Quelle langue parlaient nos ancêtres ?
À l’initiative de Michel Lapalus, auteur du blog Écrire le patois, une langue comme les autres, voici une rubrique qui vous invite à découvrir ou revisiter la langue parlée par nos ancêtres, la langue de la maison, pour reprendre une expression d’Henriette Walter.
Car, si aujourd’hui la langue française est omniprésente sur tout le territoire, jusque dans les villages et les petits « lieux-dits » les plus reculés, il fut un temps où le français n’était pas uniformément répandu dans le pays.
Or ce temps n’est pas si ancien. Il suffit d’évoquer le souvenir de nos grands-parents ou arrière-grands-parents pour retrouver quelques bribes de patois et la magie de quelques belles expressions bien mystérieuses à nos oreilles.
Le târrayon , prononcer târra-yon , est un mot du patois de Charlieu - Tsarieu [1]
On le trouve dans un texte de Jean Meunier, Le curé de Saint-Chose, sur le site Patois Vivant : Patois vivant - Forez.
Le târrayon , c’est le paysan qui marche dans la terre - la târre
[2], qui gratte la terre, qui vit de la terre.
Târrayoné [3] ou târrioné - remuer la terre et târrouze [4] – butteuse à pommes de terre sont deux autres mots dérivés de târre.
Les paysans entre eux ne se sont jamais appelés paysans. Paysan, un mot venu de l’extérieur pour désigner l’habitant du pays, l’indigène en quelque sorte. Tout au long de l’histoire , les mots n’ont pas manqué : serf, vilain, manant, jacques, croquant, tenanci [5], grandzi [6], métayer, fermier, cultivateur, agriculteur, exploitant agricole… et d’autres plus péjoratifs : cul-terreux, tire-vretiau [7], peigne-cul, plouc, péquenot……Le mot paysan, lui-même, était un terme de mépris.
Mais rien n’est définitif, le sens des mots évolue. Le mot paysan est revendiqué par de nouveaux agriculteurs qui s’orientent maintenant vers la qualité des produits ( agriculture bio, vente directe, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne…)
Peut-être que le mot târrayon n’aurait pas été mal non plus ! Un mot presque inconnu, sauf bien sûr, pour les lecteurs de la Gazette Web.
- Pour aller plus loin sur le sujet : le blog de Michel Lapalus : Écrire le patois, une langue comme les autres