L’édification de la citadelle de Port-Louis
En 1486, Port-Louis s’appelait alors Blavet et était un port de commerce. Pour protéger le site, le duc de Bretagne François II eut pour projet d’édifier une tour à la pointe de la presqu’île mais il semble que cette construction ne vit jamais le jour.
Ce n’est qu’une centaine d’années plus tard que l’idée de construire une fortification revint. Ce fut Philippe II d’Espagne, appelé par les Ligueurs, qui repris un projet et le duc de Mercoeur l’informait, le 6 décembre 1590, du début des travaux. En janvier 1591, un fossé et deux bastions de front de terre étaient déjà bâtis. Fin janvier, Henri IV inquiet, demandait deux mille hommes de pieds à la reine Elizabeth d’Angleterre pour empêcher les Espagnols de fortifier le Blavet.
- La citadelle de Port-Louis - vue de la passe
- Autre vue des fortifications de la citadelle
Les travaux furent poursuivis et Don Juan del Aguila, gouverneur de la place donna son nom à la citadelle qu’il construisit : « Fuerte del Aguila ». En 1598, le traité de Vervins mit fin à l’occupation espagnole, les Etats de Bretagne demandèrent alors la démolition de la citadelle. La destruction ne fut pas complète et il resta : deux bastions, une courtine, les piles du pont, les casernes, deux corps de garde et la chapelle.
Après l’assassinat d’Henri IV, quelques insurgés, en juin et juillet 1610 commencèrent à rétablir le fort. Mais les années suivantes furent l’objet de bien des hésitations sur son édification. Ce n’est qu’en juillet 1618 que furent décidées la conservation de la citadelle, dénommée alors Fort-Louis, et la protection de ville de Blavet, devenue Port-Louis, par des remparts. La citadelle fut l’objet par la suite d’améliorations constantes.
Les premières batteries garde-côtes
En 1666, sur les bords du Scorff est créé le chantier de construction navale de la Compagnie des Indes de Lorient. A la fin du XVII° siècle, pour renforcer la protection de Port-Louis et l’accès à la rade, il fut alors installé des batteries garde-côtes. La première fut aménagée, en 1695, dans les remparts même de la ville de Port-Louis, à l’est de la plage, ce fut la « batterie du Poullo ». Cette même année, il fut décidé la construction de deux batteries, l’une à Gâvres et l’autre à Larmor. C’est ainsi que vit le jour la batterie de Porh-Puns à Gâvres et celle de Locqueltas à Larmor. En 1709, la ville de Lorient est créée mais sans protection particulière dans un premier temps. La citadelle de Port-Louis et les autres batteries paraissent une protection suffisante pour empêcher une attaque par la mer.
- La batterie de Porh-Puns à Gâvres
Protection de la ville de Lorient et implantation de batteries côtières supplémentaires
{{}}La ville de Lorient, dépourvue d’ouvrages militaires de protection, voit les premières constructions protectrices s’effectuer en 1740.
Sur la côte, pendant la guerre de Succession d’Autriche (1743 - 1748), en 1745, est construite la batterie de Port Discot près de la pointe du Talut en Ploemeur.
Mais hélas, ces ouvrages ne seront pas utiles car, en 1746, la flotte anglaise de l’amiral Lestock, composée de 9 vaisseaux de ligne et de 4 bâtiments, quitte Plymouth et c’est 8000 hommes qui débarquent le 1er octobre dans l’anse du Pouldu en dehors de la zone de protection des batteries. Les Anglais encerclent Lorient et installent leurs batteries autour de la ville. Mais l’extrême prudence des Anglais, craignant une résistance des milices gardes-côtes, fait qu’ils rembarquent au bout d’une semaine sans avoir pris la ville.
Aussitôt après la fin de la guerre, une batterie supplémentaire est implantée sur un îlot rocheux, près de l’anse du Pouldu : c’est la batterie de Keragan maintenant appelée Fort-Bloqué.
- Fort Keragan (Fort-Bloqué)
Renforcement des défenses
Quelques années, après ce débarquement, la menace d’une attaque est toujours forte car nous sommes en pleine guerre de Sept Ans (1757 - 1763). Il est donc décidé de construire des nouvelles fortifications.
La Compagnie des Indes implante entre 1756 et 1761 une batterie à l’extrémité de l’île Saint-Michel dans la rade de Lorient et une batterie au Kernevel en face de Port-Louis.
A la même époque d’autres batteries sont implantées sur la côte : à Kerpape, à Lomener et au Courégan et une en face du chantier de construction de la Compagnie à Caudan. En 1756, à l’endroit, où les Anglais ont débarqué en 1746, est bâtie la redoute du Loc’h qui permet de servir deux batteries installées sur la côte.
- Entrée de la redoute du Loc’h
Pendant ce temps, la ville de Lorient renforce ses propres défenses et à la fin de la guerre de Sept Ans la ville est fortifiée et défendue par des remparts.
Mais en 1761, la crainte n’est plus à un débarquement des Anglais sur les côtes ploemeuroise mais sur celles d’Etel car les Anglais ont envahi Belle-Île. Il faut donc protéger Lorient d’une attaque terrestre par le sud et c’est ainsi qu’est bâti le fort de Pen-Mané sur la presqu’île du même nom. Ce fort, construit en bordure de l’eau, a la particularité de tourner le dos à la mer car l’on craint une arrivée des Anglais par la terre et on veut éviter un bombardement de Lorient à partie de la pointe de Pen-Mané. Mais en septembre 1762, les aménagements de la pointe sont suspendus car l’attaque de Lorient n’est plus à l’ordre du jour, la paix étant en cours de discussion avec l’Angleterre.
Bibliographie :
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· Buffet (Henri-François) - Vie et société au Port-Louis des origines à Napoléon III - Editions Bahon-Rault - 1972.
· Huchet (Patrick) - Lukas (Yann) - Moy (Maryvonne) - Histoire du pays de Ploemeur - Editions Palantines - 2000.
· Faucherre (Nicolas) - Prost (Philippe) - Chazette (Alain) - Les fortifications du littoral - La Bretagne sud - Editions patrimoines et médias - Chaurays-Niort - 1998.
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