- Photo provenant des Archives familiales
Cousin germain de mon père, André Conill est né le 27/09/1891 à La Mulatière (Rhône), fils de Joseph Jules Hippolyte, employé aux chemins de fer (PLM à l’époque), et de Marie Marguerite Eugénie Baron. Engagé volontaire pour 3 ans le 19/01/1912 [1] à la mairie de Saint-Genis-Laval, il est incorporé au 157e Régiment d’Infanterie. Il est nommé successivement caporal (06/02/1913), sergent (01/10/1913) et adjudant (17/09/1914).
Du 16 août 1912 au 4 juin 1913 il est affecté en Algérie.
- Carte de l’adjudant André Conill à son grand-père Mathieu Baron
Lors de la déclaration de guerre début août 1914, le 357e R.I. est formé à Gap, sous les ordres du lieutenant-colonel Susbielle, du capitaine Granjon commandant la 19e compagnie, dont fait alors partie André Conill, du lieutenant Baudet et du sous-lieutenant Grenier. Le 357e R.I. part sur le front alsacien au début de l’année 1915.
La 19e Compagnie embarque en gare de Laveline le 24 février 1915 à 7 H 28 après avoir marché des Bruyères dès 5 H 10. Elle arrive à Bussang à 12 H 15, avant de rejoindre Weiler en voiture à 16 heures. Elle est en position à Sillackerwasen, tout près de Metzeral, pour une offensive prévue le 5 mai afin de prendre la cote 830, selon l’ordre du Lieutenant-colonel Boudet [2] .
Les violents combats de la cote 830
5 mai - Dans la matinée une brume épaisse empêche l’artillerie lourde de commencer son tir. A partir de huit heures les différentes compagnies prennent leurs positions telles qu’elles ont été indiquées par l’ordre du lieutenant colonel commandant le 357e. Elles y restent pendant le bombardement de la côte 830. A dix heures, le commandant de Comby, blessé, est remplacé au commandement du 5e bataillon par le capitaine Granjon qui remet au lieutenant Baudet [3] le commandement de la 19e compagnie du 357e. A quatorze heures cinquante deux, vers la fin du tir d’épluchage et après la constatation que la plupart des défenses accessoires à l’ouest de 830 et des tranchées allemandes de 1re ligne sur ce mouvement de terrain, sont détruites les 20e compagnie à gauche, 19e compagnie au centre, 18e compagnie à droite, sortent de leurs tranchées et descendent dans le ravin ; elles remontent les pentes opposées pendant le tir d’efficacité de quatorze heures cinquante sept à quinze heures ; puis elles s’élancent à l’assaut de la position. Sans tirer un coup de fusil les 19e et 20e abordent les tranchées allemandes bouleversées par le bombardement, les franchissent, couronnent le sommet et tombent sous un feu violent d’artillerie tiré des hauteurs de la rive droite de la Fecht. Elles arrivent à un ouvrage solidement établi et non démoli par l’artillerie. Reçus à coups de fusil, de mitrailleuses et de grenades, tirés par les allemands qui débouchent de tous côtés, de boyaux aboutissant à droite à un blockhaus intact elles sont en même temps contre attaquées sur la droite de la 19e compagnie par une troupe qui débouche en colonne par quatre. Fusillés de tous côtés, privés de leurs officiers (un seul reste debout sous-lieutenant Grenier) elles sont obligées d’abandonner la position, se reportent en arrière et se cramponnent au terrain à contre-pente à 80 ou 100 mètres plus bas que les tranchées de 1re ligne des allemands ... [4]
La 19e Compagnie compte 33 blessés et 56 morts ou disparus, dont André Conil tué le 5 mai après avoir franchi la première ligne de tranchées allemandes.
Pour ses parents qui ont rejoint Saint-Hippolyte (Pyrénées Orientales) d’où est originaire Joseph Jules Hippolyte, père d’André Conill, c’est une dure nouvelle qui les attend. Après avoir perdu un jeune fils atteint de la maladie bleue [5], ils viennent de perdre leur dernier fils, emporté à 24 ans en pleine jeunesse.
Le monument aux morts du Lycée Ampère
Pendant de nombreuses années j’ai cherché la trace d’André Conill dans les nécropoles nationales, notamment au Chêne Millet à Metzeral, hélas sans succès. C’est en consultant le Mémorial Genweb, site incontournable, et aussi avec l’aide précieuse de Michel Guironnet que j’ai retrouvé sa trace. Ainsi il figure sur le monument aux morts de Saint Hippolyte (Pyrénées Orientales) et son décès a été transcrit sur le registre de cette commune le 8 décembre 1920. Mais une 2e surprise m’attendait, car son nom figurait aussi sur le monument aux morts du Lycée Ampère de Lyon. Fort de cette information je suis allé aux Archives Départementales du Rhône qui conserve un fonds important sur le Lycée Ampère où j’ai consulté les registres des droits constatés et j’ai trouvé mon André Conill qui était élève de 6e au Lycée en 1904 [6].
- Monument aux morts de Saint-Hippolyte (Pyrénées Orientales)
- Extrait du monument aux morts de 1914-1918 au Lycée Ampère de Lyon
Ce monument a été inauguré le 22 octobre 1922 [7]
Pour égayer cet article je ne résiste pas à l’illustrer avec un dessin humoristique réalisé par André Conill et représentant sa famille la plus proche. C’est aussi une façon de lui rendre hommage.
Ce dessin me fait dire "Faites l’humour, pas la guerre".