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C’est la faute à mon cheval !

La défense à la Pagnol d’un garçon meunier accusé de vol en 1842

Le jeudi 23 février 2017, par Serge Bouvart

Jean François Tasseaux, garçon meunier à Rivière (62), est accusé de vol en 1842.
Il présente sa défense avec une verve désopilante.

" Oh ! Quand vous m’aurez entendu, vous ne pourrez plus me noircir du fait qui m’est imputé.

Remarquez en passant que je ne me sers pas du mot « vol » ; c’est à dessein ; car il n’y a pas de vol dans mon cas : vous allez voir, ayez la complaisance de saisir le fil de mon discours.

Je menais une voiture, à cette voiture était attelé un cheval, cheval têtu comme un âne et qui m’a joué plusieurs tours de son métier. Mais au jour d’aujourd’hui, c’est le pire de tous. Je montais la rue de l’Abbaye, et mon cheval faisait semblant de tirer la langue ; il avait son caprice, vous allez voir : v’là qui s’arrête tout court comme s’il fut cloué à terre.

Pan ! J’l’y flanque un coup de fouet, deux coups de fouet, trois coups de fouet bien sanglés... Bernicle ! Il ne bouge pas plus qu’un mur et je bisquais, je bisquais, fallait voir comme je bisquais ; à la fin il me pousse une idée, une bonne idée.

Je compte mes sacs de farine, il y en avait 23 ; or vous saurez messieurs que le susdit cheval n’en traîne jamais que 21 : c’est sa charge habituelle et il vous enlève ça comme une pierre.

Qu’est-ce que je fais, je l’allège de 2 sacs et mon cadet démarre bel et bien ; puis, quand il s’agit de retourner afin de prendre les sacs, bonsoir, plus personne ! Le maudit animal ne voulut jamais tourner bride.

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A présent, on s’en vient dire que j’ai voulu m’approprier ces deux sacs, comme si j’avais déjà fait parler de moi. Ça ne prendra pas ! Garçon meunier de mon état, je n’ai jamais détourné un grain de blé à mon profit. Je n’irai pas commencer par escamoter 2 sacs de farine appartenant au séminaire.

Vous me direz qu’il fallait restituer les sacs à leur adresse, le même jour, à la minute et ne pas les mettre quelque part en dépôt à votre nom. Excellent ! Si j’y avais songé, mais la réflexion m’est venue trop tard : qu’en déjà j’avais menti au commissaire de police et je ne vois pas pourquoi on me punirait pour un mensonge bien innocent du reste et dont j’aurai l’absolution quand je voudrais.

C’est pardi bien la faute à mon cheval ! "

PS : Verdict : Jean François Tasseaux est condamné à 2 mois de prison (Tribunal d’Arras, le 1er octobre 1842).

Source : Article non signé paru dans La Gazette judiciaire

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4 Messages

  • C’est la faute à mon cheval ! 1er mars 2017 17:08, par LEVY Raymond

    Les juges d’Arras ont trouvé qu’il s’en prenait à son cheval un peu cavalièrement !

    Répondre à ce message

  • C’est la faute à mon cheval ! 1er mars 2017 06:31, par jean pierre lemoine

    Bonjour Jean-François,
    Ton cheval fut têtu comme un âne...et donc il est la cause de ton malheur pour 2 sacs de farine...à 1 mois par sac c’est très dur comme sentence...et ton cheval n’a rien écopé ?
    Et pourquoi ne l’as tu pas amené au tribunal pour s’excuser..et empester le dit tribunal qui, du coup,vous aurai relaxé sur le champs toi et ta monture mi-âne-mi-cheval ?!
    Que Dieu ait ton âme ,oh toi, pêcheur à cheval !

    Répondre à ce message

  • C’est la faute à mon cheval ! 24 février 2017 13:09, par mb2t

    Bonjour,
    Et s’il ne disait que la vérité quant aux deux sacs, rien que la vérité de celles qui dépassent l’imagination !
    Les deux mois de prison ne sont-ils pas dus pour les coups de fouet répétés ?

    BàV 24/02/2017

    P.-S. : est-il encore possible d’évoquer une condamnation amnistiée… octobre 1842… ?

    Répondre à ce message

  • C’est la faute à mon cheval ! 24 février 2017 10:10, par Vandamme

    On avait de l’humour aussi en ces temps-là ! mais çà n’a pas pris, le juge n’a pas gobé mais a dû bien s’amuser, ha ha.....

    Répondre à ce message

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