- Joseph Pujol entre 1914 et 1919
Mon grand-père Joseph PUJOL est né le 23 octobre 1884 à Rabat Les Trois Seigneurs en Ariège. Avant lui, son père Joseph Faustin « Amelot » PUJOL sabotier de son état était aussi né à Rabat où il s’était marié avec Eliza PAGES. Ses grands-parents paternels s’appelaient Jean PUJOL dit « gentil forgeur » et Marcelline BLAZY. Il est probablement allé à l’école car j’ai une carte postale qu’il a écrite pendant la grande guerre à son épouse Jeanne, ma grand-mère.
Il a appris le métier de sabotier, probablement avec son père tout d’abord, puis il a pris la route qui l’a conduit en Gironde notamment à Sauveterre de Guyenne où il a passé le conseil de révision en 1904 [1]. Il a été incorporé, après tirage au sort (N° 27), dans le canton de Tarascon au 59e RI le 10 septembre 1905. Il a été réformé temporairement le 3 avril 1906 pour maladie, rappelé au corps le 20 avril 1907 et envoyé en disponibilité le 1er mars 1908. Il a alors résidé à Langoiran en Gironde où il a travaillé chez Daniel Zéphirin sabotier. Je pense que c’est dans ce village qu’il a rencontré celle qui allait devenir son épouse et ils se sont mariés le 2 janvier 1909 au Tourne. En juillet 1910, il résidait dans la région de Pau à Aramits chez Ader. Je ne sais si son épouse et sa première fille Marie née le 21 septembre 1909 l’ont suivi dans ce déplacement. En juin 1912, il résidait à Libourne chez Monsieur Richard 80 rue Montaudon et en juillet 1913, il revenait à Langoiran [2].
Est arrivée « La Grande Guerre ». Son régiment avait été mobilisé à Saint-Gaudens le 2 août 1914 et il est arrivé au 59e RI le 4 août. Il a fait campagne contre l’Allemagne « à l’intérieur » puis dans la réserve au 283e RI à compter du 15 avril 1916 en campagne « aux armées ». Des noms mythiques résonnent en moi, Verdun, Le Chemin des Dames. Une citation lui a été décernée pour son action du 17 septembre 1916 dans l’enfer de Verdun face à l’ouvrage de Thiaumont et dans le Bois de Vaux Chapitre.
Il était signaleur, c’est-à-dire qu’il agitait des fanions de différentes couleurs pour communiquer avec l’artillerie pour, par exemple, lui demander d’allonger le tir, et avec l’avion signaleur. Par le journal de marche de son régiment, j’ai appris qu’il s’est battu dans le secteur du Chemin des Dames entre le Panthéon et l’Epine de Chevregny en août et septembre 1917 après avoir été muté au 8e régiment du génie depuis le 17 avril de cette même année. Le 7 octobre 1918, son régiment a été décoré de la fourragère avec Croix de Guerre. Mais que sont ces breloques au regard des souffrances endurées pendant toutes ces années ? Je ne sais pas s’il a eu des permissions pour venir voir son épouse et ses deux filles. Comment et dans quel état est-il revenu de cet enfer ? J’en ai malheureusement une petite idée par son goût par trop immodéré du vin, drogue que l’on l’a obligé à prendre pour lui donner du courage. Il a été démobilisé le 7 mars 1919. Depuis 1905, avec les périodes militaires qu’il a faites en 1910 et 1912, il a donné à la patrie près de huit années de sa jeunesse qui a été passablement abimée par les épreuves qu’il a endurées. Mais la vie a repris et il s’est installé à son compte comme sabotier à Haux près de Langoiran en Gironde.