La recherche généalogique débouche souvent sur des surprises de taille. Maintes fois, cette assertion fut confirmée. En voici une nouvelle preuve.
Reportons-nous à l’année 1669, à Ville-Marie (Montréal) en Nouvelle-France.
Je cherche à identifier un individu, dénommé ABRAHAM BINET dont le nom apparaît comme témoin dans un contrat de mariage établi le 6 janvier 1669 par Bénigne Basset, notaire et tabellion de la terre et seigneurie de l’Ile de Montréal en la Nouvelle France. Il s’agit du premier mariage de mon ancêtre THOMAS CHARTRAND, originaire d’Ectot-lès-Baons, diocèse de Rouen en Normandie qui épouse une jeune fille de 13 ans, Thècle Hunault, née à Ville-Marie. (Au recensement de 1666, elle est identifiée « Thérèse Henault », 11 ans).
Première difficulté, Abraham Binet n’apparaît pas sur le site fichier Origine (www.fichierorigine.com) ni sur le site projet Adhémar : (www.cca.qc.ca/adhemar).
Mais la chance me sourit en dépouillant, avec application, nom par nom, le recensement de 1666 en Nouvelle-France pour la région de Montréal : www.linfonet.com/gene/banques/mtl.1666.htlm.
En effet, son nom est recensé en tant que domestique dans la famille de MARIE POURNIN, âgée de 35 ans (en fait, comme nous le verrons plus loin, elle en avait plutôt 44) et « vefve » (veuve) de Jacques Testar, sieur de la Forest. En 1666, Marie vit avec deux de ses fils, Gabriel 5 ans et Jacques 3 ans, lesquels jouiront d’une certaine notoriété en Nouvelle-France, en tant qu’officiers. Ils ont tous deux droit à une notice dans le DBC (Dictionnaire biographique du Canada : www.biographi.ca). Vivent aussi avec elle, son beau-frère Charles Testar, 25 ans et l’épouse de celui-ci Anne Lamarque, 16 ans. Suivent les noms de 5 domestiques « engaigé » dont notre Abraham Binet âgé de 20 ans en 1666, donc né en +/- 1646.
Je resterai sur ma faim car il me fut impossible d’ajouter des renseignements supplémentaires. Abraham ne s’étant pas marié, semble-t-il, n’apparaît ni dans le répertoire des unions ni dans le dictionnaire généalogique du PRDH (Programme de recherche en démographie historique). Il n’est présent que dans le répertoire des actes (recensements) aux années 1666 et 1667. Fait inusité : bien que domestique, il sait écrire et signe son nom d’une belle écriture fine au bas du contrat de mariage.
Mais qui est donc cette femme, MARIE POURNIN, veuve avec deux jeunes enfants à charge et qui entretient cinq domestiques à son service ? Le Fichier Origine qui publie un important document numérisé va me permettre, mais non sans mal, de répondre à nombre de questions à son sujet.
En voici une transcription :
« Le dernier jour du mois de Juillet mil six cent vingt deux fut baptisée en l’Esglise de Pouques par le Curé soubssigné d’icelles apres vespres Marie, fille d’honorable homme Mr. Jean Pournin Sieur de la Faye et de Dame Catherine Durant sa femme. Sa mareine est tres haulte et tres illustre princesse Marie par la grâce de Dieu Reine de France et de Navarre Mère du Roy représentée par Dame Anthoinette Depont Marquise de Guercheville sa Dame d’honneur son parin Reverend pere en Dieu Messire Jean Duplessis Evesque de Luçon grand aumosnier de Sa Majesté et ont signé a l’original
[Signé] Antoinette Depont armand Eveque de Luçon et Doulcet Curé. »
« Deslivré le présent certificat par moy soubssigné curé de l’Eglise de Legier Depouques (...) à ditte Damoiselle Marie-Pournin pour luy servir ce que de raison ce jourd’hui vingt cinq avril mil six cent soixante deux signé gouneau curé Depoques.
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Collationnée a l’original Représenté par la Dame veuve de [Tonty ?] a elle aljnstant (= instant) Rendu avec ces presentes par le notaire Royal en la prevosté de quebec soussigné y residant ce quinziesme jour de septembre mille sept cent vingt neuf pour Valoir et Servir ce que de Raison. ». Barbel.
Cet acte de baptême appelle tout d’abord certaines précisions et éclaircissements. Personne jusqu’à aujourd’hui ne semble s’être préoccupé du document en son entier.
Il comporte trois dates :
- la date du baptême de Marie Pournin, sans que nous sachions si elle est née le même jour : le 31 juillet 1622 ;
- la date du certificat établi par le curé Gouneau (?) de Pouques à Damoiselle Marie Pournin : le 5 avril 1662 ; cela pourrait laisser entendre qu’elle était en France à cette date.
- la date du document collationné à l’original par Barbel,(et non Barbet) notaire royal à Québec : le 15 septembre 1729.
Cet extrait de baptême de Marie Pournin est donc une copie de l’original rédigé par le notaire Barbel de Québec en l’an mil sept cent vingt-neuf, soit trente ans après le décès de Marie (01-10-1699), à l’instigation de dame veuve de Tonty, soit Marie-Anne de La Marque, sa propre fille.
Remontons le temps jusqu’à l’été 1622 et traversons l’Atlantique. Catherine Durant épouse de Jean Pournin, Sieur de La Faye vient de donner naissance à une fille dans la petite commune de Pouques-Lormes dans la Nièvre en France. Or, cette enfant que l’on baptise le 31 juillet 1622, est tenue sur les fonts baptismaux par une représentante de la vieille noblesse française, la marquise de Guercheville. Ce bébé prénommé Marie a pour marraine, nulle autre que « la princesse Marie, reine de France » (la marquise n’agissant ici qu’au nom de la reine) et pour parrain le « révérend père en Dieu, Messire Jean Duplessis, évêque de Luçon » (ch.-l. de cant. de la Vendée) et « grand aumônier de sa Majesté. » Cet évêque, parrain de la toute jeune Marie, est Armand Jean du Plessis, futur cardinal et duc de Richelieu. Si la famille Pournin avait eu la patience d’attendre encore quelques semaines pour faire baptiser leur fille, Marie, celle-ci aurait été la filleule non de l’évêque de Luçon mais du cardinal de Richelieu. Depuis quelques années, Armand-Jean Du Plessis jouait un rôle important auprès de Marie de Médicis et c’est grâce à l’influence de la reine mère qu’il obtient la barrette de cardinal le 5 septembre 1622.
Ce ne serait donc pas un vain mot que d’affirmer que Marie Pournin est née sous d’heureux auspices ! Mais alors quels buts poursuit-elle en venant en Amérique ? Quelles sont les motivations qui, deux ou trois décennies plus tard, sans que nous connaissions le moindre détail de son parcours de vie, de l’enfance à la fin de l’adolescence, vont la conduire en Nouvelle-France ? On ignore même si elle y vint seule ou avec son premier mari. Probablement seule. Veut-elle noyer l’immense chagrin de la perte d’un être cher et fuir la France ? Quelles sont les personnes qui vont réellement l’influencer ? Lui vanter les mérites d’œuvrer dans la nouvelle colonie auprès de Jeanne Mance ? L’évêque de Luçon y fut-il pour quelque chose ? Je n’en sais rien.
Marie a-t-elle des frères ou des sœurs ? Qui est véritablement ce Jean Pournin, Sieur de La Faye, père de Marie et déclaré « honorable homme » mais dont la signature n’apparaît pas au bas de l’acte ? Est-il seulement présent au baptême de sa fille en ce jour du 31 juillet 1622 ? Où est-il né ? À quelle famille appartient-il ? Quels sont les liens qu’il aurait pu entretenir avec la famille Du Plessis et, plus particulièrement avec Armand-Jean, évêque de Luçon lui permettant d’obtenir pour sa fille, Marie, la protection personnelle de Marie de Médicis ? L’évêque de Luçon aurait-il entrepris de rallier à lui le sieur de La Faye ? Et pour cela, aurait-il pu solliciter et obtenir que la reine mère soit marraine de la fille de ce dernier ? Comme il le fera quelques années plus tard pour se rallier le prince de Condé, sollicitant le roi et la reine mère d’accepter d’être parrain et marraine de son fils, le duc d’Enghien.
Son titre, Sieur de La Faye, pourrait-il l’apparenter aux seigneurs de Faye-la-Vineuse, dont les terres de la famille des Du Plessis, situées à Richelieu et constituées en seigneurie dépendaient de cette baronnie ? On sait par Gabriel Hanotaux - Histoire du cardinal de Richelieu, Tome 1, p.54 - que « Faye était le véritable centre d’approvisionnement de la région. Grimpée fort joliment sur le haut des collines crayeuses qui dominent de loin Richelieu, elle offrait aux regards son enceinte fortifiée, l’ensemble de ses toits serrés les uns contre les autres et ses trois clochers pointus. » Autant de questions auxquelles il nous est encore impossible de répondre. Si Jean Pournin, Sieur de la Faye, reste pour nous un mystère, la présence de sa fille Marie en Nouvelle-France demeure incontestable.
La fiche complète que publie le fichier origine nous apprend qu’une première mention est faite de la présence de Marie Pournin en Nouvelle-France en l’an 1658. Elle a alors 36 ans. Mais si l’on se fie à la notice biographique publié par Julie Roy sur le site www.siefar.org et à l’article de Daniel Perron, Marie Pournin, Fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal, publié dans la revue Cap-aux-Diamant, No 61, Printemps 2000, Marie Pournin serait arrivée à Montréal aussi tôt qu’en 1644, car « dans les archives de l’Hôtel-Dieu (période 1643-1649), il est écrit que Jeanne Mance soigne des patients, aidée de Catherine Lavaux et de Marie Pournin. » Si Marie Pournin, sage-femme, était bien aux côtés de Jeanne Mance dès le moment où l’on érigeait le premier bâtiment, - ne se vante-t-elle pas d’en être la véritable fondatrice ? « Elle ce donne souvant, écrit Marie Morin dans ses Annales, le tiltre de notre fondatrisse et ressant vivement quand on ne luy rand pas autant d’honneur et de preferance que ce nom en merite. » - il semble qu’elle n’ait agi à titre d’administratrice de l’Hôtel-Dieu que plus tard ; au moment où l’état de santé de Jeanne Mance s’étant détérioré, celle-ci décide de s’embarquer pour la France à l’automne 1658 en compagnie de Marguerite Bourgeois. Jeanne Mance ne sera de retour à Montréal que le 7 septembre 1659. On peut donc penser que Marie Pournin lui aurait succédé cette année-là à la tête de l’hôpital tout en continuant sans doute à y œuvrer en tant que sage-femme (Réf. : le Projet Adhémar).
Autre question : Marie est-elle venue en Nouvelle-France avec son premier mari Guillaume de La Bardilière ? Y serait-il décédé ? Je l’ignore. Chose certaine, le 24 novembre 1659 à Montréal, elle épouse en secondes noces, Jacques Testard de La Forest qui était né à Rouen (Saint-Vincent) en +/- 1630. Il était le fils de Jean Testard et de Anne Godefroy. Il meurt à Montréal le 22 juin 1663. Cinq ans plus tard, soit le 6 février 1668, à l’âge de 45 ans, Marie va convoler en justes noces pour la troisième fois avec Jacques de La Marque dont elle aura une fille, Marie-Anne, née le 16 mai 1669 à Montréal alors qu’elle est âgée de quarante-six ans. Marie Pournin est décédée à Montréal le 1er octobre 1699 et a été inhumée le lendemain. Considérant la date de son baptême, elle aurait eu 77 ans à son décès.
Dernière question : Marie Pournin est-elle vraiment née à Pouques (-Lormes) ? Si l’on se fit au document collationné par Barbel, il ne paraît y avoir aucun doute. Pouques apparaît déjà dans la transcription incomplète que fait Archange Godbout dès 1942. Le fichier Origine semble le suivre dans cette hypothèse. Par contre, d’autres chercheurs situent le lieu de naissance de Marie Pournin plutôt à Pougues (-les-Eaux) qu’à Pouques (-Lormes), les deux communes faisant partie de la Nièvre et se trouvant aujourd’hui à une heure à peine de distance en voiture par la D147. Qu’en est-il exactement ?
Sur le document numérisé que publie le fichier origine, on peut lire : « Extrait du (...) Baptistère de l’Eglise Saint Légier de pouques et un peu plus loin : ... par moy soubssigné curé de l’Eglise de Legier Depouques. Or, une réponse reçue par courriel en provenance du diocèse et confirmée par l’Office du Tourisme nous apprend que l’église de Pouques a pour saint patron, Saint-Pierre-aux-Liens. En a-t-il été toujours ainsi ? Je n’ai pu faire confirmer cette assertion.
D’autre part, un site Internet consacré à Pougues-les-Eaux nous apprend que l’église de Pougues, datant du XIe s. est dédiée à Saint-Léger, ancien évêque d’Autun, né en Neustrie(vers616-678). (Réf. : www.perso.wanadoo.fr/saintleger/annonces/pougues.htm). Sur le site, plusieurs photos : de l’église et de la place Saint-Léger, du parc Saint-Léger, et de la source saint-Léger.
Même s’il m’est encore impossible d’affirmer avec preuves à l’appui que Pougues est réellement le lieu de naissance de Marie Pournin, j’aurais tendance à le croire. Nous savons, par exemple, que le futur cardinal de Richelieu se trouvait en cette ville à l’été 1622. (Voir : Gabriel Hanotaux, Histoire du Cardinal de Richelieu, tome 1, p. 517 : « Richelieu écrit une lettre de Pougues au Président Jeannin, le 26 juin 1622. » Pierre Jeannin, dit « le président Jeannin » était un magistrat français, né à Autun en 1540 et décédé à Paris en 1623. « Il incita à la modération lors de la Saint-Barthélemy , note le Petit Robert, mais se rallia à la Ligue et conseilla Mayenne avant de rejoindre finalement Henri IV. Il fut chargé de plusieurs missions diplomatiques (...). Marie de Médicis le nomma surintendant des Finances (1616) ».
Quand l’évêque de Luçon est nommé cardinal le 5 septembre 1622, Marie de Médicis est elle aussi à Pougues. (Voir : Gabriel Hanotaux, Histoire du cardinal de Richelieu, tome II, p. 518 : « Aussitôt, Marillac la [nouvelle] transmit à la reine qui était en route pour se rendre de Pougues à Lyon... »
Ceci dit, voyons maintenant qui était la marquise de Guercheville, née Antoinette de Pons.
Pour cette recherche sur ce personnage imposant de la noblesse française, le site de la Bibliothèque Nationale de France, grâce à GALLICA, bibliothèque numérique (Réf. : www.gallica.bnf.fr) s’est révélé une source incomparable. J’ai pu, en effet, consulter en ligne la Biographie Universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes, publiée à partir de 1843 sous la direction de Louis-Gabriel Michaud, dans lequel sont consignés quelques articles sur cette importante famille, ainsi que l’Annuaire de la Noblesse de France et des maisons souveraines de l’Europe.
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Antoinette de Pons appartenait à la maison de Pons, « remarquable par son ancienneté, son illustration et ses alliances et connue par titres certains depuis l’an 1067. » Elle est la fille d’Antoine de Pons, né le 2 février 1510, comte de Marennes, de Blaye, seigneur des îles d’Oléron et qualifié comme ses ancêtres de « cousins du roi ». Avec le décès de celui-ci en 1580 s’éteignit la branche aînée de cette célèbre famille d’hommes de guerre, dont le fameux Renaud, sire de Pons, l’un des plus puissants seigneurs de la France au 14 e siècle et qui fut aussi un des plus vaillants guerriers de cette époque.
Antoinette, née en 1570, épousa en premières noces Henri de Silly, comte de la Roche-Guyon, dont elle eut un fils unique, François, mort sans enfants devant La Rochelle. Elle se remaria en 1594 à Charles Du Plessis, seigneur de Liancourt, comte de Beaumont-sur-Oise, marquis de Guercheville, baron de Montlouet et de Galardon, premier écuyer de la petite écurie du roi et gouverneur de Paris ; mais, « par un scrupule peut-être trop affecté, elle ne voulut jamais porter le nom de ce second époux, craignant d’être confondue avec la duchesse de Beaufort, qui s’était quelque temps appelée madame de Liancourt et n’avait pas honoré ce nom par sa conduite ».
De plus, il fut écrit qu’Antoinette de Pons, marquise de Guercheville « avait plus de grâces et des manières plus agréables que Corisande d’Andouins, comtesse de Guiche, qu’elle remplaça dans le cœur de Henri IV. » Mais elle sut si bien résister aux avances du roi que celui-ci « crut devoir renoncer à ses projets galants » et, un jour, lui dit : « Puisque vous êtes réellement dame d’honneur, vous le serez de la reine ma femme. ». Il tint parole, la nomma dame d’honneur de Marie de Médicis et la chargea d’aller accueillir en son nom à Marseille, la future reine.
La marquise de Guercheville eut aussi d’importants intérêts en Amérique, tout particulièrement en Acadie. Elle s’était fait donner par le sieur DuGua de Monts toute la côte américaine de l’Atlantique, sauf Port-Royal. Elle tint à fonder une nouvelle colonie face à l’île des Monts Déserts dans l’État américain actuel du Maine, qu’elle nomma Saint-Sauveur et qui éclipserait Port-Royal en importance. Mais les Anglais avec, à leur tête, Sir Samuel Argall (Argoll), dévastèrent l’établissement dès mai 1613.
Le nom de la marquise est maintes fois cité dans plusieurs articles du DBC (Dictionnaire biographique du Canada). Il faut lire les articles consacrés à René le Coq de la Saussaye, Charles de Biencourt de Saint-Just, Jean de Biencourt de Poutrincourt de Saint-Just, Pierre Biard, sir Samuel Argall, Gilbert du Thet, Asticou, Philibert Noyrot, Jacques Quentin, Louis Hébert, et Pierre du Gua de Monts. À ces références, il faut ajouter l’excellent site Heraldic America de Robert Pichette à l’adresse suivante : www.pages.infinit.net/cerame/heraldicamerica/etudes/souverainete.htm
Elle mourut le 16 janvier 1632, « aimée et respectée généralement ». De son second mariage, elle avait eu un fils, Roger du Plessis, fait duc de la Roche-Guyon, pair de France et une fille, Gabrielle, duchesse de la Rochefoucauld.
Arrivons-en maintenant à cette « mareine et très haute et très illustre princesse Marie par la grace de Dieu Reine de France et de Navarre, Mère du Roy ... » . Qui est-elle ? Nulle autre que Marie de Médicis, épouse du roi Henri IV et mère de Louis XIII.
Marie de Médicis était la fille de Francesco 1er de Médicis, grand-duc de Toscane et de Jeanne, archiduchesse d’Autriche. Elle naquit en 1575 à Florence en Italie et épousa Henri IV, roi de France le 15 juillet 1600 à Florence par procuration puis, officiellement, le 16 décembre 1600 à Lyon, après que le premier mariage du roi avec Marguerite de Valois, surnommée la reine Margot, fut annulé. Le couple eut 6 enfants dont Louis XIII, Gaston d’Orléans, Élisabeth qui épousa Philippe IV d’Espagne et Henriette, future femme de Charles 1 er.
Après l’assassinat du roi Henri IV le 14 mai 1610, Marie de Médicis va assurer la régence avec son favori, le marquis Concini, dont la femme, Léonora Galigaï jouissait d’un fort ascendant sur la reine. Le futur roi Louis XIII n’avait alors que neuf ans.
Mais Concini est assassiné le 24 avril 1617 par un fidèle de Louis XIII, Nicolas de L’Hospital, marquis de Vitry et capitaine des gardes, et sa femme, accusée de sorcellerie, est exécutée. Le roi fait alors exiler sa mère à Blois. Après s’être enfuie de sa prison, elle prend la tête d’une révolte contre le roi, son propre fils. Mais, en 1620, les armées du roi défont celles de la reine mère aux Ponts-de-Cé, près d’Angers. Un compromis est trouvé entre la mère et le fils par la signature du traité d’Angoulême.
Lorsque deux ans plus tard, Marie de Médicis accepte de devenir la marraine de Marie Pournin, on peut affirmer qu’elle jouit encore de la confiance du roi, mais huit ans plus tard, en 1630, elle sera condamnée à l’exil au château de Compiègne et complètement écartée du pouvoir. Elle réussira à s’enfuir en Angleterre puis en Allemagne où, esseulée, elle mourra à Cologne le 3 juillet 1642, à l’âge de 69 ans.
La présence d’Abraham Binet, domestique de Marie Pournin, veuve de Jacques Testard de la Forest, dans les recensements de 1666 et 1667 et, en 1669, dans l’étude du notaire Bénigne Basset lors de la signature du contrat de mariage liant mon ancêtre Thomas Chartrand à sa première et jeune épouse Thècle Hunault m’aura permis d’accomplir, à travers trois personnages féminins, Marie Pournin, Antoinette de Pons et Marie de Médicis, un intéressant périple dans la petite et grande histoire de la France comme de celle de sa lointaine colonie, la Nouvelle France au XVIIe siècle.