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Connaissez-vous Joseph Petasse, (1803 -1892) « Horloger, économe de L’Hôtel -Dieu & Poète » ?

Le jeudi 23 novembre 2017, par Eric Borel

Économe des Hospices de Beaune, il fut à l’origine de la renommée mondiale des ventes de vins, tout en taquinant la Muse.

Je vous présente l’histoire d’un de mes grands-pères du côté maternel ‘’ la famille Petasse’’, horloger depuis quatre générations.

Cette histoire commence un matin de juillet 1803 à Beaune Bourgogne) ou J. Pétasse naquit à rue Saint-Pierre (aujourd’hui rue Carnot), fils de Francois Petasse et de Catherine Binget. Joseph fut baptisé par son oncle maternel l’abbé Claude Binget, ancien curé de Saint-Martin, très jeune orphelin de par sa mère vers l’âge de cinq à six ans, ainsi que son frère Louis.

Il est laissé par son père à ses grands-parents, Joseph ne semble pas avoir une enfance heureuse. Cette première douleur laissa une empreinte ineffaçable, ce que plus tard il l’exhala dans le livre de poésie ‘’Fleurs des champs’’. Joseph était intelligent, il reçut une très bonne éducation par ses grands-parents mais élève au collège Monge, il obtint peu de succès. Cependant, la flamme poétique s’éveilla quand ces professeurs mirent entre ces mains Virgile et Horace, il prit goût à écrire des vers en latin et en français.

II rencontre au collège une profonde amitié avec les élèves d’élite comme Théophile Foisset, avec Claude Rossignol, Simon Gauthey, Bernard Edouard. Plus tard, il leur dédia plusieurs de ses pièces de poésie.

Malheureusement pour Joseph, à la fin de sa seconde, son grand père monsieur Binget lui dit « Mon enfant, te voici parvenu à l’âge ou il faut penser à ton avenir. Aurais-tu des attraits pour l’état ecclésiastique ? Je t’ai gardé la bibliothèque de ton oncle l’abbé – Mon père rétorqua Joseph, je vous l’avoue, je n’ai jamais pensé à ce saint état.

Puisqu’il en est ainsi, choisis un métier qui assure ton pain : nous ne sommes pas assez fortunés pour te faire achever tes études et te lancer dans la carrière du droit ou de la médecine. »

Joseph choisit donc un métier le mieux adapté à sa nature d’artiste : ’’l’horlogerie’’ la finesse et la recherche de la précision l’enthousiasmait. Après quelques mois, il fut assez adroit pour gagner sa vie et il voyagea dans la France et en Suisse comme compagnon, errant de ville en ville pour progresser dans son art d’horlogerie.

Partout il fut poursuivi par l’obsession poétique où il crayonnait des vers sur ses cahiers.

Joseph, alors âgé de vingt-six ans, revient à Beaune après quelques années d’errance au mois de juillet 1827. Il épousa dame Justine Gouget Duval, qui lui donna deux enfants : Guillaume & Marie-Louise. Joseph découvrit le berceau de ses enfants avec tendresse, le dimanche lui apportait des heures de liberté et de repos.

Après avoir adoré son dieu, car Joseph était profondément chrétien, il errait en famille dans la campagne, se cachait au fond des bois, s’asseyait au bord des sources et se plaisait à écouter les milles voix de la création. Il disait : « Je suis comme l’oiseau, qui sorti de sa cage en s’élançant dans l’air, jette un cri de bonheur – heureux le cœur sensible aux voix de la nature… ».

Quinze années de travail incessant acquièrent à l’horloger beaunois une position aisée, mais elles l’épuisèrent : l’usage de la loupe le rendit myope. Il fut contraint d’abandonner ce métier, dont son fils Guillaume reprit le flambeau avec son épouse – ainsi que son petit-fils Charles Petasse, qui créa la bijouterie/horlogerie à Toulon 13, Rue Hoche, avec son épouse Anna Bernayer dont beaucoup d’anciens toulonnais connaissaient les créations d’horloge signée Petasse.

Suite à la crise économique de 1849, la situation financière des Hospices de Beaune devint critique : les récoltes des trois dernières années (1847,1848,1849) étant invendues, elles s’accumulent donc par centaines dans les celliers des Hospices. J. Petasse fut nommé économe de l’Hôtel-Dieu par les magistrats de ville et ce pendant dix années. Il s’acquitta de ce travail avec passion et perspicacité. Alarmé, l’économe décide de prendre la route afin de faire la promotion des vins de Bourgogne et de relancer les ventes : il voyage dans le nord de la France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne ; et écoula rapidement les stocks de vin qui encombraient les caves des Hospice. Il parvient à persuader les clients, à ramener la prospérité et l’abondance, et confirma aux Hospices de Beaune un titre de noblesse en 1851, une fois les stocks vendus. La Bourgogne et plus singulièrement la ville de Beaune doit une fière chandelle à Joseph Petasse. Il déclare alors à la commission administrative des Hospices : « Messieurs, vous pouvez reprendre dès cette année la vente aux enchères publiques ; il est dorénavant inutile de nous déplacer, la clientèle est faite, nos vins sont connus et ce sont aujourd’hui les amateurs qui parviendront à nous ».

Il donne sa démission de l’Hôtel-Dieu et se lance à son propre compte dans le négoce des vins de Bourgogne. À l’approche de sa cinquantième année, Joseph se démit de ses fonctions pour se livrer pleinement à ses goûts poétiques. Il acheta une petite maison au milieu des bois Bouilland à quelque kilomètre de Beaune,près des ruines de l’abbaye de Sainte-marguerite. À chaque année lors de la belle saison il y venait plus heureux qu’un roi, se croyant le seigneur des champs, des bois, des monts et des vallées qu’embrassait son horizon. Sa vie se passait à rêver et à composer des poésies. La maison de Sainte-Marguerite fut sa meilleure inspiration, il y composa ses plus beaux vers.

En l’année 1842, incité par l’accueil fait aux poésies de Jean Reboul (1796-1864) et d’Antoinette Quarré (1813 – 1847), Joseph publia sous le titre gracieux de « Fleurs des Champs. Il fut loin d’obtenir le succès du boulanger de Nîmes et de l’ouvrière de Dijon, sa voix demeura sans écho. Cependant, ce recueil abondait en poésies charmantes et exceptionnelles : Victor Hugo dira lors d’une de ces correspondances avec Joseph « Il y a dans vos vers, Monsieur, un sentiment sincère et profond. Je vous en remercie du fond de l’âme, car tout ce qui est vrai me rend heureux. Vous aimez la nature et la poésie : ce sont les deux plus grandes choses du monde, après Dieu. Continuez, Monsieur, à penser à comprendre : qui comprend, grandit ».

Au cours des premières années à Sainte-Marguerite, il fut poursuivi par la frénésie poétique : un site champêtre, un coucher de soleil, une fleur, un oiseau, tout l’animait. Il se levait la nuit pour écrire des vers, il enfermait sa pensée dans les étroites limites d’un sonnet. Boileau (1636-1711) disait « Un sonnet sans défauts vaut seul un long poème. » En 1851, il s’unit à quelques hommes d’élite et fonde la « Société d’Histoire d’Archéologie et de Littérature de Beaune ». Il publia plusieurs recueils de poésies d’une valeur réelle, exerça une heureuse influence autour de lui : Fleurs des Champs (1842) - Souvenir des Alpes (1857) - Fleurs des Bois (1863) - Evia Dolorosae (1867) - Le Collier de perles (1857) - Le Monogramme DivinSouvenirs des Alpes (1857) – Le Sphynx (1863) - Les Roses de Noël (1875) - Brises des Montagnes (1888). Depuis plusieurs années Joseph n’apparaissait plus en public, la vieillesse prenait le dessus sur sa haute et forte stature ! Entouré de la famille il rendit doucement son âme à Dieu. Il meurt le 8 décembre 1892 dans ses quatre-vingt-dixièmes années.

En 1933, une fête est organisée en sa mémoire à la propriété de Sainte Marguerite, non loin du village de Bouilland où une plaque commémorative fût placée sur le mur de sa maison. Respecté par ses pairs, Joseph Petasse a entretenu des relations tout au long de sa vie avec les grands de son époque. Parmi eux, Victor Hugo, Armand Gouffé, Mistral ou Hippolyte Michaud, le peintre beaunois.


Note : Les éléments qui m’ont servi à écrire cet article ont été puisés d’une notice de E. Bavard.Chamoine, Curé de Volnay, tiré des mémoires de la Société d’Histoire d’Archéologie et de la Littérature de Beaune, ainsi que de la mémoire familiale. Je remercie les archives Municipales de Beaune pour leur aide précieuse depuis des années.

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