qui me conduit aujourd’hui à l’exposé de cette hypothèse :

  • Et si nous nous trouvions face à un rudimentaire métier à tisser tapis et tapisseries grossières...bien utiles à l’époque, dans les maisons en pierres ? [6]
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Il suffit d’imaginer l’existence d’une seconde perche formant « lisse » inférieure tirée par des poids, mais soutenue par d’innombrables fils enroulés, formant la chaîne, entre lesquels une simple alêne introduirait une trame aller et retour, et nous voilà devant un « métier à tisser » rudimentaire certes, mais capable de fournir dans un temps relativement court, par une seule personne et suivant la nature du fil, une pièce de tissu de largeur variable, fermée sur elle-même et de longueur égale au mieux, au double de la hauteur de la « haute lisse ». (dessin ci-contre )

Quant une certaine hauteur est réalisée, on soulage les poids pour faire glisser facilement et remonter par l’arrière, la partie tissée. Tout bricoleur un peu fûté vous dira que ça fonctionne !...

J’acquis rapidement la conviction que je n’étais pas loin de la vérité. C’est techniquement inattaquable, et cela se situe bien historiquement : avant la première mécanisation du tissage.

Cette méthode de fabrication des tissus par métier vertical était pratiquée depuis l’antiquité et l’est encore dans de nombreux pays non industrialisés.

Ainsi chaque bourgeois de la ville pouvait fabriquer ses propres draps, ses propres tentures ou tapisseries, bien à l’abri sous le grand avant-toit, et on peut croire que ces « dames » devaient rivaliser d’habileté dans la recherche de points originaux, et de mariage des couleurs...

Jusqu’à l’invention du métier horizontal avec navette lancée et pédales, puis du métier Jacquard (1780).

Au lendemain de la rédaction de ce post-scriptum, je reçus une sorte de confirmation de mon intuition en découvrant dans un hebdomadaire régional la photo surprenante d’un métier à tisser archaïque certes, mais techniquement conforme, verticalité en moins, au dessin précédent...

Sur une photo d’une tisserande Maya,une lanière ceint l’ouvrière et ce sont ses reins qui exercent une traction pour tendre le métier. Le reste des accessoires est semblable au dessin précédent et la pièce du tissu coloré obtenu est visible, étendue sur la palissade.

La description précédente, bien qu’elle ne prouve rien, me semble renforcer l’hypothèse formulée, et j’en serais volontiers resté là, laissant à chacun le soin de se faire une opinion.

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Or, voici qu’à l’occasion d’une visite du très intéressant musée consacré à la ville gauloise de Bibracte, au mont Beuvray, je suis tombé en arrêt devant un métier à tisser gaulois (photo ci contre) dans lequel j’ai trouvé bien des similitudes avec le produit de mon imagination ; tout y est : la position verticale, les potences-corbeaux (ici en bois), la haute "lisse" reposant sur les potences, les poids (ici multiples) tendant la chaîne, et la navette manuelle simple...

Bien que conforté dans mon opinion sur le sujet, je n’y serais sans doute pas revenu, car quelques amis du Roy Guillaume m’avaient objecté que Tournus n’avait pas, que l’on sache, une réputation ancienne de ville de tissages...
Et pourtant ! ...grâce à l’association "Pays Mâconnais -Terre de mémoire", [7] j’apprends maintenant que toute la rive de la Saône entre Tournus et Mâcon était une grande productrice de chanvre, que les fileurs locaux vendaient en écheveaux de différentes qualités, sur les marchés des grandes villes voisines.

Le principe de complémentarité " filage >< tissage ", encore très artisanaux au XVI°siècle semble donc étayer un peu plus, ce qui, en l’absence de preuve concrète, ne restera malgré tout qu’une dernière hypothèse.

Et les corbeaux ?

Dans l’inventaire des maisons à potences percées de Tournus, j’ai inclus celles qui possédaient également des "corbeaux" que je qualifiais ’échancrés", faute d’un meilleur adjectif. Et de mentionner leur présence sur trois faces de la haute tour médiévale de l’ancien Hôtel Bureteau, en précisant que ces ornements étaient inaccessibles depuis l’intérieur du bâtiment.

Or voici qu’en feuilletant un catalogue de mes anciennes peintures, je remarquai que j’avais dessiné des corbeaux semblables sur un des bâtiments qui forment la ceinture de l’Abbaye : la maison Boudier, jouxtant par une tour à l’ouest, l’Hôtel du Trésorier.(Reproduction ci-contre)

Vérification faite sur place, il faut constater qu’il s’agit bien de trois corbeaux semblables aux précédents cités, situés sur une ligne horizontale à environ un mètre sous la rive du toit, sur un mur aveugle haut de trois étages, et donc inaccessibles depuis l’intérieur, et difficilement atteints par l’extérieur.

Manifestement, la présence de ces "corbeaux échancrés" ne peut être expliquée par aucune des hypothèses analysées précédemment. Leur forme et leur emplacement, sur les façades, suggèrent une autre utilité.

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Corbeaux inutiles ??...

Avec toutes les réserves d’usage, j’en propose l’explication suivante :

Selon Meulien, avant un arrêté municipal de 1852, la couverture des constructions tournusiennes se prolongeait par un avant toit, long parfois de plusieurs mètres et cause de fréquents accidents.

Nous ignorons si cette particularité, (d’origine bressane ?) était propre à Tournus ; toujours est-il que le poids du chevronnage et des tuiles devait obligatoirement être supporté par des pannes prenant appui : soit sur des piliers formant galerie passante, soit sur des jambes de forces reposant elles-mêmes sur les dits corbeaux, ou, plus probablement sur une poutre les joignant.

L’examen attentif de tous les emplacements des corbeaux échancrés de Tournus et les photo et dessin ci-dessous confirment et justifient ce mode de construction.

Si cette hypothèse était vérifiée, nous pourrions donc disjoindre l’étude des "corbeaux échancrés" de celle des "Potences" de Tournus qui, malgré tout ce qui précède, garderont encore pour beaucoup, leur mystère.

Pour conclure...

Je savais bien en commençant cette étude qu’elle ne se terminerait pas sans quelques points d’interrogation. Je n’avais d’ailleurs pas la prétention d’apporter une réponse à un problème que seule la découverte fortuite de documents d’époque pourra résoudre.

Mais par un regard d’artiste et de technicien, de pêcheur, de constructeur occasionnel, j’ai seulement voulu intéresser mes lecteurs par des documents sérieux et vérifiables, exciter leur curiosité, et peut-être susciter la vocation de celui ou celle qui nous apportera la solution, avec des documents retrouvés dans quelque archive lointaine.

A mes yeux, et jusqu’à preuve du contraire, les potences percées sont spécifiquement tournusiennes, même si on signale ici ou là quelques objets semblables.

Elles participent discrètement au mystère et au charme de la ville, tout en étant souvent ignorées des tournusiens eux-mêmes...


Voir en ligne : Société des Amis des Arts et Sciences de Tournus.


[1Cette dénomination est amicalement contestée par quelques amis, qui récusent le terme de « potence », préférant celui de « console »... ces consoles existeraient selon eux à Mâcon et dans de nombreuses villes du Val de Saône...

[2Il m’a été signalé la présence de potences semblables à St Amour pour suspendre la laine fraîchement teinte. Egalement à Uchizy, dans la rue centrale, à Loisy, mais sans information sur leur utilité.

[3L’utilité (tissage ou réparation de filets) suggérée dans le dessin hors texte est hypothétique, mais plausible.

[4Pris par le maire de l’époque M. Bolot... (H.Meulien, Histoire de Tournus)

[5Historiens et chroniqueurs, auteurs de nombreuses communications, consultables à la Bibliothèque Municipale de Tournus

[6Il n’est pas inutile de rappeler que la fonction première des grandes tapisseries qui ornaient les murs des châteaux et maisons bourgeoises du Moyen Age était d’atténuer le rayonnement glacial des murs de pierre, enduits ou non...

[7"Pays Mâconnais - Terre de mémoire" Association. Contact : P.Dumoulin Les cours Thibaut 71260 PERONNE

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19 Messages

  • Baies, linteaux et voussures… (11e épisode) 11 octobre 2015 13:08, par Daniel Broutier

    Bonjour,
    Je suis président des Amis du vieil Arbresle et de la région arbresloise au sud du Beaujolais et nous possédons aussi ces corbeaux et potences dans la ville et sa région. Comme à Tournus et ailleurs ils se trouvent uniquement sur des façades du XVIe. Nous sommes une ancienne région à chanvre avec des marchés et des foires de cette marchandise jusqu’au XIXe. Il y a trente ans de cela, lors d’une visite guidée un professeur américain d’histoire nous a expliqué qu’il s’agissait d’un système de séchage du fil de chanvre après l’étape du rouissage. Il semble que ces corbeaux se trouvent dans d’anciennes régions de production de cette matière ?Qu’en pensez vous ?

    Répondre à ce message

  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 23 novembre 2012 11:20, par Jas

    Un grand merci pour votre recherche très détaillé, la même énigme se pose à Venise comme le signale Christophe.
    Si on met toutes les hypothèses en face de tous les lieux où l’on trouve ces pierres ... ne reste de commune que celle de mats horizontaux pour y pendre des bannières les jours de fête.
    En attendant une nouvelle hypothèse ...
    Cordialement
    Jas

    Voir en ligne : http://www.campiello-venise.com/ven...

    Répondre à ce message

  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 17 octobre 2012 17:12, par MOULIN

    Je reviens d’un voyage en CROATIE et nous avons observé dans la ville de SIBENIK des maisons avec en façade des potences percées. On nous a donné comme explication qu’on les utilisaient pour suspendre des linges humides devant les fenêtres pour raffraichir les maison (sorte de climatisation).

    Répondre à ce message

  • Cet article est très intéressant et d’une certaine façon s’adhère assez à l’idée du pavoisement, en effet dans notre gros bourg de Pont-en-Royans (Isère) qui fut jadis trés actif et commerçant, on trouve des corbelets correspondant à ce que vous avez défini comme type 6. Ils se situent effectivement sur ce qui fut de belles maisons. Généralement au troisième niveau, voir quatrième niveau de la maison, de chaque côté de fenêtres mais légèrement en dessous. Ces corbelets se trouvent sur des façades donnant sur la rue, la place, la rivière, généralement exposés sud mais il reste des éléments sur une maison côté nord. Les gens du pays n’ont aucune histoire à raconter sur ces éléments, le patrimoine de l’Isère ne sait rien non plus. Ces corbelets ne dépassent pas l’avant toit, ils sont en pierre mais pour deux maisons en bois.
    Ils m’intrigue et je vais continuer à fouiller mais si vous avez des informations plus récente je suis très intéréssée.
    Merci de cette étude

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    Répondre à ce message

  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 6 mai 2010 11:04, par Jacques Auguste Colin

    Un grand merci et mes salutations amicales à tous,

    J’ai lu avec attention toutes les réactions des sympathiques correspondants qui se sont intéressés à ce que j’appelle l’énigme des potences de Tournus...

    Je pense que tous conviendront qu’aucune des hypothèses émises n’offre d’explication certaine et définitive sur la présence, le pourquoi et le nombre élevé de ces potences à TOURNUS...

    Je voudrais attirer l’attention de ceux qui cherchent, sur un détail, signalé dans mon texte, qui doit avoir une certaine importance :

    Dans toutes les maisons dites "gothiques" ( appellation discutable..!) datables des XV° ou XVI° siècles, les potences sont constituées par une pierre taillée, monolithe d’environ un mètre de longueur, insérés dans la maçonnerie en même temps que l’édification de la maison et non à posteriori...
    Il me paraît donc certain que ces appendices particuliers faisaient partie du projet de construction du maître d’oeuvre, probablement lui-même maçon-entrepreneur, (on ne parlait pas alors d’ "architecte".. ). Il résulte de cela qu’il doit y avoir une raison première pour l’invention de ce dispositif.. !

    Dans les maisons porteuses de potences que nous avons visitées, seules les façades présentent un intérêt architectural, témoignant d’une relative aisance des propriétaires. Le reste de la construction n’étant que volume à vivre, sur un ou plusieurs niveaux, sans autre recherche architecturale que dans la réalisation des Baies, Linteaux et voussures, et parfois des âtres de cheminée...

    C’est cette aspect du problème qui m’a fait demander à l’administrateur du site, Thierry, d’insérer à nouveau cet article dans le série « Baies, Linteaux et Voussures » qui, je le rappelle, n’a d’autre ambition que d’inviter à porter un regard simple, candide mais enrichissant, sur la manière de construire de nos ancêtres.
    Je crois que la résolution de cette énigme ne pourra être apportée que par la découverte de vieux grimoires corporatiste ou maçonnique opérative de cette époque lointaine… Affaire à suivre.. !

    A bientôt je l’espère, sur ce site, et encore merci à tous

    Jacques Auguste Colin (cogeac@@wanadoo.fr)

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    Répondre à ce message

  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 23 mars 2010 05:03, par Benoît Faure-Jarrosson

    Félicitations pour votre recherche. Voici quelques arguments en faveur du pavoisement :

    1 – Ces potences ont été placées dès la construction des maisons et il s’agit largement de maisons de notables, puisque elles comportent des fenêtres à croisillon, etc. Dans l’esprit du XVIIe siècle, l’élite se définit par l’absence d’activité manuelle. Il me semble tout à fait contradictoire, dans l’esprit du temps, de se faire construire une belle maison dans la rue principale et d’y étaler un métier trivial.

    2 – A l’inverse, le pavoisement est alors usuellement à la charge des occupants. C’est donc l’occasion d’exhiber ses belles tentures, tapis et tapisseries. Cette fonction ostentatoire est, par contre, tout à fait cohérente avec la construction d’une maison de notable. Je vois que l’abbaye a été sécularisée en 1623 : les religieux sont devenus des chanoines qui pouvaient se faire construire une maison en ville et ont peut-être été quelques commanditaires des maisons à potence.

    3 – Les archives lyonnaises montrent que les rues sont « tapissées » principalement lors des processions religieuses ou des processions civiles que sont les entrées dans la ville de grands personnages. Le pavoisement est donc souvent synonyme d’un itinéraire. Cela est cohérent avec la disposition des maisons à potence dans Tournus, entre les deux églises (une autre a été détruite). Voir par exemple les délibérations consulaires de Lyon de 1667 (f°157) « les rues ou passera la procession du saint sacrement qui se fera en Bellecour au sujet de l’établissement de l’adoration perpétuelle du très saint sacrement seront tapissées et nettoyées de tous immondices »

    4 – Sans être spécialiste du sujet, il y avait à Tournus des processions, apparemment pour la Saint-Philibert et pour la Fête-Dieu, qui parcouraient la ville. En 1573, on fait une procession suite à une grêle extraordinaire. On peut imaginer aussi des festivités en 1613 ou 1614, quand le cardinal de La Rochefoucauld, abbé de Tournus, y fit un séjour (Chifflet, Histoire de l’abbaye royale et de la ville de Tournus, 1664, p. cclxvii).

    5 – L’hypothèse des métiers à tisser se heurte à plusieurs autres arguments. 1° la laine redoute l’humidité. Il n’est donc pas possible de laisser le travail dehors, même protégé de la pluie par une avancée de toit, ne serait-ce qu’à cause de la condensation nocturne (même en Turquie ou en Afrique du Nord, il me semble que le travail se fait à l’intérieur) 2° le travail à l’extérieur serait difficile pendant l’hiver qui est justement la période où l’agriculture laisse le temps pour des travaux à domicile. 3° des métiers à tisser de la dimension d’une façade de maison ne pourrait servir qu’à fabriquer de grandes tapisseries. Avec des dizaines de métiers, les tapisseries de Tournus auraient dû être connues. Or, on n’en trouve pas la moindre trace. Je n’en ai jamais vu dans les inventaires après décès lyonnais du XVIIe et XVIIIe siècle où l’on n’évoque que des tapisseries beaucoup plus lointaines (Flandres, Aubusson, Bergame).

    Benoît Faure-Jarrosson

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    • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 25 juin 2010 21:39, par Christophe

      Bonjour,
      J’avais entendu parler de ces pierres percées, vues à Venise et qui font partie des énigmes de cette ville, comme il est relaté dans le livre de Alberto Toso Fei "VeneziaÆnigma".
      http://www.stanfords.co.uk/stock/veneziaenigma-176884/

      Eux-mêmes se posent la question sur l’utilité de ces pierres !

      C’est en cherchant dans la peinture italienne du XVIe et XVIIIe sicle que l’on trouve une piste de réponse, qui abonde dans le sens des pavoisements cités plus haut, ou tentures de protection solaire.

      Ci-joint photo extraite du livre de Toso Fei.

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  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 21 mars 2010 07:52, par crv

    Des structures similaires sont courantes sur les façades des maisons de Venise et de Vénétie, je n’en connais pas l’origine.

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  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 20 mars 2010 18:45, par evariste

    Bonjour,
    La description des "potences" de Tournus m’a immédiatement fait penser à des images de voyages : plusieurs maisons dans de petites rues de Dubrovnik (en Croatie) présentent des "potences" trouées qui ressemblent tout à fait à ce que vous décrivez. Cela ne résoud pas l’énigme : le séchage des filets de pêche ou de poissons aussi bien que le métier à tisser sont plausibles ; je vous joins une photo.
    Cordialement.

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  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 20 mars 2010 18:07, par Thierry

    Votre recherche est passionnante et l’on voit que vous avez cherché à résoudre cette énigme en relevant un maximum d’informations pour pouvoir échafauder des hypothèses en toute connaissance de cause. Mes sincères félicitations.
    J’aime beaucoup ce genre de défit.

    Ingénieur textile de formation et ayant fait toute ma carrière dans cette industrie, l’hypothèse "textile" m’intéresse tout particulièrement, vous le comprendrez !

    J’ai eu la chance de voyager toute ma vie, pour des raisons professionnelles, et bien entendu j’ai toujours attaché beaucoup d’importance aux textiles traditionnels dans les très nombreux pays où j’ai exercé. Fort de cette expérience, j’ai le regret de vous dire que je n’ai jamais vu de métiers à tisser à chaine "continue", c. à d. que les deux extrémités de chaque fil de chaine seraient nouées l’une à l’autre. Ceci pour la bonne raison que la force exercée pour tasser la trame par le peigne (élément indispensable du tissage) ferait continuellement "tourner" la chaine.Cela ne serait pas du tout pratique et générateur de défauts surtout pour la densité du produit tissé. Tous les métiers (à ma connaissance bien entendu) ont une chaine enroulée sur une bobine (l’ensouple), qui, une fois tissée s’enroule sur un rouleau (rouleau toilier). Il existe aussi des métiers dont chaque fil de chaine est attaché en haut et en bas sur un cadre pour les métiers dit "à haute lisses" tels certains métiers pour tapis ou tapisseries encore que la majorité de ces derniers ait aussi une ensouple et un rouleau.

    En revanche, pour rester dans le textile, on pourrait imaginer que le système tel que vous le décrivez pouvait servir à préparer la chaine pour un tissage sur métier à tisser traditionnel. Pour obtenir une pièce de tissu la plus longue possible il faut une chaine la plus longue possible et cela devait poser problème à l’époque. En Afrique les tisserands préparent leurs chaines en déroulant le fil d’une bobine et le passant sur deux piquets de bois plantés d’une extrémité à l’autre de la cour de leur maison. Ils font autant de passages autour des piquets que de fils nécessaires en largeur de tissage. Seulement leurs tissus sont très étroits (un trentaine de cm environ).
    Nos ancêtres avaient sans doute les mêmes problèmes.
    C’est pourquoi j’ai pensé qu’en enroulant un fil entre un axe cylindrique placé dans les ouvertures des corbeaux et un axe en bas activé par une manivelle, on pouvait, en déplaçant ce fil au fur et à mesure de gauche à droite (ou l’inverse), former une "nappe" de fil "fermée". Il suffisait, lorsque tout le fil était enroulé, de couper cette nappe et de l’enrouler sur une ensouple. Les métiers à tisser n’étant pas très larges à l’époque, on pouvait préparer une nappe de fil sur toute la façade de la maison et la fractionner en autant de laizes nécessaires.
    Tout ça, bien entendu n’est que pure hypothèse...

    J’ai essayé d’être le plus clair et le plus simple possible pour m’expliquer. J’espère avoir réussi(?) en apportant ma modeste contribution à votre passionnante énigme.

    Enfin, il serait aussi intéressant de savoir si toutes les maisons, comportant ce type de corbeaux "à œil", sont destinées à un même niveau social. En effet, l’industrie du textile (pour rester dans ce domaine)était l’apanage d’une confrérie d’artisans d’un niveau social plus ou moins identique. Pour caricaturer, si l’on retrouve ce type de potence sur une riche bâtisse ainsi qu’une maison plus simple, notre hypothèse s’effondrerait. N’est ce pas ?
    Je reste à votre disposition si vous le souhaitez.

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  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 20 mars 2010 12:18, par Janodet Daniel

    Il existe les mêmes dispositifs dans certaines rues anciennes de Saint Amour dans le Jura, l’hypothèse des tanneurs y est avancée, mais il est vrai que l’odeur qui devait régner va à l’encontre de cette idée.

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  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 20 mars 2010 08:45, par sergedurand

    Je n’ai aucune connaissanses, en ce domaine, et après lecture et réflection de l’article, voilà ce que j’en conclu : les potences devaient servir aux séchages des filets et de leurs réparations éventuelles. Et les différentes pierres ornées étaient certainement pour reconnaître les familles de pêcheurs.
    Enfin c’est purement personnel.

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  • Baies, linteaux et voussures… (10è partie) 18 mars 2010 20:58, par Isabelle

    Pourquoi ne pas penser que ces potences, pouvaient servir a hisser les barques des pêcheurs ou des habitants.Il y avait peut-être eu des crues telles, que le village détruit puis reconstruit plus tard et sur la mémoire des anciens,les nouveaux batisseurs ont inventé un système pour pouvoir se sauver lors d’une crue ou sauver tout simplement leur matériel de pêche.Ne pouvait-on s’en servir de "remise" pour l’hiver, filets de pêche et matériel à l’intérieur a défaut d’un hangard.

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  • > Les Maisons à Potences de Tournus 20 avril 2007 16:07, par Jean-Louis MARSSET

    Bien intéressant !
    Voila ma participation pour épaissir le mystère : Le livre "Habitat rural du Clos du Cotentin" publié par les Amis du musée de la Glacerie présente page 203 une photo de maison à potence qui rentre parfaitement dans le cadre de vos descriptions, sauf qu’elle est située dans le Cotentin, c’est à dire le nord du département de la Manche !
    Peut-être un élément pour éliminer des hypothèses trop liée à une activité locale ?
    J’envoie séparément la photo à Thierry Sabot.

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    • > Les Maisons à Potences de Tournus 25 avril 2007 01:25, par Jacques Auguste Colin

      Bonjour
      Merci pour votre apport et la photo reçue via Th Sabot. Je possède également des photos de maisons à potences prises dans la vallée de la Saône, du Rhône, étang de Tau... Mais nulle part ailleurs je n’ai retrouvé une concentration telle qu’à Tournus, où l’on se dispute encore sur leur utilité première... D’où mon étude, que j’ai voulu la plus exhaustive possible, localement parlant.
      Pour ce qui est des hypothèses, dont celle "des harengs", je vous renvoie au passage de mon texte : "...à partir du fait que les perches existaient, il est fort probable qu’on y a suspendu parfois toutes sortes de produits à soustraire au toucher ou au vol, ou pour faire sêcher ou abriter..." mais on ne peut croire que ce fut la raison première de l’insertion des potences lors de la construction...
      La question reste donc posée..!
      Cordialement J.A.C.

      Une plaquette "Les Maisons à Potences de Tournus" éditée par mes soins a fait l’objet
      d’un dépôt légal à BNF ISSBN 2-9512567-3-6 décembre 1999.
      L’etude a été publiée également dans le Bulletin 1999 de la S.A.A.S.Tournus

      Voir en ligne : catalogue Atelier de la Pêcherie

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