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"En avant la musique" : le Général Gouraud visite ses troupes - 8e épisode

Le jeudi 20 janvier 2011, par Dominique Schutz, Michel Guironnet

"... Étonnant de pouvoir faire ces recoupements plus d’un demi siècle après les évènements.

Plus vous avancez dans vos recherches et plus je me félicite d’avoir un jour répondu à Thierry, en quête alors de témoignages sur cette époque dont rien ne doit être perdu pour nos mémoires.

Lorsque j’ai découvert cet album, j’ai pensé que, peut-être… Mais je n’imaginais pas trouver quelqu’un qui puisse faire revivre ainsi mon grand-oncle".

C’est ce que m’écrivait, il y a quelques mois, Dominique Schutz, dépositaire sacré des images de guerre de Charles Bourcet.

Remerciements qui me vont droit au cœur et m’encouragent à "ressusciter" des pans oubliés de notre histoire.

Transportons nous en avril 1916.

Dans l’album de Charles Bourcet, cette photo intitulée "Bouy Répétition de la musique"

Au dos, ce commentaire "20 / 3 / 1916 Répétition d’une musique militaire dans la cour d’une ferme à Bouy".

Et cette autre photo, avec pour légende :

« Bouy . Le général Gouraud écoute la musique »

Au dos, il est écrit : « Le 2 / 4 /1916 visite du général Gouraud à Bouy »

Les musiciens en répétition le 20 mars s’exercent-ils en prévision du passage du Général le 2 avril ? Probable...

La manche vide du Général

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la manche vide du Général Gouraud

On reconnait bien la stature du Général Gouraud, identifiée à coup sûr grâce à son képi et surtout à cause de la manche vide de son manteau du côté droit.

Henri Joseph Eugène Gouraud nait dans la capitale le 17 novembre 1867. C’est le fils d’un médecin des Hôpitaux de Paris.

Sorti de Saint-Cyr, il sert avant guerre « aux colonies », notamment au Soudan français (l’actuel Mali), en Mauritanie et au Tchad.

Lorsque la guerre éclate, il est à la tête de la 4e Brigade Marocaine envoyée sur le front en Argonne. Nommé général de division, il reçoit le 15 septembre 1914 le commandement de la 10e Division d’Infanterie.

Le général Gouraud est nommé, en janvier 1915, au commandement du Corps d’Armée colonial puis, quelques mois plus tard, à celui du Corps expéditionnaire français aux Dardanelles.

Fin juin, il est grièvement blessé par un obus. Sur le navire hôpital qui le ramène en France, la gangrène se déclare ; il faut l’amputer du bras droit [1].

Rapidement rétabli, il est nommé le 11 décembre 1915 au commandement de la IVe Armée en Champagne [2].

Conformément à ses dernières volontés, le Général Gouraud repose auprès de ses chers soldats, dans la crypte du Monument de la Ferme de Navarin.

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La tombe du Général Gouraud
Credo
Ci-gît
le Général
Henri Gouraud
au milieu de ses soldats
de la IVe Armée
qu’il a tant aimés
Priez pour eux et pour lui

Le monument de Navarin est composé d’une imposante pyramide de béton et de grès rose, œuvre des architectes Bauer et Perrin.

Il est surmonté d’un groupe de trois statues en pierre, œuvre du sculpteur Maxime Real Del Sarte, qui représentent à la demande du général Gouraud, trois soldats au combat engagés dans l’attaque qui devait chasser l’ennemi hors de France :

  • le soldat du centre a les traits du général Gouraud lui-même.
  • le soldat de droite a les traits de Quentin Roosevelt, neveu de Théodore Roosevelt, mort pour la France le 14 juillet 1918 près de Cambrai.
  • le soldat de gauche a les traits du frère du sculpteur Real Del Sarte tué en Champagne pendant la 1re guerre mondiale [3].

Passage en revue des troupes

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Arrivée de la 69e DI en Champagne à la fin de février 1916
Extrait du JMO de la IVe Armée. L’Etat Major du Général Gouraud est installé à Bouy.

La 69e DI, dont fait partie la Section de Projecteurs, nous l’avons vu dans notre précédent article arrive en Champagne à partir de février 1916.

Elle y reste jusqu’au début d’avril 1916.

Il est de tradition que les troupes qui arrivent sur leur nouveau secteur, et également celles qui le quittent, soient passées en revue par le Général d’Armée ou le Général de Division.

C’est certainement la raison de la visite du Général Gouraud venu écouter la musique d’un régiment.

Le "must" serait de trouver quel est ce régiment, faisant très probablement partie de la 69e DI, qui reçoit la visite du Général le 2 avril 1916.

Dans le JMO du 109e Régiment d’Infanterie, en 1916, on trouve ce passage :

Le 109e régiment d’infanterie est arrivé il y a quelques jours avec la 13e Division d’Infanterie.

Étonnant !

Le 109e RI présent à Bouy ce jour là est le Régiment d’Etienne Chapuis dont un article de journal (tiré également du dossier de Dominique Schutz) vante les mérites de soldat.

Nous avons même sa photo en carte postale.

J’ai entamé une recherche sur cet Etienne Chapuis et sur son frère... lui aussi Poilu. Ils sont de Posanges... et Posanges est tout près de Dijon où réside avant guerre Charles Bourcet !

J’ai déjà rédigé un embryon d’article sur ces deux soldats. Nous les retrouverons donc... un jour !
Le saviez-vous ?

Le général GOURAUD est à l’origine de la création de la sonnerie « Aux morts » : cf. le site Champagne1418

Pour lire la suite  : Entre Bouy et Verdun : étape à Triaucourt, dans la Meuse

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9 Messages

  • bonjour
    je travaille sur le 109 RI et je serais interesse par se que vous avez sur le soldat etienne chapuis
    merci

    Répondre à ce message

  • Madame, Monsieur,

    Dans cadre de mes recherches sur la famille de ma femme
    j’ai noté comme témoin au mariage aux Invalides de mon beaupère
    Rémy Fay du Général Gouraud en nov. 1933.
    Ce dernier a décoré lors d’une cérémonie lieu inconnu
    mon beaupère possible vers 1933 ?
    J’aimerais pouvoir trouver le lieu et date.

    Sincères salutations Christian Minot

    Répondre à ce message

  • "En avant la musique" : photos 1er février 2015 16:59, par chrischenel

    Bonjour, j’écris un livre sur Bouy et je suis très interessée par les photos de Bouy. Est-il possible de se les procurer ?
    Merci pour cet article si interessant.
    Cordialement.

    Répondre à ce message

    • "En avant la musique" : photos 1er février 2015 17:19, par Michel Guironnet

      Bonjour,

      Dominique Schutz, co-auteur de l’article, est en possession des originaux de ces photos. Il a du lire votre demande. Nul doute qu’il accepte.

      Cordialement.

      Michel Guironnet

      Répondre à ce message

      • "En avant la musique" : photos 27 février 2017 18:39, par Dominique SCHUTZ

        Bonjour
        Je tiens les photos de mon grand oncle Charles BOURCET à disposition de ceux que ça intéresse
        Adressez moi vos demandes en précisant votre adresse électronique et les sujets recherchés.
        Bien cordialement.
        Dominique SCHUTZ

        Répondre à ce message

  • Je suis heureux de trouver ici une allusion aux musiciens militaires. Ce sujet n’est pas abordé très souvent. Il serait intéressant de connaître le n° du régiment dont la musique répète dans cette cour de ferme.

    La musique dite militaire a joué et joue non pas un rôle mais plusieurs rôles qu’il convient, à mon sens, d’analyser séparément tant les motivations en sont de natures différentes. J’en donne quelques exemples.

    1°) On pensera tout d’abord au pouvoir que je qualifierai d’hypnotique des marches guerrières. On ne peut nier la réalité de l’effet désiré et bien souvent obtenu pour « galvaniser » les hommes appelés à combattre. C’est une forme de manipulation psychologique pour ne pas dire une anesthésie mentale dont l’action me semble assez proche de celle des distributions de gnôle à nos aïeux de la Première Guerre mondiale (on a employé sans doute d’autres produit depuis !).

    2°) Le pouvoir émotionnel de la musique d’une manière générale (de toutes les formes de musique, militaires ou non) est incontestable. Son action sur l’être humain la place parmi les arts les plus aptes à émouvoir dans tous les sens du terme. Un cantique invite au recueillement même si l’on n’est pas croyant (c’est mon cas). Une chanson d’amour ne laissera pas insensible. Un traditionnel de la New-Orleans ferait bouger les pieds à un paralytique. Je conçois volontiers que des rythmes plus récents (bien que je n’y sois pas personnellement sensible) aient le même effet sur les plus jeunes générations. La musique dite militaire n’échappe pas à cette faculté d’agir sur le profond de l’être. Elle peut exalter les plus hautes manifestations de la grandeur de l’homme. Je citerai deux exemples : Le premier est très connu, tout le monde a vu « Le Pont de la rivière Kway » : Rappelons-nous la fierté de ces prisonniers déguenillés. Leurs sifflets reprenaient une marche traditionnelle de l’armée britannique « La marche du Colonel Boggey » dans le seul but d’afficher à l’intention de leurs gardiens japonais l’image d’hommes et non de loques. On pourra rétorquer qu’il ne s’agit là que d’un film avec tout ce que cela peut contenir de convenu et d’irréel.

    Mon deuxième exemple est bien réel celui-là. Il est tiré du livre de Denise Dufournier La Maison des Mortes, (Hachette 1945) : Des femmes sont de retour dans le tristement célèbre camps de concentration de Ravensbrück après une longue journée de travaux exténuants, d’humiliations et de coups. Tout à coup, l’une d’entre elles entonne La Madelon. Aussitôt toutes se mettent à chanter à pleins poumons en tapant des pieds pour bien marquer le pas. Elles feront même un tour pour rien, un tour de parade avant de réintégrer leur block. Grâce à cette marche militaire d’une autre guerre, ces femmes ont, réussi à jeter à la face de leurs geôliers l’affirmation qu’elles étaient restées des êtres humains. Quelle grandeur dans ce geste !

    Faisons la part des choses, par son pouvoir évocateur la musique militaire peut aussi, malheureusement, se faire le vecteur de la douleur. Le Chant du Départ de Méhul est devenu insupportable à ma grand-mère maternelle. Elle ne pouvait s’empêcher d’en associer la mélodie aux paroles dramatiques d’un de ses couplets : « Un Français doit vivre pour elle [la République], pour elle un français doit mourir ». La malheureuse avait perdu en l’espace de quelques mois son frère dans la Somme et son mari en Champagne. Cinquante ans après sa douleur était encore avivée par l’écoute de cette marche.

    3°) Soyons moins moroses. Il faut rappeler le rôle social qu’a joué la musique militaire entre la fin du XIXe siècle et une bonne première moitié du XXe. Bien souvent, le dimanche on se réunissait autour du kiosque à musique où une formation de musiciens militaires donnait un concert public. Bien sûr, on y entendait des airs guerriers mais aussi tout le répertoire des airs en vogue à une époque où la radio était absente puis débutante et la télévision inexistante. C’était un réel facteur de lien social entre les auditeurs et combien d’idylles se sont nouées autour des kiosques à musiques !

    4°) Le pouvoir de la musique militaire est tel que son usage a été utilisé même à des fins fort éloignées et parfois même opposées au militarisme. J’en donnerai pour exemple les nombreux hymnes dont la mélodie et l’orchestration sont conçu de façon identique a l’écriture des marches militaires. C’est le cas de l’abondant répertoire des chants révolutionnaires, chants de révoltes et de luttes ouvrières ( La Varsovienne, L’internationale, La Carmagnole, de nombreux chants de la Commune de Paris et bien d’autres)

    Sur le plan strictement musical la musique militaire a bien souvent été prise en dérision. On se souvient de la formule lapidaire de Clemenceau : Il suffit d’ajouter « militaire » à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique.

    Cejugement, pour ce qui est de la musique, mérite d’être plus nuancé, n’en déplaise à Monsieur Clemenceau. Il est vrai que dans le répertoire des marches militaires ce n’est pas le répertoire français le plus riche musicalement parlant. Une de ses principales faiblesse est dans sa relative pauvreté harmonique résultant du fait qu’il incorpore dans ses thèmes des interventions d’instruments d’ordonnance dits « naturels » ne disposant pas de toutes les notes. Cela limite énormément les tonalités utilisables. Au contraire les répertoires américain, britannique, belge, néerlandais, allemand, autrichien, russe font preuve d’une très grande richesse. Rappelons que certaines marches allemandes ou autrichiennes ont été écrites par Beethoven, par Haydn, par Schubert, par Gounod ! Excusez du peu, même si ce n’étaient pas là les meilleures de leurs œuvres ! Pour les Etats-Unis John Phillip Sousa a écrit des pages très sophistiquées.

    Enfin, ma dernière remarque sera un hommage aux musiciens militaires. Bien souvent moqués, on leur a parfois attribué des sobriquets désobligeants : « Oiseaux de paradis » (allusion aux uniformes extravagants du 1erempire), ou plus récemment « Loin des balles ». Rappelons pourtant que ces hommes fournirent - avec les prêtres - une grande part des effectifs des brancardiers chargés, au péril de leur vie, de ramasser blessés et morts dans le no man’s land, armés de leur seul petit brassard blanc à croix rouge … et de leur courage ! Certains n’en revinrent pas. Il fallait le dire me semble-t-il !
    Michel Mauny 22 janvier 2011

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