Quelle langue parlaient nos ancêtres ?
À l’initiative de Michel Lapalus, auteur du blog Écrire le patois, une langue comme les autres, voici une rubrique qui vous invite à découvrir ou revisiter la langue parlée par nos ancêtres, la langue de la maison, pour reprendre une expression d’Henriette Walter.
Car, si aujourd’hui la langue française est omniprésente sur tout le territoire, jusque dans les villages et les petits « lieux-dits » les plus reculés, il fut un temps où le français n’était pas uniformément répandu dans le pays.
Or ce temps n’est pas si ancien. Il suffit d’évoquer le souvenir de nos grands-parents ou arrière-grands-parents pour retrouver quelques bribes de patois et la magie de quelques belles expressions bien mystérieuses à nos oreilles.
Venus de l’est, il y a 2500 ans, les Celtes s’installent dans une grande partie de l’Europe. Ils apportent avec eux une technique révolutionnaire : la métallurgie du fer. Et sa conséquence directe, la création d’un outil performant : la faux – le dâ , le dâr , la daille ...
La faux va faciliter considérablement la coupe de l’herbe, permettre de stocker le foin pour l’hiver et ainsi favoriser un développement important de l’élevage.
Au XVIIe siècle, on lui ajoute un râteau de trois ou quatre dents de bois parallèles à la lame et fixé au manche ; un dispositif très utile pour la moisson.
La faux doit couper comme un rasoir ; il faut donc l’affûter :
- marteler- entsép-yi - le tranchant pour l’amincir sur une petite enclume – l’entsép-ye - . Un travail qui nécessite un peu d’habileté et une bonne vue.
- aiguiser avec une pierre spéciale, la pierre à aiguiser – la piârre d’agueuzoule - que l’on porte accrochée à la ceinture dans un fourreau – le dzargot (souvent une corne de vache) appelé aussi boté , godze , potté ... Un peu d’eau dans le dzargot pour maintenir la piârre d’agueuzoule propre et humide ; une poignée d’herbe pour la coincer et la fauche peut commencer.
La faux a disparu de l’agriculture moderne, mais on la retrouve parfois chez le jardinier. Il faut dire qu’elle n’est pas sans qualités : un silence bien agréable pour les voisins, un coût assez modeste, un bilan carbone plus qu’excellent et une souplesse du dos obtenue sans le concours de l’ostéopathe !
Dommage de voir la faux souvent associée à l’allégorie de la mort. Mais, peut-être ne faut-il voir là que le symbole de son efficacité !
- Pour aller plus loin sur le sujet : le blog de Michel Lapalus : Écrire le patois, une langue comme les autres