Quelle langue parlaient nos ancêtres ?
À l’initiative de Michel Lapalus, auteur du blog Écrire le patois, une langue comme les autres, voici une rubrique qui vous invite à découvrir ou revisiter la langue parlée par nos ancêtres, la langue de la maison, pour reprendre une expression d’Henriette Walter.
Car, si aujourd’hui la langue française est omniprésente sur tout le territoire, jusque dans les villages et les petits « lieux-dits » les plus reculés, il fut un temps où le français n’était pas uniformément répandu dans le pays.
Or ce temps n’est pas si ancien. Il suffit d’évoquer le souvenir de nos grands-parents ou arrière-grands-parents pour retrouver quelques bribes de patois et la magie de quelques belles expressions bien mystérieuses à nos oreilles.
Qu’est-ce que le r’gognou ?
Le r’gognou, c’est le rebouteux. Les deux mots sont construits de la même façon :
- r’gognou du verbe gueugni qui veut dire bouger, remuer. Le r’gognou est celui qui fait re-bouger, qui remet à sa place une articulation démise.
- rebouteux de l’ancien verbe français bouter qui veut dire pousser. Le rebouteux repousse l’os à sa bonne place.
Le r’gognou au savoir empirique et de plus, souvent guérisseur, tenait une place à part dans l’échelle sociale du village. Mal vu de la médecine officielle, peu apprécié par les religieux qui voyaient en lui un concurrent, redouté par certains qui à tort, le prenait pour un jeteur de sorts, c’est tout de même lui qu’on allait voir en premier.
Y avait-il une r’gognouze ? Sans doute, mais peut-être plus spécialisée dans les soins par les plantes ; la phytothérapeute avec un peu d’avance ?
Si t’é bancalou, va vouâ le r’gognou.
Si tu es boiteux, va voir le rebouteux.
On retrouve le verbe gueugni dans l’expression :
y gueugne dans l’mantse.
ça bouge dans le manche.
(le manche de l’outil n’est pas suffisamment bloqué dans la douille et ne permet pas de travailler correctement).
Y gueugne dans l’mantse, c’est rien ne va, les affaires marchent mal ou pire il est très malade, il est prêt à mourir.
En souhaitant à tout le monde que chez eux, y gueugne pas dans l’mantse.
- Pour aller plus loin sur le sujet : le blog de Michel Lapalus : Écrire le patois, une langue comme les autres