On trouvera, sur ce site, un article retraçant succinctement la vie de ce phénomène qu’était Jean SERRES, dit "Printemps".
Suite à un échange de courrier avec la Mairie de Pont-du-Casse, j’ai reçu l’acte de décès de ce personnage, reproduit ici in extenso :
"Du huitième jour du mois de décembre de l’an mil huit cent neuf, à une heure du soir.
Acte de décès de Jean SERRES, dit Printemps, décédé le huitième jour dudit mois de décembre à neuf heures du matin, militaire, âgé de cent quatorze ans, un mois, quatorze jours, né dans la commune de Bajamont, département de Lot-et-Garonne, demeurant au lieu de Lasage, commune de Ponte du Casses, fils de feu Jean SERRES et de feue Marie SERRES, époux de Marie REY.
Sur la déclaration à nous faite par le sieur Jean Faugesse, laboureur, âgé de cinquante deux ans, demeurant à Maury, qui a dit être voisin du défunt et par le sieur Augustin Richefort, lieutenant, âgé de vingt sept ans, demeurant audit lieu d’ébattage (sic), qui a dit être voisin du défunt, et... (un mot illisible) signé ... (un mot illisible) pour ne savoir comme ils l’ont déclaré ce requis.
Constaté par moy Jean Albaret aîné, maire de la commune du Pont du Casse, faisant les fonctions d’officier public de l’état civil, soussigné, qui en ay donné lecture aux parties comparantes et aux témoins. Signé : Albaret aîné, Maire".
On apprend là les noms de ses parents, et même celui de son épouse, toute "jeunette" par rapport au grand âge de son mari !
Il me faut remercier cette commune, car les mairies ne répondent pas toujours à ce type de courrier.
Mais, surprise... quelques temps après : second envoi en provenance de Pont-du-Casse, avec une dizaine de feuilles, photocopiées, concernant Pont-du-Casse, petit opuscule écrit par un érudit local, dans lequel on évoqué aussi ce personnage hors du commun.
Il fallait le souligner, et j’en profite pour remercier Monsieur Gilbert Fongaro, sénateur, vice-président du Conseil général et maire, de l’amabilité et de la gentillesse manifestées à l’égard de ma requête.
Je reproduit ici, in extenso, la partie qui concerne Jean Serres, qui nous donne encore quelques informations supplémentaires :
"... Autre évocation historique, car il ne peut être question de Pont-du-Casse sans évoquer un personnage hors du commun, dont voici l’histoire :
Le 30 juillet 1808, en passant à Agen, l’empereur Napoléon 1er voulut voir Jean Serres, dit "Printemps" (héros des guerres de l’ancien régime).
Jean Serres avait 113 ans. Il était né le 24 octobre 1695 à Pont-du-Casses.
Enrôlé dans Périgord-Infanterie, il participa à maintes batailles et, notamment à celle de Guastalla, où le maréchal de Coigny défit les impériaux (1724).
Il eut cinquante ans de service, fut blessé onze fois et se retira avec une pension donnée par le roi.
Il se maria à l’âge de 82 ans.
A 100 ans, il avait encore toute sa vigueur et faisait tous les jours, à pied, le trajet du Pont-du-Casse à Agen.
L’empereur l’accueillit sur le front des troupes. Jean Serres, appuyé sur le bras de sa femme, avait revêtu son vieil uniforme du régiment Périgord. Il portait le tricorne militaire surmonté d’un long panache et une épée dont il se servait comme d’un bâton.
- Avancez Printemps, fit l’empereur. Dans quel régiment avez-vous servi ?
- Dans Périgord, sire.
- Combien d’années de service ?
- Cinquante.
- Avez-vous été blessé ?
- Onze blessures, dont trois à la bataille de Guastalla.
- Ces services ne datent pas d’hier !, fit l’empereur en souriant.
Et sur la poitrine du vieux soldat, pendant que les troupes présentaient les armes et que les drapeaux s’inclinaient, l’empereur attacha l’étoile de la Légion d’Honneur.
Puis, se retournant vers le maréchal Berthier : "Qu’on lui fasse donner cent napoléons ! Je signerai ce soir un décret de pension de 800 francs, réversible sur sa femme".
Jean Serres pleurait ! Il voulut l’en empêcher, lui prit la main et fléchit le genou, mais l’empereur se découvrit dans un grand geste, devant le vétéran des armées royales.
Jean Serres mourut le 8 décembre 1809 à l’âge de 114 ans.
L’archichancelier de l’Empire Cambacérès, qui se trouvait de passage à Agen, se transportât à Pont-du-Casse et suivit son convoi".
Voilà comment, en cherchant un peu, on peut remonter dans le temps, et beaucoup apprendre sur la vie de nos ancêtres.