Le 21 février 1871, "au dépôt de prisonniers d’Attoburan" Jean Claude Chevallier, garde mobile de vingt-sept ans, meurt de la variole. Peut-être s’agit-il d’Ottobeuren en Bavière ?
Le 8 mars de la même année, "à l’Ambulance des Sœurs de la Charité" d’Ornans, dans le Doubs, décède Jean Jules Aubert, Mobile du Rhône au 65e Régiment (1er bataillon, 2e compagnie) il était né à Condrieu le 9 novembre 1847.
Quelques semaines plus tôt, à quelques kilomètres de là, Léon Jean Félix Henry, soldat à la 2e Légion du Rhône, meurt le 13 janvier 1871 "de variole confluente" à l’hôpital de Besançon. Il était né lui aussi à Condrieu le 17 avril 1842.
Le 2 décembre 1870 (19e anniversaire du Coup d’État de Napoléon III !) Jean Giraud, "Garde Mobile à la 2e compagnie du 1er bataillon du 65e bataillon du 65e Régiment de Marche du Rhône" meurt de "variole confluente" à l’hôpital de Belfort.
Ce militaire, du même régiment que Jean Aubert, est natif de Saint Michel sur Rhône ; village au-dessus de Condrieu ; le 11 novembre 1847.
Deux jours plus tard, le 4 décembre 1870, à l’autre bout de la France ; Joseph Chevalier, soldat au 16e Régiment de Ligne, meurt à trente et un ans à l’hôpital d’Orléans (né le 11 juillet 1840 à Condrieu).
Ces actes sont extraits de l’état-civil de Condrieu.
- Monument des enfants du Rhône à Lyon
Ce monument est édifié en 1887 à Lyon, à l’entrée du Parc de la Tête d’Or, en hommage "aux enfants du Rhône" défenseurs de la patrie en 1870 et 1871 : les cinq premières légions du Rhône d’artillerie et de génie, les mobiles du Rhône, les 16e et 65e régiments de marche et les francs tireurs.
Au milieu d’un hémicycle de pierre à colonnade se dresse un piédestal de pierre blanche au-devant duquel est sculpté un lion menaçant. La sculpture de bronze, œuvre d’Etienne Pagny, représente une femme au drapeau, deux soldats en armes et un clairon.
Comme l’écrit l’historien Gilbert Gardes, Lyon "accueille en son sein les architectures de la mort collective... Le Monument des Enfants du Rhône non seulement commémore le sacrifice des Lyonnais engagés en 1870 pour défendre la patrie contre l’Allemand, mais encore, en hissant vers le ciel le bronze fier de La Résistance, il prédit la Revanche".
Le contexte historique en 1870-1871 : Malgré le recul et la disparition des disettes, la mortalité reste très importante à cause des guerres, du manque d’hygiène et des maladies : rougeole, scarlatine, typhoïde, diphtérie, grippe, coqueluche, oreillons, paludisme, variole (près de 200 000 décès en France en 1870-1871), tuberculose (environ 10 % des décès), choléra, maladies de carence et maladies vénériennes (cf. chaque année, le taux élevé de conscrits réformés). Pourtant à l’étude depuis 1861, l’antisepsie n’est pas utilisée pendant la guerre franco-prussienne : aussi la plupart des blessés opérés succomberont des suites de l’intervention (l’usage de l’antisepsie débute seulement vers 1874) (Extrait de Contexte, un guide chrono-thématique). |