De septembre 1434 à août 1435, Gilles de RAIS séjournait à Orléans où il faisait représenter le "Mystère d’Orliens", qui fit jouer des centaines de personnes. Cette oeuvre (d’un inconnu ?) de 20.529 vers coûta à Gilles plus de 80.000 écus d’or. Une fortune !
(Madame Régine Pernoud disait qu’il prit à sa charge "quelques tréteaux" !)
140 personnages défilaient sur scène, sur une sorte de podium installé près du pont, et les costumes ne devaient être portés qu’une seule fois !
Ce grand seigneur, compagnon de Jehanne la PUCELLE, maréchal de France à 24 ans, fut aussi le plus sombre des tueurs et des pédophiles, et on lui fit un procès à Nantes, où il fut condamné à mort.
A Orléans, il dépensait sans compter, et les habitants regrettèrent son départ. Il se déplaçait avec une suite énorme, et avait même une "chapelle", avec chantres, chorale et chanoines, plus encore sa maison militaire.
Il fallut loger tout ce monde à Orléans.
Gilles était logé à l’hôtel de la Croix d’Or, et son frère, René de La SUZE, au Petit-Saumon.
Doyen, dignitaires et chanoines de sa chapelle à l’Ecu de Saint-Georges. Les chantres chez Jehan FOURNIER, à l’Enseigne de l’Epée.
Les hérauts d’armes, le capitaine d’armes, quatre chevaliers, l’armurier, le trompette et leurs compagnons en quatre auberges : la Tête Noire, le Grand Saumon, la Coupe et l’Image de Sainte-Marie-Madeleine.
Ses serviteurs et ses valets en trois hôtels.
Il avait fait garder ses chariots et loger ses chevaux à la Roche-Boulet et à l’Enseigne du Fourbisseur.
Quelques auberges encore pour ses invités et le reste de sa suite.
Il y eut quelques problèmes avec la justice du duc d’Orléans, comme pour Noël Le COUTURIER, "serviteur de Monseigneur de RAIS", qui fut alors condamné à une amende de 16 sous "pource qu’Estienne GALU, sergent de Monseigneur le duc, naguère vouloit faire l’exécution, en l’ostel de la Tête Noire ouquel ledit Noël estoit logié, pour la taille de l’église, ledit Noël s’est adressé oudit sergent et lui a dit qu’il n’estoit que pilleux et qu’il n’emporteroit rien dudit ostel, et tira sa dague et fist plusieurs aultres rebellions".
Gilles de RAIS, incapable de rembourser Jacques BOUCHER, trésorier du duc d’Orléans à qui il devait 192 pièces d’or, "pour cause de prest à luy faict de nouvelles dettes et en oultre aultres sommes qu’il doit, tant en or et en argent comptant, comme en vins et aultres denrées... à paier avant que ledit seigneur parte d’Orliens", il lui laissait en gage "ung cheval bayard à longue queue qui est ès mains de Colin Le GODELIER, avecques ung cheval noir appelez Cassenoiz et huit chevaulx de harnois garnis de harnois".
On sait ce qu’il advint ensuite de Gilles. Sa fortune dilapidée, ses erreurs commises contre le Clergé, et surtout les très nombreuses disparitions d’enfants et leurs meurtres sauvages, tout cela allié à la pratique de la sorcellerie et de l’alchimie, lui valurent son arrestation, sa condamnation à mort après un procès dont la lecture soulève le coeur, et son exécution sur une île de la Loire, près de Nantes.
Il est curieux de constater que Jehanne fut amie de cet homme, dont elle ne soupçonnait certainement pas les dérives.
Jehanne avait marqué Gilles, et il lui vouait une affection particulière. Le charisme de celle-ci et le fait qu’elle ressemblait physiquement à un jeune garçon, un jeune page, y sont-ils pour quelque chose ?
Toujours est-il qu’à Orléans, après les évènements de 1428-1429, Gilles se souvint d’elle et fit jouer ce spectacle, durant pas mal de temps, sur les lieux mêmes des combats, risquant de se ruiner, et c’est d’ailleurs ce qui arriva. Il ne pouvait déjà plus rembourser au trésorier du duc les sommes empruntées.
Pour servir à l’histoire d’Orléans.
(d’après recherches personnelles à la Médiathèque d’Orléans).