La vie dans un village du Morvan

Arleuf de 1625 à 1725

Présentation par l’auteur : Il existe à Arleuf, au cœur du Haut-Morvan, un hameau des Toquets, berceau de la famille du mari de l’auteur, où vécurent ses ancêtres, et auquel ils donnèrent leur nom.

Au fur et à mesure que l’auteur a appris à connaître cette région, son histoire, son mode de vie, ses particularités, elle a ou le désir d’en savoir plus et a entrepris de lire systématiquement tous les actes des notaires, visites pastorales, registres paroissiaux et autres documents, inventoriés aux Archives départementales de la Nièvre et de la Saône-et-Loire, relatifs à Arleuf.

La population de la paroisse d’Arleuf était par ailleurs suffisamment nombreuse pour constituer un échantillon représentatif, puisqu’on dénombrait 230 chefs de famille au XVII^e siècle.

La monographie, basée uniquement sur des écrits de l’époque, est volontairement limitée à un siècle, depuis les premiers actes des notaires datant de 1625, jusqu’à 1725, en raison du nombre de documents à dépouiller et de la quantité de travail que cela représente.

S’il existe aujourd’hui une multitude d’écrits sur la vie de nos ancêtres aux XIX^e et XX^e siècles, la même chose est plus rare pour le XVII^e et le début du XVIII^e siècle. Cette étude comble donc une lacune.

Le sommaire :

• I - La vie sociale au village : Du berceau à la tombe / Heurs et malheurs / Les cabarets d’Arleuf / Querelles et réconciliations / Devant le juge / La condition des femmes / L’œuvre de chair ne feras... / Trois destins : Pierre Boisot est un sot - Les Bureau de père en fils - Jean Poutenet, maçon du Pays de la Marche.

• II - Les premières nécessités : se loger, nourrir et vêtir.

• III - Le travail : L’apprentissage / L’agriculture / Le bois de chauffage pour la Ville de Paris / La diversité des métiers à Arleuf.

• IV - L’omniprésence des pouvoirs : Le pouvoir spirituel / L’église St Pierre et ses desservants / Le poids du pouvoir temporel / La fiscalité / Les guerres / Les seigneurs de La Tournelle / L’emprise du servage.

L’auteur : Gewa THOQUET, allemande devenue française par son mariage, s’intéresse particulièrement à l’histoire du XVII^e siècle et à la vie quotidienne des gens ordinaires.

Un avis : L’originalité de la démarche de l’auteur repose sur le seul usage des documents d’archives disponibles (minutes, registres paroissiaux, visites pastorales, fonds de justice, etc) sans avoir recours à des méthodologies ou des références bibliographiques contemporaines. L’entreprise est louable et intéressante car elle permet de structurer l’étude autour de ces documents et de s’en tenir principalement aux faits historiques mentionnés, dont certains sont exceptionnels d’un point de vue historique. Mais une telle démarche affiche d’emblée ses limites : outre l’absence d’une critique des sources utilisées, il manque surtout une analyse démographique fondée sur l’exploitation systématique des registres paroissiaux pour reconstituer les familles d’Arleuf, en saisir la dimension, puis évaluer les mouvements démographiques de la population. C’est d’autant plus dommage que cette méthode de travail était particulièrement bien adaptée à une entité aussi restreinte que celle d’Arleuf (230 chefs de famille au plus fort). Ceci aurait permis de compléter certains chapitres ou sujets qui manquent un peu de consistance (l’enfance ou la vie du couple par exemple) et d’affiner l’analyse sur d’autres (la mobilité géographique par exemple). Il n’en reste pas moins que l’orientation de recherche de l’auteur est largement justifiée par sa sélection des textes et extraits retenus : certains faits et anecdotes historiques sont remarquables et beaucoup ne manquent pas de sel ! Ils nous permettent de découvrir des réalités concrètes, souvent méconnues, parfois insolites, de la vie quotidienne de nos ancêtres (notamment la visite du curé pour donner le saint sacrement, les réalités du recours à l’usufruit, la position des corps des défunts inhumés dans l’église, les tarifs des services religieux, ou la sentence infligée au corps d’un suicidé...).
Au final, en tenant compte des remarques ci-dessus, voici une étude historique qui devrait intéresser, voire passionner, tous les généalogistes et les historiens en quête d’informations sur la vie quotidienne sous l’Ancien Régime, dans le Morvan et bien au-delà, car la condition des habitants d’Arleuf peut servir de modèle à d’autres cas situés dans d’autres espaces géographiques, avec une restriction toutefois : la condition servile des paroissiens d’Arleuf est loin d’être la même dans le royaume à la même époque (Thierry Sabot, novembre 2009).