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Accueil » Articles » La vie militaire » « Nos Poilus » » « 24 décembre 1914 : ordre de la Division d’être sur ses gardes dans la nuit de Noël »

« 24 décembre 1914 : ordre de la Division d’être sur ses gardes dans la nuit de Noël »

Le jeudi 18 décembre 2008, par Evelyne Jaunet, Geneviève Vergnes, Michel Guironnet

Quatre mois en 1914 avec le soldat Kléber Pouleau : de sa caserne d’infanterie à Sens à une fraternisation de Noël en Argonne.

Evelyne Jaunet, m’a confié la correspondance de son grand père Kléber Pouleau ; né le 21 juillet 1894 à Lunay, non loin de Vendôme, dans le Loir-et-Cher. De son vivant, il n’a jamais beaucoup parlé de cette période de sa vie.

De la classe 1914, il est mobilisé le 1er septembre et part rejoindre son régiment ; le 89e Régiment d’Infanterie à Sens (Yonne) ; dès le 4 septembre 1914.

Blessé lors des combats de Vauquois du 25 février 1915, Kléber est resté dans la neige entre les deux lignes avant d’être évacué ce qui lui a valu des gelures aux pieds.

Ayant vécu avec un seul poumon, l’autre s’étant "desséché" des suites de sa blessure, Kléber est décédé le 19 avril 1965 à Mazangé (41) d’une crise cardiaque.

C’est son fils unique, Jean Pouleau, qui a retrouvé ces courriers dans une boite lors du décès de sa mère Renée Foussereau (née le 1er novembre 1898 à Lunay (41). et décédée le 19 octobre 1985 à Mazangé….)

Mariée avec Kléber Pouleau le 19 janvier 1920 à Lunay, elle avait sans doute conservé ces lettres trouvées lors du décès de Marie Florentine Delaborde, la mère de son mari en 1935.

Ces courriers à ses parents ; « Monsieur et Madame Pouleau – Delaborde, au Gué du Loir par Mazangé, Loir et Cher » (à côté de Lunay) ; permettent de mieux saisir les sentiments d’une recrue de vingt ans entre son arrivée à la caserne et son départ vers la ligne de front.

Ses lettres de Sens et Saint Denis (terrain de manoeuvre tout à côté de Sens) décrivent, entre mi septembre et fin novembre 1914, de façon très vivante, l’équipement des "bleus", les exercices et revues militaires, l’attente du départ, les bruits et rumeurs sur la destination à venir (l’Argonne !), le peu d’infos "officielles" sur leurs camarades déjà au front et leurs "déboires" militaires.

Arrivé au front mi décembre, il décrit alors dans ses lettres sa vie dans les tranchées. Kléber raconte même un épisode de "fraternisation" à Noël 1914, en première ligne, dont il est le témoin direct !

J’ai conservé l’orthographe originale de ces lettres, mais corrigé la ponctuation pour en faciliter la lecture. J’ai aussi inséré des encarts, plus ou moins développés, pour éclairer certains points d’histoire.

Cette photo non datée est celle d’un soldat du 76e régiment d’infanterie, et non du 89e. Pourtant, il s’agit bien de Kléber ! Aurait-il emprunté cette veste pour la photo ?
Les chevrons cousus sur le bras gauche correspondent à deux ans de présence au front. On peut donc dater cette photo de 1916, au minimum.

Mobilisé

Très bien arrivé a Sens vendredi soir 4h25 plus de nouvelle demain. Kléber

Dimanche 6 septembre 1914
Je vous envoi ma première lettre militaire faut espérer que ça ne sera pas la dernière.
Je suis arrivé vendredi (4 septembre) à 5 heures à la caserne toute à fait bien reçu.

Je suis habillé en effet d’instruction comme tous les autres on fait l’exercice nous voilà déjà ??? car il faut y en mettre on fait tout le plus nécessaire car dans trois semaines il faut être mobilisable.

Nous ne devons pas resté à Sens on doit descendre dans le midi ou Blois l’on ne sait pas au juste ou chacun dit de sa manière.

J’ai été voir à la Boulangerie comme je savais que Maurice Leroy devait y être encore et je l’ai trouvé on doit sortir ce soir ensemble il été content de me voir et avait cherché dans les bleus voir s’il allait me trouvé

Nous sommes aux casernes neuves on est tout à fait bien si va comme ça il ne faut pas se plaindre car on ne s’ennuie pas ; on est rien que des bleus excepté que des vieux qui nous font l’instruction. Je n’ai pas vu Robert je ne sais pas où il est.

Je ne voit pas grand chose à vous dire pour dire de plus pour le moment, ne vous en faites pas pour moi, ce n’est pas la peine. Je vous embrasse tous.

Kléber 89e Infanterie 28e compagnie de dépôt Sens.

Sens vendredi 11 septembre 1914 (vendredi) Chers parents,

Je pense que vous devez avoir reçu ma dernière lettre.
Je suis toujours à Sens maintenant je pense y rester peut être un petit moment car maintenant que l’ennemi est reculer on ne craint plus rien.

Kléber fait allusion à la Bataille de la Marne. L’historique du 89e RI explique :

« Le 6 septembre (1914), l’ordre mémorable du général Joffre interdit tout recul nouveau. La bataille de la Marne commence. Le Régiment se trouve aux environs de Bar-le-Duc. Ordre est donné de tenir coûte que coûte. A Laimont et à Bussy-la-Côte, pendant six jours et six nuits, le Régiment se maintient sur ses positions ; le 11, il reçoit l’ordre d’attaquer ; les Allemands sont rejetés sur deux kilomètres de profondeur.
L’armée ennemie se replie ; à notre tour de la poursuivre.
 »

Nous devons toucher le fusil lundi (14 septembre) on va bientôt être des fameux soldats.

On dit que l’on partira probablement ; ça se dit aussi que la classe 15 va venir bientôt sur que s’y elle vient que l’on ne restera pas là.

On est beaucoup du Loir et Cher de Paris et de l’Yonne. On est aussi très bien nourris, il ne faut pas se plaindre de rien jusqu’à maintenant on ne se fait pas de mousse
Je t’assure ce n’est pas la peine de vous en faire pour moi car on est pas à plaindre ; on sort tous les soir en ville à partir de 5 h à 9 h moins 10.

Quand à Albert ? Je ne l’est pas vu ; il y en a qui loge en ville, alors ou le trouver je n’en sais rien. Nous avons passé la revue du Général de Corps d’Armée.

Le 89e RI fait alors partie de la IIIe Armée, 5e Corps d’Armée ; avec les 9e et 10e Divisions d’Infanterie. Cette dernière comprend les 31e, 46e, 76e, 89e RI.

Je ne vois plus rien à vous dire pour le moment je vous embrasse tous. Kléber
28e compagnie de dépôt jeune soldat.

St Denis – Vendredi midi (25 septembre sans doute) Chers Parent,

Je crois que vous allez dire que je suis un peu en retard mais ce n’est pas de ma faute j’attendait un peu. Car maintenant on est à St Denis à 5 km de Sens on disait aussi que l’on devait partir pour le camp d’Avon près de Fontainebleau on n’en parle plus car on ne sait rien on nous avertira bien 2 heures à l’avance avec ces bourgeois on ne sait comment virer.

On couche dans la paille, sans couverture on a pas trop froid, on est bien on couche beaucoup dans peu de place.
Voilà 15 jours que l’on a fusil c’est vraiment une ???? car il nous quitte pas souvent que pour aller au lit le matin il ne fait pas chaud à le tenir.

Le lieutenant nous dit que l’on partira bientôt surtout que la 28e Cie est la première à partir, il y a le 26e et la 27e ce sont des évacués et des blessés il en part souvent.
Alors après ça sera nous, on part que par compagnie pour bouchait les trous, maintenant il ne faut pas croire tout ce qu’ils disent.

Le lieutenant c’est un chic garçon ; c’est lui qui commande notre Cie ; il s’occupe beaucoup de nous surtout pour la nourriture c’est le principal

J’ai reçu le paquet tout va à merveille. Je vous remercie. pas plus long car on m’attend pour la porter à Sens elle partira plus vite qu’à St Denis. Je me porte bien et je pense que vous êtes tous de même. Kléber

Equipé

« St Denis 18 octobre 1914 (dimanche) Chers parents,

J’ai attendu aujourd’hui dimanche pour écrire car je n’avais pas encore reçu l’argent que vous avez envoyé comme je l’ai reçu je m’empresse d’écrire j’ai envoyé une carte pour faire patienter j’avais peur que vous ennuyer.
J’ai reçu aussi le coli quand à la couverture je m’en serai bien passer car maintenant on en a une et pour partir on en touche.
M’envoyé plus rien car ça serait plutôt embarrassant. Si je part, on ne peut emporter tout c’est un peut trop lourd. plus on a plus on se fatigue.
On emporte une paire de soulier sur le sac, une couverture, 2 chemises, un caleçon, tricot, des chaussettes, la veste, les vivres de réserve pour 2 ou 3 jours, 120 cartouches qui pèsent un poids, fusil, cartouchière.
Quand on a ça sur le dos, ca commence à bien faire ! Avec 20 ou 30 km dans les pattes, vous voyez comme on peut bien courir avec ça ; et quand il faut se battre en arrivant, ça vous remet d’aplomb.
Surtout si il faut battre en retraite : on fout le sac la et on se sauve en vitesse. alors tout est perdu j’aime mieux emporter davantage de vivre pour ne pas crevé la faim et être moins chargé surtout que l’on est pas toujours en 1er ligne.

Sur l’équipement du Poilu, dont le « fameux » pantalon garance et la capote gris bleu, voir le très complet site http://orkide.club.fr/index.htm

Je me suis pas fait photographié aujourd’hui avec plusieurs copains il faisait trop sombre pour le faire faire tout seul il m’a dit que je serai mal alors j’aime mieux attendre.

Il y a Maurice Leroy qui est parti au feu vendredi je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment que je me porte toujours bien et je pense que vous êtes de même. Kléber »

« Voilà une nouvelle adresse qu’il viennent de nous donner : 89e Infanterie 1re Compagnie secteur postal n° 10 »

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Carte-Lettre à l’effigie de Joffre

Vacciné

Dimanche St Denis 1914 (25 octobre ??) Chers Parents,

Je fais réponse à votre lettre que j’ai reçu hier soir ainsi que le petit colis que je n’ai pas trouvé trop mauvais mais il commencer fortement à se déchirer ; il était temps qu’il arrive car si il avait aperçu ce qu’il y avait de dans je ne l’aurait pas reçu tout entier.
Elle n’ a eut trop mauvaise idée tout de même surtout qu’au régiment on n’en touche pas souvent alors il faut l’acheter et il y a des fois qu’il n’y en a pas du tout même à Sens.

je n’était pas trop fâché surtout que j’était au lit car je tire au cul fortement ; il est arrivé un ordre du général que ceux qui voulaient se faire vacciner contre la fièvre thyphoïde qu’il était a même alors moi j’ai marcher je l’ai était jeudi pour la première fois. (22 octobre ???)

Il y en a qui sont malade par la fièvre mais moi ça ne m’a rien fait ; j’ai fait que de dormir, on doit l’être quatre fois a 8 jours d’intervalle avec 3 jours de repos a chaque fois ce n’est pas trop mauvais a prendre. Ca va toujours faire encore un mois à rester la, après on verra.
Ils ont fait un tri dans la Cie pour la Sélection de départ et moi j’en fait partie c’est pourquoi je n’ai pas hésitait à me faire piquer.

J’ai reçu une carte d’Aubert et Duchatel que je me demande ce qu’il fait au Gué maintenant. Tu me dis qu’il faut écrire a ma tante Marie mais je n’ai plus de papier pour eux et ça use mes plumes.

Il est arrivé ce soir 60 (ou 160 ?) du 16 chasseurs à cheval qui passe dans l’infanterie. Comme j’écris chez le bistrot il me casse la tête je ne sais plus ce que j’écris il y a ou tomber fou.

Demain on fait la petite guerre, on part pour la journée, on mange dehors en faisant sa popote comme a la guerre, avec cartouches a blanc on doit faire une 30taine de kilom(une trentaine de kilomètres) après on pourra dormir.

Je termine ma lettre en vous embrassant tous. Je me porte bien et je pense que vous êtes de même. Kléber Pouleau

St Denis le 30 octobre 1914 (vendredi) Chers parents,

Comme je ne sais quoi faire, je met a écrire je croyait avoir une lettre de vous ce soir mais il n’y a rien.

J’ai été de nouveau vacciner hier je n’ai pas encore été malade maintenant il n’y a plus qu’une fois car il y a changement au lieu de quatre ce n’est plus que trois les ordres changent souvent tout les autres ont été forcé d’y passer aussi.

Ah quelque chose d’intéressant tu me dis que tu dois venir à Paris bientôt ; si ça ce pouvait être dimanche 8 (novembre) et que je pourrait avoir 24 heures (de permission) j’irai ; mais ce n’est pas facile.
Pour ça il faudrait que Cormier te fasse un certificat comme lequel tu est malade et que tu viens te faire soigner, mais que tu ne peut aller à Sens pour cause de fatigue tu mettrais ça dans la lettre.
Mais il ne faut attendre longtemps pour faire réponse il faut que je demande 3 jours à l’avance ; alors je partirais samedi soir à 4 h pour arriver à 9h car il faut que ça passe par le commandant.

Tout ça ce sont des suppositions qui ne sont venues en étant au lit. En tout cas apporte ma montre et mes jambières.
Je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment. j’écris à mon oncle François en même temps. Je vous embrasse tous. Kléber

Surtout n’oublie pas le certificat car autrement il ne faut (pas) y compter ils ne donnent des permissions que pour des cas comme ça.

Prêt pour le front

St Denis le 5 novembre 1914 (jeudi) Chers parents,

Je fais une deuxième lettre car j’ai vu que la première était partie trop tard mais enfin tanpis. Je vous dirais aussi que je pars mardi prochain (10 novembre) pour dire ou je n’en sais rien comme tous les autres qui y sont, a moins qu’il n’y ait changement mais je ne crois pas.

Nous passons la revue samedi (7 novembre) en tenue de départ par le commandant on ne peut tarder que un jour ou deux.

Nous sommes habillés a neuf nous vernissons tous nos boutons afin qu’il ne brillent pas.

En effet, les deux rangées de six boutons demi bombés en cuivre de la capote sont trop repérables à cause des reflets des rayons du soleil.

Nous partons 90 il en reste autant.

Envoyez-moi 20 francs si vous recevez la lettre bientôt afin que cela arrive avant mardi. J’ai encore dix huit francs mais si je venais à être blessé ça pourrait m’être utile si ils sont perdu tanpis j’aime mieux ça que de manquer.
Si vous pouvez l’envoyez par mandat télégraphique de manière à ce que ça vienne le plus vite possible vous verrez bien comment faire.

Vous demandez mon matricule c’est 6313.
Quand aux copains qui sont avec moi sur la carte sont du département aussi, il y en a un qui est de St Amand contre chez bous un nomé Salmon qui part aussi on tachera de toujours être ensemble car c’est mon copain afin que si il arrive quelque chose qu’on puisse prévenir Les autres sont de Romorantin.
J’oubliais de dire lequel (lire : c’est celui) il me pose la main sur l’épaule droite.

Quand je serais la bas pour savoir ou je suis je vais vous montrer comment ; exemple Paris alors je met la première lettre je la barre P deux ou trois mot plus loi la seconde a je la barre encore et toujours jusqu’au bout vous aurez qu’a les mettre au bout l’une de l’autre et comme ça vous saurez puisque on ne doit pas le mettre le nom.

Surtout ne vous ennuyer pas trop. J’écrirais quand je pourrais mais rien ne dit qu’elles passeront toutes le plus souvent possible tous les trois ou quatre jours.
Je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment. Je vous embrasse tous en attendant le plaisir de se voir. Kléber.

J’ai bien demandé 48 heures de permission mais aucune n’est accordée. Donc pour l’argent c’est entendu si il ne peut arriver ne l’envoyer pas vous aurez qu’a vous renseigner avant.

Départ retardé

St Denis Dimanche 8 heures matin (8 novembre) Chers parents,

J’ai reçu votre lettre hier soir qui ma plaisir de savoir que tu avais fait bon voyage, mais je croyais que tu serais venue à Sens comme il y n’y a que 110 km et que c’est direct tu en avait pas pour longtemps mais enfin tampis.

Quand a moi notre départ est retardé nous avons passé la revue du commandant hier soir (samedi 7 novembre) qui nous l’a dit, tout est complet c’est la territorial qui part à notre place, c’est retardé que pour mieux sauter peut (être = mot manquant) de quatre ou huit jours on n’en sait rien, mais il a dit que fallait ce tenir prêt alors il viendra un ordre aujourd’hui pour demain.

On avait tout touché, excepté les cartouches et les vivres du sac ou vivres de réserve.

Quant à mon matricule 6313 c’est celui de la compagnie, mais pour ce renseigner mieux maintenant que l’on a sa médaille l’autre c’est 170 du recrutement de Blois classe 1914.

Quand aux affaires que tu me parle, il n’estime pas ça cher mais je ne sais combien.
Ils nous les ont passées samedi matin en revue ils ne prennent que la laine alors j’ai 2 paires chaussettes 2 caleçons, mon tricot et mes gants, quant au reste ils n’en veulent pas.

Tantôt je vais aller a Sens, si je peut envoyer ma valise je mettrais ma couverture et mes deux chemises et mes affaires civils.
Comme couverture on en a une que l’on porte grise j’aime mieux ça, cela se voit beaucoup moin que d’autres. Si je ne peux pas l’envoyer je te donnerais l’adresse ou elle est.

Quand a ma permission, on peut avoir que 24 heures et encore, me faudrait toujours 48 heures ils ne veulent en donner comme on peut partir d’un jour a l’autre alors on ne serait présent.

Pour dire ou je suis, on n’avait la même idée pas tout a fait le même manière la tienne est plus simple.

Voir le courrier précédent : il faut éviter les « griffes » de la censure du contrôle postal.

Je termine ma lettre en vous embrassant tous car j’ai grand froid aux mains et je ne peut plus écrire. Kléber.

J’ai reçu une carte de Germaine Aubert comme il y en a qui vont ce matin à Sens je vais leur donner ma lettre elle sera plus vite partie.

Purge en Argonne

St Denis 16 novembre 1914 (lundi) Chers parents,

Je reçois votre lettre ce soir que j’attendait depuis plusieurs jours pour écrire de nouveau. Je me demandais pourquoi je ne recevais rien.
Car je commençais a m’ennuyer surtout maintenant, depuis que l’on nous dit que l’on devait partir l’on a les idées moroses, car on se demande quand cela va être surtout que l’on se tient prêt on nous dit que l’on peut nous appeler le matin pour partir le soir

Ça ne sera pas long il n’y aura pas beaucoup à réfléchir, ont dit que ça va pas demander longtemps car le 89 a encore pris la purge cette semaine pour la deuxième fois, car en premier il avait pris une bonne purge et voilà sa deuxième ce n’est pas les chefs qui nous le disent mais on le sait tout de même par ceux qui reviennent.
Enfin il n’y a pas que lui tout le 5e corps en a pris pour son compte.

Si on part on ira surement dans l’argonne car c’est la que les autres sont.

Ça peut demander encore quinze jours comme un. On ne connaît pas grand chose à ce sujet. Quand a mes affaires je l’ai encore ma couverture me sert tous les jours je la garde encore un peut elle me sert pour me couvrir la nuit on n’a jamais trop chaud car on n’a pas de drap il y a longtemps que l’on en a vu mais on n’y fait plus attention maintenant.

Il tombe de l’eau tous les jours il fait pas trop froid, on ne travaille pas trop maintenant. Je vais terminer ma lettre car j’écris sur une planche sur mes genoux je ne suis pas trop bien calé les tables sont rares. Je vous embrasse tous et je me porte bien.

Kléber Pouleau

J’oubliais de vous dire que j’ai tout bien reçu argent, colis et passe montage.Tout va bien pour le moment.

La IIIe Armée en Argonne



Les opérations n’ont commencé en Argonne qu’à la fin de Septembre 1914.
Dans la marche en avant qui a suivi la bataille de la Marne, l’Argonne sépare les IIIe et IVe Armées.

Au moment où cette marche en avant s’arrête, la IIIe Armée n’a dans l’Argonne qu’un détachement du 5e C.A. qui fait la liaison au Four de Paris.

L’arrêt de notre marche en avant est suivi entre Meuse et Argonne d’une violente contre-offensive allemande ; dans la vallée de l’Aire, c’est la progression de détachements ennemis dans la forêt qui nous fait perdre Montblainville, puis Varennes.

La IIIe Armée est ainsi amenée à engager dans l’Argonne une division du 5e C.A. _ Le 29 et 30 septembre, de violents efforts allemands échouent à la Haute Chevauchée.

La 9e D.I. s’installe sur la cote 285 et commence pour assurer ses arrières l’organisation du barrage : La Chalade, Maison Forestière, Abancourt.

Une série de petites actions heureuses lui permet, malgré une violente et inutile réaction ennemie (27 octobre), de porter sa première ligne sur le plateau de Bolante et, sur la Haute Chevauchée, à quelques 600 mètres, au sud de la route du Four de Paris à Varenne.

http://www.chez.com/argonne19141918/

Encore l’attente

St Denis le 29 novembre (dimanche) Chers Parents,

J’ai reçu votre lettre cette semaine que je vois que vous vous ennuyer pas mal mais ce n’est pas la peine car nous on ne s’en fait pas pour ça, car vous voyez on est toujours la en attendant les ordres.
L’on entend plus parler de rien mais cela peut venir tout de même car il y en a pas mal de partis alors on ne seras pas les premiers. Comme ce n’est pas fini et qu’il faudra y aller faut bien se faire une raison.
En ce moment il fait un peu tous les temps voilà huit jours il a gelé pendant plusieurs jours et tombé de la neige maintenant il tombe de l’eau.
Je ne vois rien de neuf à vous marquer pour le moment je ne sais même quoi vous mettre je me porte bien c’est toujours l’essentiel et je pense que tout le monde sont de même.
Vous allez dire que ce n’est pas long mais chez nous c’est toujours la même chose alors ce n’est pas la peine de toujours répéter pareil.
Je vous embrasse tous. Kléber Pouleau.

Je n’ai besoin de rien pour le moment pour de l’argent ça peut encore aller l’on verra d’ici quelque temps.

Carte de correspondance militaire de Sens datée du lundi 14 décembre 1914 postée à La Roche (Yonne).

Chers parents
Je suis parti c’est en chemin de fer que je vous met ces deux mots. Nous venons de passé Joigny. C’est un peu mal écrit mais le train remue. Je vous embrasse. Lettre va suivre. Adresse : la même, en plus troupe en campagne.

Tranchées

19 décembre 1914 (samedi) Chers parents,

C’est sa première lettre du front.

Affecté à la 1re Compagnie, il fait partie du 1er Bataillon (Compagnies 1 à 4), sous les ordres du Capitaine Bethouart et du Sous Lieutenant Haushneckt.

J’ai reçu votre lettre et le mandat ce soir pour mieux dire a l’instant car je suis dans les tranchées de réserves à 750 m des première lignes ou l’on va descendre peut être demain faire le coup de feu les balles et les obus nous passent pas loin beaucoup au dessus de nous l’on entend siffler tout ça et ça fait drôle.

Ligne (1re, 2e, etc.)

Le creusement des tranchées à l’automne 1914 amène à distinguer en « lignes » les zones du front et les tranchées qui y sont creusées.

La première ligne est ainsi celle qui fait directement face aux lignes adverses, c’est la zone la plus dangereuse, où les combattants font des séjours généralement brefs (de l’ordre d’une semaine) hors des grandes batailles qui conduisent à rester longtemps en « ligne ».

L’intervalle entre les lignes est variable, et la communication se fait par des boyaux (voir plus bas) Une fois la guerre de tranchée installée dans la durée, le réseau défensif s’organise en profondeur. Chaque ligne est une suite continue de tranchées ou de fortins, et un ensemble de ligne constitue une position.

Boyau

Un boyau est une voie de communication entre deux lignes de tranchées.
C’est par les boyaux que « montent » et « descendent » les unités lors des relèves, non sans problèmes, dus à l’étroitesse du boyau qui peut empêcher les files d’hommes de se croiser, et aux ramifications multiples qui font s’égarer les unités.

D’après le « Lexique des termes employés en 1914-1918 » du C.R.I.D 14-18

Pour la première fois ce n’a rien d’épatant car on n’est pas habitué à cela avant on joue au petit soldat mais maintenant ce n’est plus ça.
Il ne fait pas froid pour le moment on est bien nourri il ne manque rien mais enfin ce n’a rien de la vie révée. Il ne manque pas de boue des fois jusqu’au chevilles mais on n’y fait pas attention je vous assure des fois que l’on est propre quand on sort des tranchées mais pourvu que l’on revienne c’est un détail.

Extraits du JMO du 89 Régiment d’Infanterie (décembre 1914)

12 décembre :

« …Dans l’après midi, le régiment reçoit un détachement venant de Sens et comprenant 3 officiers… et 450 hommes »

13 décembre :

« Le régiment reprend ses emplacements :

1er Bataillon en entier au Neufour, 2e Bataillon aux Islettes.

3e Bataillon, les 10e et 12e Compagnies à La Pierre Croisée, les 9e et 11e à la Maison Forestière »

Le 17 décembre :

Le Régiment, sous le Commandement du Lieutenant Colonel Levanier, part « aux avant postes sur la Haute Chevauchée pour relever le 31e RI ».

Envoyer de petits colis de temps en temps surtout à manger ou linge exepté des chaussettes ce n’est pas la peine ou l’argent de temps en temps mais en lettres recommandées car les mandats ce n’est pas facile a toucher vous avez qu’a mettre des billets dedans comme ça on a son argent de suite car on trouve du vin a acheter quand on est au repos mais des vivres elles sont assez chères.
Je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment que je porte bien je vous embrasse tous. Kléber

Voilà une nouvelle adresses qu’il viennent de nous donner : 89e Infanterie 1re Compagnie secteur postal n° 10.

Je suis toujours avec mon copain a coté l’un de l’autre je lui ai donné votre adresse et lui celle de ces parents en cas accidents vous pourriez être prévenus.

Fraternisation

En 1914, le jour de Noël est un vendredi

26 décembre 1914 (samedi) Chers parents,
Je crois que vous allez vous ennuyer car je suis un peu en retard mais j’attendais une lettre de vous car je n’ai rien reçu depuis le 12 qu’elle était partie.

Je pense que vous allez vous faire des cheveux comme beaucoup en ce moment cela n’a rien de bien agréable j’ai pris la garde au poste avancé 48 heures.
C’est très moche on attend parler les boches car on est a 40 m comme vous voyez on n’est pas loin. Il chante, il siffle ils n’ont pas l’air de s’ennuyer mais je crois bien qu’ils sont comme les autres qu’ils voudrait bien que cela soit fini

Ils ont du touper car voilà 2 jours il y en un qui est venu à 10m de notre tranchée avec un saucisson et une boite de cigare et les autres se sont découvert par dessus la tranchée et nous aussi il n’y a pas eut un coup de feu de tiré c’est plutot drôle en ces moment là mais cela ne dure pas car maintenant on a un ordre formel de tirer dessus.

Voilà notre noel passer l’on s’en est guère aperçu.
On dirait plutôt au 14 juillet il y a qui fait un peu moins chaud voilà 3 jours il a tombé de la neige qui a été vite fondue maintenant il gele ça serre vite dans ce pays la.

Je n’ai pas froid au corps mais les pieds c’est toujours ça qui souffrent moi comme les autres.
Je ne vois plus grand chose pour le moment à vous marquer je suis toujours en bonne santé. Ecrivez un peu plus souvent.

Je pense que papa n’est pas encore incorporé cela ne presse pas envoyez surtout des chaussettes car je n’en ai plus guère. Je vous embrasse tous. Kléber.
C’est plutot mal écrit mais on guère bien calé et l’on fait ca au plus vite.

Voilà encore mon adresse si quelque fois vous n’avez recu mes lettres : 1re compagnie 89e infanterie Secteur Postal n° 10.

« Oui, des fraternisations ont bien eu lieu en 1914-1918 » c’est ce qu’affirme Marc Ferro dans son introduction à « Frères de tranchées »
_« …Il reste à saisir le sens d’un tel évènement, les fraternisations, lorsqu’il est vécu dans un boyau large de deux mètres où l’on entend agoniser et respirer les vivants d’en face et les camarades d’à côté.

En 1914, après plusieurs mois de marches et de contremarches, des soldats se sont trouvés subitement immobilisés dans des tranchées improvisées.

D’une tranchée à l’autre, l’ennemi a pris un visage. Cet ennemi était un homme comme vous ; comme vous et moi, à la moindre pause, il boit, il rigole. Et bientôt, d’une ligne à l’autre, après une attaque vaine, à travers les lignes on s’envoie chocolat et cigarettes.
Les Français comme les Anglais, les Allemands ou les Russes : les chapitres de Rémy Cazals, le montrent excellemment. Et le film « Joyeux Noël » de Christian Carion aussi bien ».

« Ici, les Français et les Boches parlent ensemble comme en temps de paix »
par Rémy Cazals, in « Frères de tranchées » sous la direction de Marc Ferro.


« On trouve dans les carnets des combattants la description des obstacles qui auraient dû empêcher accords tacites et fraternisations. Les nations ennemies étaient séparées par une nouvelle frontière particulièrement infranchissable, matérialisée par les lignes de tranchées, de part et d’autre d’un no man’s land plus ou moins étroit, frontière renforcée par des barrages de fil de fer barbelé et d’autres barrages, ceux de l’artillerie.

Cette frontière était surveillée jour et nuit, mètre par mètre, par des centaines de milliers d’hommes surarmés qui avaient l’ordre de faire le plus de mal possible à ceux d’en face selon les règles de la guerre… »

« Devant toutes les sources, l’historien doit se montrer prudent et user de méthode critique….il ne suffit pas d’extraire un récit de fraternisation d’un carnet ou d’une lettre. Il faut essayer d’en savoir davantage sur l’auteur qui est aussi le témoin : à quelle arme appartient il ? Quel est son grade ? Où est il placé par rapport aux premières lignes ?

La façon de rendre compte d’un épisode peut être influencée par le milieu social, la formation, l’éventuel engagement politique de l’auteur… »

La correspondance des Poilus se trouvait sous le contrôle de la censure, « on avait intérêt à ne rien dire de non-conformiste »

« Pour qu’un récit d’entente ou de fraternisation figure dans les archives du contrôle postal (la Censure) il ne suffit pas que l’épisode se soit produit. Il faut que des acteurs ou des témoins l’aient raconté, au risque de voir leur courrier intercepté ou de choquer le correspondant à l’arrière. Le service du contrôle postal s’est organisé lentement. Son objectif principal était d’empêcher les indiscrétions sur les positions occupées par les unités. Accessoirement, on s’intéressait à l’état moral de l’armée… »

Cagnas

Ce courrier doit être envoyé Jouy en Argonne, dans la Meuse.

Joui Argonne 30 décembre 1914 (mercredi) Chers parents,

J’ai enfin reçu votre lettre avant hier que j’attendais avec impatience car je me demandait si c’était que vous n’aviez rien reçu de moi comme s’aurait bien pu se faire en ce moment malgré que la correspondance marche assez bien.
Si mes lettres mettent 6 jours les votre aussi ce n’est pas encore trop long.

Nous sommes toujours dans les tranchées nous devons être relevé cette nuit mais je crois que nous n’irons pas en cantonnement nous resterons dans les bois en arrière des lignes assez loin malgré tout.

Nous logerons dans des cabanes que l’on fait avec du bois et de la terre car maintenant on est comme les sauvages la vie revient a peu près a celle des gaulois, nous nous foutons des coups de fusils sans nous voir car on est terré comme des taupes ce n’est pas le moment de montrer sa tête.

Il fait un drôle de temps de la gelée et de la pluie beaucoup temps brumeux pas trop chaud surtout des pieds il y a beaucoup d’évacués par les pieds gelés.

Enfin je commence a m’abitué a tout cela on y fait plus attention mais plutôt ca sera fini mieux cela vaudra il y a des vieux qui y sont depuis le début alors il en ont vu de toutes sorte c’est interressant de les entendre raconter.

Je n’ai pas encore reçu le paquet mais il est encore temps pour les chaussettes elles seront toujours bien tu peut encore en envoyer car c’est cela qui manque elle sont vite humides et de quoi manger car dans les tranchées on ne rien acheter si on a pas assez.
Je ne vois plus grand chose a vous marquer pour le moment. Je vous embrasse tous. Kleber

Tu me dis aussi que tu as reçu mes chemises quand à la couverture je l’ai gardée avec moi.

Ah j’oubliais je vous en souhaite une bonne et heureuse a tout le monde.

« Ne croyez pas que le secteur tenu en Argonne par les régiments de la 10e Division d’Infanterie soit resté calme dans les derniers jours de décembre 1914 !

En consultant le Journal de Marche et Opérations de la 10e Division d’Infanterie (31e, 46e, 76e, 89e RI), JMO maintenant disponible en ligne sur le site Mémoire des Hommes, on découvre de nombreuses attaques, le travail dans les tranchées, les sapes et les postes d’écoute, les missions des éclaireurs...

La nuit de Noël ne fut même pas une nuit très sereine pour les combattants, Français et Allemands, de ce front là ».

Une rencontre imprévue



Une anecdote racontée par Geneviève Vergnes

Mon beau père engagé volontaire a fait Verdun puis s’est retrouvé dans les tranchées en Seine-et-Marne près du château de Condé.

Une nuit, il fallait aller chercher de l’eau. Un gradé dit à mon beau-père : "Toi le gamin, vas au puits chercher de l’eau". Mon beau père part, pas très faraud avec les bouteillons, rampant dans la nuit jusqu’au puits, en essayant de ne pas trop faire de bruit. Presqu’arrivé il voit une ombre en face, aussi silencieuse qui lui. La peur l’assaille mais il avance, l’ombre prend forme : c’est un jeune soldat allemand, aussi jeune que lui, envoyé aussi pour faire le plein d’eau.

Se trouvant face à face, l’un dit montrant ses bidons :"Eau". L’autre répond : "Wasser", et sans un mot de plus chacun procède au remplissage...

"Salut", dit le Français. "Wiedersehen", répond l’Allemand et ils partent retrouver leur tranchée respective...

Mon beau-père n’a pas raconté sa rencontre par peur de représailles. Il disait :"en en parlant cela aurait déclenché une attaque car on ne savait pas que les ennemis étaient si proches de nous, et ni lui ni moi ne méritions de mourir pour avoir rendu service aux autres !"

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20 Messages

  • A l’attention d’Evelyne Jaunet

    Bonjour, je découvre cette correspondance avec émotion et beaucoup d’intérêt : en effet mon père - classe 14 - était du 89° RI, incorporé à Paris et a été lui aussi blessé à Vauquois, mais le 28 Février, 3 jours après votre grand père Kléber Pouleau... Je ne peux m’empêcher de me demander s’ils se connaissaient ou si votre grand père a eu l’occasion de relater d’autres épisodes de sa terrible campagne, notamment Vauquois bien entendu.

    Mon père : Roger Sambourg, et d’après son livret militaire :
    Commis à la Banque de France lors de l’incorporation (classe 1914 - matricule 412)
    Actions d’éclat, citations : Eclats d’obus à la jambe droite à Vauquois le 28 février 1915 ("fracture jambe droite au tiers supérieur, raccourcissement de 1 cm 1/2, claudication" entraîne réforme temporaire le 20 septembre 1915)
    (texte de la citation datée du 27/7/1916 : Caporal au 89° régiment d’infanterie "le 28 février 1915, bien que grièvement blessé est resté à son poste en exhortant ses hommes à faire leur devoir, faisant ainsi preuve de sang-froid et de courage").
    Rappelé sous les drapeaux le 14 février 1916, au 83° régiment d’artillerie lourde de campagne, Inaptitude définitive en date du 18 septembre 1917 (Gazé).

    Je n’ai hélas pas connu mon père, décédé alors que j’avais 2 ans. Il était commun dans la famille de dire qu’il ne parlait pas de ces années-là et qu’il était revenu profondément hostile aux guerres, comme beaucoup de ses camarades. Je ne dispose d’aucune correspondance ou cahier, seuls me restent quelques objets comme son livret militaire et sa Croix de Guerre.

    Cordialement, Michel Sambourg

    Répondre à ce message

  • Bonjour,

    La différence de numéros d’unités (régiments) sur les revers de cols (ou autre) est relativement fréquente.
    A mon avis, en général les photographes n’avaient qu’une ou deux vareuses de qualité pour les photos. Et tant pis pour le numéros d’unité. Dans certains cas il ne s’agissait pas d’une vareuse complète mais d’un simple plastron.
    De même, sur nombre de photos le soldat a une cigarette à la main ... même s’il n’a jamais fumé de sa vie. Faut bien occuper les mains du photographié. J’ai retrouvé cette "technique" sur des photos de conscrits jusqu’aux années 1950.
    Non seulement une cigarette, mais certains cavaliers (type Cuirassiers) portent parfois le sabre quelque soit le grade ! Alors que cet "ustensile" était réservé aux sous-officiers supérieurs et aux officiers.
    Cette habitude d’employer "une tenue fantoche" (pour employer le vocabulaire de la caserne) s’est perpétuée jusqu’à la fin du Service national essentiellement. Les soldats de l’Armée de l’air sont porteurs d’une casquette fantaisie imitant celles des sous-officiers et des officiers. Nombre de militaires engagés (de tous grades) et surtout de gendarmes qui se sont mariés en tenue sont porteurs d’aiguillettes d’honneur (une sorte de superbe fourragère blanche) qui n’a qu’une valeur décorative. Les parachutistes sont pris en photo à Pau à l’issue du Brevet parachutiste par deux ou trois professionnels locaux qui fournissent un parachute avec lequel je n’aurais jamais osé monter dans un avion. etc.
    Voici, peut-être, un début de réponse à votre question.
    Gérard Jambin

    Répondre à ce message

  • Très beau travail sur un très émouvant témoignage. J’ai revu le film " joyeux Noël" ,il y a peu, et quelle émotion à revivre ces événements douloureux.
    Je travaille en ce moment , grâce au JMO sur le parcours de mon GPère dans les Vosges puis à Salonique ; Un devoir de mémoire pour mes enfants et petits enfants.

    Répondre à ce message

  • Pour la caserne du 89 à Sens l’entrée est toujours la même ; Actuellement il s’agit de l’école de Police Nationale. Sens a rejoint les villages voisins

    Répondre à ce message

  • A l’attention d’ Evelyne Jaunet

    j’ai porté un grand intérêt à lire la correspondance de votre grand-père.
    A l’instar de Michel Guironnet qui à su mettre en ligne ces lettres poignantes de simplicité dans un contexte pourtant si dramatique, j’essaye de faire en sorte que la mémoire de ces poilus ne tombe pas dans l’oubli.
    J’ai créé un site Internet ,que vous avez peut-être déjà visité, consacré plus particulièrement à Vauquois. (Vauquois en Argonne sur google)
    J’y relate entre autre l’histoire de ce village et depuis quelques temps je consacre une rubrique intitulée : "Ceux qui ont vécu Vauquois". Cette rubrique rassemble des témoignages de parents qui comme vous rendent ainsi hommage à leur ancêtre ayant un jour combattu à Vauquois. Un lien commun unit donc ces poilus.
    Si vous le désirez, il est possible d’intégrer Kleber Pouleau à cette rubrique sans bien entendu faire doublon avec l’hommage qui lui est déjà rendu sur ce site Histoire Généalogie.
    Contactez moi.

    Bien cordialement

    Carl pérot

    Voir en ligne : Ils ont vécu Vauquois (rubrique du site Vauquois en Argonne)

    Répondre à ce message

    • Merci pour l’intérêt que vous portez aux écrits de mon grand père
      j’ai visité plusieurs sites concernant Vauquois en 2005 et 2006 et j’y ai trouvé des articles concernant les batailles de février 15 : Kléber a été blessé le 28, et arrivé à l’hôpital de Bourges le 6 mars.Sa dernière lettre du front est datée du 25 février. Une balle lui a traversé l’épaule à la sortie d’une tranchée, il est resté longtemps dans la neige entre les lignes avant d’être brancardé. il existe de la correspondance depuis son entrée à l’hôpital jusqu’à visite de réforme en février 1916.

      Je suis d’accord pour que Kléber figure parmi les combattants de Vauquois. De nombreux témoignages sortent des greniers et je pense qu’il est important que les générations actuelles et futures sachent ce qu’on vécu nos ancêtres, d’autant plus qu’ils ont peu parlé de leur vécu.

      Merci de m’indiquer la marche à suivre ;je peux vous transmettre le fichier word de ses lettres afin de sélectionner celles qui ont un intérêt général.

      cordialement et à bientôt le plaisir de vous lire.

      Répondre à ce message

  • merci pour ce magnifique travail de "mémoire"
    Mon père trop jeune n’a vécu cette guerre que par récits familiaux, mais ayant survécu à celle de 1939/1944, revenu avec une "haine" de la guerre et des commandements militaires, nous entraînait en pélérinage à Verdun, Douaumont, Vauquois, Les Eparges, la Tranchée des Baïonnettes, afin que nous comprenions ce qu’était "la guerre" et que faire la guerre c’était avant tout le sacrifice de milliers et de milliers d’hommes
    Pour avoir connu ces sites dès le début des années 50, je témoigne qu’ il émanait de ces lieux un silence et une émotion qui bouleversait.............
    Danièle née en 1944

    Répondre à ce message

  • Bonjour : Bien que je vois que tous les messages datent d’il y a un certain temps, j’espère que celui-ci parviendra à la famille du soldat Kléber Pouleau. J’écris un livre sur la fraternisation de Noël 1914 et j’aimerais pouvoir citer quelques paragraphes de la lettre du 26 décembre avec votre permission.
    Alvaro Nunez
    Université d’Almeria (Espagne)

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