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Attention ! Un mariage peut en cacher un autre

De l’utilité de croiser les sources dans une recherche généalogique

Le jeudi 10 septembre 2015, par Martine Hautot

Voici un exemple de démarche généalogique qui nous montrent, qu’en généalogie, il faut toujours croiser les sources, notamment en traçant son chemin à travers les méandres des différentes sources d’archives que la numérisation rend maintenant accessibles.

Souvenirs d’enfance

Évoquant récemment des souvenirs d’enfance avec ma mère âgée de 87 ans, nous nous nous rappelions les étonnantes visites de Georgette, une cousine de mon père, qui arrivait,à l’improviste par le car de Rouen,dans notre petit village de Cailly, accompagnée de son fils Maurice pour déjeuner à la maison, dans les années 50/60.

Sources familiales

Que savions-nous de Georgette ? C’était une nièce de mon grand-père paternel Gaston Quilan, sans doute la fille de sa sœur aînée, Jeanne dont nous ignorions tout. Nous supposions qu’elle était morte jeune. Par contre nous étions sûrs que Georgette avait vécu une partie de sa jeunesse chez son oncle Raymond Quilan qui avait été curé au Trait puis à Sotteville. Ma mère croyait se souvenir qu’elle avait pour nom de famille Cadot. Mais était-ce son nom de jeune fille ou de femme mariée ?

Source état-civil de Dieppe

Nous possédons l’acte de naissance de Jeanne Quilan, née le 24 juilet 1877 à Dieppe. Une mention marginale nous indique qu’elle s’est mariée le 11 Mai 1909 à Saint-Léger-du-Bourg-Denis (près de Rouen) avec Auguste Ernest Picard. Pas de date de décès et pas moyen de consulter l’acte de mariage qui n’est pas en ligne. Voilà où j’en étais avant de consulter le recensement du Trait dans la cadre d’une recherche sur l’abbé Quilan, curé du Trait de 1920 à 1928.

Source recensement du Trait 1921

Rue de l’église habitent dans la même maison :

  • Quilan Raymond, desservant
  • Quilan Charles, son père
  • Quilan, Marie sa mère
  • Cadot Georgette sa nièce
  • Et Séry Rachel, la directrice de l’école ménagère.

On retrouve les mêmes indications dans le recensement de 1926.

J’ai donc retrouvé la cousine Georgette qui s’appelle bien Cadot. De plus il est précisé qu’elle est née à Dieppe en 1898. Il ne me reste plus qu’à retourner aux registres d’état-civil de Dieppe.

Source état civil de Dieppe

Retrouver l’acte de naissance de Georgette est maintenant un jeu d’enfant. Celui-ci précise que Georgette est née le 22 février, confirme qu’elle est bien la fille de Jeanne Quilan. Son père a pour nom de famille Cadot et se prénomme Arthur Lambert. Il est charcutier. Le mariage des parents a été célébré à Dieppe, le 15 octobre 1895.
En mentions marginales, il est précisé qu’elle s’est mariée au Trait le 12 avril 1926 avec Maurice Leroy et qu’elle est décédée à Sotteville, le 12 avril 1967.

Recensements 1931 et 1936 Sotteville-lès-Rouen

Au recensement de 1931, à Sotteville-lès- Rouen où l’abbé Quilan est curé de la paroisse Saint-Vincent de Paul depuis 1928, il apparaît qu’il vit seulement avec sa mère. Ce qui confirme ce que nous savons par les archives diocésaines, le décès de son père aux environs de 1930. Quant à Georgette, mariée elle ne vit plus chez son oncle. Surprise en 1936, dans la même commune, nous la retrouvons auprès de l’abbé : il est indiqué qu’elle est veuve mais elle a avec elle son fils, Maurice Leroy, né en 1927 à Duclair. Après le décès de l’Abbé en 1945, elle a dû rester avec son fils sur Sotteville avant de décéder dans cette commune en 1967.

Voilà tout ce que je peux dire sur Georgette.

Les deux mariages de Jeanne Quilan

Maintenant, pour sa mère Jeanne, à moins qu’il n’y ait une erreur de transcription, j’ai donc deux mariages, l’un à Dieppe en 1895 avec Arthur Cadot et l’autre à Saint-Léger-du-Bourg-Denis en 1909 avec Auguste Picard. Il me reste à trouver, soit un jugement de divorce, soit plus probablement une trace du décès d’Arthur Cadot avant 1909.

Rien dans les tables décennales de Dieppe, aucune mention marginale sur son acte de naissance, le 6 février 1874 à Martin-Église. Me vient alors l’idée de me tourner vers les archives militaires, toujours riches en enseignement.

Fiche matricule : Arthur Cadot

La fiche matricule d’Arthur Cadot me renseigne immédiatement sur le lieu et la date de son décès : le 10 juillet 1908 à Saint-Léger-du-Bourg-Denis (notons que Jeanne se remarie 10 mois plus tard, aussitôt le délai de viduité expiré). J’apprends en même temps que le couple Cadot est arrivé à Saint-Léger-du-Bourg-Denis en 1906. J’en apprendrai peut-être plus par le recensement de cette année-là.

Recensement Saint Léger du Bourg- Denis 1906

Effectivement, on trouve dans ce recensement la composition de la famille :

  • Cadot Arthur, 1874 chef de famille débitant,
  • Quilan Jeanne,1877 son épouse,
  • Cadot Alice 1897 enfant, née à Dieppe,
  • Cadot Georgette1898, enfant née à Dieppe,
  • Cadot Jeanne 1899, enfant née à Rouen,
  • Cadot Arthur 1902, enfant né à Sotteville-les-Rouen.

Pour notre part nous ne connaissions que Georgette, mais les actes de naissance des deux autres filles nous apprennent qu’elles se sont mariées à Paris. Je n’ai pas trouvé de trace pour le garçon en dehors de sa date de naissance, 22 jnvier 1902.

Fiche matricule Auguste Picard

Il est tout à fait possible que Jeanne ait eu d’autres enfants soit avec Arthur Cadot soit plus vraisemblablement avec son second mari entre 1909 et 1916, date à laquelle sa fiche matricule nous l’apprend, Auguste Picard est mort des suites des blessures reçues sur le champ de bataille de Verdun. Sa fiche matricule signale en outre que sa veuve à reçu des secours, ce qui suppose qu’elle avait de jeunes enfants à élever.

J’aimerais bien retrouver la date de décès de Jeanne pour clore cette enquête mais je suis heureuse d’avoir pu déjà retracer une grande partie de la vie de Jeanne et de sa fille Georgette, qui me paraissent désormais plus proches, en traçant mon chemin à travers les méandres des différentes sources d’archives que la numérisation rend maintenant accessibles.

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16 Messages

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 8 février 2016 12:44, par Bodenan AnneMarie

    Bonjour. Je suis rassurée car j ai connu les mêmes pistes, les mêmes surprises. Je pensais que je n avais pas tout vérifié, en réalité c est l adrénaline de la recherche, ce pourquoi nous avons du mal à quitter un dossier, ce qui fait que nous exploitons toutes les pistes.
    Quel plaisir de TROUVER. Nous avons enfin trouver "le trésor" et nous sommes prêts à repartir vers une nouvelle aventure. En soulevant un voile, nous en soulevons un autre, ce qui va nous entrainer vers d autres destinées.

    Répondre à ce message

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 20 septembre 2015 11:19, par Philippe Desage

    Bonjour,
    Je suis intéressé opar une information "secondaire" de ce messeage, c’est le métier de "débitant".
    Mon arrière grand mère immigrée espagnole est mentionnée comme exercant de métier dans un recensement comme "débitante patron" au début du siècle dernier. Son mari était terrassier sur les chantiers du canal du nord du côté de Pont l’eveque dans l’oise où ils vivaient dans des baraquements
    je ne sais pas quel est ce métier.
    Quelqu’un a t il une idée ?
    Merci à toute aide qui sera la bienvenue
    Ph desage

    Répondre à ce message

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 16 septembre 2015 17:47, par chevreau françoise

    Bonjour,

    Les articles qui paraissent sur les actualités de la semaine sont toujours passionnant à lire. Celui- ci ressemble un peu au mien et je ne sais pas comment le résoudre. Mon arrière-grand-mère à la 8e génération ,si c’est elle, Claudine Blandin née le 23/3/1723 a une soeur Claudine née le 6/3/1724 (heureusement les parrains et marraines ne sont pas les mêmes) s’est mariée avec Jean Bertrand le 11/1/1752. Comment savoir laquelle est-ce car sur son acte de mariage il n’y a aucun renseignement. Celui-ci dit qu’ils se sont présentés devant le curé après les publications obligatoires et sans empêchement aucun, les a mariés devant les témoins qui sont aussi d’autres parents. Autant qu’il m’en souvienne, la soeur a épousé aussi un Blandin, devant les mêmes témoins, un ou deux ans après et son mari fait aussi partie de la famille. Pour faciliter les choses, il y a souvent deus soeurs portant ce prénom, sans compter les tantes et les cousines par génération. J’ai bien essayé de noter qui allait avec qui mais j’y ai renoncé. Ce n’est pas bien grave car cela s’est passé il y a quatre siècles et c’est plutôt amusant.
    _

    Répondre à ce message

    • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 16 septembre 2015 20:18, par Martine Hautot

      Bonjour,
      Oui votre énigme n’est pas facile à résoudre .Peut-être pourriez vous avoir la réponse si vous trouviez l’acte de décès de ces deux Claudines dans les registres d’état-civil ,donnant souvent plus d’indications que les registres paroissiaux ,avec par exemple la date de naissance et le nom du mari .

      Bien cordialement,
      Martine

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      • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 16 septembre 2015 22:27, par Françoise Chevreau

        Bonsoir,

        Merci pour la suggestion, mais malheureusement je n’ai encore trouvé aucune date de décès pour les deux soeurs et éplucher les registres prend du temps, mais avec de la patience je finirai bien par trouver.

        Françoise

        Répondre à ce message

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 16 septembre 2015 13:22, par Martine Hautot

    Tout d’abord, bonjour
    Votre remarque est juste .Cette erreur m’a déjà été signalée dans un précédent message et je veillerai à ne pas la reproduire .
    Toutefois le péché me paraît véniel : en pratique ,il s’ agit bien de s’assurer que l’utérus de la femme est vide,un tel délai ne s’appliquant pas aux hommes .
    Aboli dans la législation française ,en 2004 ,ce délai existe encore ,si je ne me trompe, dans la loi islamique .
    Cordialement,
    Martine

    Répondre à ce message

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 16 septembre 2015 12:05, par dupin

    Ce n’est pas le délai de vacuité(état d’une chose ou d’un organe vide) mais le délai de viduité(période suivant le décès du mari ou suivant l’ordonnance de domicile séparé, pendant laquelle la femme veuve ou divorcée ne peut contacter un nouveau mariage).Ce délai est de 300 jours en principe mais peut être abrégé.

    Répondre à ce message

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 16 septembre 2015 08:21, par masse

    merci pour votre experience, ceci dit, pour moi les recherches
    vont être plus laborieuses, car les ascendants sont dispersés
    en Italie, en suisse, en Espagne et Algèrie,
    bravo,

    Répondre à ce message

    • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 16 septembre 2015 10:11, par Martine Hautot

      Merci de votre commentaire .Effectivement ,c’est plus compliqué lorsque l’on sort de l’hexagone .J’ai moi-même tenté l’expérience pour ma belle-mère venue de Suisse. Mais ,dans cet article,je voulais juste montrer comment l’utilisation de sources diverses ,le plupart sur internet,permet d’avancer dans une recherche classique.
      Bon courage à vous ,
      Cordialement,
      Martine

      Répondre à ce message

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 11 septembre 2015 19:15, par Jocelyne Cathelineau

    Bravo pour votre persévérance.
    Avez-vous tout bonnement essayé Généanet pour trouver le décès de Jeanne Quilan ? Si quelqu’un d’autre que vous l’a relevé avant vous, vous allez le trouver en tapant le nom. Il faudra juste vérifier que c’est la bonne Jeanne Quilan.
    Je vous signale une toute petite erreur de vocabulaire : le délai à l’issue duquel une veuve peut se remarier est le délai de viduité et non de vacuité. Ce délai de dix mois a été instauré par le législateur pour être au clair sur une éventuelle paternité, pour le cas où naîtrait un enfant après le décès du premier mari. Le délai peut être abrégé dans un cas : lorsque la veuve produit un certificat indiquant qu’elle n’est pas enceinte au décès de son époux.
    Dans le cas de Jeanne Quilan, on peut en principe être assuré qu’elle n’a eu que quatre enfants de son premier mari, et qu’elle n’en attendait pas un cinquième lorsqu’il est décédé. Il faut dire que l’aînée était déjà grande !
    Bon courage pour la suite de votre recherche.
    J Cathelineau

    Répondre à ce message

    • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 11 septembre 2015 21:22, par Martine Hautot

      Merci pour votre commentaire ,malheureusement je n’ai rien trouvé d’autre que ce que je connaissais déjà sur Jeanne Quilan sur Geneanet .Merci aussi pour la rectification de l’erreur de vocabulaire : mieux vaut toujours employer le terme exact . Bien cordialement
      Martine

      Répondre à ce message

  • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 10 septembre 2015 10:10, par André Vessot

    Bonjour Martine,

    Je suis heureux de vous retrouver sur ce site après ces mois d’été.

    Tout à fait d’accord avec vous sur l’utilité et même la nécessité de croiser les sources dans une recherche généalogique.

    Quant à votre Jeanne dont vous cherchez le décès, je pense que la solution se trouve dans les déclarations de succession ou mutations par décès. Nous avons eu ce problème dans la Loire, nous ne retrouvions pas un décès, nous avons donc recherché dans les déclarations de succession et nous avons trouvé le décès recherché. La seule difficulté c’est qu’elles ne sont pas en ligne, il faut aller aux Archives départementales. Parfois on peut trouver en ligne la table des successions, comme dans le Rhône, ce qui permet déjà de trouver la date du décès et de la déclaration de succession.

    En tout cas bon courage pour retrouver la trace de votre Jeanne. Bien amicalement.

    André VESSOT

    Répondre à ce message

    • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 10 septembre 2015 10:23, par Martine Hautot

      Merci.André .Je sais maintenant ,ayant pu me procurer l’acte de mariage de sa fille Georgette ,que Jeanne était décédée en 1926
      Il me faut donc rechercher son décès entre 1916 et 1926.Merci de votre piste. j’irai voir aux archives .
      Bien cordialement,
      Martine

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      • Attention ! Un mariage peut en cacher un autre 11 septembre 2015 18:35, par Patrick Dombrowsky

        Bonsoir,
        Avez-vous tenté de contacter la mairie du lieu de son habitation la plus tardive ? 1916-1926 est une fourchette suffisamment précise pour qu’ils regardent sur les tables décennales.
        Si par chance elle n’a pas déménagé...
        Bonne recherche
        Patrick Dombrowsky

        Répondre à ce message

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