Quelle langue parlaient nos ancêtres ?
À l’initiative de Michel Lapalus, auteur du blog Écrire le patois, une langue comme les autres, voici une rubrique qui vous invite à découvrir ou revisiter la langue parlée par nos ancêtres, la langue de la maison, pour reprendre une expression d’Henriette Walter.
Car, si aujourd’hui la langue française est omniprésente sur tout le territoire, jusque dans les villages et les petits « lieux-dits » les plus reculés, il fut un temps où le français n’était pas uniformément répandu dans le pays.
Or ce temps n’est pas si ancien. Il suffit d’évoquer le souvenir de nos grands-parents ou arrière-grands-parents pour retrouver quelques bribes de patois et la magie de quelques belles expressions bien mystérieuses à nos oreilles.
La tsézire - la cage à fromages – placée à l’ombre assure séchage et protection. Souvent placée sous un appentis – la tsape – ou mieux encore sous l’avant-toit près de la porte d’entrée. Accrochée à une corde qui coulisse sur une poulie fixée sous le toit, elle monte et descend au gré des besoins. C’était du moins la méthode en Brionnais, Charolais et Mâconnais avec les fromages de chèvre.
- Poulie pour cage à fromages
La tsézire semble être l’exacte traduction d’un mot de vieux français : la chazère ou la chazière , un panier d’osier où l’on séchait les fromages. Il aurait pour origine le mot latin caseus (caséine) ou l’autre mot latin casa (la maison) avec pour dérivé case ou casier.
La cage à fromages aurait pu aussi devenir la fromadzire en partant du mot fromage ; mais il faut garder le conditionnel ; aux linguistes de nous informer et de choisir… Pour info, on retrouve aussi le mot casa (la maison) dans le nom de lieu, La Chaise-Dieu.
La tsézire est gérée par la paysanne ; elle est l’aboutissement d’un rythme de travail quotidien :
- la traite : la tseuvre (la chèvre), le copon (le petit seau à traire muni d’une poignée),
- l’emprésurage : la seûille de cailli (le seau de lait caillé),
- le moulage : la cope (la faisselle), l’ agotou (l’égouttoir),
- le séchage : la tsézire .
Une maison sans chèvre et sans cage à fromages était autrefois une exception. Elle est très vieille la tsézire , juste un peu plus jeune que la chèvre qui elle, nous accompagne depuis 10 à 15 000 ans.
- Pour aller plus loin sur le sujet : le blog de Michel Lapalus : Écrire le patois, une langue comme les autres