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La présence juive à Tianjin (Chine) depuis le XIXe siècle

Le jeudi 13 mai 2010, par François de Chevalerie

L’installation

Pourchassés par les pogroms, dès la fin du XIXe siècle, des marchands et des ouvriers d’origine juive (yóu tài rén), principalement originaires de Pologne, entreprirent le long chemin depuis les plaines de l’Europe Centrale jusqu’en Mandchourie. La plupart firent souche à Harbin. D’autres prolongèrent vers les villes côtières. Certains s’installèrent à Tianjin constituant, dès la fin du XIXe siècle, le premier embryon de communauté juive de la ville, alors dénommée Tienstin.

À cette immigration, s’ajoutèrent dans les années 20, quelques dizaines de bolchéviques lesquels emmenés dans les bagages de Maksim Litvinov, Commissaire aux Affaires Etrangères de l’URSS, remplissaient alors le rôle de coopérants politiques ou mieux nommés, de camarades du peuple frère. Si la plupart d’entre eux étaient juifs aucun n’en faisait état. Seul leur nom suggère cette appartenance.

Certains membres de la communauté juive de Chine étaient également issus du Bund, mouvement socialiste juif créé à la fin du XIXe siècle dans l’Empire de Russie. A Tianjin, d’après les archives historiques de l’Université de Nankai, l’on perçoit une vague attention de créer un bureau local du Bund. L’initiative restera lettre morte. Il semble bien que l’ardeur révolutionnaire s’affaiblisse à mille encablures des plaines de l’Europe centrale.

A ces mouvements, vinrent s’adjoindre des juifs installés autoritairement dans le Birobidjan, un État supposé juif aux confins de la Sibérie, surtout une création artificielle de Staline.

En 1928, date de l’apogée de Tienstin, la communauté juive comptait près de 4000 membres avec une activité sociale très diversifiée, de nombreux clubs d’animation. La pratique du sport est particulièrement poursuivie.

Une communauté unie

Si la communauté juive de Tianjin est exclusivement d’origine Ashkénaze et de langue Yiddish, tout oppose en apparence les coopérants communistes aux réfugiés. Au son du Kominterm, les premiers en appellent à l’internationale socialiste, leur présence à Tienstin n’étant qu’un maillon de cette chaine. Les seconds souhaitent une vie meilleure à l’abri des violences qui sévissent en Europe Centrale. Dans la minute d’une réunion de l’Association d’entraide juive de Nankai, l’on retrouve les termes d’un débat à l’allure plutôt irréaliste. « Il faut lever les masses chinoises, déclare un certain Igor Zelman, combattre partout l’hydre féodal ! » Peut-être songe-t-il aux Seigneurs de Guerre Chinois ? Cependant, il est aussitôt contredit par Daniel Lieberman, un actif commerçant de la ville, lequel l’invite à ouvrir une échoppe de fourrures. Les deux hommes s’empoignent alors amicalement. Avec les années, les Bolchéviques rentreront dans le rang, certains se mariant avec des chinoises. Toutefois nombre d’entre eux resteront fidèles à leur idéal apportant leur concours au mouvement communiste chinois. A cet égard, il faut noter que dans les années 1950, plus de la moitié des membres de la section étrangère du P.C.C. sont juifs dont le plus célèbre d’entre eux, Israël Epstein.

Loin des troubles, un monde paisible

Durant la période sombre qui s’abat en Europe, la communauté juive de Tienstin vit des heures paisibles.

« Alors que nos frères vivaient le martyr, à Tianjin, nous ne souffrions d’aucune turbulence » souligne Harry Rozents, originaire de Pologne. « Certes nous avions des échos de ce qui se passait sur la Vistule mais comme ici nul ne nous molestait, nous n’y pensions pas. ». « A l’époque, ajoute-t-il, les chinois n’avaient absolument aucune perception particulière à l’égard des juifs. Nous étions indistinctement des wài guó rén (étrangers) comme l’étaient aussi les quelques Allemands résidants à Tianjin ». Malgré l’invasion Japonaise en 1937, la communauté s’y maintient pour l’essentiel. Aucun incident n’étant alors rapporté.

D’ailleurs, en 1938, la synagogue de Nanjing Lu est inaugurée en grandes pompes. « Chinois et juifs étaient de la fête » se souvient Harry Rozents. Toutefois, plus que la place des traditions religieuses, c’est la culture Yiddish qui constitue le ciment de la communauté.

Avec l’avènement de la République Populaire en 1949, la plupart de ses membres émigrent en Australie ou aux États Unis.

Aujourd’hui, la communauté juive de Tianjin compte une centaine de personnes éclatées en diverses nationalités.

Des bâtisseurs

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La synagogue de Tianjin

A Tienstin, l’apport de la communauté juive dans l’aménagement de la ville est considérable. Pas moins d’un millier d’immeubles, construits entre 1860 et 1937, illustrent peu ou prou tous les styles d’architecture de l’Europe. Cet incroyable patchwork rappelle le goût à l’universalité telle que l’envisage une certaine identité juive. Au nombre des bâtiments, la synagogue de Tianjin (laquelle se trouve à un embranchement de Nanjing Lu) présente une façade extérieure post moderne (une audace pour l’époque). Après les années cinquante, le bâtiment a longtemps abrité un restaurant. Désormais restaurée, une association américaine entend lui restituer sa destination originale.

Sources : Archives de l’Université de Nankai.

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