Un ouvrage d’art romain remarquable
Le pont romain (pont Flavien) de Saint-Chamas est le monument le plus connu de la ville, mais aussi sans doute le plus aimé.
Car n’est-il pas le témoin de longs siècles d’histoire ?
L’histoire de mes ancêtres de St Chamas...
Franchissant la Touloubre (petit rivière qui nous vient du pays aixois) juste avant son embouchure, le pont Flavien est un ouvrage d’art romain remarquablement conservé, sur la route qui reliait Marseille à Arles par la rive nord de l’étang de Berre.
Il se compose d’une arche unique en grand appareil de calcaire jaune, qu’encadrent deux arcs jumeaux en pierres blanches de Calissanne.
Au-dessus des pilastres corinthiens qui flanquent les baies, des aigles qui tiennent une couronne dans leurs serres encadrent une frise de rinceaux.
Quatre lions se dressent aux extrémités des entablements, un seul est antique.
Les autres ont été remplacés au XVIII par le sculpteur aixois, Chastel.
Ce pont mesure 22 mètres de long entre les arcs, près de 6 mètres de large, lance son arche unique en plein centre d’un rayon de 6,50 mètres à quelques 6 mètres au-dessus de la Touloubre.
- Le pont Flavien
Pont Flavien ou pont Surian
Le Pont Flavien fut bâti par les Romains au I° siècle av JC sous l’empereur Auguste (son règne, âge d’or du classicisme romain, sera connu dans l’histoire comme le siècle d’Auguste).
Sur la face externe de chaque arc du pont, la même inscription :
"L. DONNIV C. F. FLAVUS FLAMEN ROMAE ET AVGVSTI TESTAMENTO FIEREI IVSSI T. ARBITRATV C. DONNEI VENAE ET C. ATTEI RVFEI"
Qui était ce Flavus ?
Certains auteurs avancent la théorie selon laquelle Flavus, prêtre du culte de l’empereur Auguste, aurait commandé le pont dans son testament.
D’autres pensent que Flavus était un généreux notable d’origine indigène ayant reçu la qualité de citoyen romain avec les privilèges que cela implique, puisqu’il portait trois noms à la romaine :
Prénom : Lucius
Nom : Donnius
Surnom : Flavus
D’où l’appellation Flavien. Ce riche notable aurait fait don de ce superbe pont à ses concitoyens lors de son décès.
Ce pont est d’abord un ouvrage utilitaire, mais la symbolique de son décor lui confère avant tout un caractère funéraire.
On donna aussi à ce pont le nom de pont Surian.
C’est d’ailleurs ainsi que mon arrière-grand-père le présentait à ces enfants et petits enfants... Fier sans doute que ce pont porte le même nom que lui...
Au XVII siècle, le manque d’entretien de la route et le roulement des véhicules à même la voûte du pont avaient amené l’usure de celle ci à un point critique, car il ne restait plus que 40 cm avant d’atteindre le vide sous la voûte. Ce qui paraît à peine croyable quand on sait que cet ouvrage était le seul de cette importance sur la Touloubre depuis l’antiquité.
C’est alors qu’un consul de la ville, nommé Surian, empêcha l’effondrement du pont en ordonnant des travaux de restauration, qui valurent à l’édifice de porter longtemps le nom de pont Surian.
Ce consul faisait donc parti de cette riche et bourgeoise famille Surian de Saint-Chamas où l’on dénombrait : un évêque, un maître chirurgien, et des propriétaires...
Le pont a donc longtemps été appelé pont Surian, en référence à la famille Surian.
Un pont témoin de l’histoire
Plus de 2 000 ans que le pont est le témoin de la vie de Saint-Chamas, des bons comme des mauvais moments de l’histoire...
Jusqu’au début du XXe siècle, il était un point de passage obligé de la route de Marseille à Arles.
Témoignage de sa fréquentation, le passage des attelages a laissé son empreinte.
La chaussée antique devait être pavée de dalles. Mais sans doute vers la fin de l’antiquité, le manque d’entretien amena ce dallage initial dans un tel état de dégradation que les véhicules roulèrent désormais au centre du tablier à même les claveaux (pierres taillées en forme de coin, fermant la plate-bande d’une voûte) les usant en ce point jusqu’aux deux tiers de leur hauteur.
Vers le XVII siècle, les Compagnons du tour de France ont gravé sur les piliers leurs noms (leroy, Belles, Vourles, Songeois, Laeoni, Lois, Laevule, Duhou), surnoms (Le Parisien, Aîné), la date de leur passage (1643, 1646, 1659) divers symboles (marteaux têtus de tailleurs de pierres, fers à cheval, un phallus).
En 1944 les troupes américaines renversèrent accidentellement l’arc nord de l’édifice...
Combien de conscrits, de jeunes hommes allant chercher leurs promises, de marins, de bagnards... le pont a-t’il vu passer ?
Combien de malades du choléra, de la peste le pont a-t’il vu mourir ?
Des années et des années à regarder nos ancêtres vivre, voilà la vie du pont Flavien...