- Les joutes aux Roches de Condrieu
- Carte des Roches pour La Salette
Cette carte est envoyée le 20 décembre 1911 des Roches de Condrieu, adressée à « Monsieur l’abbé Faure économe (« aumônier » est rayé) à La Salette par Corps, Isère » Deux cachets d’arrivée à Corps : un du 21 décembre, l’autre du lendemain 22 décembre.
« Les Roches de Condrieu. Cher confrère, Pourriez-vous demander à Mlle Thérèse du magasin, le prix des images représentant la Vierge parlant aux bergers, dimension 40 à 50 c. de largeur, 60 à 65 c. de longueur.
On prendra aussi 6 ou 700 petites images –un spécimen de chaque avec prix du cent, S.V.P Il suffira de me les expédier 27, Avenue de Vizille.
Accepteriez-vous un voyage en Bretagne ? dans le Morbihan ? Si ma santé se maintient.
Bonjour à tous et bien à vous en N.S et N.D (Notre Seigneur et Notre Dame) Noyret E. » [1]
« L’abbé Faure », le destinataire de la carte, est Joseph Faure-Mangournel, nommé curé à La Salette en octobre 1900. Il était auparavant vicaire à Saint Quentin Fallavier [2].
Sa fiche matricule [3] nous apprend qu’il est né le 5 janvier 1871 aux Adrets, canton de Goncelin en Isère. En 1891, il est « étudiant ecclésiastique » et réside en 1893 au « Grand séminaire de Grenoble ». Ordonné prêtre le 19 mai 1894, il est nommé vicaire à Saint Quentin Fallavier en novembre 1897, en remplacement de Clément Laverlochère.
En 1911 ; « l’abbé Faure » a donc 40 ans. « Noyret E. » qui lui écrit des Roches de Condrieu a 15 ans de plus. Sa fiche matricule nous apprend qu’ « Eugène Léon Cyprien Noyret » est né le 23 septembre 1856 à Oz, dans le massif de l’Oisans, en Isère. Il est ordonné prêtre le 20 décembre 1879.
Il connait bien « Mlle Thérèse du magasin » car il est nommé « chapelain du sanctuaire de Notre Dame de La Salette » en mars 1902. Il est alors curé de Villette d’Anthon, en Isère, à la limite avec le Rhône [4].
En 1906, il est recensé à La Tronche, non loin de Grenoble. Au « 3, La Pallud » situé « au Péage » de La Tronche, il habite avec sept autres prêtres [5].
- Les prêtres missionnaires de La Salette
Le « chef » de cette « communauté ecclésiastique » est Célestin Boël, né à Miribel Lanchâtre (Isère) le 21 janvier 1854. Pour leur vie quotidienne, ils sont aidés par une cuisinière, une femme de chambre et un jardinier !
« Les Missionnaires de Notre-Dame de La Salette ont été constitués par décret de Mgr Philibert de Bruillard, en date du 1er mai 1852. Le mandement épiscopal, qui annonçait aux fidèles du diocèse de Grenoble la pose de la première pierre d’un sanctuaire destiné à honorer la « Vierge en pleurs » à proximité du point de la montagne où Elle s’était manifestée, déterminait aussi qui devrait assurer le service du pèlerinage. Ce seraient des prêtres, choisis dans le clergé diocésain, qui formeraient un corps de missionnaires, occupés à la prédication dans les paroisses pendant l’hiver, quand le site de l’apparition est inaccessible, et qui se tiendraient pendant l’été à la disposition des pèlerins. L’idée semblait excellente. Beaucoup de diocèses, en France, ont eu pendant le XIXe siècle, et certains ont encore, des groupes de missionnaires diocésains. Le diocèse de Grenoble devait pouvoir maintenir une petite communauté de prêtres séculiers, adonnés à la prédication des missions pendant une partie de l’année et servant de chapelains pendant quelques mois à un nouveau haut-lieu de la vie catholique. [6] |
Eugène Noyret, pour l’envoi des images, indique en 1911 l’adresse de l’institution Saint Bruno à Grenoble, école privée qui regroupe plusieurs niveaux d’études, du primaire à l’enseignement supérieur.
- Conversation de la Vierge aux bergers
- Merci à mon ami Franck pour cette carte
Mais pourquoi est-il aux Roches en cette fin d’année 1911 ?
J’ai trouvé la réponse dans mes notes de recherche sur l’histoire de la paroisse des Roches, notes prises il y a plus de 25 ans !
Le 7 mai 1911, une retraite est prêchée aux Roches de Condrieu par le Père Veyron de Notre Dame de La Salette : « l’église splendidement ornée par nos dévouées sacristaines était ravissante. Cantique, cœurs, cantate à Jeanne d’Arc dont on a béni une statue, chef d’œuvre d’art, de goût, de patriotisme et d’esprit chrétien… »
Ce "prêtre missionnaire", Jérémie Veyron, est présent dans le recensement de La Tronche en 1906, né en 1856 à Saint Etienne de Saint Geoirs.
Le 17 décembre 1911, « ouverture de la retraite par un Père du sanctuaire de Notre Dame de La Salette. Prédication matin et soir. Le matin, entre les deux messes à 6 h ½ , et le soir, comme toujours, à 8 h. »
Le 25 décembre 1911, « clôture solennelle de la retraite…. » La retraite a été animée « par le Bon Père Noyrey (19e enfant d’une famille qui a donné 4 de ses membres à Dieu pour l’apostolat ». A la messe de minuit, 45 hommes et 200 femmes « se sont approchés de la Sainte Table »
« Une très belle statue de Notre Dame de La Salette » [7] a été bénie à cette occasion. Dans son allocution, « Le Bon Père nous a dit en termes d’une grande éloquence ce que signifiait cette statue au milieu de nous, enfants de Roches de Condrieu, dont un des membres des plus illustres ; le saint Mr Gerin, curé de la cathédrale de Grenoble ; a été le témoin et l’apôtre. » [8]
- La Salette à Saint Prim
- Merci à Elizabeth pour la photo
Voir mon article sur la carte postale de La Salette envoyée la même année par les paroissiens de Saint Clair en pèlerinage.