Voici Jean Barjou, facteur de ville, autrement dit “ le piéton ”, né le 4 février 1849 à Biron. Nous sommes en été, le soleil est au zénith et le grand chapeau est doublé d’un journal qui assure l’isolation.
Remarquez le piqué des détails, en particulier la ficelle du paquet.
L’œil vif, l’allure fière, la barbiche relevée, Barjou s’arrête dans la rue de la Brèche pour poser devant Antoine. Il porte le sac de cuir des facteurs, avec un rembourrage sous la courroie à l’épaule gauche, preuve du poids de sa charge. Sous le bras, un bâton ferré bien pointu, indispensable pour lui qui transporte en espèces les pensions et les mandats. C’est qu’à cette époque il existe dans le pays des bandits de grand chemin, bien connus comme le Grand Albert, l’Homme de la Nénette et le Grand Marcou.
Barjou est facteur de ville le matin. L’après-midi, il fait ses vingt kilomètres à la campagne avec ses brodequins cloutés. Comme tous les facteurs, il aime son métier, le courrier est sacré. Il fait aussi des commissions et on l’a vu portant à plusieurs kilomètres un soc de charrue. Plus tard, ses amis Caillou et Chapeyrou seront aussi consciencieux.
Né en 1893, Léon Caillou a perdu l’usage d’un bras à la guerre de 14, ce qui ne l’empêche pas de faire sa tournée de campagne à vélo, la Poste s’est modernisée depuis Barjou. Passer sa journée à monter et descendre les côtes avec une seule main sur le guidon... et il y en a des côtes dans le Sarladais. Heureusement, vers midi il y a un chabrol quelque part.
Derrière Barjou, les affiches, bien que déchirées, sont encore éloquentes. Le comité des fêtes de Carves n’est pas riche et se contente d’une minuscule affiche, qui n’est plus toute fraîche, pour annoncer la fête de la commune qui traditionnellement se tient le premier dimanche de juillet. L’affiche de La Dépêche, avec son supplément gratuit LA NUIT MAUDITE est intacte sur un autre cliché pris en juin et indique à sa partie supérieure : “ A partir du samedi 30 mai ”, ce qui permet de dater ce cliché de 1903, en août.
Barjou est marié avec la tante d’Yvon Delbos. Elle est fière d’accueillir, rue Foncastel, le célèbre ministre qui adore sa cuisine et se tient fort bien à table. Barjou est décédé le 17 Juin 1935 à 16 heures.
Découvrir Le Périgord d’Antoine Carcenac : (photographies 1899 - 1920).