Quelle langue parlaient nos ancêtres ?
À l’initiative de Michel Lapalus, auteur du blog Écrire le patois, une langue comme les autres, voici une rubrique qui vous invite à découvrir ou revisiter la langue parlée par nos ancêtres, la langue de la maison, pour reprendre une expression d’Henriette Walter.
Car, si aujourd’hui la langue française est omniprésente sur tout le territoire, jusque dans les villages et les petits « lieux-dits » les plus reculés, il fut un temps où le français n’était pas uniformément répandu dans le pays.
Or ce temps n’est pas si ancien. Il suffit d’évoquer le souvenir de nos grands-parents ou arrière-grands-parents pour retrouver quelques bribes de patois et la magie de quelques belles expressions bien mystérieuses à nos oreilles.
Entre le soufflet, le feu et l’enclume, le marétsau - le forgeron - se bat avec le fer à grands coups de marteau. Il est un des hommes important du village. C’est à la forge que se rencontre les hommes, un peu comme les femmes au lavoir.
Le forgeron remet à neuf la plupart des outils de travail de la terre : pioches, socs et pointes de charrue, etc… Il fabrique gonds, pentures, verrous, loquets, clefs. Il pose les cercles de fer sur les roues des tsés - chars - et des barreûs -tombereaux.
Il ferre et soigne les boiteries des animaux de trait, d’où son nom de maréchal-ferrant.
Vatses – vaches – ou bus - bœufs - sont immobilisés dans une cage de contention, faite de sangles et de poulies qu’on appelle un travail (mot d’origine latine qui signifie torture, souffrance – on entend encore parfois cette phrase terrifiante « il faut terminer le travail »). Heureusement, pour la vache, il ne s’agit que de lui mettre une demi semelle de fer à l’onglon.
Le tsvau – cheval - lui, est plus patient, plus apprivoisé ou plus soumis. Une simple lanière de cuir suffit pour maintenir le sabot retourné où le forgeron ajuste et pose le fer à cheval brûlant. Une fumée un peu jaunâtre vous monte dans les narines avec l’odeur de corne grillée. Un parfum qui ne s’oublie jamais !
De temps en temps, le maréchal-ferrant se fait arracheur de dent ; sa poigne est solide, sa pince encore plus. Un mauvais moment à passer que vient tempérer un demi verre de goûte (eau de vie) pour remplacer anesthésiant et désinfectant. Le prix de l’opération défie toute concurrence, mais il faut apporter sa goûte !
- Pour aller plus loin sur le sujet : le blog de Michel Lapalus : Écrire le patois, une langue comme les autres