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Accueil » Articles » Histoire locale » Orléans, Jeanne d’Arc et sa famille » Le chevalier banneret Thomas de Scales

Le chevalier banneret Thomas de Scales

Participation des hommes de la garnison de la ville de Pontorson et de celle de Domfront.

Le mardi 2 mai 2006, par Jean-Pierre Bernard

Thomas de SCALES - Chevalier banneret - Capitaine de Pontorson et de Domfront.

Thomas de SCALES était un grand seigneur et un capitaine réputé chez les Anglais.

Selon les documents, on trouve son nom orthographié : d’ESCALLES - LESCALE, et même aussi SCALIE ou de SCALYS.

Seigneur de Nucelles, il avait des armoiries "de gueules à six coquilles ou écailles" - en anglais : scale - de Saint-Jacques en argent.

Il était chevalier banneret, la plus haute distinction en chevalerie, après l’écuyer, le chevalier bachelier et le chevalier, et avait donc le droit d’arborer une bannière en haut de son château et au combat. Cet élément permettait aussi à ses troupes, lors des batailles, de toujours savoir où était le chef, et de pouvoir se regrouper autour de lui.

Les chevaliers bannerets étaient en principe les plus riches, et ce sont eux qui pouvaient lever les troupes les plus importantes. Celle de Thomas de SCALES, pour le siège d’Orléans, était de 200 hommes, troupe déjà importante pour l’époque. C’est du moins pour ce nombre qu’il signe avec le duc de Bedford, Régent en France pour son neveu Henry VI, "qui se disait roi de France et d’Angleterre", une endenture (contrat d’engagement), le 23 décembre 1428, pour "50 hommes d’armes à cheval, lui compris, et 150 archers, pour servir au siège d’Orliens".

Chaque homme d’armes étant accompagné au moins d’un page et d’un coutillier (armurier ou valet d’armes), on peut dire que 50 hommes d’armes représentent 150 personnes. Avec les archers, cela fait environ 300 combattants.

L’armée anglaise était à cette époque la mieux organisée. De plus, ses archers possédaient le "long bow", un arc très puissant qui avait déjà fait ses preuves dans des batailles comme celle d’Azincourt, et qui était capable de percer les armures, clouant littéralement l’homme d’armes sur son cheval.

Le capitaine signait avec le roi, ou son représentant, une endenture, document en deux parties, dentelé (d’où le nom) où figurait de chaque côté le texte du contrat. On le déchirait ensuite en deux morceaux, celui signé par le chevalier conservé par le roi (ou l’administration) et celui signé par le roi conservé par le chevalier.

Corps de Thomas de SCALES

Stipulation d’une endenture enjoignant à T. de Scales, capitaine des ville et forteresse et Pontorson, de fournir un certain nombre d’hommes d’armes et d’archers, dans le cadre du siège d’Orléans.

« Jehan, Régent... Comme nous ayons ordonné et retenu nostre très chier et amé cousin, Thomas de Scales, chevalier banneret, capitaine des villes et forteresse de Pontorson, pour ung an fenissant le jour de Sainct Michiel qui sera l’an mil cccc vint et noef.

Parmi ce que il aura et tendra continuellement quatre vings hommes d’armes, sa personne en ce comprinse, et deux cens et quarante archiers, tous à cheval.

Et ou cas que, pendant ledit temps, la bastide d’Ardenon seroit réparée et habillée, ledit capitaine sera tenu d’y mettre pour la garde et deffense d’icelle trente hommes d’armes et les archiers....

Dont paiement luy sera faict des finances du duchié de Normendie, de quartier en quartier d’an, selon ses monstres et revues.

Donné à Rouen, soubz nostre sceel le 18è jour de septembre l’an de grâce 1428. »


Signé : Bradshawe

Bibl. Nat., Mss., vol. 26.051, n° 951.

Sur cette endenture, ce contrat, était précisé le nombre d’hommes d’armes et d’archers à fournir, le but de l’engagement, la solde correspondante, et parfois des stipulations particulières.
Les soldes étaient alors les suivantes :

  • chevalier banneret : 44 livres 15 sols 10 deniers tournois
  • chevalier et
    chevalier bachelier : 24 livres 15 sols 10 deniers tourn.
  • écuyer, H. d’armes : 14 livres 15 sols 10 deniers tourn.
  • archer, arbalétrier : 5 livres tourn [1].
Exemple de quittance de solde

Guillaume Glasdall, seigneur et capitaine anglais, signe une quittance pour la solde reçue, pour ses hommes, 110 hommes, lui compris, pour un mois. Dans le document, on cite T. de Scales.

« Saichent tuit que je, Guillaume Glasdall, escuier, bailly d’Alençon et cappitaine de 30 lances et les archiers, du nombre des 400 lances de nouvel retenus par mons. le Régent de France, duc de Bedfort, pour estre avec luy et servir le Roy nostres. au siège devant Orliens et ailleurs où il luy plaira.

Confessons avoir eu et receu de Pierre Surreau, receveur général de Normendie, la somme de huit cens quarante-trois livres quinze solz tournois en prest et paiement des gaiges et regars de moy, 29 aultres hommes d’armes et 80 archiers à cheval, de madicte retenue, pour leur service d’ung moys à la bastide et tour du bout du pont d’Orliens, pour ung moys commençant le 19è jour de novembre derrenier passé, et dont j’ay faict monstres aujourduy, à la dicte bastide, pardevant Thomas Dirthile et Richart Fortescu, escuiers, à ce commis par mess. de Suffork, de Talbot et d’Escalles
(On retrouve ici Thomas de Scales. Avec le comte de Suffolk et Jehan de Talbot, il était lieutenant du roi. C’étaient les trois chefs du siège après la mort de Salisbury).

Et paiemens à moy faict, par vertu des lectres du Roy, nostre seigneur, données à Chartres, le ... (?) dudit moys de novembre.
De laquelle somme de 843 livres 15 solz tournois dessus dicte je me tiens pour contens et bien paié, et en quicte le Roy, nostres., ledit receveur général et tous aultres.

En tesmoing de ce, j’ay scellé ceste présente quictance de mon seel, à la dicte bastide, le second jour de décembre l’an 1428 ».


British Museum, add. ch. n° 3636.

En garnison, un contrôleur passait en revue (on nommait cela une "montre") les troupes qui y étaient stationnées, tous les trois mois, et établissait un rapport précisant les présents, les manquants et le motif de leur absence.

"Sur les champs" (en campagne), la montre était faite en principe chaque mois, par des commissaires désignés, qui vérifiaient non seulement les hommes présents, par rapport à l’endenture, mais aussi si leur équipement et leur armement était adéquat. Il pouvait y avoir des amendes pour défaut d’équipement.

Exemple de pénalité infligée pour mauvais équipement

Suite à une montre de la troupe de Hue de Prez, bailli de Chartres, le 2/1/1429 au siège, pour 10 hommes d’armes, lui non compris, et 20 archers.

Lors d’une revue, trois hommes de la troupe de Hue de Prez, bailli de Chartres, travaillant avec l’armée anglaise, sont pénalisés pour un manque de casque. L’armée anglaise, très organisée, s’assurait ainsi du bon équipement des troupes qu’elle engageait.

« Quictance à Chartres, le 13 janvier 1429, montant 242 livres 18 solz 4 deniers tournois, en laquelle somme sont compris 60 solz tournois (soit trois livres) qui rabatuz luy ont esté par ledit receveur général, pour trois desdiz hommes d’armes défaillans à ladicte monstre de bacinet ou salade à visière, comme par ladite monstre appert, pour chascun d’eulx 20 solz tournois par moys dont ledit receveur faict recepte... ».

Les montres donnaient lieu à la rédaction d’un document, destiné aux trésoriers, pour que la solde puisse être élaborée.
On payait les capitaines. Ceux-ci avaient des clercs qui rétribuaient ensuite chaque homme en fonction de ce qui lui revenait.
Une quittance était alors établie, signée par le capitaine ou son représentant.

Thomas de SCALES, ayant été désigné comme l’un des chefs du siège, après la mort de Salisbury, touchait en plus des défraiements, pour cette fonction :

"A luy... pour soustenir et maintenir son estat, durant le temps qu’il seroit en ce que dit est au service du Roy... par chascun moys, la somme de 200 livres tournois, oultre et pardessus ses gaiges et regars [2]... à commencer ledit paiement du jour qu’il party de la ville de Chartres pour aller en la compaignie de mesdits. audit service, à paier de moys en moys... Commençans le 26 novembre 1428 jusques au 25 décembre 1428, premier moys. Quittance le 16 décembre 1428 pour 200 livres tournoys".

"A luy.... pour sondit estat du second moys de sondit service, finans le 25 janvier. Quictance le 18 janvier pour 200 livres tournoys".

La troupe de Thomas de SCALES était composée d’anglais venant d’Angleterre, d’anglais résidant en Normandie, et aussi d’hommes d’armes Normands.

Beaucoup de seigneurs normands qui ne voulaient pas se soumettre aux occupants anglais avaient été dépossédés de leurs fiefs, qui avaient été donnés à des anglais ou à des "faux français", souvent pour une redevance dérisoire et ridicule, comme une épée, une hache d’arme, voire "un chapeau de violettes à la Saint-Jean".

De Pontorson, ce sont 20 hommes d’armes et 60 archers qui vont partir pour participer aux évènements du siège d’Orléans. La garnison de la forteresse était importante, pour fournir (et se démunir provisoirement pour quelques mois) de tant de combattants.
Avec les pages et les coutilliers, ce sont probablement 120 hommes qui composent ce détachement.

Sans doute quittèrent-ils Pontorson fin septembre 1428, rejoignant le reste de la troupe de Thomas de SCALES.

Le 12 octobre 1428, Thomas de SCALES arrive sous Orléans avec Salisbury, alors général en chef. Il y revient le 1er décembre avec Jehan de Talbot (autre capitaine anglais réputé qui mourra à plus de 80 ans, à la bataille de Castillon, les armes à la main) après avoir été nommé lieutenant du roi, et enfin, le 30 décembre, pour s’installer avec la plus grande partie de ses troupes à la bastille de Saint-Laurent, à l’ouest d’Orléans.

Après la levée du siège, le 7 mai 1429, les troupes anglo-normandes se replient le lendemain à Meung-sur-Loire et Beaugency.
Ces hommes participent à la bataille de Patay, le 18 juin suivant, qui fut une défaite pour eux, devant les troupes françaises menées par la Pucelle.

Thomas de SCALES y est fait prisonnier.

Rançon de Thomas de SCALES

Extrait d’un acte notarié, passé devant Guillaume Giraut, notaire au Châtelet d’Orléans, concernant la rançon de T. de Scales, fait prisonnier à la bataille de Patay par Guion du Coing et S. de Martigné, et dont R. de Gaucourt, gouverneur d’Orléans, rachète les droits.

Extrait de l’acte :

Raoul de Gaucourt s’engage à payer 4.000 écus d’or, en échange des droits qui lui ont été cédés sur la rançon de « Scallie, Anglois » - 21 juin 1429.

« Monseigneur Raoul, seigneur de Gaucourt, chevalier, conseiller et chambellan du Roy, nostre sire, doit à Guion du Coing, escuier, la somme de quatre mil escuz d’or, en or, du coing du Roy nostre sire ; c’est assavoir : 3.000 du poys de 66 au marc, et 1.000 des escuz aient court de présent ; et promect en raison de délez hui faitz dudit escuier audit chevalier de la moitié de ses droits sur Scallie, Anglois, qui estoit prisonnier de guerre dudit escuier et du S. de Martigné, aussi escuier ; et des droitz et despens et aultres choses qui appartenoient audit Guion, si comme ilz disoient... et paier lesdiz 4.000 escuz..., telz que dessus sont diz, en la ville de Blois : 2.000 escuz desdiz 66 au marc, dedens le 15 de juillet prouchain venant, et les aultres 2.000 escuz dedens la feste Sainct Michiel prouchaine ensuivant, avec tous coustemens... Monseigneur Jacques de Dyden, chevalier, seigneur de Beaumanoir, s’est pour et à la requeste dudit Monseigneur de Gaucourt constitué pleige principal de bien rendre et payeur et accomplisseur... ».

Minutes de Guillaume Giraut, étude de Me. Fauchon, à Orléans.

On le retrouve à Rouen en septembre 1429.

C’était un capitaine aguerri. Il était aux batailles de Cravant et de Verneuil. En 1424, il est capitaine de Domfront (en plus de Pontorson) avec 60 combattants. Il l’est encore en 1433.

Trois ans après, il commande à Vire. Il est Vidame de Chartres - ou du moins en porte le titre - et sénéchal de Normandie en 1443.

Sa "retenue" pour la garde de Pontorson était importante : 80 hommes d’armes et 240 archers. De là, il tirera le détachement qui va aller à Orléans.

Suivons un peu la troupe de Thomas de SCALES :

  • Pour gaiges et regars de luy, chevalier banneret, 41 hommes d’armes à cheval et 99 archers. Pour un mois, du 27/12/1428 au 26/1/1429.
    Montre devant Jehan Popham et Richart Hankford, chevaliers, commissaires généraux (montre probablement vers le 23/12, à Meung ou Chartres).
    Quittance au siège, le 18/1/1429, pour 1.145 livres 16 sols 8 deniers tournois.
  • Pour gaiges et regars de luy, 35 hommes d’armes et 83 archers à cheval, pour service au siège d’Orliens, pour les 4 jours de janvier restant.
    Revue au siège, le 28/1/1429, devant Thomas Guérart, écuyer, et maître Raoul Parker (secrétaire du roi), commissaires.
    Quittance au siège, le 28/1/1429, pour 130 livres 6 sols 8 deniers tournois.
  • Pour gaiges et regars desdits 35 hommes d’armes et 83 archiers à cheval (et là on précise :"dont 20 lances, lui compris, et 60 archiers de sa retenue de Pontorson").
    Service au siège pour le mois de février 1429 (au prix de 6 livres tournois pour les archers, nouvelle solde pour eux à compter de ce mois).
    Revue au siège le 4/2/1429 - Mêmes commissaires.
    Quittance, le 27/2/1429, pour 1.060 livres 10 sols tournois.
    "... auquel fut ordonné par mondit seigneur le Régent envoyer et tenir au siège devant Orliens le nombre de 20 hommes d’armes et 60 archiers à cheval... de la garnison dudit lieu de Pontorson".
  • Gaiges et regars de luy, 19 autres hommes d’armes et 60 archers, pour service au siège de 33 jours, du 30/11/1428 au 28/12/1428, "que fine le premier quartier (d’an) à luy paié de ladicte garnison de Pontorson".
    Montre le 30/11/1428, à Chartres, devant mess. les baillis de Caen et de "Coustentin" (Cotentin), commissaires.
    Quittance (probablement le même jour) pour 709 livres 5 sols 6 deniers tournois.

"Et depuis le 28e jour de décembre dessusdit, jusques au derrenier jour de février ensuivant inclus, a esté paié audit siège, pour luy et sesdictes gens, avec son aultre retenue de gens et endenture faicte pour servir audit siège, au compte à luy faict cy devant, dont il avoit faict monstres ensemble".

  • "Pour semblable cause, gaiges et regars de luy, 19 hommes d’armes et 60 archiers de ladicte garnison, pour service au siège du mois de mars 1429" (au prix de 6 l.t. par archer).
    "Monstre" (le 25 mars ?) pour icelluy moys en plus grant nombre de gens de sa retenue (la troupe entière) pour servir audit siège".
    Quittance au siège, le 25/3/1429, pour 685 livres 16 sols 8 deniers tournois.
  • "Pour semblable cause, gaiges et regars de luy et de sesdictes gens pour service du moys d’avril".
    Revue au siège, le 20/4/1429, devant Thomas Guérart, écuyer, et maître Raoul Parker, secrétaire du roi, commissaires.
    A 6 livres tournois par archer.
    Quittance au siège, le 20/4/1429, pour 685 livres 16 sols 8 deniers tournois.

nb : la solde pour ce mois est la même que celle du mois précédent. Les hommes du Pontorson n’ont donc pas dû enregistrer des pertes en hommes durant cette période. (Bibl. Nat., MSS., vol. 25.768, n° 835)

Dans la troupe de Thomas de SCALES, les hommes de la garnison de Pontorson étaient donc au nombre de 20 hommes d’armes et 60 archers, de novembre 1428 à (au moins) fin avril 1429. Ils étaient encore sur place lors de la reprise de la "bastide du bout du pont" d’Orléans (les Tourelles), le 7 mai 1429, par Jehanne la Pucelle et ses hommes, et ils se sont retirés le 8 mai à Meung-sur-Loire ou Beaugency, avec le reste de l’armée anglo-normande.

Ils étaient à la bataille de Patay, le 18 juin suivant, où leur chef est fait prisonnier, puis à la retraite sur Etampes.

Quand (et combien) sont-ils rentrés à Pontorson ,

Ils étaient donc bien en tous cas affectés directement au siège, et non pas affectés aux escortes des convois de vivres et ravitaillement, munitions et finances, comme le prouve la solde des archers à compter de février 1429 : 6 livres au lieu de 5, payés uniquement aux archers stationnés sur Orléans et dans les environs.

Garnison de Domfront :

Thomas de SCALES était aussi capitaine de cette ville (garnison environ 60 combattants).

En avril 1429, quelques hommes de la garnison de Domfront furent requis pour ces escortes de convois de vivres, en direction d’Orléans, sous le commandement d’un lieutenant :

"Gaiges et regars de Thomas Strieby, homme d’armes, et 3 archiers, dudit lieu de Dompfront, pour service au conduict des vivres, de 15 jours, à compter du 9/4/1429".
Montre à Paris, le 9/4/1429, devant Symon Morhier, prévôt de Paris, et Morelet de Béthencourt, chevalier du guet de la ville de Paris, commissaires.
Quittance "dudit Strieby", à Paris, le 11/4/1429, pour 14 livres 17 sols 11 deniers tournois.

D’autres hommes furent requis à Domfront, mais cette fois sur la Vicomté (et ne dépendant donc pas de Thomas de Scales), avec d’autres hommes d’Argentan, pour les escortes de ces convois : Revue de 5 hommes d’armes et 10 archers, à Vernon, le 4 avril 1429, conduits par l’écuyer Jehan de Carrel. Ces hommes, en provenance des vicomtés d’Argentan et Domfront, sont requis pour la conduite des convois de vivres et ravitaillement, en direction d’Orléans, pour une période de 15 jours. Sont-ils rentrés directement, ou ont-ils participé à la fin du siège ? (cf document ci-après).

Montre de Jehan de CARREL, écuyer, venant de Domfront

Montre de Jehan de Carrel, écuyer, chef de montres des nobles des Vicomtés d’Argentan et de Domfront, faite le 4 avril 1429, à Vernon, pour lui, 4 hommes d’armes à cheval à gages entiers, et 10 autres à gages d’archer, pour service « au conduict des vivres » de 15 jours, à compter du 4 avril 1429.

« C’est la monstre des nobles de la viconté de Argenten et Dompfront, qui passez ont esté à Vernon sur Saine, le 4e jour d’avril 1429 après Pasques, par devant nous Jehan Popham et Guy le Bouteillier, chevaliers, conseilliers du Roy nostres., et commissaires ordonnez de par ledit seigneur à prandre et recevoir toutes les monstres des nobles du duchié de Normendie et païs de conqueste, mandez audit lieu de Vernon venir faire leurs monstres et prandre les gaiges d’icelui seigneur pour le conduict (des vivres) de l’armée du siège estans à présent devant Orliens.

Lesquelz nobles nous avons recheus et passez aux monstres, par diverses manières selon leur abillemens (équipement) ; les uns pour prandre gaiges de lance à cheval, les aultres pour prandre demi-gaiges, et les aultres pour prandre gaiges d’archier, par la fourme et manière qui s’ensuit :

Hommes passez à gaiges de lance à cheval :

  • Thomas OUARDE, escuier
  • Jehan DECARREL, escuier, chief de monstre
  • Jehan HEUDE, escuier
  • Jehan GREVE, escuier
  • Richart DECERCEAU, escuier



Archiers passez à gaiges :

  • Jehan BRIDON
  • Thomas CENEST
  • Thomas CHATTOLK
  • Jehan SAULEY
  • Jehan ALLY
  • Thomas KRAY
  • Jehan LUCAS
  • Richart QUELLE
  • Nicolas CHEROUDE
  • Robin MOULLEREY



Lesquelles lances, montans cinq, et dix archiers, sont montez et armez souffisamment.

Tesmoing nos saings cy mis, l’an et jour dessusdits.

Signé : Popham, G. le Bouteillier.

Nb : il semble qu’il y ait des noms anglais, mais aussi des noms français dans cette troupe.

Voilà donc l’homme que suivirent les hommes du détachement issu de la garnison de Pontorson.

Il sera en France, au moins jusqu’en 1443, et trouvera une mort violente, non en guerroyant en France, mais dans son pays, en Angleterre.

Compléments :

Eléments biographiques concernant Thomas de SCALES

Baron de Scales et de Nucelles - Vidame de Chartres - Seigneur de Lassey et Sénéchal de Normandie (il connaissait bien cette région, y séjournant depuis au moins 1423, et après 1443).

  • 4/6/1423 : Capitaine de Verneuil (Verneuil-sur-Avre).
  • 1424 : Lieutenant du Régent Bedford - Capitaine des villes et forteresses sur la Seine, entre Paris et Rouen.



A la campagne du Maine.

  • 8/7/1424 : Commande l’armée qui prend Gaillon.
  • Août 1424 : A la bataille de Verneuil.
  • 1425 : Capitaine de Conches.
  • 31/10/1426 : Capitaine de Saint-James-de-Beuvron ( ?).
  • 18/2/1427 : Lieutenant de Jehan Salvain, bailli de Rouen.
  • 18/9/1428 : Institué Capitaine de Pontorson.
  • 26/11/1428 : Part de Paris pour le siège d’Orléans.
  • 18/6/1429 : Fait prisonnier à la bataille de Patay.
  • 12/9/1429 : Est à Rouen.
  • 20/2/1430 : De nouveau Capitaine de Domfront.
  • 16/12/1430 : Assiège Saint-Célerin.
  • 1433 : Avec Willughby, commande une armée en basse-Normandie et assiège le Mont



Saint-Michel (avec une retenue considérable) qui ne sera jamais pris.

  • 1434 : Retenu pour la garde de la bastille d’Ardenon, près du Mont.
  • Août 1435 : Est à Paris.
  • 27/10/1435 : Commande à Evreux des troupes avec Willughby.
  • 15/9/1436 : Capitaine de Saint-Lô.
  • 1437 : Capitaine de Vire et de Cherbourg.
  • 5/7/1439 : Confirmation royale d’un don de 2.000 saluts d’or sur les terres normandes confisquées.
  • 12/12/1440 : De nouveau Capitaine de Domfront.
  • Juin 1441 : Avec Falcombridge, il augmente la garnison de Pontoise.
  • Juillet 1441 : Capitaine de Granville.
  • 31/1/1443 : A Villedieu, en frontière des ennemis (les français) qui occupent Granville et le Mont Saint-Michel. Puis, de nouveau, Capitaine de Domfront.
  • 1460 : Périt de mort violente à la suite de la reddition qu’il fait de la Tour de Londres aux révoltés contre le roi Henry VI.

[1au siège d’Orléans, en février 1429, les archers avaient demandé et obtenu une augmentation de leur solde, pour cause de vie chère, qui passa de 5 à 6 livres tournois, pour ceux d’entre eux stationnés sur les lieux du siège.

[2Il est toujours précisé des "regars" lorsqu’il s’agit d’hommes d’armes. Jamais lorsqu’il s’agit uniquement d’archers. On ne sait pas au juste ce que c’est.

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5 Messages

  • > Le chevalier banneret Thomas de Scales 24 décembre 2006 16:13, par J-Ph CORMIER, président de l’Association pour la Restauration du Château (...)

    Bonjour. Je trouve par hasard en ligne votre article sur la biographie de Thomas de Scales .

    En ce qui le concerne en tant que capitaine de Domfront, et plus généralement sur cette garnison de Domfront, je me permets de vous signaler mes contributions :

    • J-Ph. CORMIER, "La garnison anglaise du château de Domfront (1418-1450)", revue Le Domfrontais médiéval, n°8, 1991.
    • id, "Un contrôle de la garnison de Domfront de nov. 1434 retrouvé", ibid., n° 17, 2002-2003.

    ainsi que :

    • Franck MAUGER,"La reddition de la garnison anglaise de Domfront en 1450", ibid., n° 10, 1994.

    Avec mes salutations, J-Ph CORMIER, président de l’Association pour la Restauration du Château de Domfront (A.R.C.D.), directeur de la publication LE DOMFRONTAIS MEDIEVAL.
    Voir site ARCD [http://www.arcd.new.fr]

    Voir en ligne : Association pour la Restauration du Château de Domfront

    Répondre à ce message

    • > Le chevalier banneret Thomas de Scales 26 décembre 2006 10:39, par Jean-Pierre Bernard

      Bonjour.
      Merçi pour votre réponse, intéressante, à mon article sur Thomas de Scales.
      J’ai pris bonne connaissance des renseignements que vous me livrez.
      J’irai bien évidemment faire un tour sur votre site et vos publications.
      Par avance, je vous souhaite une très bonne année 2007.
      Cordialement.
      Jean-Pierre BERNARD

      Répondre à ce message

      • > Le chevalier banneret Thomas de Scales 26 décembre 2006 13:25

        Merci de votre rapide réponse. Vous ne trouverez pas les articles eux-mêmes sur le site de l’A.R.C.D., mais seulement les sommaires et les couvertures de nos revues (celle du n° 8 est précisément illustrée par un sceau de Thomas de Scales). Attention, les capitaineries sont des fonctions dont le titulaire touche les revenus, il n’est pas forcément physiquement présent dans sa forteresse ou à la tête de sa garnison, il peut être remplacé sur place par un lieutenant tout en restant titulaire de la charge. Ainsi à ma connaissance, Scales n’a pas cessé d’être, nominalement, capitaine de Domfront depuis 1428 ou 1429, et ce jusqu’en 1450, même si il n’était plus en Normandie depuis 1449, voire 1448 (j’écrit de mémoire, sans vérifier mes sources). Il était aussi capitaine de Vire, a été capitaine de Pontorson, était sénéchal de Normandie, et avait à ce titre droit à une compagnie d’hommes d’armes et d’archers spéciale, en sus des garnisons précitées. Pour Ardevon, j’ai un doute sur la nature de sa charge : le contrôle de la garnison de Domfront de nov.1434 (coll. privée, mais j’ai vu et transcrit l’original) dit qu’il vacqua à la bastille (d’)Ardevon dont il a le gouvernement pour tout ce présent quartier(= 29 juin-28 septembre) excepté XV jours qu’il a esté audit lieu de Domfront Une Bastille est un moyen de siège, pas une forteresse au s.s., il n’y a paut-être donc pas de capitaine pour une bastille. Sinon il a été aussi vidame de Chartres, seigneur de Lassay (Mayenne), capitaine de Saint-James-sur-Beuvron (en 1426), temporairement capitaine de Saint-Lô et de Cherbourg, ...(1436), etc...

        J-Ph CORMIER, A.R.C.D. Domfront

        Répondre à ce message

        • > Le chevalier banneret Thomas de Scales 26 décembre 2006 21:52, par Jean-Pierre Bernard

          Bonjour.
          Merçi pour vos informations. Cela complète un peu mes renseignements. Je n’avais sur ce chevalier banneret que des données sur sa participation au siège d’Orléans, en 1429.
          Effectivement, nous n’avons pas accès direct aux articles. Dommage !
          Mais cela ne fait rien. J’en ai "repéré" trois, et imprimé un bon de commande que je posterai dans quelques jours, car je m’absente quelques jours en famille (mon épouse me rouspète d’ailleurs en ce moment, car il est temps de partir...!)
          Je verrai cela à mon retour.
          Bonne année, et merçi encore.
          Cordialement.
          Jean-Pierre BERNARD - En Alsace.

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  • Le chevalier banneret Thomas de Scales 19 février 2019 11:53, par FRANC

    Bonjour !
    Un peu tardivement - mais jamais trop tard pour...etc -, auriez-vous la réponse : Thomas Scales est vainqueur de la bataille de La Gueintre (17 avril 1427) à l’issue de laquelle, pour rendre hommage au vaincu (et mort) Jean de Montenay-Coulonces, il abandonne les sirènes ("les seraines") de son cimier pour prendre les "floquars" de celui de Jean. Quel est votre avis sur ces floquars et sous quelles formes peut-on les représenter ? Pourtant assez au fait de la "chose héraldique", je ne trouve pas de solution satisfaisante (ni les cimiers en question avant 1427), avec, toutefois et néanmoins, une vague idée.
    Pour ma part, je prendrai (c’est une idée, sans plus) le terme "regars" au même titre que le terme actuel "avoir droit de regard" sur telle ou telle chose ou encore avoir droit de conseil (?).
    Pardon pour la longueur, merci pour l’attention et la réponse !
    Bien cordialement.
    Jean-Pierre Franc

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