Camille Cagnard, né le 2 juin 1873 à Saint-Gratien (Somme), mon grand-père paternel, [1] nous parlait souvent de la guerre, la sienne, celle de 14-18, de son séjour en Bretagne.
- Camille Cagnard, à droite sur la photo
Il trouvait les Bretons arriérés parce qu’ils ne mangeaient pas dans une assiette mais dans un creux fait dans l’épaisseur de la table.
Il s’est marié le 19 mai 1900 avec Marthe Legendre [2] à Fréchencourt (Somme) et il était le père de deux enfants : Alice et Marcel,mon père.
Mon grand-père était fier jadis de mon travail scolaire au point de faire plusieurs kilomètres, à pied, pour faire voir mes cahiers d’écolière à ses cousins.
Cultivateur et marchand de charbon, il a travaillé bien au-delà de la retraite car son fils, mon père, a été prisonnier pendant 5 ans de 1940 à 1945 et Grand-père a aidé Maman à continuer l’exploitation agricole.
Alors âgé de 80 ans, le journal régional s’est déplacé pour l’interviewer. Il est décédé à presque 90 ans, à Fréchencourt en 1962.
Avec lui, j’ai appris beaucoup de choses, il avait lu l’œuvre de Jules Verne et se passionnait pour tout ce qui était nouveau !
Extraits de l’article de journal de 1953 ou 1954
Commentaires de Michel Guironnet
« Puis vint l’heure du service militaire. Favorisé par le sort, qui lui fit tirer un bon numéro, Camille Cagnard n’effectua qu’un an sous les drapeaux, au 8e Bataillon de Chasseurs à pied (B.C.P). Mieux même, parce que tireur d’élite, il bénéficia d’une permission de démobilisation, si bien que parti le 13 novembre 1894, il rentra au foyer le 22 septembre 1895 »
Le 8e B.C.P est alors caserné à Amiens. Sur l’extrait de sa fiche matricule ci-dessous [3] on lit « Certificat de bonne conduite accordé »
- Au service militaire
« Mobilisé le 29 juillet 1914 comme garde voies, ce soldat de 41 ans rejoignit bientôt le dépôt du 12e Territorial (Régiment Territorial d’Infanterie) pour être versé ensuite au 272e RI (Régiment d’Infanterie). C’est ainsi qu’il fut mis en ligne en Argonne et accomplit six mois de tranchées. C’était le vétéran du régiment. Cette qualité lui valut le privilège d’être affecté à la conduite d’une cuisine roulante.
Les G.V.C (Gardes de Voies de Communication) sont des soldats territoriaux mobilisés en 1914 pour garder, entre autres, les gares de chemin de fer. Leurs uniformes sont souvent disparates car l’intendance se sert pour les équiper de vieilles tenues déclassées. Sur la photo, Camille Cagnard porte la tenue de la mobilisation de 1914 : capote croisée fermée par deux rangées de six boutons (modèle 1877) Ses plis sont ici attachés derrière le dos, mais ils souvent relâchés pour dissimuler le pantalon rouge garance. |
Malheureusement, le 13 avril 1917, à Fismes, en Champagne, ses chevaux, apeurés au passage d’une locomotive, effectuèrent un écart qui le renversa et le véhicule lui passa sur les jambes. Blessé, il fut dirigé sur l’hôpital de Bordeaux où il resta jusqu’au 15 juillet 1917. Sa convalescence terminée, il rejoignit à Morlaix le dépôt du 272e RI pour être versé en janvier 1918 au 88e R.T (Régiment Territorial) et affecté à l’Etat-Major de la 2e Armée en qualité d’ordonnance d’officier monté où il attendit sa démobilisation jusqu’en janvier 1919. »
Suite à l’occupation de la ville d’Amiens en 1914, ville de garnison des 72e, 272e, et 12e Territorial, le dépôt sera transféré loin du front, à Morlaix en Bretagne dans la caserne Guichen. Par centaines, les jeunes recrues, les récupérés, les blessés et les convalescents sortis des hôpitaux sont passés en cette ville de Bretagne devenue suppléante d’Amiens. Voir le très riche site : http://laurent59.canalblog.com/archives/2006/10/24/2986888.html |
- Mobilisé pour la Grande Guerre
« Rappelé le 1er août 1914 – G.V.C maintenu (par la) mobilisation générale. Renvoyé dans ses foyers (repliement) du 28 août au 19 septembre 1914 ; rejoint le 19 septembre 1914 le dépôt (du 12e R.I.T à Morlaix) Passe au 88e R.I.T, 24.1.1918. Passé au 26e régiment d’infanterie le 9 février 1918. Passé au 6e (régiment du) Train le 7 avril 1918 »