La construction du canal d’Arles à Bouc (en Provence, entre la commune de Port de Bouc et de Fos sur mer) était sans doute une idée du jeune Bonaparte, alors commandant général d’artillerie et inspecteur des forteresses et batteries de la côte.
Mais les conditions de travail sont souvent inhumaines et la main d’oeuvre locale n’est pas très enthousiaste, on fait alors appel aux déserteurs de l’armée, aux condamnés aux travaux publics...
Les tâches sont pénibles et dangereuses, l’alimentation insuffisante et les mauvais traitements ne font que multiplier les fièvres paludéennes et les accidents.
De juin à décembre de l’année 1811, on dénombre 68 morts, le registre de décès de l’hospice de Saint Jacques de Martigues en témoigne.
En voici quelques exemples :
l’an 1811 et le 9 août est décédé dans le dit Hospice le nommé Jean Collom, agé de 22 ans, natif de Orbey (puy de dôme), condamné aux travaux publics...
l’an 1811 et le 13 septembre est décédé dans le dit Hospice le nommé Jean Louis Privat, agée de 55 ans, natif de Saint Hyppolityte (gard), gendarme provenant du canal...
l’an 1811 et le 19 septembre est décédé dans le dit Hospice de cette ville Etienne Armand, agé de 21 ans, natif de Saint Affrique (Aveyron), déserteur, condamné aux travaux publics...
l’an 1811 et le 30 décembre est décédé dans le dit Hospice le nommé Jacques Prat, agé de 21 ans, natif de Chavanol (Rhône), soldat au 11 ème régiment de ligne, 4 ème Bataillon, 2 ème compagnie...
Les médecins et les infirmiers de l’hospice sont débordés, les locaux devenus exigus et inadaptés devant l’afflux de malades, blessés, et mourants "car depuis le mois de juin, tous les déserteurs condamnés et tous les militaires préposés à leurs gardes ont été sans exception atteints de maladies..."
Durant l’année 1812, l’Hospice enregistra 44 nouveaux décès...
Le canal d’Arles à Bouc ne sera achevé qu’en 1842.
Combien de vies sacrifiées pour un tel projet ?