Antoine de Bessas dit seigneur de Lafont : né à Neuvic (Haute Vienne) le 03-04-1752, mort à Petit Goave le 28 prairial an VII à St Domingue (Actuelle Haïti) (juin 1799) épouse à Neuvic 23-08-1780 Marie Texier née à St Léonard 29-06-1755, décédée à Petit Goave (St Domingue) 12-04-1789.
Il fut Avocat au parlement puis juge à Neuvic mais peu doué en affaires, il s’endette considérablement. En 1784, il décide de fuir ses créanciers et part comme colon pour St Domingue où, grâce au « de » de son nom et à son ancien métier, il devient, à Petit Goave (près de Port au Prince) conseiller à la sénéchaussée. Il achète une plantation et s’enrichit très rapidement (Cette colonie est l’une des plus riches que la France possède).
En 1788, sa fortune est considérable, sa femme décide de le rejoindre sans leurs enfants, mais meurt de fièvre à peine arrivée.
La Révolution arrive en France et un vent de liberté souffle sur la colonie.
Le 15-08-1791, Antoine est présent à Petit Goave, pour sceller un accord entre « citoyens blancs et citoyens de couleurs » après une série de massacres commis par ces derniers.
Le 02-07-1793, il est cité par le sénéchal du Petit Goave à la recherche de nouveau juges comme homme étant parmi les « plus capables et les plus dignes par leurs connaissances, leurs vertus, d’exercer ces fonctions importantes » il ajoute : « Le citoyen De Bessas, habitant, ayant exercé plusieurs années l’état de procureur, trois ans celui de juge, serait infiniment capable ; mais il descend très rarement en ville, se tient sur son habitation, très conséquente, éloignée de huit lieues, j’ignore s’il accepterai ».
Antoine disparaît en 1793, tout le monde le croit mort. Le tuteur de sa fille Thérèse, qui n’a que 13 ans et 9 mois, décide alors de la marier à François Mosnier.
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais, coup de théâtre, Antoine réapparaît fin 1798.
Entre temps il s’est passé beaucoup de choses dans la colonie.
En premier lieu, il s’est remarié en juin 1792, son acte de mariage décrit ainsi sa fortune :
« 1° ) Une habitation en café au quartier de (Galmen ?) près le Petit Goave qu’il évalue avec le mobilier d’agriculture, esclaves, nègres et bêtes à cornes à 1 million,
2° ) 275 000 de créances, 25 000 en meubles, argenterie et bijoux et en outre la moitié d’une autre habitation, laquelle moitié il évalue à 300 000 f ».
Dans la colonie, cependant, les rapports sont alarmants : le 12-03-1792 « 350 scélérats nègres et mulâtres, avec lesquels il se trouve plusieurs blancs, sont en possession de Petit Goave... 74 citoyens y ont été massacrés, 40 à 50 sont en fuite, les autres sont à leur disposition », en mai 1792 l’officier d’administration de Petit Goave écrit « ce quartier en proye aux fureurs des brigands qui on parlé dans tous les Mornes, le feu et le feu. Tous les alleliers sont révoltés et les deux-tiers des habitations ravagées. L’on compte en ce moment 8 personnes qui sont mortes de la fureur de ses brigands (...) nous sommes sur le point de manquer de vivres ».
Le 04-04-1792 Polverel et Sonthonax partent pour Saint Domingue comme « commissaires civils de la République, délégués aux îles de l’Amérique sous le vent, pour y rétablir l’ordre et la tranquillité publique ».Les règlements de comptes commencent.
En mars 1793 Port aux Prince est bombardé par les commissaires. Le 20 thermidor II (6 août), un rapport énonce « Le Petit Goave : (...) tout a été abandonné dans un mauvais état (...). »
Constance ne s’entendent plus avec Antoine. Elle le croit dénonciateur de son frère arrêté le 9 juillet et déporté le 12 septembre. Elle dénonce alors son mari à l’autorité et demande le divorce.
En fait, le dénonciateur ne se révèle pas être Antoine. Deaubonneau semble avoir voulu « se torcher le derrière » avec une déclaration du commissaire Sonthonax...
Antoine à son tour est arrêté le 4 septembre puis déporté le 10 octobre bien que malade. De sa geôle, il écrit au citoyen Polverel qui l’a fait arrêter « La vie languissante où je suis réduit depuis plus de deux ans, l’affaiblissement de ma vue, qui me permet à peine de distinguer un homme à trois pas de moy ».
Dans leur exil, avec la plupart des colons bannis, les deux hommes se retrouvent à Philadelphie après avoir chacun subit les attaques de corsaires espagnols.
En 1799, à son retour d’exil, Antoine retrouve sa femme Constance.
Bientôt, une nouvelle fois, les nouvelles cessent.
François Mosnier part à sa recherche en 1803 mais sa désillusion est grande. Il ne rapporte de son voyage qu’un acte de décès imprécis sur lequel il est écrit qu’Antoine a été massacré par les « nègres révoltés » et un rapport sur l’état déplorable de l’ancienne colonie.
Plus rien de la fortune passée de son beau père.