Quelle langue parlaient nos ancêtres ?
À l’initiative de Michel Lapalus, auteur du blog Écrire le patois, une langue comme les autres, voici une rubrique qui vous invite à découvrir ou revisiter la langue parlée par nos ancêtres, la langue de la maison, pour reprendre une expression d’Henriette Walter.
Car, si aujourd’hui la langue française est omniprésente sur tout le territoire, jusque dans les villages et les petits « lieux-dits » les plus reculés, il fut un temps où le français n’était pas uniformément répandu dans le pays.
Or ce temps n’est pas si ancien. Il suffit d’évoquer le souvenir de nos grands-parents ou arrière-grands-parents pour retrouver quelques bribes de patois et la magie de quelques belles expressions bien mystérieuses à nos oreilles.
Qu’est-ce que le cretou ?
Le cretou qu’on peut écrire aussi crrtou ou creûtou, c’est l’avare. Il n’a qu’une seule passion : l’argent. Il préfère se montrer mal habillé, sale, crotté ( d’où le mot cretou) plutôt que de dépenser son argent.
De nombreux mots existent en patois pour nommer l’avare : rapiat, grigou, engossou, prés d’ses sous et sans doute beaucoup d’autres.
Les expressions ne sont pas rares non plus :
Compté les us u cul d’la polaille
Compter les œufs au cul de la poule
Sârré d’la creupire
Serré de la croupière
La croupière est la lanière de cuir, passée sous la queue du cheval, qui empêche le harnais de remonter vers l’avant ; le patois est une langue imagée qui ne fait pas dans la dentelle, d’où la comparaison entre avarice et constipation.
Vés lu, y sorto qu’la f’mire
Chez lui, il ne sortait que la fumée (et surtout pas son argent)
Ôl écorts’ro un piou p’ava la piau
Il écorcherait un pou pour avoir la peau
L’avare d’aujourd’hui n’est plus crotté. Il est même très, très bien habillé. Mais sa cassette est toujours aussi secrète, bien cachée dans les paradis fiscaux. Et il n’a toujours qu’une passion : l’argent.
Source : Écrit avec l’aide des Parlers brionnais de Mario Rossi et du Pays de la Noue (Trivy) d’Eric Condette.
- Pour aller plus loin sur le sujet : le blog de Michel Lapalus : Écrire le patois, une langue comme les autres