Je voudrais bien que cette photo ne disparaisse pas ! Illustration d’une page de l’Histoire ? Je n’ai aucun lien avec les acteurs !!
Elle fait partie d’un lot de papiers personnels en déshérence, trouvé dans une maison abandonnée pendant des années et dont je connais l’acquéreur récent.
Le propriétaire Pierre MOSBAH est décédé ainsi que son épouse, il y a une dizaine d’années sans descendance connue.
Immigré de seconde génération, il est né à Paris en 1920.
Son histoire devient peu commune quant au cours de la guerre, il entre dans la Résistance. Il en sera un responsable local : « Marius » chef du P.C. Ouest, secteur sud d’Eure et Loir, chef du Détachement Marceau.
Il raconte lui-même son engagement dans une plaquette « Le détachement Marceau en Eure et Loir ». Nous avons retrouvé deux manuscrits (dont l’un corrigé par l’imprimeur) ainsi que des attestations, certificats pour blessures et décorations… A la Libération, après une grave dépression (certificat), il a exercé (repris ?) la profession de ferrailleur (fiches de paie de chef d’équipe) d’où sa présence sur le chantier d’Orly.
J’ai adressé aux Archives départementales d’Eure et Loir, qui s’étaient déclarées intéressées, la totalité des documents personnels, y compris les manuscrits évoqués, dont la qualité d’écriture est assez remarquable. Je n’ai gardé, parmi quelques autres, que cette photographie, en mauvais état.
Sur le contexte de la photo, je pense qu’il s’agit de la construction de l’aéroport d’Orly-sud 1957-61 et que le chantier est celui des ponts 2-4-5-7 : références aux ponts enjambant la N 7. L’âge apparent de Pierre MOSBAH (au centre, 2e rang il porte un chapeau) conforte la datation.
Devant une baraque de chantier, une équipe de ferrailleurs (une autre photo, de mauvaise qualité, permet de noter que l’équipe comportait « 50 citoyens ») : cisailles, tenailles, la revendication « citoyens République autonome du fer ».
Des slogans un peu inhabituels, savoureux ? Symptomatiques de solidarité ?
Note : Commencée en 1957, la construction de l’aérogare d’Orly Sud s’est poursuivie jusqu’en février 1961, date de son inauguration par le Général de Gaulle. Ce projet, l’un des grands travaux du mandat de Gaulle, s’inscrit dans un contexte économique favorable : de 1958 à 1973, la France connaît la période de croissance économique la plus forte et la plus longue de son histoire. Pour agrandir l’aéroport, l’Etat procédera à de nombreuses réquisitions de terrains et à la déviation de la Nationale 7. Il fera aussi largement appel à la main d’œuvre étrangère, notamment originaire d’Afrique du Nord. Ces derniers, souvent d’origine paysanne, sont voués aux travaux les plus pénibles sur le chantier de l’aérogare. Souvent mal considérés, ils sont regroupés dans des bidonvilles ou dans des foyers-hôtels. Dès son ouverture, l’aérogare Sud deviendra une attraction touristique, une vitrine de la France, visitée chaque week-end par de nombreux touristes... une promenade rendue célèbre par la chanson de Gilbert Bécaud « Dimanche à Orly » (paroles de Pierre Delanoë) : « Je m’en vais le dimanche à Orly, sur l’aéroport on voit s’envoler des avions pour tous les pays. Tout l’après-midi... y’a de quoi rêver... » |