"..Le diable qui, en effet, ne se plait que dans l’avilissement et la discorde était en joie. Mais, hélas ! pendant ces réjouissances défendues, le gel enlevait tous les fruits. Le pêché, voilà la source de tous les malheurs ».
« Depuis cette époque jusqu’à ce jour (fin mai) pas une seule journée sans pluie, neige, ouragan, grêle, tonnerre, etc. Véritablement, le temps est comme les gens : tout détraqué ».
Voici ce qu’on peut lire dans le bulletin paroissial des Roches de Condrieu (numéro 40 de juin 1903) Il faut bien savoir que ce même « dimanche de Quasimodo », à l’autre bout du village, se tenait la « réunion des Congréganistes » paroissiens membres de confréries religieuses.
Le soir même, à cinq heures, le « conseil de fabrique », personnes dévouées s’occupant de la gestion de la paroisse, se réunissait au presbytère.
La « fête des Croix » est donc une concurrence sérieuse, voire une provocation !
« Cette priorité accordée au respect du dimanche n’empêche pas la continuation du combat contre les formes jugées concurrentes et dangereuses de la sociabilité surtout dominicales : le cabaret et la danse… Les préoccupations morales ne sont pas absentes : il faut préserver la vertu des jeunes gens… Le clergé, en dénonçant la danse, entend surtout garder le contrôle des jeunes filles, dernier bastion, regroupé en pieuses confréries… Le combat, la défense, est une constante dans l’attitude des catholiques du temps. Il est des combats hérités, immuables, tel celui contre la danse…
Celle-ci perturbe le caractère religieux des dimanches, des mariages, des fêtes votives, de plus en plus paganisées. Mais son caractère « satanique » s’accentue au travers des danses de couples, polkas et valses. Le corps reste bien l’objet traditionnel de méfiance » [1].
Au début du XXe siècle, pour un catholique fervent, la danse n’est donc pas recommandée.
Le curé des Roches a un nouveau motif de scandale. Alors qu’il accompagne au train « le bon abbé SAGE », un des directeurs de la « Croisade de la Bonne Presse » venu présider la réunion du Comité local, il a « la douleur de voir la Vogue de la Gare, et pour la première fois, à quelques mètres des tombeaux de nos pauvres défunts, en face de leurs monuments funèbres, des êtres sans dignité (qui) se sont livrés à la danse la plus lascive et la plus éhontée » [2].
Il est vrai que le cimetière n’est pas très loin de la gare. Ce dimanche 17 mai 1903 la foule des vogueurs a du déborder quelque peu de la place dans les rues voisines !
« Triste signe des tristes temps de la triste époque où nous vivons » conclue le bulletin.
D’un côté une fête « païenne » de l’autre la « tristesse » des catholiques pratiquants… Peut-on exclure que quelques « bonnes âmes de la paroisse », après la réunion de la « Croisade de la Bonne Presse », soient allées à la Vogue ?