Sous l’Ancien Régime et jusqu’à la Révolution, selon les provinces, le poids de la seigneurie ou celui de la collectivité, les paysans cuisaient leur pain soit dans un four individuel, soit dans le four communal ou soit par obligation dans le four banal appartenant au seigneur. Ce dernier, au nom du droit de ban, percevait une redevance, souvent en nature, mais il devait en contrepartie entretenir le four et le chemin qui y conduisait. Ce four banal était généralement affermé à des boulangers appelés fourniers. On cuisait pour la semaine, la quinzaine, parfois plus, de gros pains chargés de mie sous une grosse croûte afin d’assurer la plus longue conservation naturelle possible. « Les villageois devaient marquer leur pain en indiquant le jour du dépôt et donner une bûche de bois pour le cuire » (Nos ancêtres..., p. 54).
- Le four banal d’Urval (XIVe siècle)
-|- Photo Dominique Marsac -|-
Par crainte des incendies, les fours collectifs forment une construction indépendante des autres habitations. Comme dans l’exemple du four banal d’Urval (Dordogne), ils se présentent généralement sous la forme d’un petit bâtiment rectangulaire, construit en matériaux du « pays ».
- L’intérieur du four
-|- Photo Isabelle Jourdain -|-
Note : Les nobles et gens d’église, même le curé, sont sujets à la bannalité, quand la coutume ou le titre ne les en exceptent pas. Cependant, malgré le droit de four bannal, les gentilshommes et autres ayant fiefs dans l’étendue de la seigneurie bannière, peuvent faire construire des fours dans leurs maisons, et y faire cuire le pain de leur table, celui de leurs domestiques et métayers, de crainte que leurs farines ne soient gâtées par le transport : mais ils doivent le droit de cuisson de pain au seigneur bannier, afin de ne pas lui causer de préjudice. (...) Si ceux qui sont sujets au ban de moulin ou de four, après y avoir attendu vingt-quatre heures, ne peuvent pas moudre leur grain au moulin, ni cuire leur pain au four, ils peuvent aller ailleurs sans craindre de perdre leurs grains ou pains, ni encourir d’amende pour cette fois ; car les nécessités naturelles auxquelles la mouture et la cuisson remédient, ne peuvent pas souffrir un plus long retardement ; et celui qui est sujet à la bannalité est cru à son serment d’avoir attendu. (Louis Ligier, La Nouvelle Maison rustique ou économie rurale, pratique et générale de tous les biens de campagne, Paris, Chez Prévot, 1790. |
Sources :
- André Châtelain, Patrimoine rural, reflet des terroir, Paris, Rempart - Desclée de Brouwer, 1998.
- Meuniers & boulangers, les artisans du pain quotidien, dossier de la revue Nos ancêtres Vie & Métiers, numéro 2 juillet-août 2003.
- Maurice Langlois, Les gestes de la terre, Le Coudray-Macouard, Cheminements, 2002.