Charles André Joseph Marie de Gaulle naît le 22 novembre 1890 à Lille chez ses grands parents maternels MailloT-Delannoy, seuls grands parents vivants. Tous les cousins de Gaulle, Maillot et de Corbie aimaient donc se retrouver chez « Bonne Maman Maillot » où il y avait salle de jeux et sorties organisées.
À cinq ans, l’enfant fréquentait une école lilloise. Pendant une douzaine d’années, ses séjours d’été à la mer se passèrent à Wimille et Wimereux. Sa première affectation militaire choisie fut Arras, le 33e R.I. dans lequel il fut incorporé le 10 octobre 1909 et où son Chef de Corps fut le Colonel Philippe Pétain dès octobre 1912.
- Maison du Lieutenant de Gaulle à Arras
- Plaque sur la maison du Sous-Lieutenant de Gaulle à Arras.
Il épousa une Calaisienne, Yvonne Vendroux, dont les origines de la famille sont hollandaises (Van Droog) après avoir transité par la Bourgogne comme les de Gaulle et les Maillot et leurs alliances donnent au Général des ascendances allemandes (Kolb) anglaises et écossaises (Fleming) et irlandaises (Mac Cartland), celles qui nous intéressent ici, à Montreuil sur Mer.
- L’Hôtel de Ville de Calais
- L’Hôtel de Ville où il est devenu le 7e Bourgeois de Calais (c’est lui qui le disait parce qu’il s’est passé la corde au cou ! mais pas en chemise, en costume de cérémonie !).
Du côté paternel
Charles de GAULLE est issu d’une famille fidèle aux grands principes moraux au service de la France depuis le Moyen âge.
Au XIIIe siècle, Richard de Gaule (le nom vient de « Galle », le chêne en gaulois, l’arbre sacré des druides), doté d’un fief à Elbeuf, aurait participé aux côtés du Roi Philippe-Auguste à la victoire de Bouvines (1214).
Au XVe siècle, Jehan de GAULES, Gouverneur d’Orléans fut un de chevaliers luttant contre les Anglais pendant la Guerre de Cent Ans à Azincourt (1415). Il en réchappe et s’exile en Bourgogne. « Cette défaite est une affaire de famille. » Charles de Gaulle, La France et son Armée.
Au XVIe siècle, Gaspard de GAULLE était délégué au bailliage de Châlon sur Saône.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, Jean Baptiste et son fils Jean Baptiste Philippe, Parlementaires à la Révolution, sont installés à Paris. Mais Julien Philippe, fils du précédent et grand père du Chef de l’État, quoique né à Paris, enseigne à Lille et Valenciennes.
Du côté maternel
Par les Maillot, le Général avait une ascendance allemande : les Kolb qui venaient de Grötzingen près de Karlruhe, dans le Duché de Bade. Dans les gardes suisses de Louis XVI, Ludwig Kolb épouse Marie Anne Nicot à Maubeuge, sa ville de garnison puis entre à la Manufacture des Tabacs de Dunkerque.
Par les Delannoy, le Chef de l’État descendait d’une lignée irlandaise (et partiellement écossaise). Bonne Maman, qui aida à sa naissance à Lille, avait un grand père d’origine irlandaise dont le nom avait été francisé.
Les aïeux de Charles de Gaulle venaient de Kinelearty, un petit bourg du Comté de Down, au sud de Belfast, appelé aujourd’hui Drumaroad Community.
À la fin du XVIIe siècle, durant la Grande Révolution britannique, Guillaume d’Orange, protestant, infligea une lourde défaite aux partisans du Roi catholique d’Angleterre Jacques II Stuart.
Les Mac Cartland, noble famille catholique, issue d’une dynastie de Rois d’Ulster, firent partie du vol d’oies sauvages, ces Irlandais qui suivirent leur Roi destitué et réfugié à la cour du Roi de France Louis XIV à Versailles.
John Mac Cartland, époux de Bridget Ford of Gat, est de ceux-là en 1711.
Anthony, son fils aîné, né en Irlande en 1694, s’engage dans la fougueuse brigade irlandaise qui combat pour le Roi de France. Âgé de 17 ans, il fait la campagne de Bouchain. Le 23 mars 1716, naît à Valenciennes, après Pierre-Antoine, son deuxième fils : Antoine-Joseph Macartanne issu du mariage à Valenciennes avec Marie Catherine Hayez.
Anthony est ensuite nommé lieutenant au régiment de Lyonnais puis en 1734, capitaine. En tant qu’Officier de suite, en 1735, il arrive à Montreuil-sur-Mer en garnison et épouse à Lille en 1736 une jeune aristocrate d’origine irlandaise Suzanne de Coetlogon (Suzanne Colognon) qui résidait au couvent des Ursulines d’Arras. Ils finissent leur vie à Montreuil-sur-Mer où ils sont enterrés, elle en 1748, lui en 1753.
Antoine-Joseph Macartanne, devenu médecin, après avoir soigné les blessés, en 1745, à la bataille de Fontenoy, épouse à Valenciennes, en 1753, Anne Piette avec laquelle il a plusieurs enfants dont Andronic, né en 1764, médecin lui aussi, qui émigra à Londres, pendant la Révolution Française, avec les frères du Roi Louis XVI, les Comtes de Provence et d’Artois. Ami du docteur Jenner, il expérimenta la première vaccination contre la variole. Il épouse Frances-Ann Fleming, originaire de Bridgeton en Écosse, qui se convertit pour lui au catholicisme. Le couple s’installe ensuite à Lille. Ils ont quatre enfants dont Marie- Angélique Mac Carthan, née à Londres en 1798, qui se marie à l’avocat Henry Delannoy en 1829 et qui fut l’arrière-grand-mère maternelle de Charles de Gaulle.
Quand le Président de la République se démet de ses fonctions le 28 avril 1969 : « Je cesse d’exercer mes fonctions de Président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à minuit… », le monde politique et les journalistes se demandent pendant quelque temps ce qu’il devient et où il est passé. Il avait prévenu sa famille qu’il se désintéressait des affaires publiques et qu’il partait en Irlande. Ce qu’il fit du 10 mai au 19 juin 1969 où il sillonne avec son épouse et son aide de camp les vastes étendues sauvages de l’Île.
D’ailleurs le 30 mai 1969, il écrit à son cousin Jules Maillot, alors Maire de Lambersart, « Nous voici, Yvonne et moi, pour quelques semaines, au pays de nos ancêtres Mac-Cartan… »
Charles de Gaulle connaissait, depuis son adolescence, l’ouvrage que sa grand-mère paternelle, Joséphine de Gaulle, née Maillot, avait consacré, en 1851, à Daniel O’Connel, brillant avocat qui obtint en 1829 les premiers droits politiques pour les catholiques irlandais.
Il connaissait aussi les documents que son père avait réunis sur la généalogie de sa famille. Lui-même ayant complété ceux-ci par un contact régulier, depuis les années trente, avec une cousine qui lui avait écrit parce qu’elle avait entendu parler de son illustre cousin français, Madame Philomena Mary O’Hare née Mac Cartan, qui d’ailleurs ressemblait très fort à sa cousine germaine. Hospitalisée à cette époque à l’hôpital de Dublin, Charles et Yvonne de Gaulle, les illustres cousins, redevenus simples touristes se sont rendus à son chevet.
Au terme de son séjour, le 19 juin 1969, à Dublin, à la Présidence de la République d’Irlande, le couple recevait une bonne trentaine de membres de la famille Mac Cartan. Ces derniers désiraient le recevoir en Ulster mais, pour ne pas contrarier les autorités britanniques, il déclina l’offre. Et ce même 19 juin 1969, fidèle à lui-même, quoiqu’en voyage privé, le Résistant de toujours porte un toast à « l’Irlande tout entière ! »
- La plaque au pied du beffroi de Boulogne-sur-Mer
Seize mois plus tard, le matin même de son décès, le 9 novembre 1970, il écrivait à son cousin germain Jules Maillot dans une lettre dont la reproduction est visible au musée ouvert dans sa maison natale à Lille : « Je viens justement de recevoir de Louis une très intéressante et complète généalogie de la famille Maillot, suivie de notes que ton cher père avait rédigées à ce sujet et qui m’ont beaucoup intéressé. »
Tout ceci montre et démontre que le plus haut personnage de l’État c’est en permanence, et jusqu’au bout, intéressé au passé de sa famille.
Ainsi le passage à Montreuil-sur-Mer, en 1959, a-t-il pu être guidé par le souvenir d’un aïeul enterré sur place ou par le salut au Maire d’Attin, comme le voyage en Irlande, dix ans plus tard, a été commandé par le désir de connaître la terre de ses ancêtres. N’était-il pas le descendant à la trente quatrième génération de Rudricus le Grand, 87e Roi d’Irlande et 10e Roi élu de L’Ulster ?
Sources :
- Ch. de Gaulle, Le fil de l’épée, 1932.
- Ernest Mignon, Les Mots du Général, Arthème Fayard, 1962.
- J. Raymond Tournoux, Jamais dit, Plon, 1971.
- Jacques Vendroux, Cette chance que j’ai eue, Plon, 1974.
- André Frossard, La vie et les actes de Charles de Gaulle, Plon, 1975.
- Pierre Lefranc, Avec Qui Vous Savez, Plon, 1979.
- Olivier Guichard, Mon Général, Grasset,1980.
- Gal de Boissieu, Pour servir le Général, Plon, 1981.
- Jean Lacouture, De Gaulle, Le rebelle, Seuil, 1984.
- Arthur Conte, Les Présidents de la Ve République, Le Pré aux clercs, 1986.
- Robert Lassus, Le mari de madame de Gaulle, Jean-Claude Lattes, 1990.
- M. Marcq, De Gaulle, Homme du Nord, V.d.N. 11.11, 29.12.1971.
- A. Farine, De Gaulle, Fils du Nord, Nord-Eclair, H.S., 1986.
- Louis Watrigant, Généalogie famille Maillot, manuscrit, 1970.
- Gilles Henry, L’intermédiaire des Généalogistes, art.n°151, 1971.
- Charles Cuvelier, secrétaire du Groupement Généalogique Région Nord.
- Antoine Delloye, Micheline Robette, généalogistes.