Le mal caduc est une affection de tous temps. Depuis les temps les plus reculés, les humains ont souffert de cette maladie. Mais qu’est-ce au juste ?
La caducité : le mal caduc, ou haut mal, est l’ancien nom de l’épilepsie.
Voici comment, au Moyen-Age, on "traitait" cette maladie : Saint-Namphaise était un ermite de la forêt de Braunhie, sur les hauts plateaux quercinois arides. Dans ce pays aride, le manque d’eau est latent. Ce Saint aurait fait creuser des bassins dans les affleurements rocheux compacts, afin de recueillir la pluie pour abreuver le bétail.
Saint-Namphaise, ancien officier de Charlemagne, se serait dévoué à cette tâche afin d’adoucir la vie des bergers et des brebis en saison de sècheresse, et fait creuser les rochers dans les rares endroits où l’eau de pluie n’est pas avalée par le sol poreux.
Mais il est surtout réputé pour une autre raison. Dans ces temps reculés, où la religion réglementait tout, on avait recours aux Saints pour tout, et on allait les prier pour leur demander pratiquement n’importe quoi.
Le tombeau de Saint-Namphaise, conservé à Canlac-du-Causse, près de Livernon, fut longtemps le but d’un pèlerinage, dès le Moyen-Age. On venait y évoquer le Saint, entre autres, pour la guérison du "mal caduc".
Des centaines, des milliers de gens venaient ainsi, dans l’espoir d’une guérison "miraculeuse", et espéraient vraiment de tout coeur qu’elle se réaliserait.
Etait-ce vraiment efficace ? Il n’y a que la foi qui sauve, comme l’on dit.
En 1809, on était bien meilleurs ! Voici un encart, donnant une information, pour cette année-là :
"Châlons-sur-Marne - 26 août.
Une femme de 24 ans, qui depuis sa quatorzième année tombait du mal caduc au moins une fois par semaine, avec une violence effroyable, a été radicalement guérie en cette ville, après avoir passé trois mois de suite dans une étable à vaches.
Cette guérison est un nouvel exemple de l’efficacité d’un remède qui a déjà été recommandé plusieurs fois." (Annales Périodiques de la ville d’Orléans - 6e année - N°594 - Samedi 9 septembre 1809)
La première réaction, sans doute, à la lecture de ce petit texte, est de sourire ! Comment le fait de vivre durant quelques temps dans l’intimité d’un troupeau de vaches, peut-il avoir une influence sur la guérison du mal caduc ? Quel avis pourrait avoir un médecin là-dessus ? Peut-être que le calme et la placidité de ces ruminants aidait "le malade" à rester tranquille, et lui calmait les nerfs. Et puis, on peut imaginer que la personne devait aider à l’entretien des vaches, de la traite, de les conduire aux prés, etc.... et que cela devait l’aider à rester calme. La "thérapie" jouait ainsi le rôle du médicament.
Mais, de nos jours, on peut difficilement croire à ces "balivernes", et on se dit que nos ancêtres ne connaissaient rien à rien, et qu’ils avaient une drôle de manière de soigner les gens. Puis, la lecture d’un autre texte, dans ces mêmes "Annales", nous replonge dans le sujet, et nous laisse pantois et sceptique. Voici ce texte :
"Plusieurs journaux ont parlé de guérison obtenues sur des personnes attaquées d’épilepsie, par leur séjour dans une étable et sous l’haleine des vaches. L’administration des hospices civils de Paris, qui déjà, depuis plusieurs années, a fait établir à la Salpêtrière une salle de traitement de l’épilepsie, a chargé M. Landré-Beauvais (d’Orléans), l’un des médecins de cet hospice, de faire des essais du nouveau moyen proposé pour combattre cette fâcheuse maladie. Plusieurs épileptiques choisis dans cet établissement où se trouve le rassemblement le plus nombreux qui ait jamais existé de maladies nerveuses et convulsives, sont maintenant placés dans une étable disposée pour réunir toutes les circonstances qui paraissent avoir contribué aux guérisons annoncées. (Annales Périodiques de la ville d’Orléans - 6e année - N°625 - Mercredi 27 décembre 1809)
On croit rêver ! Installer une étable, avec des vaches, dans un hôpital ! Quelle incongruité ! Et surtout que d’inutilité ! Sans compter les odeurs, le fumier, les meuglements, et l’insalubrité des lieux. Pourtant le texte est clair : c’est un nouveau moyen proposé pour combattre cette fâcheuse maladie, et apparemment, des succès auraient été obtenus par ces séjours dans une étable, et "sous l’haleine des vaches".
Qui, aujourd’hui, irait se faire soigner de cette manière ? On enverrait le médecin prescripteur "sur les roses", pour peu qu’il nous le proposerait !