Nous avons reçu il y a quelques jours des nouvelles de Moulins. Gaston nous disait que maman était arrivée à Lyon après un long voyage, il nous racontait le trajet, avec plan à l’appui, qu’il avait fait en bicyclette pour se rendre aux grandes manœuvres parcourant ainsi 160 km. Cette promenade l’avait émerveillé, car il a vu les tirs d’artillerie, le matériel et l’installation de la télégraphie sans fil, ainsi que le dirigeable République, qui depuis ce matin, est anéanti ; malheureusement l’explosion et la chute ont coûté la vie à ces pauvres officiers qui le pilotaient ; le problème de la navigation aérienne n’est pas encore solutionné. [1].
- Le ballon dirigeable "République"
Gaston Deroubaix raconte ...
Vous avez sans doute reçu la terrible nouvelle de la catastrophe du dirigeable "La République" qui vient de faire tuer les quatre hommes qui le montaient. Voilà ce qui arriva.
- La nacelle du dirigeable militaire "République"
Il était 7 heures. Une foule considérable au Pont de la Paillasse. A 8 h 25 le dirigeable était en vue du pont. Quand il passa au dessus de nous, nous nous mîmes à crier, et les hommes du dirigeable nous rendirent notre salut en nous faisant signe de la main. (Ils étaient joyeux et ne pensaient être si près de la mort), de là il passa au dessus de la ville et partit en direction de la route de Paris. Arrivé à Champfeu (après le cimetière) les aéronautes voulaient atterrir, mais ils ne le purent, alors ne pouvant atterrir, l’hélice lâcha, et par la force dont elle tournait , et monta et creva le ballon qui, n’ayant plus de gaz, descendit à une vitesse effroyable d’une hauteur d’au moins 100 à 120 mètres. Quand les premiers secours arrivèrent, il n’y avait qu’un amas de ferraille d’où sortaient de ci de là des lambeaux d’étoffe (dont je vous envoie un morceau).
- Catastrophe du dirigeable "République" : le général Roques examine la déchirure de l’enveloppe
Et dessous plus de 4000 kg de matériel gisaient les corps des 4 pauvres hommes. Immédiatement que la nouvelle fut répandue dans Moulins une foule de benacénistes, d’autos, de voitures coururent sur les lieux. Quand j’y suis allé, à 11 heures on ne pouvait plus approcher les décombres, mais j’ai pu grâce à quoi je ne le sais pas, je pus avoir un morceau de l’enveloppe. Et comme j’ai pensé que cela vous ferait plaisir je vous en ai coupé un morceau en souvenir. Les rues de Moulins sont pavoisées de drapeaux avec le crêpe, chez nous nous en avons mis un. Les funérailles auront lieu demain matin à 10 h. Je vous enverrai des cartes de la catastrophe quand je pourrais en avoir. [2].
PortFolio :
Versailles, funérailles nationales des victimes du dirigeable République
le 28 septembre 1909
Liens :
Sources :
- Archives familiales
- Illustrations (collection personnelle).