- David Lejzerzon
Pendant la Première Guerre mondiale, mon père, David Lejzerzon a triché sur son âge, car il n’avait que 16 ans pour s’engager dans l’armée russe (la partie de la Pologne où vivait sa famille était alors englobée dans l’Empire tsariste).
Il n’est plus jamais retourné dans sa famille en Pologne où sa mère a vécu jusqu’en 1941... et l’entrée des armées nazies. Elle, comme tous les membres de ma famille, vivant dans ce pays ont été déportés dans des ghettos d’abord, puis vers les camps d’extermination. Triste histoire que celle de ma famille.
Après la Grande Guerre, mon père a habité en Allemagne... puis en 1920, il est venu en France où il a travaillé dans la sidérurgie à Mont-Saint-Martin.
- David (à droite) avec ses copains à Lunéville
Il a ensuite habité à Lunéville jusqu’à son mariage avec Régine, à Nancy en 1929.
- La photo des mariés a été faite chez le plus grand photographe de Nancy
Régine était marchande ambulante. Par son mariage, David fit le même métier.
Voici une photo de David avec sa charrette à bras. Elle a été prise dans les Vosges avant ma naissance en 1930. Il circulait alors dans les campagnes pour vendre
des vêtements.
- Auprès de sa charrette à bras
Ma mère faisait aussi les mêmes trajets que mon père et toujours à pied. Quand elle fut enceinte de moi et trop fatiguée pour continuer de marcher, un copain de mon père la hissait sur la voiturette. A l’époque de la photo ci-dessus, David fait seul les tournées, car le bébé réclame les soins de sa maman.
Après la naissance du deuxième enfant, qui était un garçon, David et Régine ont décidé de faire une demande de naturalisation qui leur a été accordée le 23 juillet 1933.
Il fallait refaire les papiers d’identité pour devenir des citoyens français.
Les années passent, les enfants travaillent bien à l’école. Ils sont la fierté de leurs parents. Le jour de la distribution des prix est l’occasion d’immortaliser le bonheur familial. Toute la famille retourne alors chez le photographe qui avait fait la photo des jeunes mariés.
- Papa, maman, Sarah et Gilbert
Puis arrive la drôle de guerre. Il faut une carte de circulation temporaire (valable pour 3 mois), à renouveler chaque fois. Au début de guerre, David est incorporé dans l’armée française. Il sera démobilisé juste avant la débâcle de juin 1940.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le progrès et la motorisation transforment la profession de marchand ambulant... et une camionnette est achetée. Dans un premier temps, David continue à voyager seul jusqu’à ce que les enfants aient grandi... puis Régine reprend à nouveau les tournées avec lui.
- Régine, David et la camionnette
Les enfants continuent de grandir et on les conduit au bal. Il n’était pas question de laisser les enfants même grands aller danseur seuls. Les sociétés auxquelles les parents adhèrent ont des activités parmi lesquelles, le bal de fin d’année.
- Voici une photo prise à un bal dans les Salons Walter, sur la place Stanislas à Nancy
Après les mariages des enfants, la vie continue avec les naissances de petits enfants.
Mais Régine n’est pas en bonne santé et elle s’éteint au milieu des siens le 19 novembre 1964. David survit dix années à sa femme... avant d’être tué par une voiture conduite par un jeune chauffeur qui parlait à son passager à ses côtés. C’était le 12 août 1974. Il avait 76 ans...
Toute une vie résumée ci-dessus en quelques phrases et photos... Les arrières petits-enfants de David et Régine font chacun un arbre généalogique avec l’histoire des familles dont ils sont issus... Cette façon de leur enseigner d’où ils viennent fait partie du programme scolaire... Je suis chaque fois mise à contribution et c’est avec plaisir que je leur raconte et leur transmets leur histoire...