La découverte des carnets de Séraphine Pommier, pour le passionné de la Grande Guerre et d’histoire locale que je suis, est un témoignage rare et essentiel.
Au fil de mes articles, j’ai tenté de retrouver ces Poilus, blessés ou malades, soignés dans les hôpitaux de l’arrière.
Mais ce fut trop souvent une « histoire sans paroles » : sur les photos confiées par leurs descendants, leurs camarades de souffrance restent pour la plupart des anonymes : le temps a effacé leurs noms de la mémoire.
Grâce à Séraphine, pour les hôpitaux de Meximieux puis de l’école Ozanam à Lyon, nous avons à la fois l’image et les paroles ! Séraphine note sur le vif, avec plein de détails, ce qu’elle voit et entend chaque jour. Alors revivent bien des soldats, de tous âges et de tous régiments, dans une belle galerie de portraits.
Au fil de son journal, beaucoup de récits très émouvants comme ce mutilé volontaire du 108e contraint d’avouer et conduit au conseil de guerre de Chambéry. Ou encore ces retrouvailles surprise entre ce soldat et son épouse… et tant d’autres !
Bien des passages amusants aussi, comme cette photo d’août 1915, avec les Poilus costumés pour la noce, qui m’a fait penser de suite à cette autre carte photo de 1916.
Des appréciations aussi, avec son œil vif et sans langue de bois, sur son entourage, civils comme militaires. Et toujours beaucoup de tendresse pour ses malades et ses blessés.
Lorsque Séraphine prend le train pour accompagner les réfugiés, je me suis posé la question : a-t-elle rencontré Gaby, une autre « ange blanc » dans la Grande Guerre ?
Des 1800 pages du « Journal de Séraphine Pommier », ces extraits ont été sélectionnés avec soin par Patrick Rolland, enrichis par ses très utiles notes de bas de page.
Un très beau travail de mémoire sur cette « autre histoire » de la Grande Guerre.