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La terre a tremblé à Beaumont (Auvergne) en 1490 et en 1765...

Le vendredi 21 juin 2024, par Jacques Pageix

Quelques documents tirés des archives de l’Intendance et de l’abbaye Saint-Pierre, consultables aux archives départementales, nous permettent de revivre les circonstances de deux séismes survenus à Beaumont ; l’un à la fin du Moyen Âge, et l’autre au milieu du XVIIIe siècle.

Le tremblement de terre de 1490...

À la fin du Moyen Âge, l’abbesse Marie de la Forest fit entreprendre d’importants travaux de réparation de son monastère par un maçon de Clermont, et par quelques sous-traitants comme ce curieux charpentier, un nommé Antoine Pulcherie, de Saint-Just-en-Chevalet, dit "Teste Noyre". On s’aperçoit vite à la lecture des devis qu’il s’agissait-là en fait d’une véritable reconstruction du monastère en partie détruit. Ces importants travaux durèrent de 1492 à 1500 !...

Les devis figurent dans un registre des comptes de dépenses de l’abbaye sous la cote 50 H 37.

Personnellement, je suis convaincu que, seul, un cataclysme de grande ampleur a pu entraîner des dégâts aussi considérables, et l’on ne peut s’empêcher de penser à ces terribles séismes qui sévirent à la fin du XVe siècle, en particulier à celui que Henri Pelletier appelle "le grand séisme de 1490" dont l’épicentre se situait en Limagne : il survint le 1er Mars et endommagea plusieurs édifices religieux (les églises d’Ambert, Orcival, Riom et Notre-Dame du Port à Clermont, alors relativement récentes, ne furent pas épargnées). Ce séisme fut probablement suivi de nombreuses répliques.

Henri Pelletier, dans "La Limagne, géologie et archéologie", Ed. Volcans, 1975, donne une description détaillées de tous ces séismes. Il note (P. 98) qu’on ne parle dans les documents que des édifices publics, mais, remarque-t-il, " il est sûr que les maisons d’habitation eurent à souffrir, moins peut-être que nous pouvons le penser. En effet les maisons particulières, pour la plupart, étaient entièrement charpentées en bois, y compris les murs, avec remplissage en pisé ou en torchis, comme on en voit encore quelques unes dans le vieux Montferrand. Il est certain que de telles constructions pouvaient voir s’écrouler ici ou là un remplissage mais elle ne s’effondraient pas". 

André-Georges Manry, évoque lui-aussi, dans son Histoire de Clermont (Éd. Volcans, 1975), ce tremblement de terre survenu le 1er mars 1490 : ici aussi, les descriptions manquent, mais on mesure indirectement l’intensité par les comptes touchant les réparations des édifices publics à la suite du tremblement de terre : "brèches dans les remparts avec écroulement partiel ou total de douze tours, effondrement du toit dans la maison commune et d’une tour de Notre-Dame du Port, profondes lézardes sur la façade des deux grosses tours carrées de la cathédrale" (celles qui seront remplacées par les flèches actuelles par l’architecte Viollet-le-Duc). On peut supposer une corrélation avec un pic de mortalité cette année-là.

Ces faits sont à mon avis confirmés par Henry du Ranquet dans son étude des églises et de l’abbaye de Beaumont, présentée par son fils Emmanuel : ces érudits constatent que la façade Nord de la nef de l’église de Saint-Pierre a été manifestement consolidée après-coup, mais à une époque lointaine, par des contreforts ; il pense que « Cette disposition identique pour les façades du nord et du sud marque une reprise certaine au moins des voûtes des bas-côtés et suivant toute vraisemblance un effondrement au moins partiel de la voûte centrale »

L’église de Saint-Pierre, elle aussi, ne semble donc pas avoir été épargnée.
 

 
L’abbesse établit donc au fil des années et jusqu’en 1500 une série de "prix-faits" ou devis avec plusieurs entrepreneurs :

1er devis - En septembre 1496, elle fit d’abord appel à "Durand Rymbauld, masson de clermont en la paroisse de Sainct Pierre", afin d’entreprendre des travaux dans "le grand refrectoire". Il s’agissait sans doute d’un ancêtre de ce François Rimbaux auquel, bien plus tard, l’abbesse Marie Gilberte de Chabannes confia en 1742 d’importants travaux de rénovation de son abbaye, qui lui donneront son aspect actuel (l’avancée vers le sud de l’aile contenant le parloir et les appartements abbatiaux). Dans certains corps de métier, de telles dynasties n’étaient pas rares.

Le maçon devait faire deux "crotes" ou caves devant le grand réfectoire. Pour celui-ci, dont certains piliers étaient fendus par le milieu, il devait construire un mur de refend allant d’un pignon à l’autre ! 

L’abbesse promettait de fournir la chaux, la grave, la " piarre de tailhe que le dict Rymbauld tailhera a Clermont, et menu de potailhe (les poteaux) et chafaulx (les échafaudages ) et autres choses nécessaires ".

Ce prix-fait fut conclu devant le notaire de Beaumont, Jacques Guybeart, en présence d’Anthoine du Rif, prêtre, et de Jehan du Rif, charpentier.
 
2e devis - En octobre 1497, des expert examinèrent les arcs et piliers déjà commencés et il fut décidé de les renforcer. On les renforça donc, on perça des fenêtres, on prit des matériaux des caves pour construire l’escalier et la porte d’accès au réfectoire, et l’on construisit une galerie au dessus de la voûte du réfectoire pour accéder aux cellules des religieuses de chaque côté.

L’entrepreneur était rémunéré, à la fois en argent et en nature. Il reçut 160 livres tournois en espèces sonnantes, et différentes denrées consommables : 30 setiers de blé, moitié froment, moitié seigle (3840 litres !), 6 tonneaux de vin, bon vin pur et merchant " ! , " trois lards " ( jambons fumés ) , " quatre charrectées de boix prinses a Laschamps " , que " ledict Rimbauld doit faire copper dans le dict boix et les fere pourter a ses dépens"...

Il est vrai qu’on était à l’entrée de l’hiver, et qu’il valait mieux prendre ses précautions pour s’assurer d’un peu de chaleur sur le chantier. En matière de confort, le maçon était tout de même assez exigeant, car l’abbesse fut obligée de lui procurer aussi le logis : " Et ma dicte dame luy est tenue de fornir une maison à la dicte ville et ung lit " !...

Tout comme les précédents, ce prix-fait fut passé devant Maître Jacques Guybeart, en présence d’autres Beaumontois : Maître Jacques Bosse, également notaire, Anthoine Courtine, et Jehan Bertrand.
 
3e devis -En septembre 1498, soit un an plus tard, l’abbesse fit établir un nouveau prix-fait, dont la teneur n’est pas moins surprenante. Il ne s’agissait pas moins que d’abattre le grand réfectoire. Il fut demandé à un nommé d’Allebrest de "débatir les murailhes du grand reffroiteur ". Cette démolition était-elle entreprise pour permettre de nouveaux travaux dans une autre partie du réfectoire, ou bien résultait-elle d’un autre tremblement de terre, qui aurait à nouveau détruit l’édifice, après sa réparation en 1497 ? Tout ceci reste très enigmatique, et l’imprécision de ce document ne permet malheureusement pas de lever le moindre coin du voile dissimulant la cause réelle de ces travaux. A ce prix-fait assistèrent Denis et Etienne Morel Brugeirol.

4e devis - Un Prix-fait établi deux mois plus tard semble confirmer la destruction du bâtiment du réfectoire. L’abbesse s’adressa alors à plusieurs de ses sujets, Guilhaume de la Porte Corcière, Anthoine Vedri, dit Jammot, et Jehan François, tous de l’état de laboureur. Moyennant 18 livres tournois, une charge de vin ( 480 litres ! ) bon prix et merchant ", et un setier de blé ( 128 litres ), il leur fut demandé d’enlever la terre de la nouvelle cave, en creusant à la même profondeur que l’ancienne, et de la jeter dans la " plasse de beauregard" [1], près du réfectoire. Le mot " terre " désignait peut-être ici les décombres à déblayer après le séisme. Les beaumontois réquisitionnés pour cette tâche furent d’ailleurs invités à mettre de côté les " fustes de bois gros et menus "qu’ils pourraient déterrer, afin de les entreposer dans un coin du réfectoire. Il s’agit sans doute des futailles enterrées sous les décombres provoquées par le séisme.

Ce prix-fait fut établi devant Maître Jacques Bosse, l’un des notaires de Beaumont, en présence de Loys Phelupt, clerc, de Jehan Belhomme, et de Guilhaume Brechette (du quartier) de la Font.
 
5e devis - Enfin, en Novembre 1500, l’abbesse put se consacrer à la couverture du grand réfectoire. Elle confia cette tâche à un maître charpentier de Saint-Just-en-Chevalet, près de Noirétable, qui répondait au nom très pittoresque d’Anthoine Pulicherie, et au surnom de "Teste Noyre ". Il s’agissait probablement d’un charpentier réputé, pour qu’elle le fît venir de si loin.

Marie de la Forest s’engagea à lui fournir les bois pour les poutres et les chevrons, prélevés sur ses forêts de Laschamps, ainsi que la main-d’œuvre nécessaire. Notons que les habitants du manse de Laschamps, dépendance de l’abbaye de Beaumont (cf terrier de Blauf, Fonds de l’abbaye - cote 50H10), devaient, entre-autres sujétions, porter au monastère le bois de chauffage qu’ils prélevaient dans la forêt de la Monreynoux (située près du col appelé aujourd’hui La Moreno) : "Et dicti Durandus Daureyre, Johanes Daureyre, Johanes Daureyre, Guillaume Farges, Guillermus Bonfessour, Stephanus Chirmant habitantes in dicto Manso tenetur portare de lignis, nemoris de Laschamps pro servicio hospicii dicte domine et suarem successoribus".

Saint-Just en Chevalet vers 1450, où demeurait Anthoine Pulcherie, dit "Teste Noyre", Maître charpentier, qui vint réparer l’abbaye de Beaumont en novembre 1500 (Armorial de Guillaume Revel, XVe siècle). localité d’origine de Tête Noire, dans le Forez ;

Voici ce devis :

" Compte de Teste noyre

Aujourduy segond jour de novembre l’an mil cinq cens a bailhe a prefaict ( prix-fait ) madame Marie de la Forest par la grâce de dieu abbesse de beaumont a anthoine pulicherie dict teste noyre charpentier de sainct just en chevalet au dioceze de lyon a couvrir et faire la couverte du grant refretoir a la manière que s’ensuyt c est assavoir que le dict teste noire doit aller abbatre le bois qui sera nécessaire a la dicte couverte au pas de l’arche au alheurs (...) doit fere les sableyres ( sablières ) et le plus hault que fere pourra, les arbalestriers pareilhement a deux ventures de chacun coste les crenivaulx (caniveaux ) touchant aux tirans entre les deux (...), treze tirans beaulx et chesque bon a la fasson que les vieulx estoient, garnis d arbalestrers (...), les (fenêtres) ou de chaîne ( chêne ) ou de sappin ainsi que ma dicte dame les luy bailhera et sera tenu de les aller abbatre comme dessus".

Le charpentier devait faire aussi "une petite lucarne que entrera de la fenestre du dortoir des dames sur le grant refrectoire (...) telle qu il y poura passer une baschole ". On notera l’importance de pouvoir faire entrer une bachole dans le réfectoire des dames. La largeur de cette petite cuve de bois cerclée et munie de poignées, servant à transporter la vendange, représentait ici l’unité de mesure pour déterminer la largeur des issues (On utilise aujourd’hui le mot d’origine provençale « comporte ») .

Cet accord fut conclu moyennant 40 livres tournois, 8 setiers de blé, dont 2 de froment, mesure de Clermont ( 1025 litres ) , 4 poinçons de vin ( 860 litres ! ) , une quarte de " formes " ( c’est-à-dire deux ou trois fourmes de Salers ), " cinq livres d’huyle ", et une coupe de sel ( 4 litres ) .

Il reste difficile de localiser ce bâtiment : il était peut-être situé au Nord de l’église Saint-Pierre, près de l’enclos de Béliegart, ou à l’intérieur de ce dernier.


 
Le compte de Teste Noyre. Pour moi, l’écriture du XVe siècle, belle et régulière, est la plus agréable à transcrire. Je n’en dis pas autant de celle du XVIe siècle, plus fantaisiste, désordonnée, et parfois déroutante.

Voici la transcription de ce devis :

 " Compte de teste noyre

Aujourduy segond jour de novembre l’an mil cinq cens a bailhe a prefaict ( prix-fait ) madame Marie de la Forest par la grâce de dieu abbesse de beaumont a anthoine pulicherie dict teste noyre charpentier de sainct just en chevalet au dioceze de lyon a couvrir et faire la couverte du grant refretoir a la manière que s ensuyt c est assavoir que le dict teste noire doit aller abbatre le bois qui sera nécessaire a la dicte couverte au pas de l’arche au alheurs (...) doit fere les sableyres ( sablières ) et le plus hault que fere pourra, les arbalestriers pareilhement a deux ventures de chacun coste les crenivaulx (caniveaux ) touchant aux tirans entre les deux (...), treze tirans beaulx et chesque bon a la fasson que les vieulx estoient, garnis d arbalestrers (...), les (fenêtres) ou de chaîne ( chêne ) ou de sappin ainsi que ma dicte dame les luy bailhera et sera tenu de les aller abbatre comme dessus".

Le charpentier devait faire aussi "une petite lucarne que entrera de la fenestre du dortoir des dames sur le grant refrectoire (...) telle qu il y poura passer une baschole ". On notera l’importance de pouvoir faire entrer une bachole dans le réfectoire des dames. La largeur de cette petite cuve de bois cerclée et munie de poignées, servant à transporter la vendange, représentait ici l’unité de mesure pour déterminer la largeur des issues (On utilise aujourd’hui le mot d’origine provençale « comporte »).

Cet accord fut conclu moyennant 40 livres tournois, 8 setiers de blé, dont 2 de froment, mesure de Clermont ( 1025 litres ) , 4 poinçons de vin ( 860 litres ! ) , une quarte de " formes " ( c’est-à-dire deux ou trois fourmes de Salers ), " cinq livres d’huyle ", et une coupe de sel ( 4 litres ).

 Il reste difficile de localiser ce bâtiment : il était peut-être situé au Nord de l’église Saint-Pierre, près de l’enclos de Béliegart, ou à l’intérieur de ce dernier. 
 
6e devis - En 1496, l’abbesse passa une importante commande de vaisselle d’étain à Anthoine Chabrilhon, potier de Clermont ; Chabrilhon devait lui fournir 24 "escuelles grandes ", 12 petites, 4 " escuelles profondes ", 20 grands plats et 12 petits, 3 quartes et 3 pintes.

On peut imaginer que la chute du grand réfectoire, lors des tremblements de terre, occasionna la perte d’une grande partie de la vaisselle et des meubles qui s’y trouvaient, et que l’abbesse fut donc dans l’obligation de renouveler la vaisselle d’étain de son monastère.

En 1501, le 4 Novembre, elle visita sa vaisselle neuve : " L’an mil cinq cens et ung et le iiii e jour de novembre visitât ma dicte dame sa veyselle qu est nouvelle". Elle ne trouva manifestement pas son compte : il n’y avait que 9 "plats petits", 24 " escuelles grandes neufves ", 6 " grans plas ", et 2 " grans plats a grant service ", un plat double, une quarte, deux pintes, une" choupine", et " la choupine de l’eau bénite »... 

Apparemment, l’abbesse était bien convaincue que la disparition de certaines pièces n’avait rien de surnaturel, car elle termina son inventaire en fulminant ainsi :
"A tous les diables soyent damnes ceux la qui les ont prises, s ils ne les rendent"

...Et celui de 1765
 
Henri Pelletier et d’autres spécialistes ont dressé la liste chronologique des tremblement de terre au cours des siècles en Auvergne (voir "Notes historiques sur les séismes en Auvergne Par Henri Pelletier, Rev. des Sc. Nat. d’Auvergne, Vol. 35, 1969).

Parmi tous les séismes évoqués, figure celui de 1765...

On en trouve la relation dans une liasse du Fonds de l’Intendance d’Auvergne (cotes C 1979 et 1981). Il y est fait état de l’écroulement d’un mur de l’abbaye (encore elle !...) sur des maisons du quartier du Chauffour situées au-dessous. La chute de cette muraille que l’on appelait le Cours Baran, fit plusieurs victimes qui périrent écrasées ou étouffées.
 

 

Nota : cette reconstitution reste assez approximative en ce qui concerne :
  • Le quartier de Las Veyrias, au Nord-Est de l’abbaye ;
  • Le quartier de la Porte du Chauffour ;
  • Le fossé situé le long de l’enceinte Nord, de la Porte Réale (PR) à la Porte Basse (PB). Peut-être était-il déjà comblé ? ;
  • L’état de l’enceinte urbaine, peut-être plus dégradé que ne le montre ce dessin, en raison de son défaut d’entretien pa la communauté, et des dégradations et usurpations commises par les habitants ;
    *Légende :
  • ND : Église de Notre-Dame de la Rivière (la paroisse de Notre-Dame de la rivière a été réunie à celle de Saint-Pierre par l’Évêque Massillon le 14 Décembre 1734) ;
  • LV : Le Ventadour ;
  • F : Fossés ;
  • PO : Porte et place de l’Olme ;
    PT : Porte du Terrail ;
    PB : Porte Basse ;
    PR : Porte Réale et place où il y avait une forge et où il y a maintenant un regard de fontaine ;
    R : Porte Rouge (l’emplacement exact de cette porte, qui permettait d’accéder à l’enclos du monastère, et qui est citée dans la liève de 1756, n’a pu être définitivement déterminé). Dans la liève, elle est ainsi désignée : "une maison, quartier de la porte realle, joignant la vacherie de l’abbaye et le passage de la dite maison de midi, une maison de nuit, et la voie commune tendante au jardin de l’abbaye par la porte rouge de jour et bise" (Art. 175 bis) ;
    TB : Tour de Rochebonne ;
    TR : Tour de La Roche ;
    TV : Tour de Villeneuve ;
    C1 : Cimetière de l’abbaye (Arch. Dép. du P.de D., Fds de l’Intendance, C1980) ;
    C2 : Cimetière de St-Pierre (d°) ;
    C3 : Cimetière de ND de la Rivière ;
    H : Halle (emplacement approximatif) et place St-Pierre ;
    CG : "Château-Gaillard" ;
    GD : Grange des Dîmes ;
    S : Clos Soubrany ;
    A : Arche permettant de passer de l’enclos de l’abbaye à l’enclos Soubrany par dessus la rue (AD63, Fds de la Révolution L 3906) ;
    c1 : Chemin utilisé jusqu’à la fin du XVIIe siècle par les habitants (AD63, C 1979) ;
    c2 : Chemin utilisé au ddébut du XVIIIe siècle par les habitants jusqu’à la transaction de 1723 (AD 63, Fds de Beaumont, 50H69) ;
    c3 : Chemin utilisé à partir de 1723, après son aménagement et son pavage aux frais de l’abbaye (même source) ;
    CO : Le "Corborans", bordant au sud l’enclos de Beauregard ;
    CP : Champ Pointu ;
    CA : Croix d’Allagnat ;
    PA : Château et parc du Petit Allagnat ;
    M1 : Maison de Pierre Pageix ;  M2 : Maison et colombier d’Étienne Pageix.
    Les noms de tous les autres quartiers figurent sur les plans de reconstitution de l’ouvrage non publié cité in fine.

On peut voir sur cette vue perspective de Beaumont vers 1750, au delà de l’enclos de La Veyrie couvert de vignes, l’enclos attenant au monastère, à l’Est des bâtiments conventuels. Il s’agit de l’enclos de Beauregard, (nommé Beliégart au XVIe siècle), encore entouré par de solides murailles et de fossés, et flanquées de deux tours d’angle : au sud, la tour de la Roche (TR) et, au nord, la tour de Rochebonne (TB).

L’une de ces tours (tour de Rochebonne), avec ses deux canonnières, existe toujours, au carrefour des rues Nationale et de la République. A cet endroit historique dont on aurait pu tirer parti, on avait malencontreusement placé un urinoir...

Avec la façade Sud du monastère qu’elle prolongeait à l’Est, l’enceinte de cet enclos abbatial formait une imposante muraille (CO) dominant la paroisse de La Rivière et son quartier du Chaufour. Elle s’appelait au XVIIIéme siècle le Corborant. Elle se nommait le Cour Barand au XVIIe et le Cour Baren au XVIe siècle. 

La tour de la Roche, qui contenait l’un des nombreux colombiers de l’abbaye, fermait l’extrémité du Cours Barand à l’Est et joignait la porte du Chauffour située en contre-bas, elle-même défendue par la tour de Villeneuve, encore visible de nos jours (TV).
 
Le 2 octobre 1765, peut-être à cause d’un séisme, une partie de cette muraille s’écroula sur trois des maisons bâties au dessous, provoquant leur effondrement. Quatre habitants furent blessées et sept autres périrent, écrasés sous la masse des débris ou étouffées par la poussière. Les corps furent aussitôt transportés dans la maison de Monsieur de Champflour d’Allagnat, écuyer (le propriétaire du Château du Petit Allagnat noté PA sur ma vue perspective).

C’est ce qu’on peut lire dans le rapport dressé par un médecin et deux chirurgiens de Clermont-Ferrand : Jean Malouhet, Docteur en médecine, Charles Jaladon, « Maître démonstrateur en chirurgie, Lieutenant du Premier Chirurgien du Roy, Chirurgien-Major du régiment de Riom », et Jean-Baptiste Raymont, également Maître et démonstrateur en chirurgie. Ils vinrent dès le lendemain à Beaumont pour « y voir, panser et médicamenter dresser le procès-verbal des excès commis sur les malheureux qui avoient été écrasés par le mur de clôture de l’abeÿe des bénédictines de beaumont ».

Ces Messieurs fort peu respectueux de l’orthographe (ce qui n’était d’ailleurs pas bien grave à cette époque), n’en étaient pas moins membres de « l’académie des siances et ars de clermont ferand » !...

Pour la guérison de l’une des blessées, Jeanne Faye, ils estimèrent qu’il faudrait « six semaines et peut-être l’usage des bains du mondort pour rétablir le jeu du poignet paralizé ». On peut noter au passage qu’une telle prescription était tout de même plus bénéfique que les mortelles saignées pratiquées par les médecins d’alors, dont se moquait Molière...

On retrouve dans les registres paroissiaux de Beaumont les actes de décès de ces infortunés :

1er acte : "L’an mil sept cent soixante cinq et le troisiesme jour du mois d’octobre Marie Bareyre agée de Trente un an fille a Michel Barreyre vigneron habitant de ce lieu et a feu Jeanne Courtine sa femme, Michel Barreyre agé de trois ans fils a Michel et a gabrielle veraix sa femme et Annet Barreyre agé de cinq mois fils a michel et a gabrielle veraix de ce lieu de Beaumont ayant peri le jour precedent dans leur maison par la chutte d’une muraille de l’abbaye ont été inhumés dans le cimetière de l’église de notre dame en présence de Ligier courtine et de françois Jargalhe habitans de ce lieu qui n’ont scû signer Artaud curé."
 
Pour une autre Marie Barreyre, dite roche, femme de Gaspard Émuy, enceinte de 5 à 6 mois, ces messieurs estimaient la veille en visitant les morts et les blessés que malgré les secours qu’on pouvait lui donner, elle était "non seulement en danger de se blesser mais encore de perdre la vie..."
Ils ajoutaient que la fille de Marie Barreyre, Michelle Émuy, agée de 20 mois, serait guérie dans 5 ou 6 jours.
 
2e acte : "L’an mil sept cent soixante cinq et le troisiesme jour du mois d’octobre gaspard emuy vigneron habitant de ce lieu agé de trente sept ans et Jean emuy son fils et a Marie Barreyre sa femme agé de neuf ans ayant été écrasé dans leur maison le jour precedent par la chutte d’une muraille de l’abbaye du d(it) lieu ont été inhumés dans le cimetière en présence de gaspard emuy et de Michel Barreyre habitans de ce lieu qui n’ont scû signer Artaud curé".

 
Ces deux personnes avaient été manifestement tuées sur le coup.
 
3e acte : "L’an mil sept cent soixante cinq et le Troisiesme jour du mois d’octobre Marguerite gidon agée de neuf mois et quelques jours fille de fiacre gidon vigneron habitant de ce lieu et de Jeanne faye sa femme, ayant été écrasée le jour precedent par la chutte d’une muraille de l’abbaye, a été inhumée dans le cimetière en présence de Jean gidon et de Jean gidon habitans de ce lieu qui n’ont scû signer Artaud curé."
 
Cet enfant avait été également tué sur le coup.
 
Au total, cette muraille maudite tua donc 6 personnes :

  • Une femme, Marie Barreyre (31 ans) ;
  • Un enfant, Michel Barreyre (3 ans), et un nourrisson, Annet Barreyre (5 mois), mort sur le coup ;
  • Un homme, Gaspard Émuy (37 ans) et son fils Jean (9 ans) morts sur le coup ;
  • Un nourrisson, Marguerite Gidon (9 mois), mort sur le coup.

Elle blessa 4 personnes :

  • Un enfant, Michelle Émuy, âgée de 20 mois, fille de Marie Barreyre ;
  • Un homme, Fiacre Gidon, âgé de 25 ans ;
  • Une femme, Jeanne Faye, épouse de fiacre Gidon, âgée de 23 ans ;
  • Une femme, Marie Barreyre, femme de Gaspard Émuy, âgée de 35 ans, enceinte.
     
    J’ai pu situer les trois maisons détruites où demeuraient les victimes et les blessés désignés dans ce rapport, grâce à la reconstitution du parcellaire cadastral que j’ai pu établir à partir de la liève de cens dressée par Maître Roux en 1756 (Arch.Dép.63, Fonds de l’abbaye de Beaumont, liasse 50H28) : ces trois maisons du quartier du Chauffour (cotées 1, 4 et 52 dans la liève et sur le parcellaire) étaient les dernières avant la porte du Chauffour, entre la rue du Chaufour au sud et le mur de l’abbaye au nord, et le colombier et tour de Villeneuve à l’Est.

On voit bien que c’est la partie extrême du "cour Barand" (noté CO), joignant la tour et colombier de l’enceinte commune au village et à l’abbaye qui s’écroula sur les maisons situées en contre-bas. Rappelons que cet alignement de maisons au pied de l’abbaye constituait l’ancienne basse-cour de celle-ci, peu à peu abandonnée en tant que basse cour et devenue au fil du temps la propriété pleine et entière de habitants.

Ces pauvres gens, probablement surpris dans leur sommeil, périrent sans trop comprendre ce qu’il leur arrivait ; ils suscitent ma compassion et je n’oublie pas non plus les survivants qui durent surmonter le deuil d’un proche et, pour certains d’entre-eux, d’un enfant...

Évidemment, le médecin Malouet et les deux Chirurgiens, Jaladon et Raymont se firent rembourser leurs prestations :

Tout d’abord, les médicaments administrés :

  • Quatre bouteilles d’eau de vie (4 livres) !
  • De l’eau balnéaire (5 livres) ;
  • Six pots d’onguent styrax (désinfectant) (15 livres) ;
  • Du canfré et du sel d’amoniaque (3 livres 12 sous), soit un total de 27 livres 12 sous.

Ensuite, leurs visites :

  • Malouet, médecin, une journée soit 12 livres ;
  • Raymont, chirurgien, pour visite et ouverture des cadavres, 12 livres ;
  • Jaladon, chirurgien, idem, 12 livres ;
  • Jaladon, neuf journées et couchées, 36 livres ;
  • Pour le même, neuf journées à deux voyages par jour, 36 livres ;
  • Pour le même encore, neuf journées à un pansement par jour, 27 livres ;

Le sous-total s’élevait donc à 135 livres et le total, médicaments compris, à 162 livres et 12 sous.

Aussitôt qu’il apprit cet événement malheureux, l’Intendant d’Auvergne, Monsieur de Ballainvilliers, dont l’humanité et le désintéressement sont soulignés par tous les historiens, écrivit au Contrôleur Général des finances, Monsieur Clément Charles François de l’Averdy, Ministre de Louis XV, qui se trouvait alors à Fontainebleau avec la Cour :

"J’ay l’honneur de vous informer d’un événement funeste arrivé le 2 de ce mois vers les 5 heures et demy du matin au village de Beaumont situé à une demie lieue de cette ville (Clermont). Il y a dans cet endroit une abbaye de religieuses dont (une) partie d’un ancien mur de clôture épais de cinq pieds s’est écroulé sur trois maisons de paysans et les a écrasés. Ont péri six personnes dans cet accident et plusieurs sont blessés. Du nombre de celles-ci, est une femme enceinte dont le mari a été étouffé sous les ruines de sa maison, et elle est en danger de mort. J’ay aussitôt été informé de ce désastre et j’ai envoyé au secours de ces malheureux un médecin et deux chirurgiens avec les médicaments nécessaires. Je continuerai de pourvoir à tous les besoins que leur état exige et je crois que vous ne désapprouverez pas que je fasse payer ces frais sur les fonds dont j’ai à disposer. (...) Je suis avec un respect infini, Monsieur, etc."

Le Contrôleur Général de l’Averdy lui répondit le 10 octobre, en lui adressant une "ordonnance" de 162 livres :

"Monsieur,

"Vous avez très bien fait de procurer aux malheureux habitants du village de Beaumont qui ont été blessés par la chute du mur de l’abbaye de ce nom les secours qui peuvent leur être nécessaires et j’approuve bien volontiers que vous fassiez acquitter cette dépense sur les fonds que vous avez entre les mains. Il paraît néanmoins convenable puisque ce désastre provient de la négligence que cette abbaye a sans doute apporté à l’entretien de ce mur qu’elle fut tenue à quelqu’ indemnité envers ces pauvres gens que cet accident va peut être mettre hors d’état de travailler et qui seront par ce moyen réduits dans l’indigence. C’est à quoi il me semblerait aussi nécessaire de pourvoir. Je suis,
Monsieur,
Votre humble et très affectionné serviteur .
De l’Averdy"

Ce Ministre, dont les biographes signalent " la grande rectitude intellectuelle et morale", témoigne dans sa réponse d’une compassion probablement sincère et d’une grande lucidité : il souligne la responsabilité de l’abbaye qui avait négligé d’entretenir correctement son mur de clôture, et qui devait donc contribuer à l’indemnisation des victimes.

Rien ne nous renseigne sur l’attitude de l’abbesse du moment. On était dans une phase délicate de passation du pouvoir abbatial, et l’atmosphère était bien détestable. Entre 1759 et 1767, l’abbesse Marie-Thérèse de Lantilhac et les sœurs avaient défrayé la chronique en s’opposant violemment dans un procès assez sordide, dont les attendus sont rapportés dans plusieurs mémoires visibles à la Bibliothèque Municipale de Clermont, dont je parlerai dans un autre article (cf mémoires conservés à la Bibliothèque de Clermont : A10542, 10542-1, 10589, 10589-15, 10589-17, ainsi que l’article sur "l’affaire Goughon").

Au moment de la chute de la muraille sur les maisons du quartier du Chauffour, Marie-Thérèse de Lantihac-Sedières était encore abbesse. À l’issue des procès évoqués, elle fut contrainte de résigner sa charge abbatiale "entre les mains du Roi" trois ans plus tard, le 3 septembre 1768...

C’est sa propre sœur, Marie-Victoire de Lantilhac, Prieure de l’abbaye, qui lui succéda le même jour après avoir vécu ce terrible événement...

Dans les archives disponibles, on ne trouve pas trace de l’action des édiles en exercices cette année-là : Toussaint Guybert était le Syndic de la commune depuis quelques années et les consuls en exercice étaient Antoine et Jean Maradeix, Étienne Gasne dit le clerc, Pierre Vaureix, Jean et Guillaume Barreyre (archives Pageix)

Bibliographie :

-Henri Pelletier : "Notes historiques sur les séismes en Auvergne, in Revue des Sciences Naturelles d’Auvergne, Vol. 35, 1969.

Henri Pelletier lui aussi identifie et décrit les séismes (date, localisation, épicentre, etc.) par le biais des textes qui font état de réparations importantes aux édifices publics (églises, maisons communes, enceintes urbaines : tours, portes, etc.) lorsque les travaux dépassent par leur ampleur de simples opérations d’entretien courant.

Cet auteur fournit dans son article une liste chronologique des séismes connus, survenus en Auvergne : il y eut un tremblement de terre en 1477 et en 1479, et la secousse du 1er mars 1490 fut suivie de plusieurs récidives, en 1492 notamment. Ceci pourraient expliquer la longueur des travaux de reconstruction, constatée aussi pour d’autres villes comme Clermont. Ensuite, la terre Auvergnate trembla encore, en 1540, 1594, 1639, 1752, 1756 et 1765. D’autres séismes furent subis en 1833, 1843, 1857, 1866, 1881 1892, 1920, 1935, 1957 et 1972.

  • Du même auteur : "La Limagne, géologie et archéologie", Ed. Volcans, 1975, Ch.V, P. 91 et suivantes : "Les séismes en Limagne".

Henri Pelletier précise : "On ne parle, dans les documents, que nous avons pu atteindre, que des édifices publics mais il est sûr que les édifices privés, maisons d’habitations, etc., eurent à souffrir, moins peut-être que nous pouvons le penser. En effet, les maisons particulières, pour la plupart, étaient entièrement charpentées en bois, y compris les murs, avec remplissage en pisé ou en torchis comme on en voit encore quelques-unes dans le vieux Montferrand. Il est certain que de telles constructions pouvaient voir s’écrouler ici ou là un remplissage mais elle ne s’effondraient pas". 

-André-Georges Manry : "Clermont", Ed. Volcans, 1975, P 119 : "Le tremblement de terre de 1491" :

"Les dégâts furent très importants : nombreuses brèches dans les remparts avec écroulement partiel ou total de douze tours, effondrement du toit de la maison commune et d’une tour de Notre-Dame du Port, profondes lézardes sur la façade des deux grosses tours carrées de la cathédrale". Une longue fente se voit encore au-dessus du portail sud.

Sources :

  • Archives départementales du Puy-de-Dôme, Fonds de l’Intendance, C 1979 et 1981 ;
  • D°, Fonds de l’abbaye de Beaumont, 50 H 37 ;
  • D°, Registres paroissiaux de Beaumont, etc

Transcription du compte rendu de visite des médecins de Clermont-Ferrand, Jean Malouet, Charles Jaladon et Jean-Baptiste Raymond le 2 octobre 1765 :

"Nous sousignée jean malouhet docteur en médecine charles jaladon maître et demonstrateur en chirurgie lieutenant du premier chirurgien du roy chirurgien major du regiment de riom membres de l’academie des siances et ars de cette ville de clermont ferand et jean baptiste raymond aussy maître et demonstrateur en chirurgie membre de l’academie des sciances et ars de cette ditte ville, certifions quand vertu de l’ordonnance de monseigneur de ballenvillier intendant de l province d"aucergne nous susdit sommes transporté le 2e du present mois d’octobre 1765 au lieu de beaumont por y voir, panser, et medicamenter, dresser notre proces verbal des excés commis sur la personne des cÿ après nommés, etant parvenu audit lieu et en la maison de monsieur dechanflour dalaniat ecuyer, on nous a conduit dans un apartement ou monsieur chanflour avoit refugie quatre malheureux qui avoient été ecrasé par le mur de cloture de labeÿe des benedictines de beaumont.

premier malade
1er marie baraire dite roche, famme a gaspart emuit agée de 35 ans et ensainte d’environ cinq a six mois, nous luy avons trouvée de la chossine sur toute la surface de son corps des douleurs extremes aux deux troquanter le long de l’epine, des cuisses, des jambes, et dans l abdoment le tout complique de dificulté de respirer, de petitesse, et défiscance dans le pous, de sorte que cette femme malgrée les secours qu on peut luy donner est non seulement en danger de se blesser mais encore de perdre la vie......

2e michelle emie (Émuy) fille a la sy dessus nommée agée de 20 mois nous luy avons trouvé aussy du sable et de la terre sur la surface se son visage une forte contusion a la partie moyenne de l osure superieure nous estimons que cet enfant sera gueri dans cinq a six jours......

3e blessée fiacre jedont agée de 25 ans at une forte entorce avec gonlement au poignet gauche, laquel gonflement se prolonge dans presque toute la face interne de l’avant bras, plus une autre contusion a la face externe de l premiere falanche du pouce de la main droitte, il se plaint de douleurs vives dans toutes les parties de son corps, le tout compliqué de fievres. nous estimons qu il faut un mois ou six semmaines audit fiacre jadont pour sa guerison, et peut etre luy resterat il de la rouedeurs dans son poignet gauche, pendant tres long temps, ce qui l’empecherat de vaquer avec esance a ces travaux
4e blessé jeanne faye famme de fiacre jedont, cy dessus nommée agée de 22 a 23 ans at une forte contusion au poignet gauche, les doigts de la meme main excorié auquel desordre a succedé la paralisie du poignet, plus une autre contusion au parietal droit et une autre au genout gauche, le tout compliqué de douleurs par tout le orps et de fievres, nous estimons qu’il faus six semaines et peut etre l’usage des bains du mondort pour retablir le jeu du poignet paralizé.

visite des cadavres
1er nous nous sommes transporté en la maison de tousent veret pour y voir le cadavre de margueritte jedont agée de dix mois fille a fiacre, cy dessus nommée a laquelle nous avons trouvée une excoriation avec equimose au dessus du soursil droit, plus une autre entre l’apophyse zigomatique et l’os de la pomette, nous avons trouvé son visage ainsÿ que son maliaut couvert de chossine, ayant procedé a l’ouverture de la poitrine, nous avons remarqué les lobes des poulmons gorgée d’un sang ecumeux de sorte que nous estimons qu l’enfant a été sufoqué par la poussiere et autres corps lors de l’écroulement de lad(ite) maison...
2e visite de cadavre

gaspart emuit agée de 37 a 38 mary a marie bariere cy dessus nommée nous luy avons remarqué sur les parties anterieures 22 contusions, posterieurement une fracture considerable de la 12e vertebre dorsale qui la separoit a ÿ passer le doigt de la premiere lombaire, de sorte que nous croyons que c’est la cause la plus prochaine de sa mort, quoique le poulmont se soit trouvée plus gorgée qu’a l ordinaire...

3e cadavre jean emuit fils a gaspart agée de 10 a 12 ans nous luy avons trouvé la langue extrete et fort enflé ainsie que les lesvres, l’oreille droitte remplie de terre pleusieurs excoriations sur les diferantes partie de son corps par l’ouverture de la poitrine nous avons remarqué que les poulmons principalement le laube gauche etoit gorgée de sang de sorte que nous estimons que et jeune homme a été étoufée par la pousiere et autres corps qui sont tombee sur sa personne ...

4e cadavre michel bariere agée de trois ans nous luy avons trouvée une forte contusion sur toute la partie posterieure du col, et dépretion de l’os de la pomette du cotté gauche nous avons aussy trouvée de la terre et autres demolissement sur son visage...

5e cadavre année (Annet) bariere agée de cinq mois nous ne luy avons trouvee d’autres afections a l’extiereur que de la terre sur son visage.

6e et dernier cadavre marie baraire fille agée de 32 ans nous luy avons remarqué une plaÿe contuse situé sur l’aile du nez du cottée gauche la bouche, le néz remplie de terre pleusieurs excoriations aux jambes, par l’ouverture de la poitrine de ces trois derniers cadavres nous avons trouvée les organes de la respiration tres gorgée de sorte que nous estimons qu’ils ont été suffoquées ainsÿe que les pessedants par la poussiere et autres corps au moment de la chute du mur des religieuses sur les trois maisons de ces malhaureux, c’est ce que nous atestons sincere et veritable en foÿe de quoy nous avons signe le present proces verbal a beaumont ce 3e octobre 1765.

M.J.R."

Nota : ces descriptions précises montrent que les victimes ont péri étouffées et ont cherché à protéger leur visage avec leurs mains.


[1l’enclos de Beliegard, puis Beauregard : voir son emplacement sur la vue de Beaumont vers 1750.

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